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Pyramide de PĂ©pi II

La pyramide de PĂ©pi II est une pyramide Ă  textes situĂ©e Ă  Saqqarah sud en Égypte, au nord-ouest du mastaba de Chepseskaf. Il s'agit du dernier complexe pyramidal de l'Ancien Empire. Longtemps exploitĂ©e comme carriĂšre, la pyramide a Ă©tĂ© ouverte la premiĂšre fois par Gaston Maspero en 1881. Ses ruines ont Ă©tĂ© minutieusement Ă©tudiĂ©es par l'Ă©gyptologue Gustave JĂ©quier qui put reconstituer l'ensemble funĂ©raire ainsi que les textes figurant sur les parois de la chambre funĂ©raire lors de deux campagnes de fouilles de 1932 Ă  1935.

Pyramide de PĂ©pi II
Pyramides d'Égypte et de Nubie
Commanditaire
Autre nom
Men-Ăąnkh NeferkarĂȘ, Mn-ˁnáž« Nfr-kʒ-Rˁ (« NeferkarĂȘ est durable et vivant »)
ou
Men-ùnkh Pépi, Mn-ˁnឫ Ppj (« Pépi est durable et vivant »)
Nom (hiéroglyphes)
V10AN5F35D28V11A

Y5
N35
S34O24

ou
V10AQ3
Q3
M17M17V11A

Y5
N35
S34O24
Type
Hauteur
52,40 m (100 coudées)
Base
78,75 m (150 coudées)
Coudée
0,524 mĂštres
Entrée
Nord
Temple funéraire
Un temple funéraire
Coordonnées
29° 50â€Č 25″ N, 31° 12â€Č 48″ E
Carte

Depuis 1996, le complexe funéraire et ses alentours ont fait l'objet d'une étude approfondie de la Mission archéologique française à Saqqarah.

Le complexe funéraire

Bas-reliefs du complexe funéraire

L'ensemble comprend la pyramide principale, une pyramide du Ka, trois pyramides de reines, un temple d'accueil et un temple funéraire reliés par une longue chaussée couverte de quatre cents mÚtres de longueur dont le long tracé à travers le désert devait autrefois barrer le passage comme un véritable mur.

Le temple de la vallĂ©e ou temple bas prĂ©sente un plan singulier pour ce type d’édifice. SituĂ© sur un grand quai de plus de cent cinquante mĂštres de dĂ©veloppement sur un axe nord-sud, il dominait un vaste port qui autrefois le reliait au canal de Memphis. On pouvait y accĂ©der par deux rampes latĂ©rales, qui donnaient sur une sorte d’esplanade encadrĂ©e sur trois de ses cĂŽtĂ©s par la façade du temple, Ă©tirĂ©e sur toute la longueur du quai et terminĂ©e par deux ailes perpendiculaires aux deux extrĂ©mitĂ©s nord et sud, dans lesquelles des escaliers avaient Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s.

Il est difficile de restituer l’aspect initial de l’ensemble de cette façade car le tout est ruinĂ© jusqu’aux premiĂšres assises basses. Aucune trace de colonnade n’y a Ă©tĂ© dĂ©couverte, il faut donc imaginer un long et probablement haut mur, aux pans lĂ©gĂšrement inclinĂ©s, reliant deux mĂŽles, placĂ©s aux deux extrĂ©mitĂ©s du quai d’un port que l’on sait avoir Ă©tĂ© le cƓur d’une ville de pyramide Ă©tendue jusqu’au faubourg de Memphis.

Dans l’axe de ce mur ouvrait une unique porte qui donnait sur un grand vestibule, dont le plafond Ă©tait soutenu par huit colonnes, qui distribuait par le sud une premiĂšre sĂ©rie de quatre magasins disposĂ©s en dents de peignes. Par l’ouest dans l’axe principal se trouvait une seconde salle encadrĂ©e de deux sĂ©ries de magasins et d’un petit corridor au nord dĂ©bouchant sur un escalier qui donnait accĂšs au toit du temple. Enfin une troisiĂšme salle en enfilade toujours dans l’axe principal ouvrait sur la chaussĂ©e qui obliquant vers le sud-ouest Ă  travers le dĂ©sert reliait le temple de la pyramide.

