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Rafael Font Farran

Rafael Font Farran, homme politique et journaliste espagnol, est né à Sitges (Province de Barcelone) le , il est mort le à Auxerre. Il est l’auteur, en particulier, d’une histoire marxiste de l’Espagne et d’une histoire du catalanisme. Il a écrit ses mémoires sous le titre « Anys agitats » (Années agitées). Rafael Font Vaillant, fils aîné de Rafael Font Farran, a publié en 2014 une biographie de son père[1].

Rafael Font Farran
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  91 ans)
Auxerre
Nationalités
Activités

Orwell

Rafael Font Farran travailla au quotidien barcelonais La Batalla, organe du parti politique espagnol d'extrĂŞme gauche POUM. Dans son livre Homage to Catalonia, George Orwell, l'auteur de 1984, raconte qu'il lisait La Batalla pendant la guerre civile espagnole, Ă  l'Ă©poque oĂą il combattait dans les rangs du POUM. Rafael Font Farran fut Ă©lu par ses codĂ©tenus poumistes « prĂ©sident Â» de la seconde galerie de la prison Modelo de Barcelone, galerie oĂą furent emprisonnĂ©s de nombreux sympathisants du POUM, espagnols ou Ă©trangers. C'est sans doute dans cette galerie qu'Orwell aurait Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© s'il n’avait pu Ă©chapper Ă  une arrestation Ă  Barcelone.

1928-1931

En 1928, Rafael Font Farran fut le directeur et crĂ©ateur d'un journal des Ă©tudiants de Barcelone, L'Estudiant. Dès son quatrième numĂ©ro, ce journal fut interdit par la dictature de Miguel Primo de Rivera, Ă  laquelle il s'opposait. En 1929, Font Farran, devenu Ă  l'UniversitĂ© de Barcelone l'un des leaders de l'opposition Ă  la dictature, fut l'un des fondateurs de l'association Ă©tudiante de gauche Esquerra UniversitĂ ria. Il fut Ă©galement l'un des fondateurs de l'organisation de jeunesse Palestra, en . En , il adhĂ©ra au parti Estat CatalĂ  de Francesc MaciĂ  i LlussĂ . En , il publia son premier livre, un essai, Paraules de Joventut. Il fut le plus jeune orateur de la « ConfĂ©rence des gauches catalanes Â», qui, Ă  Barcelone, du 17 au , donna naissance Ă  l'ERC, parti politique catalaniste, dont Font Farran fut cofondateur. Juste après la proclamation de la « RĂ©publique catalane Â» par MaciĂ , le prĂ©sident de l'ERC, Font Farran participa, dans la nuit du 14 au , Ă  la dĂ©fense du Palais du gouvernement catalan, Place de Saint-Jacques, Ă  Barcelone, l'ERC craignant que le bâtiment ne soit attaquĂ© par les troupes espagnoles. Quelques semaines plus tard, Font Farran rejoignit la rĂ©daction du quotidien barcelonais L'OpiniĂł, organe central de l'ERC, oĂą il fut plus particulièrement chargĂ© des informations de politique internationale[2].

1932-1933

Au printemps 1932, une longue polĂ©mique de presse l'opposa Ă  Joan PeirĂł Belis, directeur de Solidaridad Obrera, le quotidien de la confĂ©dĂ©ration anarcho-syndicaliste CNT, avec trois articles de Font Farran dans L’OpiniĂł et quatre de PeirĂł dans Solidaridad Obrera. Au cours de l'Ă©tĂ© 1932, Ă  Madrid, Font Farran fut l'assistant parlementaire du dĂ©putĂ© espagnol LluĂ­s Companys i Jover, l'un des leaders de l'ERC et futur prĂ©sident de la Catalogne. En , il fut l'un des fondateurs du PNRE, parti nĂ© d'une scission de l'ERC. Peu auparavant, il avait Ă©tĂ© le leader d'un projet de nouvelle organisation de jeunesse de l'ERC destinĂ©e Ă  concurrencer les JEREC (Joventuts d’Esquerra Republicana Estat CatalĂ ), que Font Farran jugeait fascisantes, mais la direction de l'ERC, le dĂ©savouant, dĂ©cida que les JEREC continueraient d'ĂŞtre la seule et unique organisation des jeunes du parti. En , après la victoire de la droite espagnole aux LĂ©gislatives de , Font Farran publia un nouvel essai, dans lequel il appelait la gauche catalaniste, dĂ©sunie, Ă  « retrouver sa cohĂ©sion[3] Â»

