Shimizu Shikin
Shimizu Shikin (æž æ°ŽçŽ«çŽ), nĂ©e Shimizu Toyoko (æž æ°Žè±ć) le Ă Bizen, dans la prĂ©fecture d'Okayama[1], et morte le Ă Tokyo, Ă©tait une romanciĂšre japonaise et activiste pour les droits des femmes ayant vĂ©cu durant lâĂšre Meiji. ConfĂ©renciĂšre sur lâĂ©galitĂ© et les questions sociales, elle se tourna vers lâĂ©criture lorsque la loi fut changĂ©e et interdit aux femmes lâaccĂšs aux assemblĂ©es politiques. Elle devint alors lâune des premiĂšres femmes Ă ĂȘtre journaliste professionnelle au Japon.
Alias |
Kozai Shikin, Kozai Toyoko |
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Naissance |
Bizen, prĂ©fecture dâOkayama, Japon |
DĂ©cĂšs |
Tokyo, Japon |
Nationalité | Japonaise |
Langue dâĂ©criture | japonaise |
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Jeunesse
Shimizu Toyoko est nĂ©e le Ă Bizen dans le district dâOkayama au Japon. Elle passa la majeure partie de son enfance Ă Kyoto oĂč son pĂšre[2] Ă©tait un fonctionnaire du gouvernement[1]. Ă lâĂąge de 14 ans, elle termina lâĂ©cole Kyoto Municipal Womenâs Teacher Training School[2] et Ă©tait donc considĂ©rĂ©e comme bien Ă©duquĂ©e Ă une Ă©poque oĂč lâĂ©ducation des jeunes filles au-delĂ de lâĂ©cole primaire nâĂ©tait pas rentable[3]. Dans lâimpossibilitĂ© de poursuivre ses Ă©tudes, Shimizu lut les livres de la bibliothĂšque personnelle de son pĂšre qui comprenait de nombreux classiques de la littĂ©rature occidentale mais aussi les travaux des grands intellectuels japonais. En 1885, elle Ă©pousa[4] Okazaki Masaharu qui Ă©tait impliquĂ© dans le Mouvement pour la libertĂ© et les droits du peuple Ă Kyoto[5]. Ils divorcĂšrent deux annĂ©es plus tard[6] pour tromperies de la part de Masaharu[7], nĂ©anmoins, Shimizu eut le temps de connaĂźtre Ueki Emori, Kageyama Hideko et dâautres personnes impliquĂ©es dans lâactivisme social[8]. Shimizu dĂ©buta une carriĂšre de confĂ©renciĂšre sur les questions sociales Ă travers le pays[5]. En 1888, elle est lâune des activistes qui prĂ©senta une pĂ©tition pour une rĂ©forme du code pĂ©nal qui considĂ©rait alors lâadultĂšre des femmes comme un crime devant ĂȘtre puni[9]. Elle sâest Ă©galement prononcĂ© contre la polygynie et son impact sur les femmes[10]. La mĂȘme annĂ©e, elle est lâune des femmes qui Ă©crivit des essais pour la prĂ©face du livre dâUeki Emori « Women of the Orient »[11].
