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Saint François recevant les stigmates (van Eyck)

Saint François recevant les stigmates (parfois Les Stigmates de saint François) est le nom donné à deux peintures non signées achevées vers 1428–32, ou peut-être plus tardivement encore, et que les historiens d'art attribuent généralement au peintre primitif flamand Jan van Eyck. Les deux compositions sont presque identiques, mais leur taille diffère considérablement : le plus grand panneau mesure 29,3 × 33,4 cm et est conservé à la galerie Sabauda de Turin en Italie, le plus petit mesure 12,7 × 14,6 cm et est conservé au Philadelphia Museum of Art. La plus ancienne preuve documentée de leur existence se trouve dans le testament du marchand brugeois d'origine génoise Anselm Adornes rédigé en 1470 avant son voyage à Jérusalem, au profit de ses deux filles ; les deux panneaux qu'il y mentionne, et qui ont comme sujet « sinte Fransoys[1] », Saint François, sont de façon tout à fait probable les deux œuvres de Turin et Philadelphie, même s'il n'est pas exclu qu'il ait existé d'autres versions encore[2].

Saint François recevant les stigmates
version de Turin
Artiste
Date
vers 1430-32
Type
scène religieuse
Technique
huile sur panneau
Dimensions (H × L)
29,3 × 33,4 cm
Mouvement
Propriétaire
John G. Johnson (en)
No d’inventaire
147
Localisation
Saint François recevant les stigmates
version de Philadelphie
Artiste
Date
vers 1430-32
Type
scène religieuse
Technique
huile sur parchemin sur panneau
Dimensions (H × L)
12,7 × 14,6 cm
Mouvement
Propriétaire
John G. Johnson (en)
No d’inventaire
314
Localisation

Les peintures représentent un fameux épisode de la vie de saint François d'Assise. Celui-ci est agenouillé devant l'apparition d'un séraphin flottant dans les airs alors qu'il reçoit les stigmates du Christ sur les paumes des mains et les plantes des pieds. La plaie au côté est cependant encore invisible. En avant du saint, à sa gauche, son condisciple Léo s'est endormi, la main droite sur la joue, assis devant une source figurée dans l'angle inférieur droit du panneau. Derrière les deux hommes se trouvent des formations rocheuses, représentées minutieusement, et un paysage panoramique où s'élève, à l'arrière-plan et au milieu de la composition, une ville baignée par un fleuve. Un tel traitement de cet épisode de la vie de François est tout à fait exceptionnel dans l'art de la Renaissance du Nord, et constitue même vraisemblablement le premier du genre[3]. La popularité de la composition de van Eyck est attestée par les copies et emprunts que l'on a relevés : il existe notamment une version plus tardive, vers 1500, conservée au Musée du Prado à Madrid, présentant des différences significatives dans le format, les couleurs et le dessin, et attribuée au maître de Hoogstraten[4], ou encore une version ibérique du maître de Porciúncula datée vers 1470[5].

Les arguments attribuant les deux œuvres à van Eyck restent circonstantiels et s'appuient essentiellement sur le style et la qualité d'exécution des panneaux. Du XIXe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, la plupart des spécialistes les attribuaient soit à un élève, soit à un suiveur de l'atelier de van Eyck d'après un dessin préparatoire du maître[2]. Entre 1983 et 1989, les peintures ont subi des examens techniques et ont été entièrement restaurées et nettoyées. Les analyses techniques sur le tableau de Philadelphie ont prouvé que le panneau de bois provenait du même arbre que pour celui qui avait servi de support aux Portrait de Baudoin de Lannoy et Portrait de Giovanni Arnolfini[2], si bien que les deux ont été définitivement attribuées à van Eyck, ou du moins à son atelier.

Les deux peintures ont été réunies en 1998 lors qu'une exposition au Philadelphia Museum of Art, ce qui a permis un relatif consensus autour du fait qu'ils aient été peints de la même main.

Notes et références

Références

  1. Geirnaert 2001, p. 42
  2. Borchert 2008, p. 71
  3. Borchert 2002, p. 236 (catalogue no 28)
  4. Borchert 2002, p. 242 (catalogue no 45)
  5. Borchert 2002, p. 268 (catalogue no 121)

Bibliographie

  • Erwin Panofsky (trad. de l'anglais par Dominique Le Bourg), Les Primitifs flamandsEarly Netherlandish Painting »], Paris, Hazan, (1re éd. 1953), 806 p. (ISBN 978-2-85025-903-6), chap. VII (« Jan van Eyck »), p. 359-361
  • (en) Elisabeth Dhanens, Hubert and Jan van Eyck, New York, Tabard Press, (ISBN 978-0-914427-00-1)
  • (en) Craig Harbison, Jan van Eyck : The Play of Realism, Londres, Reaktion Books, , 228 p. (ISBN 978-0-948462-18-4, lire en ligne)
  • Lorne Campbell, The Fifteenth Century Netherlandish Paintings, Londres, National Gallery, , 464 p. (ISBN 978-0-300-07701-8)
  • (en) Joseph Rishel (dir.) et Anne d'Harnoncourt (dir.), Recognizing Van Eyck : Catalogue de l'exposition tenue du 1er avril au 31 mai 1998 au Philadelphia Museum of Art, vol. 91, no 386-87, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art Bulletin, (lire en ligne)
  • (en) Noël Geirnaert, « Commentary : Some Experiences of an Archivist in Bruges », dans Maryan Wynn Ainsworth, Early Netherlandish Painting at the Crossroads : A Critical Look at Current Methodologies, Metropolitan Museum of Art, (lire en ligne), p. 42
  • Till-Holger Borchert (dir.), Le Siècle de Van Eyck, 1430-1530 : Le monde méditerranéen et les primitifs flamands, Gand-Amsterdam, Ludion, (ISBN 90-5544-395-6), p. 236 (Catalogue, no 28 et 29)
  • Till-Holger Borchert (trad. de l'allemand), Van Eyck, Cologne, Taschen, , 96 p. (ISBN 978-3-8228-5686-4), p. 34-35

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