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Refuge de Grasla

La forĂȘt de Grasla, en VendĂ©e, principalement sur la commune des Brouzils, servit de refuge (Refuge de Grasla, ou de Grala, orthographiĂ© aussi Gralas sur les cartes) aux populations environnantes durant les guerres de VendĂ©e en 1793-1794 : ces populations fuyaient la rĂ©pression menĂ©e par les colonnes rĂ©publicaines du gĂ©nĂ©ral Turreau. ComposĂ©es pour beaucoup de femmes, d'enfants et de vieillards, elles se sont abritĂ©es dans ce quartier de la forĂȘt qu'elles connaissaient pour ĂȘtre le lieu oĂč habitaient des exploitants (charbonniers, voituriers...) depuis une dĂ©cennie environ. On y avait bĂąti des huttes de rondins et de feuillages, semblables aux huttes circulaires et aux rues pavĂ©es de bois des Gaulois. Les vastes ramures des chĂȘnes les abritaient de la pluie et des orages[1].

Cabane du Refuge de Grasla (reconstitution). 2023.

Étymologie

Le terme de "refuge" n'est utilisĂ© comme nom propre qu'au XXe siĂšcle, les contemporains utilisent le mot comme nom commun : voir, par exemple, aux archives dĂ©partementales de la VendĂ©e Ă  la cote L 1899 dans les minutes d'actes extrajudiciaires (25 prairial - 28 fructidor an IV soit du au ). Le chanoine Goillandeau, qui baptise des enfants en forĂȘt de Grasla durant la pĂ©riode oĂč la population s'y cache, indique qu'il administre le sacrement en forĂȘt de Grasla.

Le nom de la forĂȘt, Grasla, s'orthographie de diffĂ©rente maniĂšre : Grala, Gralas... et son origine reste obscure.

Localisation

Le Refuge de Grasla est situĂ© prĂšs du bourg des Brouzils dans le quartier de la forĂȘt de Grasla dit du Demi-Jour et du ChĂȘne Chevreux, dans un quartier de la forĂȘt appelĂ© " Les PraliĂšres" ou les Loges[2] », prĂšs du bourg de La CopechagniĂšre, village de bĂ»cherons proche de la forĂȘt (de cope, couper et chagne, chĂȘne, d'oĂč chaniĂšre plantation de chĂȘnes)[3]. Il s'y trouva ensuite des prĂ©s, connus sous le nom de prĂ©s de la « chaussĂ©e de l'Ă©tang ».

Au cƓur du massif forestier de Grasla, se trouve le Refuge oĂč les populations de communes situĂ©es au nord et Ă  l'est se sont cachĂ©es pour fuir la violence de la rĂ©pression contre les insurgĂ©s vendĂ©ens. Un sentier de la lisiĂšre, de six kilomĂštres, permet de joindre la « Pierre Blanche Â» (pierre mĂ©galithique, Bloc de Quartz) au ChĂȘne Chevreux : cet arbre millĂ©naire, encore vivant, situĂ© au carrefour de trois chemins, aurait Ă©tĂ© point de ralliement lors de la guerre de VendĂ©e. Son nom viendrait du mot chevreuil. Ses branches qui s'Ă©lĂšvent au-dessus du tronc sĂ©culaire Ă©taient dĂ©pouillĂ©es de leurs rameaux, et les branches infĂ©rieures jeunes et verdoyantes. Quelques lĂ©gendes l'entouraient de mystĂšre.


  • Le ChĂȘne Chevreulz (chevelu) ou Chevreux (chevreuil). 2023.
    Le ChĂȘne Chevreulz (chevelu) ou Chevreux (chevreuil). 2023.
  • Refuge de Grasla. La Pierre Blanche. 2023.
    Refuge de Grasla. La Pierre Blanche. 2023.
  • La forĂȘt de Grasla. Sentier du Refuge. 2023.
    La forĂȘt de Grasla. Sentier du Refuge. 2023.
  • La forĂȘt de Grasla. Etang. 2023.
    La forĂȘt de Grasla. Etang. 2023.