C'est lors de la fouille de ce dernier monument que Gustave Jéquier a découvert des restes de coffrets au nom de Pépi II, dont les couvercles représentent le roi accompagné par des divinités lui offrant le signe ùnkh, symbole de la vie éternelle ou procédant à certains rites relatifs au couronnement. Ces éléments faisaient sans doute partie du mobilier cultuel du temple[1].

Piliers de la cour du temple funéraire de la pyramide de Pépi II

Ce temple funĂ©raire ou temple haut comprend une partie d’accueil dĂ©veloppĂ©e sur plus de soixante mĂštres de longueur sur un axe est-ouest. Depuis le dĂ©bouchĂ© de la chaussĂ©e jusqu’au pĂ©ribole de la pyramide, on traversait d’abord un vestibule flanquĂ© de deux petites piĂšces annexes, puis un grand corridor ouvrant sur la grande cour cĂ©rĂ©monielle. PĂ©ristyle Ă  dix-huit piliers de quartzite, elle est l’unique accĂšs Ă  la partie intime du temple une fois le pĂ©ribole franchi. Chaque pilier a reçu sur sa face orientĂ©e du cĂŽtĂ© de la cour une reprĂ©sentation du roi accompagnĂ© d'une divinitĂ© et lĂ©gendĂ©e du protocole royal. Les magasins qui flanquent au nord et au sud cette partie d’accueil du temple ne sont accessibles qu’à partir d'un long couloir transversal formant vestibule. Ce dernier ouvre sur le sanctuaire toujours dans l’axe oriental, dotĂ© des cinq chapelles du culte et de toutes les annexes nĂ©cessaire Ă  son fonctionnement, et derriĂšre lequel on trouve la salle abritant la stĂšle fausse porte de PĂ©pi II. Au sud et accessible depuis le pĂ©ribole se trouve la pyramide-satellite du complexe qui s’élevait Ă  une dizaine de mĂštres de hauteur.

De nombreux fragments de la dĂ©coration du temple ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s et permettent de restituer un programme iconographique classique, figurant le roi devant des processions d'offrandes ou bien en tant qu'acteur principal de scĂšnes de chasses ou de combats contre les ennemis de l'Égypte en prĂ©sence des grands courtisans du royaume. Des reprĂ©sentations en ronde bosses de ces traditionnels ennemis ont Ă©tĂ© mises au jour dans le temple. FigurĂ©s Ă  genoux et les bras entravĂ©s dans le dos ils venaient complĂ©ter ce dĂ©cor prophylactique et Ă©taient sans doute dominĂ©s par des statues du roi qui devaient partout occuper les espaces du temple[2].

La pyramide principale

La superstructure Ă©tait autrefois composĂ©e d'un monument Ă  six Ă©tages ou degrĂ©s, achevĂ©e en pyramide Ă  faces lisses. Chacun des degrĂ©s est formĂ© d'un coffrage en maçonnerie constituĂ©e de moellons d'un calcaire local liĂ©s par un mortier, contenant un blocage de pierre du mĂȘme calcaire de qualitĂ© mĂ©diocre et de toute taille qui forme le gros Ɠuvre. Chaque coffre ainsi construit en retrait s'encastre dans le prĂ©cĂ©dent jusqu'Ă  la base du monument lui assurant sa soliditĂ©. Une fois les six degrĂ©s achevĂ© une seconde maçonnerie de calcaire, venait combler les gradins afin de recevoir le parement de calcaire fin de Tourah qui a Ă©tĂ© partiellement prĂ©servĂ© au niveau des assises basses de la pyramide.

Elle s'élevait alors à un peu plus de cinquante-deux mÚtres pour une base de plus de soixante-dix-huit de cÎté, ce qui, rapporté en coudées égyptiennes, donne une proportion de cent coudées de hauteur pour cent cinquante coudées de base. Sur la face nord de la pyramide, une chapelle avait été construite afin d'abriter l'accÚs au dispositif souterrain menant à la chambre funéraire.

