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Richard Greaves

Richard Greaves, né à Montréal en 1952, est un sculpteur-récupérateur et anarchitecte[1] québécois, connu pour avoir créé un « environnement d'art »[2] spectaculaire, à partir des années 1980. Aujourd'hui disparu, cet environnement d'art était composé au début des années 2000, de plus d'une dizaine de cabanes et de nombreuses installations, réalisées avec des matériaux de récupération.

Richard Greaves
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Biographie
Naissance
Nationalité
Activité

Biographie

Origines

Originaire de la région montréalaise, Richard Greaves étudie les arts graphiques au Collège Ahuntsic à Montréal et poursuit son parcours universitaire à la faculté de théologie à l'Université de Sherbrooke. Après l’obtention de sa maîtrise, Richard Greaves est de retour dans la métropole québécoise pour suivre une formation à l’Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec.

Vers 1984, Richard Greaves renonce aux activités professionnelles qui le lient à la vie urbaine et quitte définitivement le sol montréalais, pour s’installer dans la forêt beauceronne, près de Saint-Simon-les-Mines, sur une parcelle de terrain isolée achetée huit ans plus tôt avec un petit groupe d’amis.

L’année 1989 marque le début de la construction de son environnement d’art, disposant sur le sol de ce terrain à la végétation abandonnante, vierge de toutes constructions, des installations composées d’objets glanés au rebut.

Parcours artistique

Durant l’étĂ© 1989, une cinquantaine de sculptures, rĂ©alisĂ©es Ă  partir de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration, et issue de la collaboration de Richard Greaves et Berthier Guay[notes 1] sont exposĂ©es aux Foufounes electriques. Un article de 1989 rapporte que ces crĂ©ations avaient suscitĂ© la curiositĂ© des spectateurs : « les gens de MontrĂ©al ont sĂ»rement vu beaucoup de choses mais tant d’énergie en mĂŞme temps, ça les a dĂ©passĂ©s[3]. Â» Une sculpture en particulier - Le Christ aux oiseaux - jugĂ©e provocante, avaient entraĂ®nĂ© une menace d’injonction contre le club. L’auteure rapporte que Berthier Guay avait atteint l’effet escomptĂ© : « s’il a dĂ©rangĂ©, c’est positif. Ça confirme ce que Berthier pense, Ă  savoir qu’on a toujours cru dans ce qui nous a limitĂ©. On est demeurĂ© l’esprit dans les talons[4]. Â» L'acte de crĂ©er se manifeste, pour Richard Greaves, dans un contexte de remise en question des choses Ă©tablies et d'un certain amusement Ă  dĂ©construire la sociĂ©tĂ©.

Son intérêt pour la récupération de déchets industriels et d'autres objets destinés à périr, a abouti à la reconnaissance de sculpteur-récupérateur, à la fin des années 1980, dans la province beauceronne. L'artiste, accompagnée par sa première compagne Jocelyne Gagné, trouvait la matière première de ses créations dans les « vidanges du monde[5] » (que l'on nomme communément décharges publiques). Ainsi, ils donnent aux objets du passé, qu'il considèrent comme une source de création inépuisable, une seconde vie. Dans un texte manuscrit fixé à l'intérieur d'une cabane, Richard Greaves évoque sa relation singulière aux objets :

« [...] Désormais, en examinant l'aspect de l'objet, sa forme, sa manière d'exister, j'entrais en relation dans son existence, dans son souvenir, dans ses buts et dans ses unions, avec les autres objets, toutes révélations qui me le rendaient plus important encore. [...][6] »

À son arrivée dans la campagne beauceronne, disait l'artiste dans un reportage d'une chaîne québécoise qui lui a été consacré en 1993[7], il était la cible de moqueries, qui se sont transformées quelques années plus tard, en considération sympathique de la part de ses voisins. Si bien que certains d'entre eux venaient lui apporter, sur son propre terrain, leurs objets destinés à la déchetterie.

