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Robert Wishart

Robert Wishart (mort vers le ) est évêque de Glasgow pendant le commencement des guerres d'indépendance de l'Écosse et l'un des principaux partisans de William Wallace et de Robert Bruce. Pour Wishart et de nombreux autres hommes d'église, la liberté de l'Écosse et celle de l'Église écossaise vont alors de pair. Son soutien à la cause nationale a été crucial pendant cette période critique[1].

Robert Wishart
Biographie
Naissance XIIIe siècle
Décès
Aberdeen
Évêque de l'Église catholique
Évêque de Glasgow
–
Autres fonctions
Fonction laĂŻque
Gardien de l'Écosse (1286-1292)

.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Évêque et gardien de l'Écosse

Robert Wishart est issu des Wisharts (ou Wisehearts) de Pittarrow, dans le Kincardineshire. Il provient d'une famille d'origine anglo-normande. Il est le cousin ou le neveu de William Wishart (en), évêque de St Andrews, un précédent chancelier d'Écosse. La première mention de Robert Wishart exerçant une fonction dans l'Église est celle d'archidiacre de St Andrews. Il est nommé évêque de Glasgow en 1273. Bien qu'homme d'Église, il devient une éminente figure politique pendant le règne d'Alexandre III. Après la mort du roi Alexandre en 1286, Wishart est l'un des six gardiens de l'Écosse désignés pour prendre en charge les affaires de la nation pour le compte de la jeune reine Marguerite. Bien que lui et les autres gardiens signent le traité de Birgham le , qui envisage l'union de Marguerite avec le prince Édouard, le fils aîné et héritier d'Édouard Ier, roi d'Angleterre, leur accord est subordonné au préalable que le traité ne doit pas être une menace pour l'intégrité du royaume d'Écosse.

La mort prĂ©maturĂ©e de la jeune fille en ne laisse pas d'hĂ©ritier incontestable au trĂ´ne d'Écosse. Devant la menace d'une guerre civile dynastique entre les partisans de Robert Bruce, 5e seigneur d'Annandale, le grand-père du futur roi roi Robert Ier, et ceux de Jean Balliol, Robert Wishart est Ă©troitement impliquĂ© dans toutes les nĂ©gociations diplomatiques avec le roi Édouard Ier, invitĂ© Ă  trancher entre les prĂ©tendants rivaux. Lorsque Édouard insiste pour ĂŞtre reconnu seigneur Ă©minent et suzerain d'Écosse (en anglais : lord paramount) avant de prendre une dĂ©cision Ă  ce sujet, Wishart fait remarquer que « le royaume d'Écosse n'est pas tenu en hommage ou ne doit hommage Ă  qui que ce soit, si ce n'est Dieu seul Â». Édouard Ă©vite simplement ces objections et, n'ayant aucun moyen de rĂ©gler la question par un processus interne quelconque, est finalement acceptĂ© comme suzerain et arbitre par les gardiens et les prĂ©tendants[2].

Lors de la grande cour fĂ©odale qui se tient Ă  Berwick-upon-Tweed Ă  l'automne 1292, Robert Bruce et Jean Balliol sont autorisĂ©s Ă  prĂ©senter chacun 40 « auditeurs Â» pour soutenir leur cause. Pour sa part, Wishart prend place dans le camp des Bruce. Il demeure constant dans son soutien, contrairement Ă  certains des autres auditeurs qui finalement votent pour Balliol, en considĂ©rant que ses droits au trĂ´ne sont supĂ©rieurs dans le cadre du droit fĂ©odal. MĂŞme après cela, il reste un Ă©minent homme d'Église dans la gestion des affaires publiques pendant le règne du roi Jean Ier et est l'un de ceux qui ratifient le traitĂ© d'alliance franco-Ă©cossais, bien connu sous le nom d'Auld Alliance, en . Après la conquĂŞte de l'Écosse par Édouard Ier en juillet de la mĂŞme annĂ©e, Wishart jure fidĂ©litĂ© au roi d'Angleterre, tout comme les principaux personnages du royaume.

Les guerres d'indépendance de l'Écosse

Liens avec William Wallace et Robert Bruce

Au dĂ©but de 1297, avant mĂŞme que William Wallace n'entre en scène, Wishart est parmi les premiers chefs qui s'Ă©lèvent contre l'occupation anglaise. Selon la Chronique de Lanercost, il correspond avec James Stuart, 5e grand sĂ©nĂ©chal d'Écosse, qui prĂ©figure l'action de Wallace[3]. La première action de Wishart s'achève prĂ©maturĂ©ment en juillet 1297 lorsqu'il doit se rendre aux Anglais Ă  Irvine, dans le North Ayrshire, mais il ne s'estime pas vaincu. L'Ă©vĂŞque rebelle est emprisonnĂ© quelque temps et contraint de jurer de nouveau fidĂ©litĂ© Ă  Édouard Ier, mais il brise son serment dès qu'il est relâchĂ©. En , Édouard en personne Ă©crit au pape Boniface VIII dans un Ă©tat de frustration Ă©vident, et lui demande que Wishart soit dĂ©chu de son siège Ă©piscopal de Glasgow. Boniface s'y refuse mais il Ă©crit Ă  Wishart en exigeant qu'il renonce Ă  son opposition Ă  Édouard et le dĂ©nonce en tant qu'« acteur principal et instigateur de tout le tumulte et de la dissension qui s'est Ă©levĂ© entre son fils le plus cher en Christ, Édouard, roi d'Angleterre, et les Écossais Â». Lors de la reddition du parti patriotique en , Wishart est initialement condamnĂ© Ă  ĂŞtre banni d'Écosse pendant deux ou trois ans « en raison des grands maux qu'il a causĂ©s ».

