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Puits Hottinguer

Le puits Hottinguer Ă©tait l'un des principaux charbonnages des houillères d'Épinac. Les bâtiments construits entre 1872 et 1876 abritaient un mode d’extraction par un système atmosphĂ©rique rĂ©volutionnaire : un piston se dĂ©plaçant dans un tube de 558 m de hauteur, usinĂ© au Creusot (technique originale de l’ingĂ©nieur Zulma Blanchet) et non par câbles traditionnels qui ne permettaient pas Ă  cette Ă©poque de descendre aussi bas (plus de 600 mètres), profondeur qui en fait Ă  sa mise en service en 1871 le puits de mine le plus profond de France.

Puits Hottinguer
Image illustrative de l’article Puits Hottinguer
CoordonnĂ©es 46° 59′ 01″ nord, 4° 31′ 15″ est
Début du fonçage 1863
Mise en service 1871
Profondeur 623,2 mètres
Étages des accrochages 618 mètres
ArrĂŞt 1936
Remblaiement ou serrement 1936
Administration
Pays France
Région Bourgogne-Franche-Comté
DĂ©partement SaĂ´ne-et-Loire
Commune Épinac
Caractéristiques
Compagnie Houillères d'Épinac
Ressources Houille
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1992)
Logo monument historique ClassĂ© MH (2022)

GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Puits Hottinguer
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne-Franche-Comté
(Voir situation sur carte : Bourgogne-Franche-Comté)
Puits Hottinguer
GĂ©olocalisation sur la carte : SaĂ´ne-et-Loire
(Voir situation sur carte : SaĂ´ne-et-Loire)
Puits Hottinguer

Après sa fermeture en 1936, il est reconverti en usine de peinture à partir de 1948 par la société BITULAC avant de se retrouver à l’abandon en 1998 à peine une dizaine d'années après l'incendie du 12 mars 1989. Il est inscrit comme monument historique par arrêté du et il est classé par arrêté du qui se substitue à celui d'inscription[1]. La tour Malakoff et ses ailes sont en rénovation depuis fin 2012. La construction d'une centrale photovoltaïque à proximité des anciens bâtiments est en cours d'étude.

Fonçage

Le puits Hottinguer est foncé non loin du puits de la Garenne car les ingénieurs pensent y trouver le prolongement des couches de houille avec une réserve estimée à 400 millions d'hectolitres[2]. Le fonçage du puits démarre le [2].

En 1868, le puits atteint 447 mètres de profondeur et les ingĂ©nieurs se rendent compte que l'inclinaison des couches gĂ©ologiques a changĂ©. Alors que les ingĂ©nieurs pensent trouver le charbon Ă  530 mètres de profondeur, ils ne l’atteindront toujours pas Ă  600 mètres[3]. Finalement, la houille (couche de 4 mètres de puissance) est atteinte le Ă  618 mètres de profondeur et Ă  110 mètres de la recette de fond, après le creusement d'un travers-banc, il devient alors le puits de mine le plus profond de France[3].

Exploitation

La centrale thermique du puits Hottinguer.

Avant 1884, la production du puits Hottinguer restera faible pour plusieurs raisons : le système pneumatique est difficile à mettre en place, la machine à vapeur de 40 ch est insuffisante et les couches rencontrées ne sont pas de bonne qualité[4]. Vers 1884-1885, la production croît grâce à des nouvelles découvertes à l'étage 618 et grâce au système pneumatique devenu fiable[4].

En 1887, à la suite du décès de Monsieur Blanchet, l'extraction par tube est arrêtée et se concentre à l'étage 618 par câbles[4]. En 1910 la centrale électrique du puits Hottinguer vend du courant jusqu'à Autun et Meursault[5]. Le puits Hottinguer cesse définitivement d'extraire en 1936, trente ans avant la fermeture complète du bassin Epinacois[4].

Installations de surface

Par ses dimensions et son originalité de construction, le bâtiment du puits Hottinguer est unique en France. Cette architecture dite de tour Malakoff, était assez répandue en Allemagne. En effet, dans un même ensemble était regroupés le chevalement et la machine d'extraction. Choix atypique des Houillères d'Épinac inspiré des systèmes belges ou allemands, mais aussi par les contraintes liées à la spécificité du procédé atmosphérique qui nécessitait d’abriter des installations au jour très encombrantes et très aériennes, d’où la hauteur de la tour[6].

Extraction par tube pneumatique

En 1871, les techniques d'extraction classiques, par câbles, ne permettent pas d'équiper un puits aussi profond que le puits Hottinguer, c'est pourquoi un système pneumatique sera imaginé par Zulma Blanchet[3].

Ce système utilise un tube faisant toute la longueur du puits dans lequel se trouve un piston. Sur le carreau du puits se trouve une machine pneumatique permettant d'aspirer l'air contenu dans le tube. Lors de l’ascension, la machine pneumatique aspire l'air contenu au-dessus du piston, provoquant la montée de celui-ci dans le tube. Lors de la descente, l'air est réintroduit dans le tube par des vannes qui régulent la chute du piston et de la cage[7].