Au début des années 1990, Richard Greaves fait une apparition discrète au sein de symposiums de sculpture, organisés par le Collectif des Artistes et Artisans de Beauce et placés sous les thématiques Art et Nature[8]. Le créateur commence par construire les cabanes dans les années 1980, à l'abri des regards et de manière désintéressée du marché de l'art. Il n'a jamais voulu rencontrer ceux qui s'intéressent à son travail, sauf le photographe Mario Del Curto qui est le seul à l'avoir rencontré sur son territoire.

En 2005-2006, une exposition itinérante débutée à Montréal, rend hommage à l'artiste, qui, pour l'occasion, avait accepté de venir jusqu'à la Collection de l'art brut à Lausanne pour réaliser une installation éphémère in situ, avec des objets glanés dans les rues de la ville.

Les cabanes

La première cabane construite est La Cabane à Sucre (ou La Maison Sucrée). Ensuite seront érigées L’Atelier, La Maison des trois petits cochons, La Source, La Maison aux fenêtres, La Cathédrale, La Maison ronde et L'Hôtel[9]. Ces cabanes atypiques n'obéissent pas aux méthodes de construction

s conventionnelles et à l'esthétique traditionnelle de l'architecture officielle. Cette architecture hors-norme fait appel à une technique d'assemblage sans clous, dont en témoigne le créateur : « Elles [les cabanes] ne sont pas tordues, elles sont asymétriquement voulues, parce que tu ne peux pas faire ça avec des clous. Mes cabanes sont fortes parce qu’il y a un angle que tu ne peux pas faire avec un clou. Un clou, c’est fixe, ça arrête l’évolution, mais une corde, c’est patient, ça peut se contorsionner[10]. »

Cette technique de nœuds permet à l'architecture des cabanes une constante évolution. Le caractère spontané et évolutif des constructions se mêle à l'environnement forestier qui les accueille.

Les films documentaires réalisés sur l'environnement du bâtisseur, le travail photographique de Mario Del Curto et quelques photographies de visiteurs anonymes constituent les témoignages visuels de l'existence de ces cabanes, aujourd'hui disparues. Lors de la dernière visite du photographe sur le site, qui date de 2013, seule La Cabane à Sucre, la première construite, avait résisté aux intempéries. Il précise aussi que Richard Greaves a quitté son territoire en 2009, pour s'installer à quelques dizaines de kilomètres avec sa nouvelle compagne et leur petite fille, où il construit de nouveau.

Expositions

  • Instants sympathiques chez les artistes indisciplinĂ©s, exposition collective, Maison de la culture CĂ´te-des-Neiges (MontrĂ©al), — , rĂ©alisĂ©e par la SociĂ©tĂ© des Arts IndisciplinĂ©s (MontrĂ©al), sous le commissariat de ValĂ©rie Rousseau.
  • Richard Greaves. Anarchitecte, exposition monographique itinĂ©rante, Fonderie Darling (MontrĂ©al), — ; Andrew Edlin Gallery (New York), — ; Collection de l'art brut (Lausanne), — ; Pulperie de Chicoutimi (Chicoutimi), — , rĂ©alisĂ©e par la SociĂ©tĂ© des Arts IndisciplinĂ©s (MontrĂ©al), sous le commissariat de ValĂ©rie Rousseau et Sarah Lombardi.
  • Les lieux de l'art indisciplinĂ©. Art populaire et art insolite au QuĂ©bec, exposition collective, Maison de la culture Marie-Uguay (MontrĂ©al), — ; Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce (MontrĂ©al), , rĂ©alisĂ©e par la SociĂ©tĂ© des Arts IndisciplinĂ©s (MontrĂ©al), sous le commissariat de ValĂ©rie Rousseau.
  • Esprit de la forĂŞt, exposition thĂ©matique, Halle Saint-Pierre (Paris), 2006, prĂ©sentĂ©e par Mario Del Curto.

