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Regimini militantis Ecclesiæ

Regimini militantis Ecclesiæ (Pour le gouvernement de l'Église militante) est la bulle pontificale promulguée par le pape Paul III le , et qui approuvait la fondation de la Compagnie de Jésus comme ordre religieux.

Regimini militantis Ecclesiæ
Blason du pape Paul III
Bulle du pape Paul III
Date 27 septembre 1540
Sujet Première approbation de la Compagnie de Jésus comme ordre religieux

Circonstances historiques

N'Ă©tant pas parvenus Ă  trouver passage sur un bateau quittant Venise pour la Terre sainte, Ignace de Loyola et ses compagnons se rendent Ă  Rome en , afin de se mettre Ă  la disposition du pape, comme ils se l'Ă©taient promis.

Quelque temps plus tard, comprenant que les différentes missions que leur a confiées le pape vont les disperser, ils se posent la question de savoir s'ils veulent rester unis sur le plan spirituel. Après avoir prié et échangé leurs points de vue, la décision est prise : puisque c'est le Christ qui les a réunis, ils estiment que c'est sa volonté qu'ils restent unis. Une charte est présentée au pape, qui la reçoit favorablement et donne finalement son approbation solennelle dans cette bulle Regimini militantis Ecclesiæ de 1540. Le nombre des membres est alors fixé à soixante.

Approbation des statuts de la Société de Jésus, une fresque de J.C. Handke dans l'église Notre-Dame-des-Neiges à Olomouc.

Le premier groupe de jésuites (qui eux-mêmes se désignaient simplement comme « compagnons » ou « amis dans le Seigneur ») procède en à l'élection d'Ignace de Loyola comme supérieur général, malgré sa réticence, et lui promet obéissance, le reconnaissant comme « tenant la place de Dieu » pour les décisions concernant l'apostolat dans lequel la nouvelle compagnie désire s'engager.

Contenu de la bulle

Dans un paragraphe d’introduction le pape souligne le caractère international du groupe des dix prêtres fondateurs en donnant leurs noms avec les diocèses dont ils sont originaires : Ignace de Loyola et François Xavier (diocèse de Pampelune), Pierre Favre, Claude Le Jay et Paschase Broët (tous trois du diocèse de Genève), Diego Lainez et Alfonso Salmeron (archidiocèse de Tolède), Simon Rodrigues (Viseu, au Portugal), Jean Codure (Embrun) et Nicolas Bobadilla (Siguënza).

Ces prĂŞtres, docteurs en thĂ©ologie de l’universitĂ© de Paris, ont renoncĂ© au monde et vivent de manière religieusement exemplaire. Ils dĂ©sirent se mettre au service du Seigneur JĂ©sus et du souverain pontife, et pour ce faire souhaitent fonder un institut religieux. Canoniquement ils sont appelĂ©s « clercs rĂ©guliers Â» (c’est-Ă -dire « prĂŞtres suivant une règle religieuse de vie Â»).

Est incorporée ensuite dans la bulle la charte de fondation de la Compagnie de Jésus, appelée Formula Instituti. Paul III y reprend, quasiment sans modification, le texte soumis par Ignace en 1539.

  • Le nom de « Compagnie de JĂ©sus Â» est approuvĂ©.
  • Les membres de l’institut serviront le Christ et son Église, sous le souverain pontife.
  • Ils prononceront les vĹ“ux de pauvretĂ©, chastetĂ© et obĂ©issance
  • L’institut est fondĂ© pour aider au progrès des âmes dans la vie et la doctrine chrĂ©tienne par divers ministères apostoliques (dont l’éducation et les exercices spirituels).
  • Les charges et services seront entre les mains d’un supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral Ă©lu par tous, qui devra Ă©tablir des Constitutions.
  • Les Constitutions (ou leurs modifications) seront approuvĂ©es par une « congrĂ©gation gĂ©nĂ©rale Â».
  • Ceux qui feront profession dans l’institut Ă©mettront un vĹ“u d'obĂ©issance au pape en vue des missions (mais aucun ne cherchera de mission pour lui-mĂŞme).
  • Les membres feront vĹ“u d’obĂ©issance au supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral, pour l’observance de la règle, et de la pauvretĂ© Ă©vangĂ©lique.
  • Les collèges et universitĂ©s pourront cependant avoir des revenus, en vue d’offrir un service gratuit.
  • L’office divin sera dit en privĂ©.
  • Personne ne sera admis sans avoir d’abord Ă©tĂ© soigneusement Ă©prouvĂ©.

En conclusion le pape Paul III approuve formellement le nouvel institut, en restreignant provisoirement le nombre des membres à soixante, et invite les évêques et autres dignitaires de l’Église à donner assistance et soutien aux membres de l’institut tout en restant vigilants[1].

Seconde approbation en 1550

L'approbation finale, avec quelques modifications du texte (supprimant, entre autres, toute restriction au nombre de membres) sera accordée dix ans plus tard, par la bulle Exposcit Debitum (Le devoir impose…) du , émise par le pape Jules III.

Notes et références

  1. Le texte latin de la bulle se trouve dans Monumenta Ignatiana (MHSI), vol. 63, p. 24-32.
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