Le , Robert Bruce et quelques partisans assassinent John Comyn, le chef du parti rival, dans l'église des franciscains de Dumfries[4]. C'est un acte de rébellion politique mais, peut-être plus grave encore, il s'agit d'un sacrilège suprême. Bruce doit désormais faire face à l'avenir comme hors-la-loi et excommunié, ennemi de l'État et de l'Église. Il lui faudra longtemps avant que le pape Jean XXII lui accorde son pardon mais, dans les circonstances présentes, le soutien de Robert Wishart et des évêques écossais est d'une inestimable importance pendant ce moment de crise. Bruce se rend à Glasgow, où il rencontre Wishart, évêque du diocèse dans lequel le meurtre a été commis. Au lieu d'excommunier le mécréant comme la loi de l'Église l'exige, Wishart l'absout immédiatement et exhorte ses diocésains à le soutenir[5]. Il accompagne ensuite Bruce à Scone, le lieu de couronnement royal écossais du passé, avec les évêques de St Andrews et de Moray, ainsi que d'autre éminents hommes d'Église, ce qui laisse penser qu'il s'agissait un plan prémédité.

Capture par les Anglais, libération et mort

Moins de sept semaines après le meurtre de Dumfries, aux cĂ´tĂ©s d'importants seigneurs laĂŻcs, Robert Wishart est tĂ©moin du couronnement du roi Robert Ier, le . Le pays est immĂ©diatement mis sur le pied de guerre par Wishart lui-mĂŞme qui, malgrĂ© son âge avancĂ©, est Ă  la pointe des prĂ©paratifs guerriers. Le bois que les Anglais lui ont donnĂ© pour rĂ©parer le clocher de la cathĂ©drale de Glasgow sert ainsi Ă  fabriquer des engins de siège[6]. Il se charge personnellement de l'assaut du château de Cupar dans le Fife, « comme un homme de guerre Â» se plaindra ensuite l'ennemi anglais. Tous les espoirs et les efforts de Wishart sont pourtant annihilĂ©s par l'avancĂ©e de l'armĂ©e anglaise d'Aymar de Valence au cours de l'Ă©tĂ© 1306 : Bruce est dĂ©fait lors de la bataille de Methven et est bientĂ´t contraint de ce cacher. Wishart est capturĂ© Ă  Cupar, enchaĂ®nĂ© et incarcĂ©rĂ© dans un donjon anglais, et n'est sauvĂ© de l'exĂ©cution qu'uniquement par son statut d'ecclĂ©siastique.

Édouard Ier, ravi aux nouvelles de la capture de ce « traĂ®tre et rebelle Â», Ă©crit au pape ClĂ©ment V en pour lui dire que les Ă©vĂŞques de Glasgow et de St Andrews sont dĂ©tenus dans un enfermement sĂ©vère, et que le bĂ©nĂ©fice du siège Ă©piscopal de Glasgow a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  Geoffrey de Mowbray. Wishart reste emprisonnĂ© pendant les huit annĂ©es suivantes et devient aveugle au cours de sa captivitĂ©. Ce n'est qu'après le triomphe du roi Robert Ier lors de la bataille de Bannockburn en qu'il est relâchĂ© dans le cadre d'un Ă©change de prisonniers. Il revient en Écosse pour terminer sa vie dans une quiĂ©tude relative. Finalement, Robert Wishart meurt Ă  Glasgow en . L'historien britannique G. W. S. Barrow rĂ©sume ainsi son action politique : « Indiscutablement une grande figure du combat pour l'indĂ©pendance de l'Écosse, le soutien et l'ami de Wallace et de Bruce, l'opposant constant aux prĂ©tentions des PlantagenĂŞts, le hĂ©ros de la longue guerre »[7].

Notes et références

  1. Barrow 2005.
  2. Barrow 2005, p. 20-4, 36, 80, 84, 103, 105, 109.
  3. Barrow 2005, p. 106, 197.
  4. (en) « Dumfries Feature Page on Undiscovered Scotland », sur undiscoveredscotland.co.uk (consulté le ).
  5. Barrow 2005, p. 194.
  6. Barrow 2005, p. 193.
  7. Barrow 2005, p. 372.

Sources

  • (en) G. W. S. Barrow, Robert Bruce and the Community of the Realm of Scotland, Édimbourg, Edinburgh University Press, (ISBN 0-7486-2022-2)
  • (en) Michael Brown, The Wars of Scotland 1214~1371. The New Edinburgh History of Scotland, vol. 4, Édimbourg, Edinburgh University Press, , 379 p. (ISBN 0-7486-1238-6), p. 134, 138, 162, 166-7, 182-3, 186, 199-202, 227, 310-2
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