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Sandwich hollandais

Le sandwich hollandais est une technique d'optimisation fiscale complexe exploitant les failles et manquements présents dans la législation néerlandaise. En effet, l'État néerlandais n'effectue pas de prélèvement à la source sur les redevances qui entrent et sortent de son territoire. Cette spécificité rend les Pays-Bas particulièrement attractifs, notamment pour les entreprises multinationales, car elle permet à celles-ci d'extraire leurs bénéfices hors Union Européenne sans payer d'impôt sur les sociétés, ou très peu.

Pour ce faire, le « sandwich hollandais » entre dans plusieurs mécanismes plus globaux d'optimisation fiscale, dont le plus connu est probablement le "Double irlandais et sandwich hollandais".

Ces pratiques sont difficiles à dénoncer car elles impliquent des montages juridiques complexes et divers.

Double irlandais et sandwich hollandais

Principe général

La technique "Double irlandais et sandwich hollandais" consiste à exploiter les différences de taxation entre pays ainsi que les failles présentes dans les législations, afin de diminuer au maximum l'impôt des sociétés. Globalement, trois filiales sont créées par la multinationale. Deux filiales en Irlande, l'une ayant une activité réelle sur le territoire (principe de l'établissement stable), l'autre une holding ayant son siège social hors Europe. Une autre holding, cette fois-ci européenne, est également créée aux Pays-Bas.

Le principe de base pour une multinationale est de pouvoir transférer une partie de ses bénéfices, sous forme de royalties ou autre, de sa filiale irlandaise vers sa holding Hollandaise, puis vers sa holding non-européenne. Une fois ces étapes effectuées, les bénéfices sont rapatriés dans la juridiction du siège social de la holding non-européenne, souvent un paradis fiscal.

Exemple concret

Mécanisme d'optimisation fiscale d'une multinationale utilisant deux filiales en Irlande, dont une holding non Européenne, et une filiale holding aux Pays-pas.
Mécanisme d'optimisation fiscale d'une multinationale utilisant deux filiales en Irlande, dont une holding non Européenne, et une filiale holding aux Pays-pas.

Soit[1] - [2] une sociĂ©tĂ© A, multinationale dont la maison-mère est situĂ©e aux États-Unis, mais qui effectue une partie de ses activitĂ©s en Europe. Les bĂ©nĂ©fices rĂ©alisĂ©s sur le sol europĂ©en (1 000 â‚¬) sont rĂ©partis entre les diffĂ©rents pays de l'Union europĂ©enne (selon les ventes effectuĂ©es). Par des mĂ©thodes complexes de prix de transfert et autres non expliquĂ©es ici, la multinationale va transfĂ©rer une grande partie de ses bĂ©nĂ©fices Ă  sa filiale en Irlande, oĂą le taux d'imposition des sociĂ©tĂ©s est faible (12,5 %). La seconde Ă©tape consiste Ă  utiliser les redevances (royalties) pour transfĂ©rer les bĂ©nĂ©fices de filiale en filiale sans payer l'impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s.

Pour ce faire, la filiale dont le siège social est situé dans un paradis fiscal (ici aux Bermudes) achète, pour un prix fixé, les droits d'utilisation (intellectuels, de la marque) à la maison mère située aux États-Unis. Elle revend ensuite ces droits à la holding non-européenne située en Irlande, qui va les revendre à son tour à la holding hollandaise.

Le rapatriement peut alors commencer. La holding hollandaise va demander, Ă  la filiale irlandaise qui concentre les bĂ©nĂ©fices, de lui payer une redevance pour l'utilisation des droits intellectuels (royalties, utilisation de la marque, etc). Une partie des bĂ©nĂ©fices (720 â‚¬) est donc rapatriĂ©e, sous forme de redevance, dans la holding hollandaise et sans imposition puisque le droit europĂ©en le permet. La holding non-europĂ©enne situĂ©e en Irlande exige ensuite Ă  son tour le paiement des redevances (720 â‚¬) par la holding hollandaise pour l'utilisation des mĂŞmes droits. Les bĂ©nĂ©fices sont donc redirigĂ©s dans la holding irlandaise non-europĂ©enne, encore une fois sans imposition puisque le droit hollandais le permet (faille du droit hollandais utilisĂ©e par la multinationale). Ă€ partir de cette Ă©tape, les bĂ©nĂ©fices transfĂ©rĂ©s sous forme de redevances ont dĂ©jĂ  quittĂ© l'Europe, puisque la filiale non-europĂ©enne a son siège social aux Bermudes (faille du droit irlandais utilisĂ©e par la multinationale). Les bĂ©nĂ©fices arrivent donc aux Bermudes oĂą le taux d'imposition des sociĂ©tĂ©s est de 0 %.

La part des bĂ©nĂ©fices n'ayant pas pu ĂŞtre transfĂ©rĂ©s via les redevances (280 â‚¬) sera simplement imposĂ©e Ă  hauteur du taux d'IS irlandais, c'est-Ă -dire 12,5 % (au lieu de 25 % si ceux-ci Ă©taient en France). L'avantage de l'utilisation de filiales en Irlande est donc double pour les multinationales, car il permet d'abord de sortir les bĂ©nĂ©fices via une holding non-europĂ©enne, puis de bĂ©nĂ©ficier d'un taux d'imposition avantageux.

Notes et références

  1. Pierre-Alexis Blevin, Les paradis fiscaux, Rennes, Que sais-je, , 127 p.
  2. Pierre-Yves Carasco, Prix de transfert et stratégies d'optimisation fiscale de la firme multinationale, Paris, L'harmattan,

Voir aussi

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