Le « sentier du Refuge » est long de 3,5 kilomÚtres. De la « Pierre Blanche », l'allée "du gros bois" puis un sous bois agréable vous mÚnent au Refuge de Grasla.

La promenade se termine par l'allĂ©e du "demi-jour" allant du ChĂȘne Chevreux Ă  la Pierre Blanche. Elle est appelĂ©e ainsi en raison de la faible lumiĂšre traversant ses chĂȘnes denses. Cette futaie a Ă©tĂ© coupĂ©e en bois de construction pour la ville de NapolĂ©on (La Roche-sur-Yon) en 1810.

Le retour se fait par la croix de Charette Ă©rigĂ©e par le Souvenir vendĂ©en en 1973, les Ă©tangs puis le ChĂȘne Chevreux et enfin, l'allĂ©e du "demi-jour" menant Ă  la Pierre Blanche[4].

Le Refuge de Grasla

Sa population

Chacun y avait transportĂ© son mĂ©nage et ses provisions. Cabanes et huttes formaient une vĂ©ritable ville champĂȘtre: « Des branches appuyĂ©es sur les troncs des arbres, et supportĂ©es par de forts piquets, formaient la charpente de chaque habitation ; d'autres branches entrelacĂ©es et tapissĂ©es de mottes de gazon servaient de murs ; ces cabanes alignĂ©es sur plusieurs rangs, prĂ©sentaient l'aspect de rues pavĂ©es d'une herbe courte et Ă©paisse, Au-dessus, les grandes branches des chĂȘnes touffus s'Ă©levaient en dĂŽme et protĂ©geaient la ville contre les ardeurs de l'Ă©tĂ© et les vents orageux... » [5]. On y vivait sous ces cabanes [6].

Les diffĂ©rents mĂ©tiers y Ă©taient exercĂ©s, par exemple par des forgerons, des armuriers et des charpentiers. Ceux-ci pouvaient travailler en sans inquiĂ©tude grĂące aux guetteurs placĂ©s dans les arbres qui donnaient l’alerte dĂšs que des soldats s’approchaient de la forĂȘt. On y trouvait des boutiques et des marchands, des mĂ©tiers, comme le marĂ©chal-ferrant ou le forgeron. Une lĂ©gende tenace affirme que le trĂ©sor de Charette serait cachĂ© aux environs[7]. 2 000 personnes - moins de 200 noms sont connus -, se seraient ainsi rĂ©fugiĂ©es de janvier Ă  afin d'Ă©chapper aux colonnes infernales crĂ©Ă©es par le gĂ©nĂ©ral Turreau.

Chapelle et registres clandestins

On y trouvait une chapelle, et comme en de nombreux endroits de France, des prĂȘtres rĂ©fractaires rĂ©fugiĂ©s lĂ , y cĂ©lĂ©braient la messe et administraient les sacrements, tels les curĂ©s Payraudeau et Jagueneau [8] ou le chanoine Goillandeau[9], qui tenait un registre clandestin[10] et donnait l'extrĂȘme onction aux soldats de Charette mourants ou Marie la pupille du gĂ©nĂ©ral au chirurgien Buet. Il indique pour l'ensemble de la paroisse des Brouzils, sur ce registre consultable aux Archives de la VendĂ©e, les victimes rĂ©publicaines et les dĂ©cĂšs, les mariages, des baptĂȘmes, 162 personnes en tout, cinq naissances, vingt baptĂȘmes, dix-huit dĂ©cĂšs, ou bien cent victimes, six enfants[11].

Un hĂŽpital sylvestre

Un hÎpital de fortune, avec des ambulances et des matelas, des couvertures, organisé par le chirurgien Desormeaux accueillait les blessés qui revenaient de la guerre se faire soigner ou mourir[12].

