Rita Gorgon
Emilia Margerita (MaĆgorzata) Gorgon, dite Rita Gorgonowa, nĂ©e IliÄ le Ă OÄestowo, prĂšs de Konin en Dalmatie, l'Autriche-Hongrie Ă cette Ă©poque-lĂ , et morte aprĂšs 1939, est une gouvernante qui a Ă©tĂ© condamnĂ©e, lors d'un des procĂšs les plus mĂ©diatiques de la Pologne dâEntre-deux-guerres, pour le meurtre d'ElĆŒbieta (Lusia) Zaremba, fille d'un architecte de Lviv, Henryk Zaremba dont elle gĂ©rait la maison.
Lâassassinat du 30 dĂ©cembre et ensuite le processus circonstanciel ont Ă©tĂ© largement commentĂ©s et considĂ©rĂ©s comme « le procĂšs judiciaire le plus mĂ©diatique de la Seconde RĂ©publique de Pologne ». Dans les annĂ©es 1932-1934 toute lâopinion publique suivait lâaffaire. Rita Gorgonowa avait un fils et deux filles : Romana et Ewa.
Biographie
Jeunesse
D'origine serbe ou croate, elle est nĂ©e en Dalmatie, dans lâancien empire dâAutriche-Hongrie. Son pĂšre Ă©tait mĂ©decin, il est dĂ©cĂ©dĂ© lorsqu'elle avait 3 ans, sa mĂšre sâest ensuite remariĂ©e. Ă lâĂąge de 15 ans, Margerita IliÄ a Ă©pousĂ© Erwin Gorgon, lieutenant austro-hongrois, aprĂšs, en 1918, elle a donnĂ© naissance Ă leur fils et elle a emmĂ©nagĂ© Ă Lviv, chez ses beaux-parents. En 1921, Erwin Gorgon est parti chercher du travail en AmĂ©rique. Peu aprĂšs, Marguerite (Rita) Gorgonowa s'est querellĂ© avec ses beaux-frĂšres, qui lâavaient Ă tort[1] accusĂ©e de sâĂȘtre mal menĂ©e. Par consĂ©quent, elle a Ă©tĂ© forcĂ©e de dĂ©mĂ©nager, abandonnant son fils auprĂšs des beaux-parents. Au dĂ©but, elle Ă©tait chĂŽmeuse, ensuite, elle sâest inscrite Ă un cours dâinfirmerie et elle a commencĂ© Ă gagner sa vie comme garde dâenfant. Selon les tĂ©moignages, câĂ©tait une belle femme[2].
Travail chez Zaremba
En 1924, elle a acceptĂ© le poste de gouvernante chez Henryk Zaremba, architecte de Lviv, ĂągĂ© de 41 ans. Elle a emmĂ©nagĂ© dans sa villa, Ă ĆÄ czki, prĂšs de Brzuchowice, aux alentours de Lviv. Henryk Zaremba avait quittĂ© sa femme, qui souffrait dâune maladie mentale depuis 1923 et sĂ©journait dans un asile dâaliĂ©nĂ©s. Ensemble, ils avaient deux enfants : ElĆŒbieta (Lusia) nĂ©e en 1914 et StanisĆaw (StaĆ) nĂ© en 1917. Rita Gorgonowa non seulement sâoccupait des enfants, avec qui les relations Ă©taient bonnes au dĂ©but, mais aussi, elle surveillait lâentretien de la maison, oĂč Henryk ne sĂ©journait que de temps en temps. Environ un an aprĂšs, une liaison amoureuse sâest produite entre Rita Gorgonowa et Henryk Zaremba. Puis, ils vivaient en concubinage duquel est nĂ©e Romana, leur fille. La relation proche entre Rita Gorgonowa et Henryk Zaremba a probablement Ă©tĂ© Ă l'origine du conflit et des querelles avec sa fille adolescente, ElĆŒbieta. Cela nuisait Ă leur relation d'oĂč la dĂ©cision de Henryk de dĂ©mĂ©nager avec ses enfants dans un appartement Ă Lviv, dĂšs le premier janvier 1932.
Meurtre
La nuit du 30 au , ElĆŒbieta qui dormait dans son lit, aprĂšs ĂȘtre rentrĂ©e de Lviv, a Ă©tĂ© tuĂ©e dâun coup dâobjet contondant. Elle est morte sur le coup. Lâarme du crime aurait probablement Ă©tĂ© une barre mĂ©tallique pour creuser la glace, qui a ensuite Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans un rĂ©servoir derriĂšre la maison. Plus tard dans la nuit, StaĆ Zaremba a dĂ©couvert ce crime grĂące au jappement dâun chien et il a ensuite alertĂ© les habitants de la maison. LâingĂ©nieur Zaremba est arrivĂ©, en courant, vĂȘtu de pyjama, Rita Gorgonowa le suivait en fourrure. On a immĂ©diatement fait venir le mĂ©decin, Ludwik Csala, et puis le sergent de la gendarmerie, qui a fait la premiĂšre inspection.
Les traces ont directement indiquĂ© Rita Gorgonowa, qui a Ă©tĂ© rapidement mise en garde Ă vue. Henryk Zaremba a Ă©tĂ© dĂ©tenu pour six semaines, dâabord suspectĂ© de complicitĂ© dans le crime. On a aussi suspectĂ© le jardinier de Zaremba ou encore, un garçon amoureux de Lusia sans rĂ©ciprocitĂ©.
