Rapport Lytton
Le rapport Lytton (リットン報告書, Ritton Hōkokusho) est rédigé en 1932 par la Société des Nations sur les causes de l'incident de Mukden, qui avait mené à la conquête de la Mandchourie par l'empire du Japon.
La Commission
La commission Lytton est menée par le Britannique Victor Bulwer-Lytton, second comte de Lytton (en), et composée de l'Américain Frank Ross McCoy (en), l'Allemand Heinrich Schnee, l'Italien Luigi Aldrovandi Marescotti (de), et le Français Henri Claudel[1]. Le groupe passe six semaines en Mandchourie au printemps 1932 pour une mission d'enquête, après avoir rencontré des membres du gouvernement de la république de Chine et du Japon. Le rapport rédigé par la commission avait pour but officieux d'aider à désamorcer l'hostilité croissante entre le Japon et la Chine et d'installer la paix et la sécurité en Extrême-Orient.
Le rapport Lytton
Le rapport Lytton contient une description de la situation en Mandchourie avant , présente des insatisfactions de l'administration chinoise et donne du poids à diverses réclamations et plaintes japonaises. Cela est suivi d'un récit des événements en Mandchourie après le à partir de témoignages. Le récit porte une attention particulière aux origines et au développement de l'état du Mandchoukouo, qui avait déjà été créé au moment de l'arrivée de la commission en Mandchourie. Il parle également de la question des intérêts économiques du Japon en Mandchourie et en Chine tout entière et de la nature et des effets du boycott chinois anti-japonais. Les intérêts de l'Union soviétique dans la région sont également mentionnés. Finalement, la commission présente une étude des conditions selon lesquelles une solution satisfaisante serait trouvée et fait plusieurs propositions et suggestions.
Le rapport n'étudie, cependant, pas assez un de ses buts principaux, les causes de l'incident de Mukden. Il se contente de donner une simple présentation du cas japonais, que les Chinois étaient responsables, sans commenter la légitimité des réclamations japonaises[2]. Bien qu'il n'y avait aucun doute sur la culpabilité du Japon pour les cinq membres de la commission[3], Henri Claudel, le délégué français, insiste avec succès que le Japon ne doit pas être présenté comme l'agresseur[4].
En dépit du soin apporté pour préserver l'impartialité entre les avis conflictuels de la Chine et du Japon, le rapport est considéré comme justifiant le cas chinois dans de nombreuses questions fondamentales. Il déclare, en particulier, que les opérations de l'Armée impériale japonaise après l'incident de Mukden n'étaient pas un acte de légitime défense. Le rapport conclut aussi que le nouvel état du Mandchoukouo n'aurait jamais été formé sans la présence des troupes japonaises, qu'il n'avait aucun soutien chinois et qu'il n'était pas issu d'un mouvement spontané d'indépendance.
Conséquences
En , même avant l'annonce publique de la publication du rapport Lytton le , le gouvernement japonais reconnaît officiellement le gouvernement fantoche du Mandchoukouo.
Lorsque le rapport est lu devant l'assemblée générale de la Société des Nations et qu'une motion condamne le Japon pour son agression, la délégation japonaise, menée par l'ambassadeur Yōsuke Matsuoka, quitte la pièce. Le Japon se retire officiellement la Société des Nations le .
Finalement, le rapport Lytton montre les faiblesses de la Société des Nations et son incapacité à imposer ses décisions. La durée de rédaction du rapport complique particulièrement la situation, le Japon en profitant pour affermir son contrôle sur la Manchourie et donc se montrer capable de rejeter la condamnation de la Société des Nations avec impunité.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lytton Report » (voir la liste des auteurs).
- Five Wise Westerners Time Magazine 10 Oct 1932
- The Mukden Incident by Thomas Ferrell, Journal of Modern History March 1955 (see page 67),
- Memo from the US Ambassador in Japan to the US Secretary of State, 16 July 1932, Foreign Relations of the United States, Japan 1931-1941 (see pages 93-94),
- Myopic Grandeur by John E. Dreifort (see pages 80-83)
Source
- Walters, F. P. A History of The League of Nations. London, UK: Oxford University Press, 1960. pg 491-492.