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Romuva

Romuva est le nom d’un culte religieux moderne, qui cherche Ă  perpĂ©tuer les anciennes pratiques religieuses prĂ©chrĂ©tiennes de la Baltique ; il vient de l’antique sanctuaire balte, Romuva, qui selon la lĂ©gende a Ă©tĂ© crĂ©Ă© au cours de l'annĂ©e 523 et au grand-prĂȘtre duquel obĂ©issaient toutes les nations baltes de Lituanie, de Latgale, de Courlande et de Prusse.

Romuva
Organisation
Fondateur
Président
Jonas Trinkƫnas (en)

La communautĂ© cultuelle perpĂ©tue donc d’antiques rites religieux et des coutumes folkloriques, mais aussi les contes et les lĂ©gendes de la trĂšs vieille mythologie balte, dont beaucoup jusqu'au XIXe siĂšcle ont Ă©tĂ© transmis oralement de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, et seulement alors fixĂ©s par Ă©crit[1] - [2] - [3].

On trouve des membres de la communautĂ© Romuva partout dans le monde, mais cette religion existe surtout en Lituanie. Le mouvement est Ă©troitement liĂ© aux mouvements de rĂ©surrection de la conscience nationale concernant les langues et les cultures de Lituanie et de Lettonie au cours des XIXe et XXe siĂšcles. La plupart des membres n’ont aucune volontĂ© de prosĂ©lytisme mais veulent simplement perpĂ©tuer la culture balte prĂ©chrĂ©tienne en transmettant des rĂ©cits et des lĂ©gendes antiques et en cĂ©lĂ©brant des fĂȘtes traditionnelles, en soutenant la sculpture sur bois traditionnelle, en chantant des airs anciennes et en jouant des instruments de musique transmis par la tradition. Ils s’intĂ©ressent aussi Ă  l’écologie en protĂ©geant des sanctuaires naturels historiques.

Étymologie

Les termes Romuva, Romovė et Ruomuva proviennent de sources Ă©crites mĂ©diĂ©vales en Prusse orientale mentionnant le temple paĂŻen de la Baltique Romowe[4]. Le mot a des significations de « temple Â» et de « sanctuaire Â», mais aussi, en outre, « demeure de paix intĂ©rieure Â»[5]. La racine baltique ram- / rām-, dont dĂ©rive Romuva[6], a le sens de « calme, serein, tranquille Â», provenant du remo proto-indo-europĂ©en *(e)remǝ-[7].

La christianisation

Les chroniques allemandes de Quedlinbourg de l’annĂ©e 1009 mentionnent le missionnaire chrĂ©tien allemand Bruno von Querfurt, qui fut tuĂ© avec 18 compagnons par des Baltes, irritĂ©s de l’audace qu’ils avaient eue de pĂ©nĂ©trer dans « la forĂȘt sacrĂ©e ». Ce rĂ©cit est le premier Ă©crit oĂč est mentionnĂ©e la Lituanie ; c’est en mĂ©moire de cet Ă©vĂ©nement qu’en 2009 le pays devait cĂ©lĂ©brer le millĂ©naire de la preuve de son existence.

Durant une pĂ©riode oĂč le reste de l’Europe avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© profondĂ©ment christianisĂ© – soit par le zĂšle de ses missionnaires, soit en de nombreux endroits par la violence – les Lituaniens jusqu’aux XIVe et XVe siĂšcles furent connus pour vouloir rester fidĂšles Ă  leur ancienne religion et la protĂ©ger du christianisme.

Au XIIIe siĂšcle, le pape GrĂ©goire IX proclama une croisade contre les peuples baltes dont les Prussiens faisaient partie. Commença alors contre eux un gĂ©nocide qui ne cessa qu’aprĂšs plus de 80 ans de combats ; leur territoire, la Prusse orientale, devint un pays germanophone. En Livonie aussi (l’actuelle Lettonie), les croisĂ©s s’emparĂšrent d’un vaste territoire.

En 1251, Le grand-duc de Lituanie Mendog se convertit officiellement au christianisme pour des raisons diplomatiques, espĂ©rant amĂ©liorer ses relations avec les États d’Europe occidentale et centrale. Cependant les chroniques rapportent qu’il continua Ă  adorer les dieux lituaniens traditionnels Andajus (par la suite Dievas), PerkĆ«nas, Teliavelis (dieu des forgerons) et ĆœvorĆ«na (dĂ©esse des forĂȘts et des chasseurs).

Le peuple lituanien n’étant pas encore chrĂ©tien les chevaliers teutoniques poursuivirent leurs attaques. Enfin, en 1387, les habitants de la Haute Lituanie furent christianisĂ©s sous le grand-duc Vytautas et son cousin Jogaila. Cette annĂ©e-lĂ  l’ancienne religion balte y fut officiellement interdite. La mĂȘme chose se produisit en 1417 dans la rĂ©gion cĂŽtiĂšre de Samogitie. Que les Chevaliers teutoniques aient poursuivi leurs attaques aprĂšs cette date montre que, finalement, ce qu’ils visaient ce n’était pas apporter la foi nouvelle Ă  un pays « paĂŻen », mais tout simplement conquĂ©rir de nouveaux territoires.

En 1565, Valerijonas Protasevičius (ou Walerian Protasewicz), alors Ă©vĂȘque catholique de Vilnius, fit appel Ă  des jĂ©suites pour « lutter » contre des « incroyants ». Ce fut pour l’ancienne religion balte la derniĂšre Ă©tape de sa destruction. Jusqu’au XVIIIe siĂšcle les paysans lituaniens n’en pratiquĂšrent pas moins en secret des rites non chrĂ©tiens, rites que l’Église tenta de christianiser en les intĂ©grant dans ses cĂ©rĂ©monies et ses usages, comme elle tenta de remplacer les anciens dieux baltes par des saints chrĂ©tiens, tant l’ancienne foi Ă©tait difficile Ă  dĂ©truire.

Le drapeau de la religion romuva.

Références

  1. Dundzila (2007), pp. 279, 296-298.
  2. Dundzila and Strmiska (2005), p. 247.
  3. Ignatow (2007), p. 104.
  4. (en) Vilius Rudra Dundzila, « Review: Pagan Theology: Paganism as a World Religion », Journal of the American Academy of Religion, vol. 73, no 2,‎ , p. 591–594 (ISSN 1477-4585 et 0002-7189, DOI 10.1093/jaarel/lfi070, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Leif Sjoberg et David Ignatow, « An Interview with David Ignatow », Contemporary Literature, vol. 28, no 2,‎ , p. 143 (ISSN 0010-7484, DOI 10.2307/1208385, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. Vaitkevičius, Vykintas., Alkai : baltĆł ĆĄventviečiĆł studija, DiemedĆŸio leidykla, (ISBN 9986-23-113-2 et 978-9986-23-113-4, OCLC 60645066, lire en ligne)
  7. Michiel de Vaan, « Indo-European Etymology », dans Linguistics, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-977281-0, lire en ligne)
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