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Robe style Empire

La robe style Empire est un vêtement en vogue entre 1795 et 1820, ainsi nommé en référence à l’Empire et à Joséphine de Beauharnais, qui fut très influente dans le rayonnement de ce style à travers l’Europe.

Portrait de Constance de Durfort en 1808 par Merry-Joseph Blondel. Transparentes et laissant beaucoup à découvert, les robes style Empire étaient souvent agrémentées d’un châle ou d’une veste courte à la Spencer.

Descriptif

Ce style, qui a marqué une rupture avec l’opulence et la somptuosité des vêtements caractérisant la mode féminine au siècle précédent, comporte un corsage ajusté se terminant juste en-dessous du buste, qui donne l’apparence d’une haute taille, et une longue jupe lâche et froncée, mais effleure le corps au lieu d’être soutenue par des jupons volumineux. Le contour est particulièrement flatteur pour les corps en forme de poire car il permet de dissimuler un ventre lourd, de camoufler une taille épaisse, mais de souligner le buste. La forme de la robe permet également d’allonger l’apparence du corps.

Histoire

Gravure satirique anonyme de 1797 montrant une robe de style Empire transparente déchirée « par mégarde » par un « aveugle » qui expose ainsi ses fesses au public.

Ce style est nĂ© Ă  la fin du XVIIIe siècle et est attribuĂ© au goĂ»t nĂ©oclassique inspirĂ© de l’art grĂ©co-romain montrant des femmes portant d’amples tuniques rectangulaires appelĂ©es « pĂ©plos Â» ou plus communĂ©ment « chiton Â» qui Ă©taient ceinturĂ©es sous la poitrine, offrant un soutien pour les femmes et, d’une tenue lĂ©gère et confortable adaptĂ©e au climat chaud. En fait, sa gĂ©nĂ©alogie est beaucoup plus complexe. Elle a d'abord Ă©tĂ© portĂ©e par la reine de France Marie-Antoinette dont la rĂ©fĂ©rence Ă©tait antillaise et non grecque[1].

En 1788, juste avant la RĂ©volution, la portraitiste de cour Élisabeth VigĂ©e Le Brun avait donnĂ© un « souper grec Â» oĂą elle avait utilisĂ© les accessoires de son atelier pour costumer ses invitĂ©es, Émilie Vernet, Michelle de Bonneuil, Laure de Bonneuil, sa propre fille et sa belle-sĹ“ur, avec de simples tuniques blanches « grecques[2] Â». Elle-mĂŞme portant dĂ©jĂ  une blouse, elle avait mis un voile et une couronne de fleurs sur la tĂŞte. Par la suite, NapolĂ©on a utilisĂ© la robe dans un contexte impĂ©rial, faisant passer sa signification de la Grèce Ă  Rome, conformĂ©ment Ă  son programme politique[1].

Des robes très lĂ©gères et amples, habituellement blanches et souvent laissant les bras nus – nouveautĂ© choquante, Ă  l’époque â€“, allait du dessus de la cheville juste au-dessous du corsage, oĂą il y avait un mince ourlet fortement soulignĂ© ou un lacet, souvent d’une couleur diffĂ©rente, autour du corps. Un long châle rectangulaire ou enveloppant, très souvent rouge uni mais avec une bordure dĂ©corĂ©e dans les portraits, utile par temps froid, Ă©tait apparemment posĂ© autour du ventre en position assise, pour laquelle les postures semi-couchĂ©s affalĂ©es Ă©taient prĂ©fĂ©rĂ©es[3].

Quant à la coiffure de style Empire, courte, si possible avec des boucles, celle-ci fut moins controversée que la robe et très largement adoptée. Même à l’extérieur, on portait les cheveux découverts. Là où on avait généralement porté, même à l’intérieur, des bonnets ou autres coiffures, on utilisait désormais de minces rubans ou filets de style grec pour attacher ou décorer les cheveux.

Diffusion

La reine Louise de Prusse en robe style Empire.

