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Robert Jonckhèere

Robert Jonckhèere, né le [1] à Roubaix et mort le à Marseille, est un riche industriel du textile, amateur d'astronomie à ses débuts, devenu astronome professionnel, qui fut un très grand découvreur d'étoiles doubles. Tout au long de sa carrière, il aura découvert plus de 3 350 étoiles doubles[3].

Robert Jonckhèere
Naissance [1]
Roubaix (France)
Décès
Marseille (France)
Nationalité Drapeau de la France Française
Domaines Astronomie
Renommé pour Découvreur d'étoiles doubles
RĂ©dacteur en chef du Journal des observateurs
Distinctions Académie des sciences (1967)[2]

Biographie

Jeunesse

Fils d'un riche industriel du textile, Robert Jonckhèere manifeste très tôt son goût pour l'astronomie. À l'âge de 12 ans, il commence à voyager en Angleterre pour se familiariser avec la langue et l'industrie du textile. Il fait ses études au lycée de Tourcoing puis au collège Notre Dame des Victoires de Roubaix[4].

Grâce Ă  sa fortune familiale, il se fait construire un observatoire privĂ© sur le toit de la maison familiale en cadeau d'anniversaire pour sa majoritĂ©. Dès 1905, il devient membre de la sociĂ©tĂ© astronomique de France. En 1907, il recherche un emplacement pour un nouvel observatoire et trouve une colline surĂ©levĂ©e de 20 m par rapport aux alentours sur un terrain qui se situe aujourd'hui dans la ville de Hem. La construction commence en et se termine par la pose de la lunette sous la coupole en 1909[4].

N'étant qu'astronome amateur, Robert Jonckhèere travaille dans l'entreprise de son père et lui succède au début des années 1920.

L'observatoire de Hem

L'observatoire de Robert Jonckhèere n'est pas uniquement consacré à l'astronomie. À l'intérieur des bâtiments se trouvaient plusieurs bureaux, une maison d'habitation, une bibliothèque et une station météorologique.

Photo de l'observatoire d'astronomie de Hem après 1909
Photo de l'observatoire d'astronomie de Hem après 1909

La lunette

Lunette de l'observatoire d'astronomie de Hem

Robert Jonckhèere commande Ă  la sociĂ©tĂ© Mailhat une lunette astronomique. La construction de la coupole et de la lunette lui coĂ»tent 36 000 F de l'Ă©poque, soit l'Ă©quivalent de 110 000 € d'aujourd'hui[1].

La lunette a une distance focale d'environ 6 000 mm pour des lentilles de 341 mm de diamètre dont 326 mm de diamètre utile. Une monture Ă©quatoriale en fonte est installĂ©e afin d'y placer l'instrument en Ă©quilibre et de pouvoir ainsi compenser le mouvement de rotation de la Terre avec un seul moteur de faible puissance[5].

Le moteur d'entrainement, à l'époque mécanique, est constitué d'un simple poids sur poulie, la poulie étant reliée à l'axe équatorial de rotation. Un trou au milieu du pilier de la lunette permettait au poids de descendre jusqu'à l'étage inférieur et d'avoir une grande durée d'autonomie pour l'observation.

Ă€ l'origine la lunette est accompagnĂ©e de deux instruments. Un chercheur de 90 mm permettant de trouver plus facilement les Ă©toiles en ayant un grossissement modĂ©rĂ© et un micromètre Ă  fils. Le micromètre Ă  fils, encore visible aujourd'hui Ă  l'observatoire d'astronomie de Lille, est l'instrument qui a permis Ă  Robert Jonckhèere de mesurer les parallaxes des Ă©toiles doubles observĂ©es depuis son observatoire de Hem.

Le rĂ´le de l'observatoire

Bien que Robert Jonckhèere ne soit qu'astronome amateur, l'observatoire se met à avoir une activité scientifique quotidienne. Dès son ouverture en 1909, l'équipement des lieux permet, deux fois par jour, de télégraphier un bulletin météorologique local. En 1911, à la suite de l'entrée de Robert Jonckhèere dans la commission météorologique départementale, l'observatoire est inscrit au réseau national de météorologie.

L'observatoire participe également au service de l'heure reconnu comme un service d'utilité publique, ce qui lui permet d'obtenir des subventions du conseil général du Nord.

Robert Jonckhèere s'étant également rapproché de l'Université de Lille se voit rapidement confier un cours pratique d'astronomie. En 1912 il renomme même son observatoire en « observatoire de l'Université de Lille ».