Notes et références

Notes

  1. Charpentier, sculpteur sur bois et artiste-installateur québécois.

Références

  1. Sarah Lombardi et Valérie Rousseau, Richard Greaves, anarchitecte, Milan, 5 Continents, 2005.
  2. Valérie Rousseau, Vestiges de l'indiscipline. Environnements d'art et anarchitectures, Gatineau, Musée canadien des civilisations/Collection Mercure, 2007, p. 143-145.
  3. Jocelyne GagnĂ©, « Le poète aux quatre roues motrices Â», Espace Sculpture, 1990, vol. 6, n° 3, p. 48-49.
  4. Jocelyne Gagné, Op. Cit., p. 49.
  5. « Richard Greaves », reportage d'une émission télévisée québécoise On aura tout vu, Les productions Vic Pelletier inc., 6 min., 1993.
  6. Sarah Lombardi et Valérie Rousseau, Op. Cit., 2005, p. 59.
  7. « Richard Greaves », Op. Cit., 1993.
  8. Guy Sioui Durand, « Le Klondyke des EntrePontneurs : Notre-Dame-des-Pins (Beauce) Â», Inter, 1996, n° 67, p. 2-8.
  9. Le catalogue d'exposition Richard Greaves. Anarchitecte (2005) révèlent toutes ces cabanes photographiées par Mario Del Curto entre 2001 et 2005.
  10. Philippe Lespinasse (réal.), et Andres Alvarez (réal.), Les châteaux de planches de Richard Greaves, Bordeaux, Lokomotiv Films, 34 min., 2006. Avec la collaboration de Mario Del Curto.

Catalogue d'exposition

  • Sarah Lombardi et ValĂ©rie Rousseau, Richard Greaves, anarchitecte, Milan, 5 Continents, 2005.

Photographies de Mario Del Curto. Textes de Valérie Rousseau, Sarah Lombardi, Lucienne Peiry, Jean-Louis Lanoux, Roger Cardinal et Richard Greaves.

Bibliographie

  • Eugène, « Le clou est amoral », TracĂ©s, n° 21, , p. 25-27.
  • Isabelle Labrie, « Anarchitecture. Monde de fragilitĂ© et de dĂ©sĂ©quilibre », Le progrès, Chicoutimi, , p .55.
  • Jean-Louis Lanoux, « Richard Greaves, bâtisseur de l'oblique », Revue 303, Nantes, Éditions 303, , n° 119, vol. « Art brut, outsider, modeste », p. 64-67.
  • Philippe Lespinasse, « Les drĂ´les de cabanes de Richard Greaves », Animan. Les routes du monde, Echandens, Animan Publications SA, hiver 2006-2007, n° 137, p. 62-69.
  • Philippe Lespinasse, « Ses cabanes au Canada », SinĂ© Mensuel, Paris, Les Éditions du crayon, , n° 4, p. 19.
  • Sarah Lombardi, « Archi-Libre », Rendez-vous, hiver 2003-2004, n° 1. Huit photographies de Mario Del Curto.
  • John Maizels et Deidi Von Schaewen, « Oiseaux ChausseGros », Mondes imaginaires, Cologne, Benedikt Taschen, 1999, p. 172-175.
  • ValĂ©rie Rousseau, « Richard Greaves », Vestiges de l'indiscipline. Environnements d'art et anarchitectures, Gatineau, MusĂ©e canadien des civilisations/Collection Mercure, 2007, p. 13-17, p. 67-77, p. 186.
  • ValĂ©rie Rousseau, « Richard Greaves. Anarchitect », Raw Vision, Radlett, , n° 43, p. 30-37.

Filmographie

  • 1993 : On aura tout vu
  • 2005 : Bruno Decharme
  • 2006 : L'anarchitecte homme des bois
  • 2006 : Les châteaux de planches de Richard Greaves de Philippe Lespinasse et Andres Alvarez

Liens externes

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