Mis Ă  la mode, en Europe occidentale et centrale et dans les rĂ©gions sous influence europĂ©enne, au cours des dernières annĂ©es du XVIIIe siècle, ce style, parfois appelĂ© « Ă  la grecque Â» d’après les dĂ©corations figurant sur la poterie et les sculptures de l’art grec classique, s’était largement rĂ©pandu Ă  travers l’Europe au tournant du siècle. L'adoption de ce style conduit Ă  un contraste radical entre la mode des annĂ©es 1770, oĂą le haut est rĂ©trĂ©ci grâce Ă  un corset cylindrique et un bas volumineux avec des paniers, et celle des annĂ©es 1790.

Ce changement est probablement en partie dû aux bouleversements politiques ayant suivi la Révolution. À l’origine, les bras étaient souvent entièrement nus, comme dans les modèles de l’Antiquité, mais à partir de 1800, les manches courtes, parfois initialement transparentes comme dans le Portrait de madame Récamier de David (1800), puis gonflées, sont devenues la norme. Le style de robe Empire a évolué à travers l’époque napoléonienne jusqu’au début des années 1820 en se complexifiant progressivement, pour être ensuite supplanté par la forme en sablier, devenue plus populaire.

MĂŞme lorsque la France et l’Angleterre Ă©taient en guerre, le style anglais, souvent appelĂ© « Regency Â» Ă  l’époque, puis, un siècle plus tard, dans la Grande-Bretagne du dĂ©but du XXe siècle, « silhouette Empire Â», a suivi la mĂŞme tendance gĂ©nĂ©rale au tour de taille aussi Ă©levĂ© que dans le style français. Très souvent portĂ© en blanc, ce style indiquait, surtout dans ses premières annĂ©es, un statut social Ă©levĂ© car, Ă  l’époque, seules les femmes des hautes classes pouvaient se permettre de porter des vĂŞtements clairs, facilement salissants.

Cette mode a Ă©tĂ© popularisĂ©e en Grande-Bretagne par Lady Hamilton, qui a conçu de tels vĂŞtements pour ses interprĂ©tations de poses (les « attitudes Â») Ă  l’imitation de l’AntiquitĂ© classique, qui firent sensation dans toute l’Europe[4]. La taille haute de la robe Ă©tait Ă©galement reproduite dans les vĂŞtements d’extĂ©rieur, tels que la pelisse. Le style Empire a contribuĂ©, durant la pĂ©riode 1795-1820, Ă  la confection de vĂŞtements gĂ©nĂ©ralement moins encombrants que les vĂŞtements des XVIIIe et XIXe siècles.

Renouveau

Les années 1910 ont vu un renouveau de la robe style Empire, avec un ajout de motifs orientaux, reflétant peut-être les mœurs sociales moins strictes de l’époque, ouvrant ainsi la voie au style décontracté de la garçonne, qui devait remplacer, dans les années 1920, les lourds corsets du début du XXe siècle.

Notes

  1. (en) Naomi Lubrich, “The Little White Dress: Politics and Polyvalence in Revolutionary France” in: Fashion Theory. The Journal of Dress, Body and Culture, 19:5,
  2. Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, Pierre de Nolhac, Souvenirs de Madame Louise-Élisabeth Vigée-Le Brun, t. 1, Paris, H. Fournier, 139 p., p. 97-103.
  3. (en) Lynn Hunt, « Freedom of Dress in Revolutionary France Â», From the Royal to the Republican Body : Incorporating the Political in Seventeenth- and Eighteenth-Century France, Éd. Sara E. Melzer, Kathryn Norberg, Berkeley, University of California Press, 1998, (ISBN 978-0-52020-807-0), p. 244-245.
  4. (en) Charles McGrath, Pretty Words, Jane; Would That You Were Too, New York Times, 1er avril 2007.

Bibliographie

(en) Lynn Hunt, « Freedom of Dress in Revolutionary France Â», From the Royal to the Republican Body : Incorporating the Political in Seventeenth- and Eighteenth-Century France, Éd. Sara E. Melzer, Kathryn Norberg, Berkeley, University of California Press, 1998, 267 p., (ISBN 978-0-52020-807-0).

Naomi Lubrich, The Little White Dress: Politics and Polyvalence in Revolutionary France in: Fashion Theory. The Journal of Dress, Body and Culture, 19:5, 2015

Liens externes

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