Les fouilles et Ă©tudes menĂ©es sur le monument ont rĂ©vĂ©lĂ© que la qualitĂ© de la construction est inĂ©gale et a produit de graves dĂ©fauts dans la stabilisation de l'Ă©difice une fois achevĂ© notamment en ce qui concerne son parement qui, se fissurant Ă  la base, menaçait de se dĂ©solidariser voire de s'effondrer sous les poussĂ©es extraordinaires du poids du revĂȘtement. Les architectes de l'antiquitĂ© ont dĂ» alors procĂ©der Ă  un renforcement de l'ensemble en faisant Ă©difier un mur ceinture tout autour de la pyramide, s'encastrant dans le dallage du pĂ©ribole et soutenant ainsi le parement. Ce mur a Ă©tĂ© conçu en pierres de taille soigneusement ajustĂ©es, lui confĂ©rant la soliditĂ© nĂ©cessaire pour son rĂŽle de "contrefort". Ce faisant ils dĂ©truisirent la chapelle nord, remployant sa maçonnerie dans celle du mur ceinture, ce qui indique que l'incident s'est produit aprĂšs la mort et les funĂ©railles de PĂ©pi.

C'est précisément grùce à ce remploi que l'on a pu retrouver des pans entiers des reliefs qui couvraient initialement les murs de la chapelle nord. Récupérés, répertoriés et classés par Gustave Jéquier, ces blocs ont permis d'en restituer son programme iconographique. Sur les parois est et ouest sont représentées de grandes figures du roi assis sur son trÎne devant des tables d'offrandes abondamment chargées par des serviteurs s'avançant vers lui depuis les parois nord. Celles-ci encadrant la porte d'accÚs présentent l'arrivée et la réception des offrandes en question avec notamment des scÚnes de boucheries. Sur la paroi sud dominée par une stÚle fausse porte, étaient figurés des défilés de divinités. Cette découverte a complété les restes de décors que l'on possédait pour d'autres exemples de chapelles nord de pyramides royales mais qui jusque-là n'étaient pas compréhensibles car trop fragmentaires.

Les infrastructures suivent le modĂšle que l'on retrouve Ă  la pyramide de DjedkarĂȘ IsĂ©si et que tous les architectes recopient depuis le rĂšgne de ce roi. Une descenderie mesurant un peu plus de vingt mĂštres de longueur prend donc son point de dĂ©part sur la face nord du monument, sous le dallage du pĂ©ribole autrefois protĂ©gĂ© par la chapelle nord. ObstruĂ©e Ă  l'origine par quatre bouchons de granit, elle mĂšne Ă  un vestibule dont le plafond a reçu un dĂ©cor peint d'Ă©toiles Ă  cinq branches, blanches sur un fond noir, orientĂ©es vers l'ouest. Suit un couloir horizontal lui-mĂȘme barrĂ© par trois herses de granit. Ce couloir dont les murs ont reçu un premier dĂ©cor de textes des pyramides aboutit Ă  une antichambre suivie de la chambre funĂ©raire, l'ensemble Ă©tant axĂ© est-ouest et situĂ© sous l'apex de la pyramide. Les chambres sont couvertes d'une imposante voĂ»te de dix-huit monolithes disposĂ©s en chevrons. L'intrados de cette voĂ»te est peint en bleu et couvert d'Ă©toiles dorĂ©es. Par l'est de l'antichambre, une porte mĂšne au serdab de la pyramide qui est ici complĂštement dĂ©truit.

La chambre funéraire, dont les parois étaient couvertes de textes, mesurait un peu plus de trois mÚtres de largeur pour prÚs de huit de longueur[3]. Le mur occidental de la chambre a également reçu un décor de façade de palais.