Première guerre mondiale

En 1914, lorsque la guerre éclate, Robert Jonckhèere se porte volontaire dans l'armée pour mettre à profit ses compétences linguistiques mais dès , le général Percin lui notifie que ses services ne sont plus nécessaires.

Dès le début de la guerre, l'observatoire de Hem est occupé par les Allemands et Robert Jonckhèere part se réfugier en Angleterre où sa femme et ses enfants l'attendent. Durant cette période, il est accueilli à l'observatoire royal de Greenwich, ce qui lui permet de continuer l'étude des étoiles doubles et de publier une compilation de ses connaissances sur les étoiles doubles[6] pour laquelle il reçoit le prix Lalande de l'Académie des Sciences.

Durant les années de guerre, Robert Jonckhèere travaille au service d'optique de l'arsenal royal à Woolwich afin de subvenir aux besoins de sa famille.

C'est à la fin de la guerre que les difficultés commencent. Lorsqu'il rentre en France, la lunette de l'observatoire a été abîmée par l'occupant et l'entreprise familiale à Roubaix est en ruine.

En 1920, Robert Jonckhèere reprend la direction de l'entreprise de son père mais la dévaluation du franc et la fermeture des frontières économiques entre la France et l'Angleterre vont en quelques années avoir raison de l'entreprise et de l'observatoire. Entre 1927 et 1929, des négociations se déroulent entre Robert Jonckhèere et l'Université de Lille pour le rachat du matériel de l'observatoire. L'accord final comprend le rachat de la lunette et du matériel de l'observatoire mais pas des bâtiments. Les instruments sont transférés à l'actuel Observatoire de Lille et le bâtiment de la coupole de l'observatoire de Hem est détruit. Seule subsiste aujourd'hui la maison d'habitation agrémentée d'un étage supplémentaire et une plaque commémorative posée devant la maison pour les 100 ans de l'observatoire[7].

Carrière professionnelle

Malgré ses demandes, Robert Jonckhèere ne peut obtenir un poste de chercheur à l'Observatoire de Lille, faute de diplôme universitaire reconnu. Il part alors pour Marseille en 1929, après avoir vendu les terrains et les bâtiments de son ancienne installation.

Ă€ Marseille, Robert Jonckhèere se fait connaĂ®tre Ă  l’Observatoire de Marseille mais doit exercer diffĂ©rents petits mĂ©tiers pour vivre. Ce n'est qu'en 1942 qu'il rĂ©ussit le concours d’entrĂ©e au CNRS qui le nomme MaĂ®tre de Recherche, astronome professionnel Ă  l’Observatoire de Marseille. Il continue ses travaux et ses dĂ©couvertes d’étoiles doubles en utilisant le tĂ©lescope de LĂ©on Foucault de 80 cm de diamètre. Il reçoit alors le prix Becquerel de l'AcadĂ©mie des Sciences en 1943.

Il devient rédacteur en chef du « Journal des Observateurs », publication de référence de la recherche astronomique française de l’époque. Il prend sa retraite en 1962.

Au cours de sa carrière, il aura découvert plus de 3 350 étoiles doubles. En 1967, il reçoit le prix de l’Académie des Sciences pour l’ensemble de ses travaux.

Publications

Références

  1. Article sur le site de l'association Jonckhèere
  2. Histoire de l'observatoire de Lille
  3. Article « Lille » sur SiteMAI.
  4. Jean-Claude Thorel, Le ciel d'une vie : Robert Jonckhèere, Éditions Le Temps Présent, coll. « Science », , 333 p. (ISBN 978-2351850398)
  5. Description moderne de la lunette
  6. (en) Robert Jonckhèere, Catalogue and measures of double stars discovered visually from 1905 to 1916 within 105° of the North pole and under 5" separation., Royal astronomical society, , 205 p. (ASIN B001D8O5RM)
  7. Inauguration plaque Jonckhèere à Hem

Bibliographie

  • Thorel JC (1999) Robert Jonckheere, un Roubaisien astronome Ă  Hem, l'Observatoire de Hem puis de Lille ou Une passion pour les Ă©toiles doubles
  • Thorel JC (2005) Robert Jonckheere and double stars (Robert jonckheere et les Ă©toiles doubles. qu'en est-il des mesures?), Observations et Travaux, 61, pages 26–33
  • Thorel JC (2009) Le ciel d'une vie - Robert Jonckheere, Éditions Le Temps PrĂ©sent, (ISBN 2351850394)

Liens externes

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