1934-1936

Lors de l'insurrection catalaniste de la nuit du 6 au , il participa Ă  nouveau, comme en 1931, Ă  la dĂ©fense du Palais gouvernemental de la Place de Saint-Jacques, dont l'armĂ©e espagnole finit par s'emparer au matin du . EmprisonnĂ©, Font Farran bĂ©nĂ©ficia finalement d'un non-lieu. Après la victoire de la gauche espagnole aux LĂ©gislatives de , il fut recrutĂ© par le gouvernement catalan pour son Commissariat gĂ©nĂ©ral d'ordre public (CGOP), sorte de prĂ©fecture de police, oĂą Font Farran fut chargĂ© de la censure des publications Ă©trangères diffusĂ©es en Catalogne, car, explique-t-il, le gouvernement ne voulait pas « alarmer Â» une opinion inquiète des rumeurs de complot militaire contre la RĂ©publique. Peu après le dĂ©but de la guerre civile espagnole en , Font Farran dĂ©missionna du CGOP, quand il rejoignit le POUM, parti d'extrĂŞme gauche anti-stalinien, et son quotidien, La Batalla.

1937-1939

Le , le jour de la disparition d'Andreu Nin i PĂ©rez, leader du POUM, après son arrestation par une police catalane aux ordres de reprĂ©sentants de Staline, Font Farran se rendit au CGOP pour obtenir des nouvelles de Nin, et ce en tant qu'avocat de celui-ci. Au CGOP, il faillit ĂŞtre arrĂŞtĂ©, mais rĂ©ussit Ă  s'Ă©chapper. Quelque temps plus tard, comme avocat de la compagne de Nin, Olga Taareva Pavlova, Font Farran dĂ©posa au Palais de Justice de Barcelone une plainte, dans laquelle, dit-il, Ă©tait Ă©voquĂ©e la possibilitĂ© d'une arrestation arbitraire de Nin, « voire d’une sĂ©questration Â». Puis, pour assurer la dĂ©fense de militants du POUM emprisonnĂ©s, il ouvrit Ă  Barcelone, au cours de l'Ă©tĂ© 1937, un cabinet d'avocat, pour lequel, Ă  son nom, il loua des bureaux. Ces bureaux furent utilisĂ©s par un POUM rĂ©duit Ă  la clandestinitĂ©. En , Font Farran fut arrĂŞtĂ© Ă  Barcelone alors qu'il distribuait un tract du POUM protestant contre la mort d'un de ses militants. Il fut incarcĂ©rĂ© Ă  la prison Modelo, dans la « seconde galerie Â», oĂą Ă©taient regroupĂ©s les dĂ©tenus poumistes et dont il fut bientĂ´t Ă©lu « prĂ©sident Â» par ces derniers. Mais, quelque temps plus tard, il fut transfĂ©rĂ© dans un bagne, Ă  une centaine de kilomètres de Barcelone, le « camp de travail n° 3 Â» des Omells de na Gaia. Par la suite, il fut jugĂ© Ă  Barcelone par le « Tribunal spĂ©cial d’espionnage et de haute trahison Â» de Catalogne, qui le condamna Ă  six ans de prison en raison de son appartenance au POUM. En , avec d'autres prisonniers Ă©vacuĂ©s eux aussi de la prison Modelo, il se rĂ©fugia en France, Ă  la fin de la guerre civile. En Catalogne française, il fut emprisonnĂ© au camp de Saint-Cyprien, d'oĂą il parvint Ă  s'Ă©vader quelques jours après son arrivĂ©e. Il vĂ©cut ensuite en Belgique pendant environ un an.

