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Saline de Châtillon-le-Duc

La saline de Châtillon-le-Duc est exploitée à la fin du XIXe siècle à Châtillon-le-Duc et Geneuille, dans le département du Doubs, en région française de Bourgogne-Franche-Comté[1]. Le sel est découvert par un sondage en 1875 dans la foulée de la découverte du gisement de Miserey[2].

Fiche de paye de la saline de Châtillon-le-Duc (1908).

Le gisement exploité correspond au bassin salifère de Franche-Comté daté du Trias supérieur.

DĂ©couverte du gisement

Le gisement de sel a été découvert par l’architecte et géologue Alphonse Delacroix vers 1826.

En 1866, l'ingĂ©nieur des mines Boyer, et son associĂ© Resal, dĂ©couvrent, sur la commune de Miserey une source entourĂ©e de plantes ressemblant Ă  des algues marines[3], ce qui trahit la prĂ©sence de sel en sous-sol. Devant les rĂ©ticences du propriĂ©taire du terrain, Boyer cherche d'autres lieux Ă  proximitĂ©. En 1868, il trouve Ă  250 mètres de la source initiale, un terrain contenant un banc de sel Ă©pais de 55 mètres dont le propriĂ©taire est plus coopĂ©ratif[4].

Le secteur de Miserey se rĂ©vèle alors ĂŞtre un gisement exceptionnel, comprenant une vaste nappe de sel donnant naissance Ă  des eaux salines chlorurĂ©es sodiques fortes et iodo-bromurĂ©es parmi les meilleures d'Europe : elles sont 27 fois plus actives que les eaux de mer et contiennent 291 grammes de chlorure de sodium par litre d'eau ainsi qu'environ 323 grammes d'Ă©lĂ©ments salĂ©s par litre d'eau dont 2,25 grammes de bromure et de potassium, rivalisant ainsi avec les eaux d'Allemagne, d'Autriche ou de Suisse connues pour ĂŞtre les meilleures du vieux continent[4].

Histoire

Une concession d'exploitation d'un gisement de sel est accordĂ©e, par dĂ©cret le , Ă  Jules Hunebelle, Camille Suleau et Joseph Musselin. La sociĂ©tĂ© anonyme des Mines de sel gemme et Salines de Châtillon-le-Duc est constituĂ©e en . Les associĂ©s font construire un bâtiment en 1877-1878. ImplantĂ© sur la commune de Geneuille[5], en bordure de la voie ferrĂ©e Ă  laquelle il est reliĂ©e par un embranchement particulier, l'Ă©tablissement comprend, outre les ateliers d'Ă©vaporation, une maison pour le concierge, un bâtiment des chaudières, machines et rĂ©parations et un château d'eau. Deux cheminĂ©es sont Ă©rigĂ©es : une de 29 mètres (section carrĂ©e) et une de 40 mètres (ronde)[4].

Les sites d'extraction de l'eau salĂ©e sont situĂ©s 500 mètres au sud-est, sur la commune de Châtillon-le-Duc. Cinq sondages successifs sont ouverts entre 1875 et 1891. Les pompes permettant la remontĂ©e de la saumure sont actionnĂ©es par une machine Ă  vapeur. L'eau salĂ©e est envoyĂ©e par canalisation Ă  la saline[6], oĂą elle est soumise Ă  Ă©vaporation dans de grandes poĂŞles chauffĂ©es Ă  la houille[4].

Le sondage no 1 percĂ© en 1875 et exploitĂ© jusqu'en 1887, est suivi d'un second en 1878, lĂ©gèrement au nord, puis d'un 3e en 1882, non exploitable. Le 4e sondage, rĂ©alisĂ© en 1887, en remplacement du trou de sonde no 1, atteint le banc de sel Ă  108 mètres de profondeur, mais voit sa salinitĂ© fortement baisser, ce qui amène la sociĂ©tĂ© Ă  demander en 1890 l'autorisation d'un 5e sondage. La production atteint 6 200 t en 1879, 9 400 t en 1883 et 6 400 t en 1899[4].

La saline est autorisĂ©e, en 1910, Ă  utiliser l'Ă©lectricitĂ© pour actionner les pompes des sondages. La force motrice est fournie par un moteur Ă  gaz, de 25 chevaux de la SociĂ©tĂ© Douge de Besançon, entrainant une dynamo[7]. Plusieurs bâtiments sont construits entre 1925 et 1928 : hangar Ă  fourrages, baraquements de sondage[4]...

  • Vues de la saline.

La saline emploie une cinquantaine d'ouvriers en 1930. Quatre logements sont construits, Ă  proximitĂ©, en 1938-1939 au lieu-dit le Rompeux. Au milieu du XXe siècle, la saline est rattachĂ©e Ă  la Compagnie des Salines de Franche-ComtĂ©. MalgrĂ© une production de 10 000 t de sel par an en 1960, l'usine ferme ses portes en [4].

Les bâtiments sont alors occupés par une entreprise de transports, puis par une entreprisse de logistique. Les cheminées sont abattues en 1972. Les chevalements des sondages ont été démantelés, le dernier ayant brûlé en 1994[4].

Thermalisme à Besançon

Carte postale de Besançon-les-Bains, non datée.

La ville de Besançon, qui n'est qu'à 6 kilomètres de Miserey. Le lieu et l'époque sont favorables pour doter la capitale comtoise d'une station thermale. Intervient un Parisien, Achille Vialatte, qui déclare avoir été directeur de station thermale et qui entretient de bonnes relations avec la municipalité de Besançon. C'est une occasion pour lui, ainsi que pour Boyer et Résal, de s'entendre sur la réalisation d'une compagnie de cure thermale à Besançon[4].

L'hôtel des Bains est inauguré, fin 1893, l'eau salée étant amenée de Miserey par un saumoduc d'environ 10 km[8] - [9]. L'activité thermale s'arrête après la Première Guerre mondiale[4].

Depuis 1971, l’exploitation de deux sondages (S3 et S5) a été reprise par la ville de Besançon afin d’alimenter un établissement de kinésithérapie. Cette exploitation est encadrée par une convention passée entre CSME et la ville de Besançon, entre 1971 et 2002. La convention n’a pas été renouvelée. La ville a depuis acquis les terrains sur lesquels sont situés les sondages et a rénové complétement la conduite de transport de saumure. Le centre hydrominéral fonctionne depuis 1976 ; il a été modernisé en 1995, puis en 1998 et la municipalité en a confié la gestion à un groupe de kinésithérapeutes[10].

Notes et références

  1. [PDF] Enseignants, Dossier pédagogique des salines, MTCC (lire en ligne), p. 16.
  2. « Histoire de Pouilley-les-Vignes », sur pouilleylesvignes.com.
  3. Des salicornes
  4. « Saline de Châtillon-le-Duc », sur patrimoine.franche-comte.fr (consulté le ).
  5. Près de la ferme des Bossus, aujourd'hui disparue.
  6. Le saumoduc parcourait environ 800 m entre le puits le plus éloigné et le bâtiment de la saline.
  7. de la Cie Générale Electrique (Nancy).
  8. « Histoire de Miserey-Salines (25) | Racinescomtoises - Patrimoine et photographies de Franche-Comté », sur racinescomtoises.net (consulté le ).
  9. Longueur approximative du saumoduc mesurée sur carte IGN
  10. « Déclaration d'arrêt définitif des travaux miniers et d'utilisation des installations associée, concession de mine de sel de Miserey (Doubs) » [PDF], Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l'Est.

Voir aussi

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