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Salut à trois doigts

Le salut à trois doigts, réalisé avec le pouce, l'index et le majeur tendus et les autres doigts pliés, est un geste utilisé en Serbie depuis le Moyen Âge en signe de victoire ou de joie lors de victoire serbe. L'origine religieuse du salut serbe est certaine, les trois doigts étant la trinité chrétienne. Il est aussi utilisé lors de la prestation de serment en Suisse, ou au Vatican. Ce salut peut également être rapproché de la main de justice, insigne du pouvoir royal en France. Son origine n'est pas établie et sa symbolique peut varier selon les usages religieux, protocolaire ou politique. Le Salut apparait donc au Moyen Âge en Serbie comme un symbole chrétien, puis en Suisse comme symbole de l'union de la confédération. Il est ensuite un symbole politique nazie en Italie et en Allemagne.

Salut à trois doigts

Salut serbe

Il existe plusieurs hypothèses quant à l'origine de ce geste, la plus répandue étant que les Serbes, en majorité chrétiens orthodoxes, utilisent ces trois doigts pour se signer en référence à la Trinité chrétienne, il est utilisé depuis la conversion des Serbes au christianisme au début du Moyen Âge. Il était un salut qui montrait que l'on était chrétien et non bogomile.

Pendant la seconde guerre mondiale, le salut aurait été utilisé en signe de résistance aux Oustachis soutenus par les nazis.

Certains partis politiques ont tenté de récupérer ce symbole national, comme le Mouvement politique royaliste serbe, le symbolisme chrétien a alors été remplacé par : « le premier doigt pour Saint Sava, le second pour Njegoš et le troisième pour Karađorđe », sans grand succès.

Plus tard les Tchetniks ont aussi utilisé ce salut lors de la guerre de Yougoslavie[1].

Beaucoup de sportifs d'origine serbe ou membres de l'église orthodoxe serbe, tels que les joueurs de l’Étoile Rouge de Belgrade, Dejan Savicevic, Sinisa Mihajlovic ou encore Dragan Stojkovic, ont popularisé ce salut chez la jeunesse à partie des années 1980. Par la suite, ils ont été suivis par d'autres sportifs : Dejan Stanković ou Dejan Bodiroga, Novak Djoković jusqu’à nos jours. Il est vu par beaucoup de Serbes comme une marque de fierté envers leur pays. Comme l'a souligné Aleksandar Djordjević dans une interview après la victoire de la Yougoslavie à l'Euro 1995 de basket, c'est « pour nous-mêmes que nous effectuons le salut à trois doigts. Il n'y a aucune provocation là-dedans. C'est ma fierté ».

Lors de la cérémonie d'ouverture de Jeux olympiques d'été de 2008, le ministre des affaires étrangères serbe du Parti démocratique (Serbie), Vuk Jeremić salua la délégation serbe avec un salut à trois doigts.

Si ce salut en Serbie n'est pas strictement lié au nationalisme serbe, son usage reste controversé. Comme la politologue Anamaria Dutceac Segesten le remarque, l'importance du salut reste diverse : bien qu'il ait été utilisé par les nationalistes, il n'est pas pour autant monopolisé en tant que tel car il existait déjà avant l'apparition du nationalisme[2].

Prestation de serment en Suisse

Photographie de quatre personnes, trois hommes et une femme, levant leur main droite au ciel avec le pouce, l'index et le majeur écarté.
Assermentation du gouvernement glaronais lors de la Landsgemeinde en 2014.

En Suisse, il est coutumier de lever la main droite avec trois doigts levés (pouce, index, majeur) lors de la prestation de serment. Ce geste rappelle la prestation de serment du Grütli qui est souvent représentée par trois hommes faisant ce signe pour marquer l'alliance des trois premiers cantons de Suisse centrale fondateurs de la fédération contre leur ennemi commun la maison des Habsbourg. Ce signe est une invocation à la Trinité et rappelle que le serment est pris avec Dieu comme témoin[3].

Prestation de serment d'Elisabeth Kopp, élue au Conseil fédéral, le 2 octobre 1984.

De nos jours, ce signe est couramment utilisé en Suisse lors de la prestation de serment des élus politiques et plus particulièrement lors de la nomination ou la reconduction du Conseil fédéral, le gouvernement fédéral de la Suisse.

Garde suisse pontificale

Un autre exemple de l'utilisation de ce signe est la prestation de serment des nouvelles recrues de la garde suisse pontificale qui se déroule chaque année, le , dans la cour Saint-Damase au palais du Vatican devant un représentant du pape. Ceux-ci prêtent serment en faisant le salut à trois doigts de la main droite et en empoignant l'étendard de la garde de la main gauche.

Salut sicilien

Le salut à trois doigts est utilisé par les nationalistes et les séparatistes siciliens. Il représente le Trinacria présent sur le drapeau de la Sicile[4].

Il a particulièrement été utilisé durant le mouvement pour l'indépendance de la Sicile.

En Ukraine

Le salut à trois doigts apparaît dans comme signe pour l'indépendance. La logistique de cette manifestation semble avoir été largement prévue par les organisations Pora et Znayu, qui ont des liens avérés avec le mouvement Otpor (serbe) qui avait réussi à faire chuter l'ex-président serbe Slobodan Milošević en juillet 2000 et s'était déjà impliqué dans la révolution des Roses géorgienne de décembre 2002, ainsi que dans les tentatives de renversement du régime biélorusse de 2001 et 2004.

On le voit le salut à 3 doigts par exemple dans les manifestations suivant la Déclaration de l'indépendance de l'Ukraine ou au sein du parti Svoboda dont il devient le symbole en 2004. Les Serbes de Otpor ont naturellement proposé aux Ukrainiens d’utiliser comme signe de ralliement le salut à 3 doigts qui était connu en Serbie depuis le Moyen Âge.

Drapeau du parti Svoboda avec son salut à trois doigts.

Salut de Kühnen

Le salut de Kühnen ou Kühnengruss en allemand, est une alternative au salut nazi souvent utilisé par les militants nationalistes ou néo-nazis afin de contourner les législations interdisant le salut nazi. Ce salut est illégal en Allemagne[5] - [6] - [7].

Notes et références

  1. International Tribunal for the Prosecution of PersonsResponsible for Serious Violations of International Humanitarian Law Committed in the Territory ofFormer Yugoslavia since 1991 (lire en ligne)
  2. Anamaria Dutceac Segesten, 2011. Myth, Identity, and Conflict: A Comparative Analysis of Romanian and Serbian Textbooks. Lexington Books..
  3. J. Barthélemy et P. Duez, Traité de droit constitutionnel, Dalloz, , 955 p., p. 85
  4. (it) Uboldi, Raffaello, I giorni dell'odio e della libertà. Mondadori, Mondadori, 25 aprile 1945, p86
  5. (de) « "Kühnengruß oder sechs Bier bei FPÖ-Parteitag?" », sur kleinezeitung.at (consulté le ) : « Second paragraphe: "Le Kühnengruß est considéré comme une variation du salut nazi. Le bras droit est levé avec les trois doigts tendus. En Autriche, contrairement à l'Allemagne, ce salut n'est pas interdit." »
  6. Nicolas Massol, « Salut néonazi et drapeau marocain piétiné : la soirée foot de militants de Reconquête », sur Libération (consulté le )
  7. Ricardo Parreira, « kuhnen - Indextreme : Observer, répertorier et connaître les symboles graphiques du fascisme en France. », sur indextreme.fr (consulté le )
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