Combats environnants

La forĂȘt de Grasla, aux Ă©paisses futaies, servit aussi de refuge aux soldats de Charette. « La forĂȘt de Grala, les bois de LĂ©gĂ© et les buissons du Grand-Luc furent principalement le thĂ©Ăątre de ses plus admirables Ă©volutions. Elles dĂ©concertĂšrent toujours les gĂ©nĂ©raux rĂ©publicains Â»[13].

Les soldats rĂ©publicains firent souvent des incursions dans cette forĂȘt mais sans trouver le refuge. Le 10-, le gĂ©nĂ©ral Ferrand lance cependant une expĂ©dition avec 3 600 hommes vers le refuge de la forĂȘt de Grasla ; il le trouve mais le refuge est abandonnĂ©. Il Ă©crivit son histoire.

Association du Refuge de Grasla

Le refuge de Grala devint tout d'abord un lieu de mémoire puis un centre touristique attractif. Le site visitable rappelle les évÚnements qui ont marqué l'histoire du bocage et celle de ses habitants pendant la guerre de Vendée. Depuis 1987, des bénévoles ont construit des loges de perches et de brandes, une forge, chapelle, charbonniÚre... afin d'évoquer la vie de Grasla telle que les documents permettent de la connaßtre.

  • Le , a Ă©tĂ© Ă©difiĂ©e une croix commĂ©morative rappelant les sĂ©jours de Charette et de ses fidĂšles dans le refuge. L'association a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1986, le site a Ă©tĂ© officiellement ouvert au public en 1989.
  • Des Ă©tudes historiques furent entreprises par l'Association du Refuge de Grasla qui assure l'animation du site, notamment par la publication d'un bulletin de 1988 Ă  2005 et par celle d'une courte Ă©tude le Refuge de Grasla : histoire d'un lieu et d'une population par l'abbĂ© Georges de Guerry et Luc-AndrĂ© Biarnais.
  • Un Salon du livre vendĂ©en y est organisĂ© depuis 2006 et un concours de « Contes et LĂ©gendes Â» de VendĂ©e a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2010. Le romancier Yves Viollier est le prĂ©sident du prix Charette remis lors de ce salon, jusqu'en 2012. Cette annĂ©e lĂ , il publie chez Robert Laffont, un roman MĂȘme les pierres ont rĂ©sistĂ©, consacrĂ© au Refuge de Grasla qui obtient le prix Charette 2013. Le prix Charette, dĂ©cernĂ© chaque annĂ©e en juillet, a Ă©galement couronnĂ© L'Arracheuse de dents (roman, 2016) publiĂ© par Franz-Olivier Giesbert.
  • RĂ©cemment, un spectacle, « Pierre, capitaine de paroisse », Ă©voque cette vie dans les bois grĂące au tĂ©moignage du gĂ©nĂ©ral Ferrand, qui a dĂ©couvert le site, vide, et en a dressĂ© la description en 1794[14].

