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Serge de RadonĂšge

Serge de RadonĂšge (ХДргОĐč Đ Đ°ĐŽĐŸĐœĐ”Đ¶ŃĐșĐžĐč), nĂ© le 3 mai 1314 (selon d'autres sources, 1322) et mort le , est un saint orthodoxe, l’un des saints les plus populaires de la Russie.

Serge de RadonĂšge
Image illustrative de l’article Serge de Radonùge
IcĂŽne de saint Serge.
Saint, higoumÚne, réformateur, thaumaturge
Naissance 3 mai 1314
Varnitsa, prĂšs de Rostov
DĂ©cĂšs 25 septembre 1392 (78 ans)
Serguiev Possad
Nom de naissance Barthélemy
Nationalité Russe
Canonisation 1452
par Athanase II
VĂ©nĂ©rĂ© par Église orthodoxe russe Eglise catholique
FĂȘte 7 octobre
Saint patron Ordre de Saint-Serge

Ă©tudiants, chercheurs

Il fut un grand spirituel et réformateur monastique, thaumaturge et protecteur de la Russie médiévale.

ÉlĂ©ments biographiques

Enfance

Rencontre de Barthélémy avec le moine, par Mikhaïl Nesterov (1890).

Il naĂźt le 3 mai 1314 (selon d'autres sources, 1322[1]) Ă  Varnitsa, prĂšs de la ville de Rostov[2].

Ses parents, Cyrille et Marie, issus de la noblesse, le prĂ©nommĂšrent BartholomĂ©e, du nom de l’apĂŽtre. Lorsqu'il eut sept ans, on envoya l'enfant Ă©tudier. Or contrairement Ă  ses frĂšres Étienne et Pierre qui apprenaient bien, BarthĂ©lĂ©my Ă©prouvait des difficultĂ©s. Un jour que son pĂšre l'avait envoyĂ© au champ chercher des chevaux, il aperçut un moine ĂągĂ© sous un chĂȘne, qui priait. S'approchant et attendant la fin de la priĂšre du starets, il lui demanda de prier pour qu’il arrive Ă  Ă©tudier normalement, puis BarthĂ©lĂ©my l'invita Ă  la maison de ses parents. Le moine pria pour lui, puis l’assura qu’à compter de ce jour, il saurait Ă©tudier. Le soir mĂȘme, il lut l’office des heures, il avait moins de dix ans. Le starets avant de se sĂ©parer d'eux, dit ces paroles Ă©nigmatiques : « Cet enfant va devenir la demeure de la Sainte TrinitĂ©, et amĂšnera une multitude Ă  la comprĂ©hension de Sa volontĂ© ». Il frĂ©quenta assidĂ»ment les offices de l’Église, et se mit Ă  lire la Bible. À partir de l’ñge de douze ans, il commença Ă  suivre rigoureusement les jeĂ»nes du mercredi et du vendredi[note 1]. Vers 1328, sa famille quitta la rĂ©gion de Rostov pour s’installer Ă  RadonĂšge, au nord de Moscou[2].

Ermite

Alors que ses frĂšres s’étaient mariĂ©s, BarthĂ©lĂ©my resta cĂ©libataire, exprimant son dĂ©sir de devenir moine. AprĂšs le dĂ©cĂšs de ses parents, son frĂšre aĂźnĂ©, veuf, devint moine au monastĂšre de Khotov. BarthĂ©lĂ©my, qui souhaitait une profonde solitude, convainquit Étienne de rechercher un endroit qui conviendrait Ă  la vie ascĂ©tique. Ils cheminĂšrent dans les forĂȘts, puis trouvĂšrent un endroit approvisionnĂ© en eau et Ă©loignĂ© des chemins battus, Ă  dix verstes de RadonĂšge et de Kotov. LĂ , ils bĂątirent une cabane, avec une chapelle qu’ils dĂ©diĂšrent, en se rappelant les paroles du starets, Ă  la Sainte TrinitĂ©, ce qui Ă©tait une innovation[note 2]. C’est lĂ  qu’il reçut la tonsure monastique avec le nom de « Serge ». Il avait alors vingt-quatre ans (1337). Son frĂšre Étienne quant Ă  lui, partit peu de temps aprĂšs au monastĂšre de la ThĂ©ophanie de Moscou.