Les années 1940

À la suite de l'offensive allemande de , il fut transporté, avec d'autres exilés réfugiés en Belgique, jusqu'au camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques), d'où, là encore, il put s'évader, au bout de quelques semaines. Peu après, à Paris, il s'engagea dans la résistance française contre l'occupant allemand, et ce dans les rangs du PCI (Parti communiste internationaliste). En 1943, il quitta ce parti — rebaptisé entre-temps CCI (Comité communiste internationaliste pour la IVe Internationale) et dont il était devenu membre du comité central — pour rejoindre le POI (Parti ouvrier internationaliste), section française de la IVème Internationale. Au sein du POI, il fut l'un des dirigeants du GTE, qui regroupait les Espagnols membres de la IVe Internationale. À partir de 1943, il fut le représentant de l'Espagne au Secrétariat européen de la IVe Internationale. En tant que membre de ce Secrétariat européen, il fut l'un des principaux organisateurs de la difficile fusion du POI et du CCI en . Il fut aussi l'un des deux délégués espagnols, avec Eduardo Mauricio Ortiz, à la Conférence européenne de la IVe Internationale en en Picardie, ainsi qu'à la seconde Conférence internationale de la IVe Internationale, à Paris, en [4] - [5] - [6].

Seconde moitié du XXe siècle

En 1951, en désaccord avec la stratégie d'entrisme que venait de lancer la IVe Internationale, Font Farran partit travailler pendant quelques années sur un projet de parti communiste espagnol anti-stalinien, et ce aux côtés de l'ex-dirigeant stalinien José del Barrio Navarro et avec le soutien financier de la Yougoslavie de Tito. Quelques années plus tard, il revint au POUM et, au printemps 1961, devint membre de son Comité exécutif. Mais, dès 1962, en désaccord avec la ligne du parti, il démissionna de ce Comité exécutif, puis quitta finalement le POUM. L'année suivante, après vingt-quatre ans d'exil, il rentra en Espagne, où il commença à publier des articles dans les hebdomadaires Tele/Estel et L'Eco de Sitges. Auparavant, en 1956, il avait été recruté par l'Agence France-Presse, où, jusqu'à sa retraite en 1977, il travailla comme journaliste à la rédaction en langue espagnole, à Paris.

Ĺ’uvres

  • Paraules de Joventut, Ariel, 1930.
  • La crisi de les esquerres, Llibreria Catalònia, 1933.

Bibliographie

  • Prager, Rodolphe. L'Internationale dans la guerre, 1940-1946[4], 1981.
  • Ivern i SalvĂ , M. Dolors. Esquerra Republicana de Catalunya 1931-1936[2], 1988.
  • Alexander, Robert J. International Trotskyism 1929–1985 : A Documented Analysis of the Movement[5], 1991.
  • GuillamĂłn, AgustĂ­n. DocumentaciĂłn histĂłrica del trosquismo español, 1936-1948 : de la Guerra Civil a la ruptura con la IV Internacional[6], 1996.
  • Figueras i Sabater, Arnau. Història de la FNEC: la FederaciĂł Nacional d'Estudiants de Catalunya de 1932 a 1986[3], 2005.
  • Font Vaillant, Rafael. Plus en avant, plus en avant ![1], 2014.

Notes et références

  1. Font Vaillant, Rafael. Plus en avant, plus en avant!. Éditions Vilar, 2014. (ISBN 978-2-910395-07-0).
  2. Ivern i Salvà, M. Dolors. Esquerra Republicana de Catalunya, 1931-1936. Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 1988, p. 320. (ISBN 84-7202-954-9).
  3. Figueras i Sabater, Arnau. Història de la FNEC: la Federació Nacional d'Estudiants de Catalunya de 1932 a 1986. Publicacions de l'Abadia de Montserrat, 2005, p. 42 et 47. (ISBN 84-8415-681-8).
  4. Prager, Rodolphe. L'Internationale dans la guerre, 1940-1946. Editions La Brèche, 1981, p. 116, 190 et 357. (ISBN 2-902524-18-8).
  5. Alexander, Robert J. International Trotskyism 1929–1985: A Documented Analysis of the Movement. Duke University Press, 1991, p. 298, 301, 305, 306, 370 et 371. (ISBN 0-8223-0975-0).
  6. Guillamón, Agustín. Documentación histórica del trosquismo español, 1936-1948 : de la Guerra Civil a la ruptura con la IV Internacional. Ediciones de la Torre, 1996, p. 31 et 252. (ISBN 84-7960-130-2).
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