RĂ©volution du Quebracho
La révolution du Quebracho (en espagnol : revolución del Quebracho) fut un soulèvement armé qui se déroula en Uruguay, entre le 28 et le . Les révolutionnaires essayèrent, sans succès, de mettre fin au gouvernement du président Francisco A. Vidal et, surtout, aux agissements du général Máximo Santos, le véritable maître du pays.
Le problème de la réélection du général Máximo Santos
À l'approche de la fin du mandat présidentiel, prévue pour le , Máximo Santos prépara son maintien au pouvoir alors que la constitution interdisait la réélection du président de la République. Deux lois lui permirent de poursuivre son but : la première, malgré le fait qu'il fût militaire, l'autorisait désormais à entrer au Parlement () ; la seconde créait le département de Flores, afin de lui permettre d'être élu sénateur à la sortie de son mandat (). Enfin, pour lui succéder à la présidence, il fit élire un proche entièrement dévoué à sa cause : Francisco A. Vidal.
Les préparatifs révolutionnaires
Cette dernière manĹ“uvre exaspĂ©ra l'opposition, qui s'organisait depuis plusieurs mois dĂ©jĂ . Un comitĂ© rĂ©volutionnaire vit le jour Ă Buenos Aires avec pour objectif de prĂ©parer un soulèvement armĂ© afin de renverser le dictateur et de rĂ©tablir la lĂ©galitĂ© rĂ©publicaine. Ce comitĂ© regroupait des personnalitĂ©s appartenant aux trois partis politiques uruguayens de l'Ă©poque (le colorado Lorenzo Batlle, les blancos Juan JosĂ© de Herrera et MartĂn Aguirre, le constitutionnaliste Gonzalo RamĂrez, etc.) mais aussi des militaires (le colonel Gaudencio, un ancien partisan de Pedro Varela, le commandant Visillac, etc.).
Une armĂ©e fut mise sur pied. DirigĂ©e par les gĂ©nĂ©raux JosĂ© Miguel Arredondo et Enrique Castro, elle comprenait de nombreux intellectuels (universitaires, avocats...) et jeunes Ă©tudiants montĂ©vidĂ©ens, dont certains jouèrent plus tard un rĂ´le de premier plan dans la vie du pays (notamment les futurs prĂ©sidents de la RĂ©publique JosĂ© Batlle y Ordóñez, Juan Campisteguy et Claudio Williman). Les forces rĂ©volutionnaires, avec l'appui tacite des autoritĂ©s argentines, s'installèrent dans les provinces d'Entre RĂos et de Corrientes pour prĂ©parer l'invasion. Le gouvernement uruguayen protesta, obligeant le prĂ©sident argentin Julio A. Roca Ă louvoyer et temporiser pour Ă©viter une grave crise diplomatique et permettre aux insurgĂ©s de passer Ă l'action.
L'échec de la révolution et ses conséquences
Le , les révolutionnaires convergèrent vers la ville de Concordia, où ils s'emparèrent de navires, descendirent le fleuve Uruguay et débarquèrent en territoire uruguayen, au niveau de la rivière Guaviyú (nord-ouest du département de Paysandú). Ils progressèrent ensuite vers l'intérieur des terres malgré les escarmouches. Le , l'affrontement final eut lieu à proximité de la rivière Quebracho, au lieu-dit Puntas de Soto : les troupes gouvernementales, dirigées par le ministre de la guerre Máximo Tajes, écrasèrent les insurgés.
Ces derniers, à l'issue des combats, comptaient plus de 200 morts et 600 prisonniers. Mais Máximo Tajes épargna les vaincus et les transféra à Montevideo où Máximo Santos, dans un geste de clémence et de propagande, les libéra. L’invasion se solda donc par un cuisant échec, du fait de l'inexpérience et de l'insuffisante préparation des révolutionnaires, de leur infériorité numérique (1 700 hommes contre 5 000 gouvernementaux), de l'absence de cavalerie et de la mésentente entre les chefs militaires.
Avec l'échec de l'insurrection, Máximo Santos réactiva le processus qui devait assurer son retour au pouvoir. On créa pour lui le plus haut grade militaire du pays, celui de Capitaine général. Le , il fut élu sénateur du département de Flores et le président de la Chambre haute démissionna pour lui céder sa place. Le , Francisco A. Vidal renonça à la présidence de la République qui fut occupée automatiquement par Máximo Santos, en sa qualité de président du Sénat (la constitution ne prévoyait pas de poste de vice-président).