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RĂ©volte du Hauran de 1910

La rĂ©volte des Druzes du Hauran en 1910 fut un violent soulèvement des Druzes contre les autoritĂ©s ottomanes de la province syrienne, qui Ă©clata en 1909. La rĂ©bellion fut menĂ©e par la famille al-Atrache, dans le but d'obtenir l'indĂ©pendance. Mais elle se termina par une forte baisse dĂ©mographique de la communautĂ© druze, un dĂ©peuplement du Hauran et l'exĂ©cution de plusieurs dirigeants druzes.

RĂ©volte des Druzes du Hauran contre l'Empire ottoman
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Levant ottoman avec le Hauran (Haouran), 1862
Informations générales
Date 1909-1910
Lieu Hauran en Syrie
Issue victoire ottomane
Belligérants
Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottomanRebelles druzes
Commandants
Sami Pasha al-FarouqiZuqan al-Atrash
Forces en présence
35 bataillons
Pertes
inconnues2 000 morts et autant de blessés[1]
Plusieurs centaines de prisonniers

Origines

Le Hauran est un plateau volcanique, situĂ© au sud-ouest de la Syrie et s'Ă©tendant dans le coin nord-ouest de l'actuelle Jordanie. Il est dĂ©limitĂ© Ă  l'ouest par la VallĂ©e du Jourdain : il comprend les hauteurs du Golan, Ă  l'ouest, et le Djebel el-Druze Ă  l'est. Plus Ă  l'est s'Ă©tendent les steppes et terrains plus arides du dĂ©sert de Syrie.

Avec la conquĂŞte du sultanat mamelouk par le sultan ottoman SĂ©lim Ier en 1516, les Druzes Maan (en) maintiennent une semi-indĂ©pendance dans le sud du Mont-Liban. Les villages druzes prospèrent sous le règne du clan Maan et la rĂ©gion est parfois dĂ©signĂ©e comme Jabal Bayt-Ma'an (la montagne de la famille Maan) ou Djebel el-Druze. Ă€ partir du XIXe siècle, ce dernier nom est transfĂ©rĂ© au Hauran qui devient un refuge pour les Druzes chassĂ©s du Mont-Liban[2]. Les Druzes de la famille des al-Atrache gouvernent la rĂ©gion de SoueĂŻda depuis 1879. Le Hauran dĂ©pend alors du vilayet de Syrie (Damas). La construction du chemin de fer du Hauran, ouvert en 1895, bouleverse l'Ă©conomie rĂ©gionale et renforce l'emprise du pouvoir central. Ă€ la suite de la rĂ©volution des Jeunes-Turcs de 1908 et de l'Ă©lection du parlement ottoman, la perception des impĂ´ts et la conscription dans l'armĂ©e ottomane sont appliquĂ©es de façon plus stricte, entraĂ®nant des tensions et des rĂ©voltes, notamment parmi les Druzes du Hauran[3].

La rébellion

Sami Pacha al-Faruqi et les troupes Druzes de la rĂ©bellion près de la gare de Daraa.

La rĂ©bellion dans le Hauran Ă©clate en , Ă  l'issue d'un litige commercial entre le chef druze Yahia et les al-Atrache dans le village de Busra al-Harir. Ce litige dĂ©gĂ©nĂ©ra en un affrontement armĂ© entre les Druzes et les Ottomans alliĂ©s aux villageois locaux[4]. Après une annĂ©e de tentative de trĂŞve, la stabilitĂ© n'Ă©tait toujours pas atteinte, obligeant les Ottomans Ă  intervenir.

Le gĂ©nĂ©ral Sami Pacha al-Farouqi arrive Ă  Damas en , Ă  la tĂŞte d'une force expĂ©ditionnaire de 35 bataillons[4]. Bien que les Druzes soient conscients de leur infĂ©rioritĂ© face Ă  une telle force, plusieurs affrontements s'ensuivent. Zuqan el-Atrache livre une bataille acharnĂ©e contre les Ottomans près d'Al-Kafr, contre les troupes de Sami Pacha al-Farouqi. Après des combats dans deux villages, la rĂ©sistance druze s'effondre.

