Samuel Donaouri
Samuel Donaouri (en gĂ©orgien : áĄááááá áááááŁá á, mort en 861) est un prince gĂ©orgien de KakhĂ©tie du IXe siĂšcle. Membre de la dynastie Donaouri, il est amenĂ© au pouvoir par la noblesse de Gardabani et devient le troisiĂšme chorĂ©vĂȘque de KakhĂ©tie en 839 jusqu'Ă sa mort en 861. Sa politique indĂ©pendante confirme la sĂ©paration de la rĂ©gion du reste des territoires gĂ©orgiens et son alliance avec l'Ă©mirat de Tiflis l'oblige Ă faire face Ă de nombreuses incursions abbassides dans les annĂ©es 840 et 850. La plus fameuse expĂ©dition arabe est celle menĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Bougha al-Kabir en 853-854, qui ravage Tiflis mais est vaincu et expulsĂ© par Samuel, marquant la fin de la domination arabe en GĂ©orgie.
Samuel Donaouri | |
Titre | |
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ChorĂ©vĂȘque de KakhĂ©tie | |
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Prédécesseur | Vatché Koboulidzé |
Successeur | Gabriel Donaouri |
Biographie | |
Famille | Donaouri |
Religion | Ăglise orthodoxe gĂ©orgienne |
RĂ©sidence | Tianeti |
Liste des souverains de Kakhétie | |
Biographie
Origines
Samuel Donaouri nait dans une famille noble dans la province frontaliĂšre de Gardabani[1], une rĂ©gion divisĂ©e entre les influences gĂ©orgiennes et armĂ©niennes. Selon l'historien français Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, la famille des Donaouri a probablement une origine armĂ©nienne ou albanaise[2]. Saint Hilarion le GĂ©orgien, un moine du IXe siĂšcle canonisĂ© par l'Ăglise orthodoxe gĂ©orgienne, fait Ă©galement partie de cette famille et vit au monastĂšre de David Garedja lors de l'Ă©lection de Samuel au trĂŽne kakhĂ©tien[3]. Il est possible que Samuel soit lui-mĂȘme le fils d'un prĂȘtre, les Chroniques gĂ©orgiennes mentionnant le « fils d'un prĂȘtre » qui prend part aux combats contre les envahisseurs arabes dans les annĂ©es 850[4].
La famille Donaouri est l'un des puissants clans de Gardabani qui gagnent une large influence[5] Ă travers la PrincipautĂ© de KakhĂ©tie depuis les annĂ©es 820[6] et poussent la rĂ©gion Ă poursuivre une politique indĂ©pendante des Ătats gĂ©orgiens et du califat abbasside. Ă la suite de la mort de VatchĂ© KoboulidzĂ© en 839, Samuel est Ă©lu par les familles nobles de la principautĂ©[7], largement influencĂ©s par les Gardabaniens, comme « chorĂ©vĂȘque » de KakhĂ©tie[8], un titre d'origine byzantine et religieuse mais devenu exclusivement politique lors de l'unification de la KakhĂ©tie Ă la fin du VIIIe siĂšcle. Sa rĂ©sidence est la ville de Tianeti, dans le nord du pays[6].
Contre les Abbassides
Samuel continue l'alliance de son prĂ©dĂ©cesseur[9] avec l'Ă©mirat voisin de Tiflis, dans le but de mettre fin Ă la domination abbasside en Transcaucasie[10]. Quand l'Ă©mir Ishac ibn Chouab al-Tiflis se rĂ©volte ouvertement contre Samarra, le calife Al-MuÊżtasÌ©im envoie le gĂ©nĂ©ral Khalid ibn Yazid al-ChaĂŻbani mettre un terme Ă la rĂ©bellion. Celui-ci tente d'envahir la KakhĂ©tie via l'HĂ©rĂ©thie en 842 mais rapidement vaincu par Samuel Ă Gavazi et doit prendre refuge en DjavakhĂ©tie, oĂč il trouve sa mort[8].
Khalid est remplacé comme gouverneur abbasside de Transcaucasie par Mohammed ibn Khalid et il est possible, d'aprÚs l'historien Vakhoucht Bagration, que Samuel ait entretenu une relation pacifique avec celui-ci, une théorie toutefois démentie par Brosset[8].
En 853, le calife Al-Mutawakkil envoie Bougha al-Kabir pour prendre revanche sur la défaite de Gavazi. Celui-ci arrive en Géorgie avec une armée de 120 000 soldats[4] en août et capture Tiflis aprÚs un court siÚge, massacrant la population locale et tuant l'émir Ichac[11]. En réponse, une coalition anti-abbasside se forme : Samuel de Kakhétie est rejoint par Théodose II d'Abkhazie, Gouaram de Djavakhétie et Smbat VIII d'Arménie ; Bougha est quant à lui rejoint par Bagrat Ier d'Ibérie[12]. Les Abkhazes tentent de premiÚres représailles mais sont vaincus à leur tour par Bougha et sont forcés de faire demi-tour[12].