Serge demeura ermite dans cette solitude durant trois ans, avec pour seuls livres le psautier et les Évangiles, et pour seul voisinage les animaux sauvages de cette forĂȘt, au nombre desquels les loups et ours n’étaient pas rares. Un de ces ours devint d’ailleurs un habituĂ© de l’ermitage, Serge lui donnant un peu de son pain de temps Ă  autre.

Le monastĂšre

Saint Serge de RadonĂšge devant son monastĂšre, avec l’icĂŽne de la TrinitĂ©

Au bout de ces trois ans, d’autres personnes se mirent Ă  le rejoindre, attirĂ©s par sa rĂ©putation naissante de pĂšre spirituel expĂ©rimentĂ© [2]. Les offices des heures Ă©taient quotidiennement cĂ©lĂ©brĂ©s dans la chapelle, mais comme aucun des moines n’était prĂȘtre, ils devaient en faire venir un pour la cĂ©lĂ©bration de la Divine Liturgie.

En 1354, Serge fut ordonnĂ© prĂȘtre, et devint officiellement higoumĂšne de la petite communautĂ©. Quoique leur niveau de vie frĂŽlĂąt souvent la misĂšre, Serge ne permettait pas que les moines fassent de collectes pour leurs besoins, les frĂšres devant en tout se confier Ă  Dieu.

À la demande expresse du Patriarche PhilotĂ©e de Constantinople[note 3], il organisa la petite communautĂ© (qui jusqu’à ce jour Ă©tait constituĂ© de cellules indĂ©pendantes) en un vĂ©ritable monastĂšre, avec une rĂšgle adaptĂ©e de celles des Studites. La communautĂ©, d’une douzaine de membres, augmenta rapidement. À la suite d'un dĂ©but de rĂ©volte contre son autoritĂ© - qui Ă©tait cependant modĂ©rĂ©e - , Serge laissa le monastĂšre et s’installa Ă  Kirjatch, malgrĂ© les tentatives du MĂ©tropolite Alexis[note 4] de le ramener au monastĂšre de la TrinitĂ©.

Serge et la Russie

Alors que la Russie était envahie par les Tatars, Serge participa à des missions « politiques » pour favoriser un relÚvement de la nation russe.

Il avait aussi fait de son monastĂšre un centre intellectuel, dotĂ© d’une bonne bibliothĂšque.

En 1380, le prince Dimitri DonskoĂŻ interrogea Serge, pour lui demander s’il devait entrer en rĂ©sistance contre l’envahisseur. Le moine l’engagea Ă  dĂ©fendre son peuple[note 5] et le bĂ©nit. Au moment de la bataille de Koulikovo, qui fut le commencement de la dĂ©livrance de la Russie, Serge priait.

L'aube de la Russie moscovite

Serge de RadonĂšge († 1392) et AndrĂ© Roublev (v. † 1430) sont connus de tous ceux qui s'intĂ©ressent Ă  la spiritualitĂ© et Ă  l'art sacrĂ© russes. RĂ©formateur de la vie religieuse, saint charismatique protecteur de l'orthodoxie et de la dynastie moscovite, Serge est surtout le fondateur de l'abbaye (Laure) de la TrinitĂ© qui, depuis 1342, est l'un des cƓurs battants de l'identitĂ© russe. C'est pour l'ornementation de l'abbatiale du monastĂšre, construite entre 1422 et 1427, que Roublev peignit la fameuse icĂŽne de la TrinitĂ©, sans doute l'image russe mĂ©diĂ©vale la plus diffusĂ©e dans le monde. « Pour comprendre la Russie, il faut comprendre la Laure, pour pĂ©nĂ©trer dans la Laure, il faut Ă©tudier avec la plus grande attention son fondateur » Ă©crivait en 1919, Pavel Florenskij[3], intellectuel et religieux, moine et ingĂ©nieur, mystique dĂ©fenseur d'une idĂ©ale synthĂšse entre cĂ©nobitisme et communisme. Il ajoutait que si la fameuse icĂŽne de la TrinitĂ© est, certes, due au pinceau de Roublev, son vĂ©ritable auteur est Serge, qui a su rĂ©gĂ©nĂ©rer le mouvement monastique en Russie.