CarriĂšre
Ă lâĂąge de 23 ans, Shimizu emmĂ©nagea Ă Tokyo pour travailler dans le journal de Yoshiharu Iwamoto, du nom de Jogaku zasshi. Quelques mois plus tard, une nouvelle loi interdit lâaccĂšs aux femmes lâaccĂšs aux assemblĂ©es politiques. OpposĂ©e Ă cette interdiction, Shimizu Ă©crivit des essais en faveur de lâinclusion des femmes Ă lâimage de sa piĂšce parue en 1890 et intitulĂ©e « TĆkon jogakusei no kakugo wa ikan » (Quelle est la dĂ©termination des Ă©tudiantes dâaujourdâhui ?)[8]. En moins de six mois, elle est devenue rĂ©dactrice en chef du journal[12]. En parallĂšle, elle dĂ©buta une carriĂšre de professeure dâĂ©criture Ă lâĂ©cole pour filles Meiji[13]. Câest Ă la mĂȘme Ă©poque quâelle commença une liaison avec Ăi KengarĂŽ, le mari de Kageyama Hideko qui Ă©tait sa meilleure amie. Shimizu tomba enceinte et sâabsenta auprĂšs de ses employeurs pour rentrer Ă Kyoto oĂč son pĂšre Ă©tait gravement malade. Elle donna naissance Ă un fils. KengarĂŽ mit la pression sur Shimizu pour quâelle lâĂ©pousa et envoya deux lettres, lâune destinĂ©e Ă Shimizu et lâautre Ă Kageyama. En se trompant de lettres et donc de destinataire, Kageyama prit connaissance de la liaison entre KengarĂŽ et Shimizu[14], ce qui rompit les liens dâamitiĂ© entre les deux femmes. Atteinte dâun burn-out en 1892[15], Shimizu fut hospitalisĂ©e et son fils fut confiĂ© Ă des membres de sa famille[16].
AprĂšs son retour au quotidien Jogaku zasshi, son frĂšre lui prĂ©senta Kozai Yoshinao, un universitaire de la Tokyo School of Agriculture et ils commencĂšrent une correspondance[17]. En dĂ©pit de la mauvaise opinion de lâĂ©poque pour les femmes divorcĂ©es et les mĂšres cĂ©libataires[18], Shimizu se confia Ă lui[19] et leur relation prospĂ©ra. Ils se mariĂšrent lâannĂ©e suivante et Shimizu donna naissance Ă leur premier enfant lâannĂ©e dâaprĂšs. En 1895, Yoshinao alla en Allemagne pour ses Ă©tudes et Shimizu emmĂ©nagea Ă Kyoto pour vivre avec sa belle-mĂšre et Ă©crire en tant que correspondante[17]. Shimizu utilisa un nombre important de pseudonymes comme Tsuyuko, Toyo ou encore Fumiko mais elle adopta celui de Shikin Ă compter de 1896[20]. Elle interchangea ses pseudonymes selon le genre dâouvrages quâelle publiait[21].
Fin de vie
En 1900, Yoshinao rentra au Japon et le dernier Ă©crit connu de Shimizu date de lâannĂ©e 1901. Elle suivit son mari Ă Tokyo oĂč il devint prĂ©sident de la Tokyo University of Agriculture et arrĂȘta sa carriĂšre dâĂ©crivaine[22]. Des rumeurs ont pesĂ© sur le fait que son Ă©poux lui aurait demandĂ© dâabandonner sa carriĂšre, ce qui est en contradiction avec le caractĂšre insoumis de Shimizu. Elle Ă©leva six enfants et sâoccupa de son pĂšre et de son frĂšre aprĂšs la fin de sa carriĂšre dâĂ©crivaine. Elle Ă©tait prĂ©sente auprĂšs de son Ă©poux pour les responsabilitĂ©s sociales liĂ©es Ă son mĂ©tier. Shimizu mourut en 1933[23].
Impact et héritage
Shimizu Ă©tait la premiĂšre femme journaliste professionnelle du Japon[24][25] qui se tourna vers lâĂ©criture lorsque lâactivisme public fut interdit. Elle expĂ©rimenta de nouveau style, utilisant le genbun itchi[24] dans un premier temps, un style plus familier et moins narratif qui retranscrit mieux les discours[26] avant dâopter pour le gesaku (style de littĂ©rature lĂ©gĂšre, satirique ou frivole). Ses Ă©crits avaient toujours un fond de questions sociales. Elle Ă©crivit Ă propos du droit Ă lâĂ©galitĂ©[24], lâĂ©ducation des femmes, le mariage[17], le divorce, les doubles standards de genre[27] et la discrimination contre les Burakumin[17]. Ă travers ses Ćuvres, Shimizu sâest efforcĂ©e dâencourager les femmes Ă rechercher leur propre Ă©mancipation et dâavoir le courage de parler pour elles-mĂȘmes[23].
