Sauromaquias (Al Natural)
Sauromaquias (Al Natural) est une encre de Chine sur papier de Antonio Saura peinte en 1958. Elle fait partie d'un ensemble d'œuvres graphiques et d'œuvres peintes de 1958 à 1989 ayant pour sujet la tauromachie, et que l'artiste a toutes intitulées Sauromaquia en références à la Tauromaquia de Goya et celle de Picasso.
Artiste | |
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Date | |
Dimensions (H Ă— L) |
88,5 Ă— 61 cm |
Localisation |
collection particulière, NC ( Suisse) |
Contexte
À partir de 1957 le peintre produit des œuvres d'un expressionnisme violent : Al Natural (1958, huile et encre de Chine sur papier, 61 × 88,5 cm), Taureau-femme, Torero-taureau (1957) pour la plupart des collages . Saura explique en 1983 sa position esthétique :
« l'image photographique d'une corrida, en privilégiant seulement un instant d'un parcours complexe dans le temps et l'espace, se transforme en parade d'une obscénité différente et assurément suggestive, mais indubitablement éloignée de l'image que le souvenir agrandit ou estompe[1]. »
L'Ĺ“uvre taurine d'Antonio Saura est Ă son apogĂ©e Ă partir de 1980 avec les dix lithographies qui illustrent l'essai de JosĂ© BergamĂn : L'Art de Bilibirloque[2]. Saura adhère pleinement Ă l'analyse de BergamĂn qui rĂ©cuse le pittoresque brillant de la lidia et les paillettes :
« L'espagnolisme des costumes a corrompu mes courses de taureaux, autant que le théâtre, la littérature, la peinture, l'architecture, la musique, le catholicisme et la politique, toutes choses qu'il a sous-espagnolisées. Mais rien n'est moins typiquement espagnol que le combat du torero dans l'arène lorsqu'il est parfaitement exécuté[3]. »
Description
L'interprétation du monde des taureaux par Saura est définie par le critique d'art Alexandre Cirici Pelliger comme « un contraste entre la violence et l'abstention, où l'abstention a la pire part [4]. »
Antonio Saura donne une interprĂ©tation très anti-traditionnelle des idĂ©es de BergamĂn qui dĂ©fendait l'art de Joselito, opposĂ© Ă celui de Juan Belmonte, tout comme le faisait Hemingway. Il offre une vision dĂ©chirĂ©e de la lidia qui ne tient compte ni des diffĂ©rences de styles, ni des Ă©coles. Il prĂ©sente, dans ces dernières Sauromaquias un homme et une bĂŞte sans beautĂ©, comme des loques : une vision tragique de la corrida dans la lignĂ©e de Francisco de Goya[5].
En 1989, Saura reprend le thème de la tauromachie avec des peintures acryliques et encres de Chine superposées aux photographies de Jean Bescós. Il retrouve ainsi la technique qu'il avait inaugurée en 1957. L'ouvrage comporte trente-quatre textes de Marcel Cohen, qui accompagnent les trente-quatre œuvres graphiques de Saura et quarante six photographies de Jean Bescós[5].
Bibliographie
- Gérard de Cortanze (dir.), Antonio Saura, Paris, Éditions de la Différence, (ISBN 2-7291-1047-X)
- Jean Bescos, Antonio Saura et Marcel Cohen, Tauromachie, Paris, Éditions 5 continents, , 379 p. (ISBN 978-88-7439-473-9 et 88-7439-473-X) première édition
- JosĂ© BergamĂn, L'Art de Birlibirloque, Bazas, Le Temps qu'il fait, , 95 p. (ISBN 2-86853-001-X)
- Alexandre Cirici Pellicer, ExposiciĂłn antolĂłgica 1948-1980 : catalogue de l'exposition Ă l'Edificio ArbĂłs, sala Tiepolo, Madrid,
- Alvaro Martinez-Novillo, Le Peintre et la Tauromachie, Paris, Flammarion,
Notes et références
- La Fiesta por dentro, dans "Arte y tauromaquia", conférence donnée à l'université internationale Menendez Pelavo de Santander en 1982 et à Madrid en 1983, p.15
- Martinez-Novillo 1988, p. 217
- BergamĂn 1998, p. 44
- Cirici Pellicer 1980, p. 58
- Martinez-Novillo 1988, p. 218