Devant se trouve le sarcophage en grauwacke dont la cuve mesurait prĂšs de trois mĂštres de longueur pour environ un mĂštre trente de largeur sur une hauteur d’un mĂštre vingt. Elle possĂšde sur ses quatre faces une inscription en hiĂ©roglyphes gravĂ©s en relief dans la pierre et donnant le protocole complet de PĂ©pi. L'ensemble de la cuve est d'une facture soignĂ©e, mais prĂ©sente des indices d'inachĂšvement notamment en ce qui concerne l'inscription qui possĂšde encore les marques d'Ă©tudes prĂ©paratoires Ă  son exĂ©cution et ne prĂ©sente aucune trace de dorure contrairement Ă  ce que l'on pourrait s'attendre pour un sarcophage royal de cette Ă©poque[4]. Le couvercle du sarcophage Ă©galement en grauwacke est le tĂ©moin de cet inachĂšvement. Encore visible sur place, il n'a pas Ă©tĂ© poli et n'a reçu aucune trace d'un projet d'inscription. Des fragments d'une caisse Ă  canopes en albĂątre ont Ă©tĂ© trouvĂ©s devant le sarcophage. Le couvercle de cette caisse a Ă©tĂ© retrouvĂ©, mais est taillĂ© dans un bloc de granite, autre tĂ©moin troublant d'un mobilier funĂ©raire achevĂ© apparemment Ă  la hĂąte.

Ces indices en plus du dĂ©cor des appartements funĂ©raires laissĂ© Ă  l'abandon, rajoutĂ©s aux preuves d'une construction hĂątive du monument, semblent mal cadrer avec la longĂ©vitĂ© du rĂšgne de PĂ©pi II. Partout dans l'Ă©tude du monument, les Ă©gyptologues ont en effet relevĂ© des traces d'inachĂšvement de la pyramide comme si, au cours de sa construction, le chantier avait subi des arrĂȘts pour finalement accuser un retard tel que lors du trĂ©pas du roi, on dut terminer Ă  la hĂąte le mobilier funĂ©raire et la prĂ©paration de la chambre.

La nécropole de Pépi II

Comme tout complexe pyramidal royal, celui de PĂ©pi II Ă©tait situĂ© au cƓur d'une nĂ©cropole contemporaine dans laquelle la famille royale et les courtisans se faisaient bĂątir leurs tombes afin d'accompagner leur souverain dans sa destinĂ©e immortelle.

Ainsi de part et d’autre de cet ensemble, trois pyramides de reines toutes dotĂ©es d’un ensemble cultuel indĂ©pendant ont Ă©tĂ© identifiĂ©es. Ces vĂ©ritables complexes pyramidaux miniatures prĂ©sentent en effet tous les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires au culte funĂ©raire des Ă©pouses royales de cette fin de la VIe dynastie :

Ces deux derniers étant situés au nord-ouest du complexe pyramidal royal.

Restitutions virtuelles


  • Restitution du complexe pyramidal de PĂ©pi II
    Restitution du complexe pyramidal de PĂ©pi II
  • Restitution du complexe pyramidal de PĂ©pi II
    Restitution du complexe pyramidal de PĂ©pi II
  • Restitution de la pyramide de PĂ©pi II et de celles de ses Ă©pouses
    Restitution de la pyramide de PĂ©pi II et de celles de ses Ă©pouses
  • Restitution des pyramides de Neith et d'Ipout II situĂ©es au nord et au nord-ouest de la pyramide du roi
    Restitution des pyramides de Neith et d'Ipout II situées au nord et au nord-ouest de la pyramide du roi

Notes et références

  1. Cf. Jean-Pierre Adam & Christiane Ziegler, Les pyramides d'Égypte, p. 104.
  2. Ibid. p. 102.
  3. Murs est et ouest : 3,15 m ; mur nord : 7,79 m ; mur sud : 7,91 m.
  4. En effet, les sarcophages de TĂ©ti, PĂ©pi Ier et MĂ©renrĂȘ prĂ©sentent tous des vestiges d'un tel dĂ©cor rapportĂ©

Références bibliographiques

  • Gaston Maspero, La pyramide du roi PĂ©pi II, RĂ©cents travaux Ă  SaqqarĂą XII & XIV, 1892-1893
  • Gustave JĂ©quier, Le monument funĂ©raire de PĂ©pi II, volume I. : Le tombeau royal, 1936 ; volume II. : Le temple, 1938 ; volume III. : Les approches du temple, 1940 - IFAO
  • Jean-Pierre Adam & Christiane Ziegler, Les pyramides d'Égypte, 1999
  • Audran Labrousse, L'architecture des pyramides Ă  textes, volume II. Saqqara Sud, Mission ArchĂ©ologique de Saqqara III, 2000 - IFAO

Liens externes

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