Bibliographie sélective
- TĆkon jogakusei no kakugo wa ikan? (Quelle est la dĂ©termination des Ă©tudiantes dâaujourdâhui ?), 1890[8]
- Onna bungakusha nanzo derukoto no osoki ya? (Pourquoi y a-t-il si peu de femmes Ă©crivaines ?),1890[23]
- Nani yue ni joshi wa seidan shukai ni sanchĆ suru to yurusarezuka? (Pourquoi les femmes ont Ă©tĂ© interdites de participer Ă des assemblĂ©es politiques ?), 1891[8]
- Koware Yubiwa (Lâanneau brisĂ©),1891[24]
- Ichi seinen iyĆ no jukkai (RĂ©miniscences surprenantes dâun jeune homme),1892[19]
- Hanazono zuihitsu (Essais de Hanazono), 1892-1895[28]
- TĂ°sei futarimusume (Deux filles modernes), 1897[29]
- Kokoro no oni (Le diable au cĆur),1897[30]
- Shitayuku mizu (La descente), 1898[30]
- Imin gakuen (L'école des émigrés), 1899[8]
- Natsuko no mono omoi (Natsuko se souvient), 1901[22]
Références
- Copeland 2000, p. 162.
- Jennison 2005, p. 221.
- Winston 2007, p. 450.
- Copeland 2000, p. 163.
- Okuda et Okano 1998, p. 105.
- Winston 2007, p. 448.
- Winston 2007, p. 449â450.
- Jennison 2005, p. 222.
- Tanaka 2000, p. 40.
- Tanaka 2000, p. 43.
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- Okuda et Okano 1998, p. 108.
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- Okuda et Okano 1998, p. 109.
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- Copeland 2000, p. 185.
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- Copeland 2000, p. 260.
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- George 2006, p. 42â44.
- Okuda et Okano 1998, p. 106.
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- Copeland 2000, p. 161.
Bibliographie
- (en) Rebecca L. Copeland, Lost Leaves : Women Writers of Meiji Japan, Honolulu, Hawaii, University of Hawaii Press, , 285 p. (ISBN 978-0-8248-2291-0, lire en ligne)
- East Asian Literatures : Japanese, Chinese and Korean : an Interface with India, New Delhi, India, Northern Book Centre, , 384 p. (ISBN 978-81-7211-205-9, lire en ligne)
- Rebecca Jennison, Critical Models : Interventions and Catchwords, New York, New York, Columbia University Press, , 410 p. (ISBN 978-0-231-13505-4, lire en ligne), « Shimizu Shikin »
- Akiko Okuda et Haruko Okano (translated by Alison Watts), Women and Religion in Japan, vol. 42, Wiesbaden, Germany, Otto Harrassowitz Verlag, coll. « Studies in Oriental Religions », , 204 p. (ISBN 978-3-447-04014-3, lire en ligne)
- (en) Yukiko Tanaka, Women Writers of Meiji and Taisho Japan : Their Lives, Works and Critical Reception, 1868â1926, Jefferson, North Carolina, McFarland, , 186 p. (ISBN 978-0-7864-0852-8, lire en ligne)
- Nadja WellhĂ€uĂer, « Japanese Feminism's Institutional Basis: Networks for a Social Movement », Ryukoku University, vol. 29, no 1,â , p. 127â147 (ISSN 0289-0917, lire en ligne, consultĂ© le )
- Leslie Winston, « Beyond Modern: Shimizu Shikin and "Two Modern Girls" », Routledge, vol. 39, no 3,â , p. 447â481 (ISSN 1467-2715, DOI 10.1080/14672710701527535, lire en ligne, consultĂ© le )