Derniers mois et décÚs

Quelques mois avant la fin de sa vie, Serge se dĂ©sengagea de l’higoumĂ©nat et de la « vie publique » pour se consacrer Ă  nouveau Ă  la priĂšre dans la solitude.

Il mourut le .

Postérité

Saint Serge fut canonisĂ© en 1452. Il est fĂȘtĂ© dans l’Église orthodoxe le .

Le monastĂšre de la TrinitĂ© prit par la suite le nom de laure de la TrinitĂ©-Saint-Serge et demeura un foyer de spiritualitĂ©, mĂȘme durant la pĂ©riode soviĂ©tique.

L’Institut de thĂ©ologie orthodoxe de Paris et l'ordre de Saint-Serge sont placĂ©s sous le patronage de saint Serge.

Notes et références

Notes

  1. Dans l’Église orthodoxe, les mercredis et vendredis sont jours de jeĂ»ne, le premier parce que c’est le jour oĂč le Christ a Ă©tĂ© trahi, le second parce que c’est le jour oĂč il fut mis Ă  mort
  2. Les Églises Ă©tant, Ă  cette Ă©poque, habituellement placĂ©es sous le patronage d’un saint ou d’une fĂȘte.
  3. L’Église russe ne devint autonome qu’à partir de 1548
  4. Saint Alexis de Moscou, fĂȘtĂ© les 12 fĂ©vrier et 20 mai
  5. On peut rapprocher ceci des chrétiens nombreux qui prirent part à la Résistance, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Références

  1. http://mini-site.louvre.fr/sainte-russie/FR/html/1.5.html
  2. https://www.oca.org/saints/lives/2011/09/25/102725-repose-of-venerable-sergius-the-wonderworker-abbot-of-radonezh
  3. Pavel Florenski, Stupeur et dialectique, Paris, France, Éditions Payot & Rivages, coll. « BibliothĂšque Rivages », 2012, 94 p. (ISBN 978-2-7436-2396-8)

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Heller : Histoire de la Russie et de son Empire, chap.II, 2015, Éd. Tempus Perrin, (ISBN 978-2262051631).
  • « Le Synaxaire. Vies des Saints de l’Église Orthodoxe » Éditions « To Perivoli tis Panaghias », Simonos Petras, Mont Athos
  • PriĂšre et saintetĂ© dans l’Église russe, E. Behr-Sigel, SpiritualitĂ© Orientale no 33, Bellefontaine 1982
  • EncyclopĂ©die Universalis
  • Pierre Gonneau, A l'aube de la Russie moscovite, Serge de RadonĂšge & AndrĂ© Roublev : lĂ©gendes et images, XIVe-XVIIe siĂšcles, Ă©dit. Institut d'Études Slaves, Paris, 1989. (ISBN 2720404357)
  • Pierre Gonneau, La maison de la Sainte TrinitĂ©: Un grand monastĂšre russe du Moyen Âge tardif, 1345-1533, Ă©dit. Klincksieck, Paris, 2000. (ISBN 2252029064)
  • Pierre Kovalevsky, Saint Serge et la spiritualitĂ© russe, France, Seuil, coll. « maĂźtres spirituels, microcosme, petite planĂšte »,

Liens externes

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