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Royaume d'Oyo

Le royaume d'Oyo est un ancien État africain, fondé au XVe siècle par les Yorubas, dans l'actuel Nigeria. Ce royaume était limité à l'ouest par le royaume de Dahomey, au nord par le Noupé et à l'est par le fleuve Niger.

Localisation

Histoire

Effigie commémorative (laiton) d'un roi d'Oyo ; royaume du Bénin. XVIIIe siècle. (Musée ethnologique de Berlin)

Le royaume a été créé par Shango, le premier roi d'Oyo. L'État d'Oyo fut la plus puissante des cités-États yorubas. Ilé-Ifé est considérée comme la cité d'origine de tous les Yorubas. Ici, la religion yoruba est pratiquée comme dans tous les États yorubas. À Oyo la divinité Ogu était vénérée. Le roi portait le titre de Yalafin. Le royaume était divisé en provinces toutes dirigées par un Oba, qui remettait l'impôt et les taxes au roi. Les Oba, avaient à leurs ordres un conseil, constitué de chefs de guerre, chefs spirituels, chefs des différents villages de la province, qui assuraient ensemble la gestion du territoire. L'Oba, était choisi par le conseil.

Plan de l'ensemble palatial de l'ancienne ville d'Oyo.

La capitale du royaume était la ville d'Oyo. Le grand rival de l'État était le royaume de Dahomey, dans l'actuel Bénin, que les Yorubas réussirent à dominer pendant un siècle.

Militairement, le royaume d'Oyo se démarquait des autres états de la région par le fait qu'il disposait d'une cavalerie, peut-être dès le seizième siècle. C'était un atout militaire considérable, mais aussi une lourde charge financière : les trypanosomiases colportées par la mouche tsé-tsé conduisait à une mortalité telle des chevaux qu'un élevage auto-suffisant était impossible, le pays devait donc constamment importer des bêtes[1]. Sa puissance militaire lui permis de se développer jusqu'au littoral, pour contrôler la chaîne du commerce d'esclaves et jusqu'au royaume de Porto-Novo, dont il fit son principal port exportateur d'esclaves[2]. Le royaume connut son apogée entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle.

Les Yorubas furent très touchés par la traite négrière. Les côtes du Nigeria devinrent, au XVIIIe siècle, le lieu d'une intense activité de traite alimentant le commerce triangulaire mis en place par les puissances occidentales et s'appuyant sur les chefferies locales. Celles-ci procèdaient par razzias dans les régions proches de la côte[3].

Au début du XIXe siècle, l’empire yoruba d’Oyo dominait nombre d’États yorubas et le Dahomey, son vassal de 1748 aux années 1820. Le cœur de l'empire était situé entre les fleuves Ogun et Osun. Dans sa partie orientale, l’ensemble yoruba était divisé en plusieurs royaumes « frères », dont ceux d’Ife et du Benin. Les Yorubas de l’Est s'étaient développés dans les forêts humides grâce au commerce classique, tandis que ceux de l’Ouest s'étaient étendus dans les savanes du Nord et vers le littoral, autour du commerce d’esclaves[2].

Vers 1820, l’abolition de la traite fit perdre l’essentiel de ses revenus au royaume d’Oyo[2]. Celui-ci fut alors en prise à des intrigues politiques et à des rivalités avec les États environnants, induites par l'enjeu des marchés d'esclaves entretenus par la traite, et se disloqua après une série de défaites militaires. Les différentes provinces du royaume prirent donc leur indépendance tour à tour. Indépendantes, toutes les provinces que dirigeait l'Oba se faisaient la guerre incessamment. Les Peuls et les Haoussas, venus du nord du pays, profitèrent de cette situation chaotique pour lancer des djihads contre les Yorubas, afin de leur imposer leur domination et pour les convertir à l'islam[4] - [5]. À l'ouest, le Dahomey attaqua en 1823 des villages placés sous la protection du royaume d'Oyo[6]. Les Peuls réussirent à s'emparer de bon nombre de provinces, ainsi que de la capitale Oyo, vers 1835[5]. L’islamisation de la région de l’actuel Nigeria fut ainsi une conséquence indirecte du mouvement philanthropique abolitionniste protestant[2]. À la fin du XIXe siècle, les colons britanniques repoussèrent les attaques du Dahomey sur Oyo, ainsi que celles des Peuls, et imposèrent leur domination définitive sur les pays Yorubas en 1897. Le dernier Yalafin de Oyo fut Abiodun (en)[7] - [8].

Références

  1. (en) Robin Law, « A West African Cavalry State: the Kingdom of Oyo », The Journal of African History, vol. 16, no 1,‎ , p. 1–15 (ISSN 0021-8537 et 1469-5138, DOI 10.1017/S0021853700014079, lire en ligne, consulté le )
  2. Lugan 2009.
  3. Catherine Coquery-Vidrovitch, Petite histoire de l'Afrique, Éditions La Découverte, , p. 124-132
  4. Paul E. Lovejoy, « Les empires djihadistes de l’Ouest africain aux xviiie-xixe siècles », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique,, no 128,‎ , p. 87-103 (lire en ligne)
  5. Patrick Gantly, Joseph Hardy, Pierre Trichet et Renzo Mandirola, Histoire de la Société des missions africaines (SMA) 1856-1907 : de la fondation par Mgr de Marion Brésillac (1856) à la mort du Père Planque (1907), vol. 1, Éditions Karthala, (lire en ligne), p. 451
  6. (en) Stanley B. Alpern, Amazons of Black Sparta : The Women Warriors of Dahomey, New York University Press, , 280 p. (ISBN 0-8147-0678-9), « Early Amazon Battles », p. 165-174
  7. (en) David D. Laitin, Hegemony and Culture : Politics and Change Among the Yoruba, University of Chicago Press, , 252 p. (ISBN 978-0-226-46790-0, lire en ligne), p. 113
  8. (en) « Oyo empire » Accès payant, sur Encyclopædia Britannica (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) S. O. Babayemi Akinrinola I, Topics on Oyo history, Lagos, Lichfield Nigeria, , 142 p. (ISBN 978-30498-5-2)
  • Ogunsola John Igue, Les villes prĂ©coloniales d'Afrique noire, Paris, Karthala, , 228 p. (ISBN 978-2-8111-0003-2, lire en ligne)
  • Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique : des origines Ă  nos jours, Paris, Ellipses, , 1245 p. (ISBN 978-2-7298-4268-0)

Liens externes

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