Gorgonowa n'a jamais reconnu sa faute. Au cours de l'enquĂȘte, en s'appuyant sur les indices, on a dĂ©montrĂ© la version la plus probable de ce qui sâĂ©tait passĂ©. Vu le manque de traces dans la neige sur chaque cĂŽtĂ© de la clĂŽture ni sur lâappui de la fenĂȘtre (dâailleurs la partie ouverte Ă©tait trop petite), aucune trace d'infraction de la porte, on a constatĂ© que le crime avait Ă©tĂ© commis par l'un des habitants de la maison. De plus, le chien surnommĂ© Lux, « bĂątard dâalsacien et de doberman », n'avait pas aboyĂ©. DâaprĂšs la version admise dans l'enquĂȘte, Gorgonowa sâest dirigĂ©e par le hall vers la chambre d'ElĆŒbieta et elle l'a tuĂ©e Ă coups de barre mĂ©tallique. Elle a feint lâintrusion par la fenĂȘtre ouverte de la chambre, de mĂȘme, elle a fait croire Ă un viol en pĂ©nĂ©trant le vagin dâElĆŒbieta avec le doigt[3]. Le professeur Jan StanisĆaw Olbrycht servit dâexpert prĂšs les tribunaux.
Pour dissimiler la fuite du prĂ©sumĂ© malfaiteur, elle a ouvert la porte de la vĂ©randa et lĂ , elle est tombĂ©e sur le chien, Lux, quâelle a frappĂ© sur la tĂȘte. Le chien a jappĂ©, ce qui a rĂ©veillĂ© StaĆ Zaremba, dormant dans la salle Ă manger. C'est alors quâil a aperçu une silhouette dans le coin du hall, prĂšs du sapin. Au cours de lâenquĂȘte, il l'a identifiĂ©e comme Ă©tant Gorgonowa en fourrure. Ne pouvant plus passer par la salle Ă manger afin dâaccĂ©der Ă sa chambre, Margerita sâest enfuie par la porte dâentrĂ©e. Il lui a fallu casser une vitre de la petite vĂ©randa pour ouvrir la porte de lâintĂ©rieur et lors de cette action, elle sâest blessĂ© la main. Lorsque StaĆ a dĂ©clenchĂ© une alarme, elle est sortie de la chambre et elle a rejoint les habitants de la maison. Puisqu'elle Ă©tait Ă©nervĂ©e aprĂšs lâassassinat, elle a dĂ©fĂ©quĂ© dans le hall, salissant sa chemise de nuit quâelle a changĂ© peu aprĂšs et quâelle a brĂ»lĂ© dans le four. Cependant, le mĂ©decin Csala s'est souvenu qu'au dĂ©but, elle portait une chemise de nuit turquoise sous sa fourrure. En plus, dâaprĂšs les policiers, la chemise blanche Ă©tait trop fraĂźche pour croire que Gorgonowa aurait pu dormir en elle[4].
Elle est sortie plusieurs fois de la maison pour aller chez le jardinier KamiĆski et pour appeler le mĂ©decin, ce qui a crĂ©Ă© l'occasion de jeter le piolet dans le rĂ©servoir dâeau. Pendant un de ces aller-retours, elle a perdu une bougie. De mĂȘme, on a dĂ©couvert son mouchoir mouillĂ©, avec les taches de sang. Les traces du sang ont Ă©tĂ© bien observĂ©es sur la fourrure de Gorgonowa[5]. Le sang de la femme assassinĂ©e appartenait au groupe A, alors que celui de Rita au groupe O. Le facteur A a Ă©tĂ© dĂ©couvert sur le mouchoir ainsi que sur la fourrure. Pourtant, les constatations des experts judiciaires ont Ă©tĂ© rĂ©futĂ©es par le professeur Ludwik Hirszfeld, dĂ©couvreur de l'hĂ©ritage du groupe sanguin[1]. Au cours de lâenquĂȘte, Henryk Zaremba a rĂ©vĂ©lĂ© que sa maĂźtresse avait annoncĂ© en Ă©tat de colĂšre qu'elle tuerait son amant, ses enfants et elle-mĂȘme aussi.
Lâenterrement dâElĆŒbieta Zaremba a eu lieu le au cimetiĂšre Ćyczakowski Ă Lviv. Les dĂ©tenus Zaremba et Gorgonowa nây ont pas participĂ©[6].
Notes et références
- StanisĆaw Nicieja, Sprawa Gorgonowej, Nowa Trybuna Opolska, 1er janvier 2010
- (pl) Irena Krzywicka, Kontrola wspĂłĆczesnoĆci. WybĂłr miÄdzywojennej publicystyki spoĆecznej i literackiej z lat 1924â1939, Varsovie, Feminoteki (maison d'Ă©dition), (ISBN 978-83-924783-4-8), p. 135â138
- (pl) Jan StanisĆaw Olbrycht, Upozorowane zabĂłjstwo z lubieĆŒnoĆci. Dans: Wybrane przypadki z praktyki sÄ dowo-lekarskiej, Varsovie, PZWL, , p. 147,151,157
- (pl) « Zeznania dr. Csali, lekarza z Brzuchowic rzuciĆy ciemny cieĆ na GorgonowÄ Â», Express Ilustrowany, no 70,â , p. 3
- (pl) Jan StanisĆaw Olbrycht, Upozorowane zabĂłjstwo z lubieĆŒnoĆci. W: Wybrane przypadki z praktyki sÄ dowo-lekarskiej, Varsovie, PZWL, , p. 112, 114
- (pl) « Pogrzeb Ć. p. ElĆŒbiety Zarembianki », Gazeta Lwowska, no 4,â le 6 stycznia 1932, p. 5