Sami Pacha, en alliant la force et la ruse, rĂ©ussit Ă  occuper l'ensemble de la rĂ©gion du Djebel el-Druze. La rĂ©bellion se termine avec de très nombreuses victimes parmi les habitants druzes, atteignant  près de 10 % de la population. Le nombre de tuĂ©s est d'environ 2 000, avec autant de blessĂ©s et des centaines de prisonniers, dĂ©tenus Ă  Damas et Acre[4]. Il s'ensuit un important dĂ©peuplement de zones entières Ă  l'intĂ©rieur de la rĂ©gion. Zuqan, leader de la rĂ©volte, est capturĂ© et exĂ©cutĂ© en 1911 (certaines sources Ă©voquent plutĂ´t 1910).

Les conséquences

Ă€ la suite de l'Ă©chec de la rĂ©volte druze, al-Farouqi lance une campagne visant Ă  dĂ©sarmer les Druzes. Environ 10 000 fusils sont ainsi rĂ©cupĂ©rĂ©s. Al-Farouqi effectue un recensement du Hauran, commandant pour ce faire 200 000 cartes Ă  Istanbul. Les impĂ´ts sont perçus[4]. En outre, un millier de Druzes sont enrĂ´lĂ©s de force dans l'armĂ©e ottomane et dispersĂ©s dans tout l'empire. La campagne druze de 1910 devient le point de dĂ©part de l'annulation de la "politique d'exception" en vigueur dans la Syrie ottomane, Ă©tendue ensuite Ă  la rĂ©gion de Jabal Ajloun, ainsi que lors de la rĂ©volte de Karak en Transjordanie.

Au cours de la Première Guerre Mondiale, les Ottomans laissent le Djebel el-Druze en paix car ils craignent une rĂ©bellion. Sultan el-Atrache, fils de Zuqan el-Atrache, entre alors en contact avec l'ensemble des mouvements nationalistes arabes et en particulier avec la rĂ©volte hachĂ©mite dans le Hedjaz. Quand les Arabes atteignent Aqaba, il envoie un millier d'hommes se joindre Ă  la rĂ©volte. Il les rejoint lui-mĂŞme avec 300 hommes supplĂ©mentaires lorsqu'ils atteignent Bosra. Ses forces participent Ă  la prise de Damas par les forces britanniques et hachĂ©mites et sont parmi les premières Ă  entrer dans Damas et Ă  faire flotter le drapeau arabe sur le parlement le . Sultan el-Atrache entretient de bonnes relations avec l'Ă©mir hachĂ©mite Fayçal, chef de file des forces arabes en rĂ©volte. Le chef druze reçoit le titre d'Ă©mir et le grade de gĂ©nĂ©ral dans l'armĂ©e syrienne, l'Ă©quivalent du titre de Pacha.

En 1920, la famille al-Atrache soutient l'Ă©phĂ©mère royaume arabe de Syrie, rapidement occupĂ© par la France après la bataille de Khan Mayssaloun le . Sultan el-Atrache essaie de rassembler ses troupes pour lutter contre les Français mais l’enchaĂ®nement rapide des Ă©vĂ©nements l'empĂŞche de mener Ă  bien ses projets. Les troupes françaises entrent dans Damas et divisent le pays en 5 États, l'État des Druzes (Jabal al-Druze) Ă©tant l'un d'eux. Sultan el-Atrache deviendra plus tard le chef des rebelles pendant la rĂ©volte druze contre le mandat français sur la Syrie et le Liban entre 1925 et 1927, et reste une figure importante dans la vie politique syrienne malgrĂ© la dĂ©faite de l'insurrection.

Voir aussi

Références

  1. (en) E.L. Rogan, Frontiers of the State in the Late Ottoman Empire: Transjordan, 1850-1921, Google.co.il, p. 192
  2. Les origines de la communauté Druze les Gens et la Religion, par Philip K. Hitti, 1924
  3. Schsenwald, William L. "Le Vilayet de Syrie, 1901-1914: Un RĂ©-Examen de Documents Diplomatiques en tant Que Sources."
  4. Rogan, E. L. "les Frontières de l'État à la Fin de l'Empire Ottoman: la Transjordanie, 1850-1921".
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