Accueil🇫🇷Chercher

Quatre de Breda

Les Quatre de Breda (après 1966 les « Trois de Breda » et après 1979 les « Deux de Breda ») sont des criminels de guerre allemands[1] qui ont été condamnés à une peine de prison à vie et détenus à Breda aux Pays-Bas pour crimes contre l'humanité.

Les condamnés

  • Franz Fischer
    Franz Fischer (1901-1989), a travaillé aux Pays-Bas à partir de février 1942 au sein du service spécial IV B 4 de la Gestapo, appelé Judenreferat, qui était responsable de l'enregistrement, de l'arrestation et de la déportation des Juifs néerlandais. La traque des personnes qui cachaient les persécutés faisait également partie des attributions de Fischer. Dans la cave de la villa de service du BdS à Scheveningen, Fischer maltraitait les détenus avec des bâtons et des barres de fer afin de leur extorquer des aveux par la force. Dans le cadre du "jeu du sous-marin", précurseur de la technique de torture du "waterboarding", il plongeait ses victimes sous l'eau jusqu'à ce qu'elles révèlent des informations utiles. À partir d'août 1942, Fischer a joué un rôle déterminant dans la déportation de 13.000 Juifs de La Haye, dont des malades, des enfants et des vieillards, vers les camps d'extermination à l'Est. En révision d'un jugement de 1949, il a été condamné à la prison à vie l'année suivante pour crimes contre l'humanité[2].
    Ferdinand aus der FĂĽnten
  • Ferdinand Hugo aus der FĂĽnten (1909-1989) a dirigĂ© Ă  Amsterdam l'Office central pour l'Ă©migration juive des Pays-Bas occupĂ©s. Il y a organisĂ© de nombreuses rafles et, sous sa supervision personnelle, les maisons de retraite, les hĂ´pitaux et l'orphelinat juifs de la communautĂ© israĂ©lite furent Ă©vacuĂ©s. Ainsi, le 21 janvier 1943, il a coordonnĂ© l'Ă©vacuation de 1.200 personnes handicapĂ©es mentales et de cinquante membres du personnel soignant de l'hĂ´pital juif d'Apeldoorn. Les Waffen SS ont conduit les patients, parfois peu vĂŞtus ou nus, vers des camions qui les ont acheminĂ©s vers des wagons de marchandises dans lesquels ils ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s, sans nourriture, ni chauffage, ni couchage, vers le camp de transit de Westerbork et de lĂ  vers la Pologne pour y ĂŞtre exterminĂ©s. Après le dĂ©part des trains, les SS fouillaient les effets personnels des patients. Aus der FĂĽnten s'emparait de l'argent trouvĂ©. En rĂ©vision d'un jugement de 1949, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  la prison Ă  vie en 1950 pour crimes contre l'humanitĂ©[3].
    Joseph Johann Kotälla, également connu sous le nom de Jupp Kotalla
  • Joseph Johann Kotalla (1908-1979), chef de camp de dĂ©tention prĂ©ventive et commandant adjoint du camp de transit d'Amersfoort. Ă€ partir de novembre 1939, il a servi dans diverses unitĂ©s SS, notamment au camp de concentration de Buchenwald. Après avoir occupĂ© diffĂ©rents postes, il a Ă©tĂ© dĂ©tachĂ© en 1941 auprès du commandant de la police de sĂ©curitĂ© et du service de sĂ©curitĂ© du ReichsfĂĽhrer SS (SD) Ă  La Haye, d'oĂą il est venu Ă  Amersfoort. C'est lĂ  qu'il fut surnommĂ© le "bourreau d'Amersfoort" en raison de son sadisme. Il maltraitait les dĂ©tenus sous-alimentĂ©s Ă  l'aide de cannes et de matraques en caoutchouc ou lançait des chiens sur eux, il laissait les prisonniers sans nourriture ni eau pendant des heures ou des jours dans un bout de terrain entourĂ© de barbelĂ©s Ă  l'intĂ©rieur du camp. Il a abattu des dizaines de dĂ©tenus dans un bois et sur un stand de tir. En dĂ©cembre 1948, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort Ă  Amsterdam, notamment pour avoir "tirĂ© ou participĂ© Ă  l'exĂ©cution sans procès d'un total de 77 dĂ©tenus"[4].
  • Willy Lages
    Willy Lages (1901-1971) était à la tête de la police de sûreté (Sicherheitspolizei) et du Service de la sécurité du Reichsführer-SS (Sicherheitsdienst ), à Amsterdam, après avoir occupé cette fonction à La Haye. P. Lors de l'"Aktion Silbertanne" (action du sapin argenté), menée avec la collaboration de Lages, le Sicherheitsdienst et ses hommes de main néerlandais assassinèrent sournoisement des dizaines de résistants. En 1941, Lages prit la direction de l'"Office central pour l'émigration juive". Son successeur fut aus der Fünten, avec lequel il déporta des juifs des Pays-Bas par dizaines de milliers vers les camps d'extermination. Lages a été condamné à mort en 1949 pour la déportation de 70.000 Juifs et pour son rôle dirigeant dans l'exécution de 300 personnes au total[4].

DĂ©tention

Dès les années 50, les criminels de guerre bénéficient de la sollicitude des gouvernements allemands successifs, y compris ceux des sociaux-libéraux Willy Brandt et Helmut Schmidt, qui tentent d'obtenir des autorités néerlandaises leur libération.

Koepelgevangenis, la prison de Breda où étaient enfermés les criminels de guerre nazis et leurs collaborateurs. Photographie des années 1960.

En 1966, Willy Langes, souffrant de cancer, est libéré pour raisons humanitaires. Kotalla meurt en détention en 1979. Ferdinand aus der Fünten et Franz Fischer sont libérés le 27 janvier 1989; ils décèdent tous deux dans l'année[5].

Bibliographie

  • Harald FĂĽhner: Nachspiel. Die niederländische Politik und die Verfolgung von Kollaborateuren und NS-Verbrechern, 1945–1989, MĂĽnster 2005 (Compte-rendu chez H-Soz-u-Kult (PDF-Datei; 83 kB))
  • (de) Felix Nikolaus Bohr, Die Kriegsverbrecherlobby : Bundesdeutsche Hilfe fĂĽr im Ausland inhaftierte NS-Täter, Berlin, Suhrkamp Verlang, , 558 p. (ISBN 978-3-518-42840-5). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • (en) Felix Nikolaus Bohr, « A» Burden «from the Second World War? : The» Breda Four «and their Effect on German-Dutch Relations », Francia, vol. 44,‎ , p. 415-424.

Notes et références

  1. (nl) « De Drie van Breda », sur De Dokwerker De Tweede Wereldoorlog met een link naar Amsterdam
  2. Bohr 2018, p. 43.
  3. Bohr 2018, p. 47.
  4. Bohr 2018, p. 52.
  5. Bohr 2017, p. 415.

Article connexe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.