Racines d'arbres
Racines d'arbres est le dernier tableau peint par le peintre néerlandais Vincent van Gogh le jour même de sa tentative de suicide à Auvers-sur-Oise, en France, le , des suites de laquelle il succomba deux jours plus tard. Il est conservé au musée Van Gogh d'Amsterdam.
Artiste | |
---|---|
Date | |
Type | |
Matériau | |
Lieu de création | |
Dimensions (H × L) |
50 × 100 cm |
Mouvement | |
No d’inventaire |
S0195V1962 |
Localisation |
Le tableau est un exemple des tableaux au format en double carré qu'il utilise pour ses derniers paysages.
Contexte
Après avoir passé un an dans l'asile d'aliénés Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence, Vincent van Gogh s'installe le à Auvers-sur-Oise, une petite ville au nord de Paris, où il passe les derniers mois de sa vie[1] - [2]. Il est suivi par le médecin Paul Gachet, lui-même artiste amateur, à la demande de son frère, Théo van Gogh[3].
Mais l'instabilité mentale de Vincent van Gogh reprend vers la fin . Le 27 de ce mois, Van Gogh prend son matériel de peinture et va peindre Racines d'arbres dans un champ derrière le château[4]. Peu après, il se tire un coup de revolver dans la poitrine ou dans l'abdomen. Revenu boitillant à l'auberge Ravoux, il monte directement dans sa chambre. Ses gémissements attirent l'attention de l'aubergiste Arthur Ravoux qui le découvre blessé : il fait venir le docteur Gachet qui lui fait un bandage sommaire (une opération chirurgicale est impossible vu l'état de la médecine à cette époque) et dépêche à Paris Anton Hirschig, artiste néerlandais pensionnaire de son auberge, pour prévenir Théo van Gogh. Vincent van Gogh y meurt deux jours plus tard, à l'âge de 37 ans, son frère Théo étant à son chevet[5].
Le sujet
Dès 1882, alors qu'il était à La Haye, Van Gogh réalise une étude sur les racines des arbres, Étude d'un arbre, qu'il avait achevée en même temps qu'une version plus grande et aujourd'hui perdue de Sorrow. Dans une lettre à son frère Theo, Vincent explique sa démarche : « Je voulais exprimer, tant dans cette figure de femme blême et mince que dans ces racines noires et bougonnes avec leurs nœuds, quelque chose de la lutte pour la vie »[6]. On ne sait pas s'il était revenu aux mêmes pensées avec ses Racines d'arbre de 1890 : les lettres ne donnent aucun indice et les couleurs sont peut-être trop vives pour des pensées aussi sombres[7].
Analyse critique
Jan Hulsker considère Racines d'arbres comme la plus originale de ses toiles en toiles en double carré[8]. Le spectateur pense pouvoir identifier les racines et les troncs des arbres, mais il lui est difficile d'identifier le sujet dans son ensemble[8]. Van der Veen et Knapp font remarquer que dans ce tableau, comme dans Trees and Undergrowth (en), c'est le tableau lui-même et non le sujet qui est prépondérant, ce qui annonce la peinture abstraite et l'expressionnisme allemand[9].
Wouter van der Veen, qui analyse le tableau en 2020 explique que « la lumière du soleil peinte par Van Gogh indique que les derniers coups de pinceau ont été peints vers la fin de l'après-midi, ce qui fournit plus d'informations sur le déroulement de cette journée dramatique se terminant par son suicide »[10] - [11]. Le tableau n'est cependant pas achevé à la mort de Van Gogh[10].
Dernière œuvre de l'artiste
Déjà considéré par certains comme le dernier tableau de l'artiste avant sa mort fin [7] - [12] - [13] - [10], le chercheur Wouter van der Veen, directeur scientifique de l'Institut Van Gogh d'Auvers-sur-Oise, travaillant sur la vie et l’œuvre de Vincent van Gogh, publie en 2020 une analyse de la dernière journée de Vincent van Gogh, du lieu où il a passé cette journée, du dernier tableau qu'il a peint (Racines d'arbres) et de ses derniers écrits, qui corrobore l'hypothèse du suicide[14]. Ainsi, sur la base d'une carte postale historique de 1900-1910, il détermine que Racines d'arbres a été réalisé rue Daubigny à Auvers-sur-Oise[10], à environ 150 mètres de l'Auberge Ravoux[11]. Les chercheurs du musée Van Gogh d'Amsterdam, sollicités par le chercheur, considèrent son hypothèse comme « hautement probable » et son étude comme une « découverte remarquable », compte tenu qu'il s'agit en plus de la dernière œuvre de l'artiste[11] - [4] - [14].
Selon Wouter van der Veen, la complexité de ce tableau prouve par ailleurs que le suicide de l'artiste ne fait pas suite à une crise de démence : « Vincent van Gogh réfléchissait longtemps à ses toiles. Pour faire un tableau avec une composition si complexe, il faut avoir toute sa tête. [...] Son geste ultime [son suicide] a été commis de manière consciente et lucide »[4].
Annexes
Illustration audio-visuelle
Bibliographie
- (en) Jacob-Baart de la Faille, The Works of Vincent van Gogh : His Paintings and Drawings, Amsterdam, Meulenhoff, (ISBN 978-1-55660-811-7).
- (en) Jan Hulsker, The Complete Van Gogh, Oxford, Phaidon, (ISBN 978-0-7148-2028-6).
- (en) Steven Naifeh et Gregory White Smith, Van Gogh : The Life, Profile Books, , 953 p. (ISBN 978-1-84668-010-6).
- (en) Wouter van der Veen et Peter Knapp, Van Gogh in Auvers : His Last Days, Monacelli Press, , 303 p. (ISBN 978-1-58093-301-8).
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Google Arts & Culture
- (nl + en) RKDimages
- (en) « Fiche de l'œuvre Tree Roots », sur musée Van Gogh (consulté le ).
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Tree Roots » (voir la liste des auteurs).
- Naifeh et White Smith 2011, p. 822 ff..
- Wouter Van der Veen et Peter Knapp, Vincent van Gogh à Auvers, France, Chêne, , 304 p. (ISBN 978-2-8123-0059-2).
- Lettre de Theodorus van Gogh à Paul Gachet, Paris, (F).
- Manon Botticelli, « « Racines », l'ultime toile inachevée de Vincent van Gogh, lève le mystère des dernières heures du peintre », sur francetvinfo.fr,
- Hulsker 1980, p. 480-483.
- (en) « Lettre 222 : à Théo van Gogh, La Haye, lundi 1er mai 1882 », sur vangoghletters.org (consulté le )
- (en) « Fiche de l'œuvre Tree Roots », sur musée Van Gogh (consulté le ).
- Hulsker 1980, p. 476.
- Veen et Knapp 2010, p. 164, 242.
- (en) « Van Gogh: Postcard helps experts 'find location of final masterpiece' », sur BBC News (consulté le ).
- (en) « Discovery of the Place Where Van Gogh Painted His Last Masterpiece » (reconstitution de l'œuvre), sur musée Van Gogh (consulté le )
- Veen et Knapp 2010, p. 242.
- Faille 1970, p. 307.
- Judith Perrignon, « « C’est un message d’adieu » : le secret du dernier tableau de Van Gogh », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
- Notice sur le site FranceTVpro.fr.