Références

  1. Georges Bordonove citĂ© par JL Le Quellec, Le chouan dans le chĂȘne et l'arbre sur la tombe
  2. « Le mot loge, qui tire son origine du haut allemand lauba, laubja [...] dĂ©signait originellement une cabane de feuillage Ă©tablie dans une forĂȘt; c'est de ce mot que viennent logis et loger... On a donnĂ© le nom de loges aux abris-refuges Ă©tablis dans la forĂȘt de Grasla par les VendĂ©ens insurgĂ©s en 1793. À noter que la forme pluriel "les Loges" dĂ©signait primitivement un groupe de cabanes, de "loges" ». Source : Archives-VendĂ©e, Dictionnaire
  3. - Notes Historiques sur la paroisse de Chavagnes La CopechaniĂšre
  4. Le sentier en images
  5. Isidore Massé, dans Histoire des guerres de la Vendée: comprenant l'histoire de la Révolution...
  6. MĂ©decine et mĂ©decins pendant la guerre de VendĂ©e: 1793-1796 Gaston Blandin Éditions du Choletais, 1990 - page 132
  7. le trésor de Charette Avec cartes
  8. Ils furent massacrés ensuite au Poiré. Cf. Vie de M. Monnereau, curé des Brouzils et Le clergé vendéen, victime de la Révolution française: notices biographiques (1904) - Armand Baraud, page 331
  9. Notices sur les confesseurs de la foi dans le diocĂšse de Nantes, Volume 1 - Page 645 P. M. Briand - 1908 : M. Goillandeau (Pierre-Étienne), nĂ© Ă  Vieillevigne, ordonnĂ© le 27 fĂ©vrier 1779, vicaire, mort Ă  Vieillevigne le 17 aoĂ»t 1822, Ă  l'Ăąge de 69 ans.
  10. conservé en Mairie des Brouzils et numérisé : Archives de la Vendée etLE REGISTRE GOILLANDEAU De 1794 à 1797
  11. La Vendée aux lÚvres closes : Pierre Monnereau, le saint oublié, 1787-1856, Marguerite Vrignaud, Centre vendéen de recherches historiques, 1998, page 57 et 121
  12. La bataille de Savenay dans la RĂ©volution, l'hĂŽpital sylvestre et Annales de Bretagne et des pays de l'ouest, Anjou, Maine, Touraine, Volume 97 , Les HĂŽpitaux Forestiers, page 396. et MĂ©decine et mĂ©decins pendant la guerre de VendĂ©e: 1793-1796, Gaston Blandin, Éditions du Choletais, 1990 - 157 pages
  13. Deniau (?)
  14. « Le Refuge de Grasla : Un village unique, en Vendée, au coeur de la révolution française », sur Refuge de Grasla (consulté le ).

Liens externes

Articles connexes

Bibliographie

  • Bibliographie gĂ©nĂ©rale, Association Refuge de Grasla
  • La forĂȘt de Grasla - Maurice de Gouttepagnon.-Éditeur impr. Lafolye, 1897
  • La VendĂ©e: PoĂšme en douze chants Par B. Moreau
  • Le registre paroissial de Grasla : martyrologe de la paroisse des Brouzils (1793-1794).- Amblard de Guerry de Beauregard. - Fontenay-le-Comte : Impr. Lussaud frĂšres., 1944. -24 cm.. In : Revue du Bas-Poitou (tirĂ© Ă  part). - ()
  • La reconstruction du refuge de Grasla : pages d'histoire [publiĂ© par l'] Association du refuge de Grasla. - Les Brouzils : Association du refuge de Grasla, [1991] 1991. - 23 p.
  • Refuge de Grasla : histoire d'un lieu et d'une population / Georges de Guerry, Luc-AndrĂ© Biarnais. - Les Brouzils : Association Le Refuge de Grasla, 2002.
  • Dabreteau Armand Le gĂ©nĂ©ral Ferrand dĂ©couvre le "Refuge de Grasla", , 2005.
  • L'abbĂ© GrĂ©goire, Chateaubriand, Pierre Larousse, compagnies franches, combat du chĂȘne, refuge de Grasla : journĂ©e historique de LegĂ©, / dir. abbĂ© Alain Chantreau, Jean-Marc Gaillard
  • Le refuge de Grasla : 1794. - N°34 (juill. 2000) - . - Les Brouzils : Association du refuge de Grasla.
  • En mĂ©moire des rĂ©fugiĂ©s de la Terreur dans la forĂȘt vendĂ©enne, L'association du Refuge de Grasla en VendĂ©e, Marie-Odile Butel, 26 fĂ©vr. 2010 (sur le net).
  • Viollier, Yves. MĂȘme les pierres ont rĂ©sistĂ©. Paris, Robert Laffont, 2012. 249 p.

Vidéo

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