Samuel intervient et afflige une dĂ©faite Ă Bagrat et au gĂ©nĂ©ral Zirak, un commandant de Bougha al-Kabir, avec une troupe de Gardabaniens[8] Ă Djvaris-Gverdi, non loin de Tiflis[12]. Quand Bougha tente de conquĂ©rir la Ciscaucasie par la suite, les tribus montagnardes de KakhĂ©tie l'empĂȘchent de traverser les montagnes d'OssĂ©tie[4]. Bougha passe par la suite l'hiver 853-854 Ă Barda, avant d'assiĂ©ger Derbent[4]. Il est possible qu'il ait rĂ©ussi Ă capturer Samuel temporairement, selon Brosset, et tuer le noble Ktridji de Gardabani lors d'une campagne obscure qui ravage la province[4].
Autant est-il que Samuel retrouve sa couronne en 854 et expulse les Arabes de Gardabani. à la suite de cette nouvelle défaite, Bougha ravage la vallée d'Aragvi et tente de pénétrer une nouvelle fois en Kakhétie par le nord, mais Samuel remporte une victoire décisive prÚs de la frontiÚre[9]. L'historienne moderne Mariam Lordkipanidzé voit cette défaite de Bougha aux mains de Samuel comme la fin de la domination abbasside sur la Géorgie qui avait commencé deux siÚcles auparavant[13].
Fin de rĂšgne
Samuel Donaouri continue Ă rĂ©gner jusqu'Ă sa mort en 861[8]. Il est probablement engagĂ©, en vain, dans de nombreuses campagnes militaires contre la province voisine d'HĂ©rĂ©thie, qu'il tente d'annexer[14]. Son rĂšgne solidifie l'indĂ©pendance de la KakhĂ©tie vis-Ă -vis le reste de la GĂ©orgie[15]. Ă sa mort, les clans gardabaniens, qui contrĂŽlent plus que jamais la politique kakhĂ©tienne, nomment Gabriel Donaouri, son neveu, comme chorĂ©vĂȘque[8].
Annexe
Ouvrages
- (en) Cyrille Toumanoff, Studies in Christian Caucasian History, Washington, D.C., Georgetown University Press,
- Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe siÚcle. Volume I, Saint-Pétersbourg, Académie impériale des Sciences de Russie, , 694 p. [détail des éditions]
- Marie-Félicité Brosset, Histoire moderne de la Géorgie, Saint-Pétersbourg, Imprimerie de l'Académie impériale des sciences, , 668 p.
- (ka) Chota BadridzĂ©, áĄáá„áá áááááᥠááĄáąáá áá [Histoire de la GĂ©orgie], vol. 1, Tbilissi, Iberia,â , 168 p..
- (ka) RoĂŻn Metreveli et al., á„áá ááŁáá ááááááááąááᥠááĄáąáá ááᥠááá ááááááá [Recherches sur l'histoire diplomatique gĂ©orgienne], Tbilissi, UniversitĂ© d'Etat de Tbilissi IvanĂ© Djavakhichvili,â , 549 p. (ISBN 5-511-00896-6).
- (en) Nodar Assatiani et Otar Djanelidze, History of Georgia, Tbilissi, Publishing House Petite, , 488 p. [détail des éditions] (ISBN 978-9941-9063-6-7)
- (en) Ronald Grigor Suny, The Making of the Georgian Nation, Indianapolis, Indiana University Press, (1re Ă©d. 1988), 396 p. (ISBN 0-253-35579-6)
- Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, Histoire de la Géorgie, Paris, l'Harmattan, , 335 p. [détail des éditions] (ISBN 2-7384-6186-7, présentation en ligne)
- (ka) Avtandil Tsotskolaouri, áĄáá„áá áááááᥠááĄáąáá áá [Histoire de la GĂ©orgie], Tbilissi, SAUNJE Publishing House,â , 593 p. (ISBN 978-9941-451-79-9)
- (en) Mariam Lordkipanidze, Essays on Georgian History, Tbilissi, Metsniereba, , p. 210
Références
- Toumanoff 1967, p. 269
- Brosset 1849, p. 264-265
- (ka) « áááá ááá á„áá ááááá », sur National Parliamentary Library of Georgia (consultĂ© le )
- Brosset 1849, p. 267
- Assatiani et Djanelidze 2009, p. 61-62
- Assatiani et Djanelidze 2009, p. 62
- Badridzé 1994, p. 82
- Brosset 1858, p. 140
- Tsotskolaouri 2017, p. 172
- Metreveli 1998, p. 186
- Assatiani et Bendianachvili 1997, p. 100
- Brosset 1849, p. 266
- Lordkipanidze 1997, p. 19
- Tsotskolaouri 2017, p. 173
- Suny 1988, p. 29