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Secteur informel au Sénégal

Comme dans bien d'autres pays d'Afrique, le secteur informel occupe une place très importante dans l'économie du Sénégal. En effet, une fraction significative de la population vit de ce que l'on appellerait ailleurs des « petits boulots ». Selon une étude récente de la Banque mondiale, ce secteur génèrerait 97 % des créations d'emplois dans un pays très touché par le chômage[1].

Vente de pneus au bord de la route, à Meckhe (région de Thiès)

Ces activités échappent à tout type d'imposition, de contrôle ou même simplement de dénombrement.

Définition

Le marché Sandaga à Dakar, « temple de l'informel »

La notion de secteur informel (ou "secteur non structuré") est définie par l'Organisation internationale du travail (OIT).

Sept critères caractérisent cette économie en marge de la production classique de biens et de services :

  • facilité d’accès aux activités ;
  • utilisation de ressources locales ;
  • propriété familiale des entreprises ;
  • échelle restreinte des opérations ;
  • utilisation de techniques simples et nombre réduit de travailleurs ;
  • qualifications acquises en dehors du système scolaire officiel ;
  • marchés échappant à tout règlement et ouverts à la concurrence.

Place dans l'économie du pays

Avec l'État, le secteur informel est le principal pourvoyeur d'emplois et la première source de revenus.

Affrontements à Dakar en novembre 2007

Sa part s'est légèrement réduite au fil du temps.

En 2011, le secteur informel représentait 41,6% du PIB et emploie environ 48,8% de la population active occupée[2]. Ce taux est cependant inférieur à celui de l'ensemble de l'Afrique subsaharienne (68 %). Le salaire annuel moyen perçu par un employé du secteur s’élève à 505 805 FCFA, soit un salaire mensuel de 42 150 FCFA (64 euros)[3].

Au-delà des statistiques, on lui reconnaît une grande vitalité.

Ne pouvant combattre de front un secteur aussi dynamique et omniprésent, l'État tente plutôt d'encourager ces travailleurs à entrer petit à petit dans la légalité afin de bénéficier des avantages sociaux et des régimes de retraite.

En , de violentes manifestations éclatent à Dakar lorsque les pouvoirs publics décident d'interdire tout commerce informel dans les rues de la ville. Des vendeurs ambulants affrontent la police, brûlent des pneus, lancent des pierres sur les forces de l’ordre et saccagent des bureaux. Les policiers ripostent en faisant usage de gaz lacrymogènes. D’après des témoins, plusieurs protestataires sont arrêtés.

Principaux domaines d'activités

Vendeuse de poisson à domicile (Yoff)

Certaines professions ne sont guère concernées, car elles sont régies par des textes précis. C'est le cas de la santé, de l'assurance, de l'administration, des carrières de l'enseignement.

En revanche, la pêche, le petit commerce, l'artisanat relèvent pour l'essentiel de l'économie informelle.

Les femmes et les enfants sont particulièrement concernés.

La récupération informelle des déchets est parfois détournée vers la création artistique. C'est ainsi que des boîtes de conserves ou des fils de fer sont utilisés pour confectionner des modèles réduits de voitures ou de bicyclettes vendus aux touristes.

Notes et références

  1. « Rapport sur l’emploi au Sénégal : Le secteur informel génère 97 % des créations », Le Soleil, 14 octobre 2007
  2. « Impacts d’une amélioration de la productivité du secteur informel sur l’économie sénégalaise » étude réalisée par la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) selon les chiffres de l’Enquête Nationale sur le Secteur Informel au Sénégal (ENSIS) réalisée en 2011 et recueillies auprès de l’ANSD.
  3. La rédaction, « Sénégal : le secteur informel représente 41,6% du PIB », sur lejecos Le journal de l’économie sénégalaise (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Oumar Cissé, L'argent des déchets : L'économie informelle à Dakar, Karthala, Paris, 2007, 165 p. (ISBN 2845869215)
  • Baudouin Duquesne, Le secteur informel en Afrique. Approche théorique et étude de cas : "les barroms-sarrettes de Ziguinchor", Sénégal, 1986
  • IREP, L'acquisition et la mise en œuvre des qualifications à travers le secteur informel : l'exemple du Sénégal, 1986
  • Souleymane Mbaye, Les politiques d'appui au "secteur informel" : changement social et contingences contextuelles, le cas du Sénégal, 2001 (thèse)
  • Meine Pieter van Dijk, Sénégal : le secteur informel de Dakar, Paris, L'Harmattan, 1986, 164 p. (ISBN 2858026378)
  • Abdou Salam Fall, Bricoler pour survivre. Perceptions de la pauvreté dans l'agglomération urbaine de Dakar, Karthala, Paris, 2007, 263 p. (ISBN 2845869355)
  • Laurence Marfaing et Mariam Sow, Les opérateurs économiques au Sénégal entre le formel et l’informel, 1930-1996, Paris, Karthala, 1998
  • Thierno Seydou Niane, Contribution à l'étude du secteur informel rural non agricole dans le processus du développement économique : le cas de Bambey au Sénégal, Université de Bordeaux 1, 1988 (thèse)
  • Abdoulaye Niang, Le secteur informel de production de biens et de services modernes : un exemple de l'articulation entre les structures socio-économiques traditionnelles et le mode de production capitaliste : le cas du Sénégal, 1988 (thèse)
  • Olivier Paillaud, Ajustement social et secteur informel urbain en Afrique sub-saharienne : le cas du Sénégal, 1995
  • Omar Saïp Sy, Base de données sur la recherche et les actions de promotion en faveur du secteur informel au Sénégal, UREF-AUPELF, 1992 ?
  • Ndongo Samba Sylla, Le secteur informel au Sénégal : sa structure, ses caractéristiques, sa contribution à l'emploi et aux revenus des ménages, 2003 (thèse)
  • Charbel Zarour, Étude du secteur informel de Dakar et de ses environs, phase 3. Rapport final, Dakar, USAID/Sénégal, 1989

Documentaires

  • Le Secteur informel au Sénégal, court métrage documentaire sénégalais, 1998, 13'

Films de fiction

Articles connexes

Liens externes

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