Application au puits Hottinguer

Vue général du puits Hottinguer en activité.

Le , une dĂ©cision ministĂ©rielle autorise l'utilisation du procĂ©dĂ© pneumatique au puits Hottinguer. Le tube est fabriquĂ© au Creusot et sera installĂ© au milieu des annĂ©es 1870[7]. Le premier essai a lieu le , l'ascension du piston se fera en vingt minutes sur une hauteur de 558 mètres. La mise en route de l'extraction par le tube aura lieu fin aoĂ»t 1876[7].

Caractéristiques

Voici les caractéristiques techniques de l’installation terminée[8] :

  • le tube : il se compose de 485 viroles en tĂ´les Ă©paisses de 8 millimètres pour un poids cumulĂ© de 342 025 kg et un diamètre de 1,6 mètre ;
  • les pistons : ils se composent de bois Ă©tanchĂ©ifiĂ© par une garniture de cuir ;
  • la cage : elle est en acier et se compose de trois Ă©tages ;
  • le puits : possède un diamètre utile de 4,25 mètres, il est composĂ© de quatre compartiments : celui du tube, celui des Ă©chelles, celui de l'extraction par câbles et enfin celui pour l'aĂ©rage ;
  • la machine : fabriquĂ© Ă  Saint-Étienne dans les ateliers RĂ©vollier et BĂ©trix, elle sera livrĂ©e en 1880 et mise en service deux ans plus tard. D'une puissance de 1 500 ch, elle se compose de deux machines Ă  vapeur couplĂ©es Ă  deux cylindres d'une course et d'un diamètre de 1,2 mètre. Avec cette machine, l'ascension se faisait en trois minutes et la descente en six minutes[9].

Reconversion

L'après-mine

L’intérêt patrimonial porté à cette tour n’est pas récent. À la fin du XIXe siècle, ce puits considéré comme unique en France accueillait déjà de nombreux visiteurs. En 1893, les membres de la Société de l’Industrie Minérale de France organisent son congrès annuel en Bourgogne et la seule visite de site historique sera celle du puits Hottinguer[10].

Ce puits et ses bâtiments, suffisamment intéressants, sont également l’objet de mémoires rédigés par des élèves de l’École nationale supérieure des mines de Paris[10]. Pour la période actuelle, la prise de conscience, en dehors du bassin d’Epinac, de l’intérêt patrimonial du puits Hottinguer remonte aux années 1980. Un ouvrage, fondateur de l’archéologie industrielle en France, publié aux éditions Robert Laffont, présente d’importants développements concernant le caractère unique de ce bâtiment. Le CILAC, principale association française de conservation et de valorisation du patrimoine industriel, a publié un article sur le puits dans ses premières revues. En 2004, lors du colloque célébrant son 25e anniversaire, qui s’est tenu au Creusot, les membres du CILAC ont tenu à visiter le puits Hottinguer[10].

L'ouvrage intitulé Les Routes de l’énergie, Épinac, Autun, Morvan, écrit par Jean-Philippe Passaqui, professeur au lycée militaire, docteur en histoire, et Dominique Chabard, conservateur du Muséum d'histoire naturelle d’Autun, traite notamment de la houille à Épinac, en particulier du puits Hottinguer[10].

Il faut rappeler que, lors de la fermeture des mines, la destruction des installations a été importante mais les bâtiments du puits Hottinguer n’ont pas subi ce sort, rachetés par une entreprise de peinture[3]. Ils constituent donc un témoignage des plus importants de notre patrimoine industriel, puisqu’ils sont parvenus jusqu’à nous dans un assez bon état de conservation (d’après les spécialistes de sauvegarde des sites industriels)[11]. Il est inscrit comme monument historique le [12].

  • Vue de la tour du puits Hottinguer en 2010.
    Vue de la tour du puits Hottinguer en 2010.
  • Autre vue du puits Hottinguer.
    Autre vue du puits Hottinguer.
  • Ancien laboratoire de peinture attenant Ă  la tour.
    Ancien laboratoire de peinture attenant Ă  la tour.
  • La cheminĂ©e.
    La cheminée.

En 2012, le site du puits est toujours dĂ©saffectĂ©. Un comitĂ© rassemblant des membres de collectivitĂ©s locales, de l'État, de la DRAC ainsi que quelques associations ont dĂ©battu de la rĂ©habilitation du puits Hottinguer[13]. Le maire d’Épinac a prĂ©sentĂ© le projet du site qui inclut la rĂ©novation des bâtiments et l’installation d'une centrale photovoltaĂŻque de huit hectares. Cette centrale sera construite sur un ancien site de stockage de matĂ©riau et carrière. Ces travaux devraient se dĂ©rouler sur une pĂ©riode de 10 Ă  15 ans[14].

Vestiges

Le site en travaux en 2019.

En 2013, le site du puits est en cours de réhabilitation. Les bâtiments miniers subsistants sont la tour Malakoff, ses deux ailes (dont une sans toiture), ainsi que quelques annexes dont la cheminée tronquée et des ruines environnantes. Sur place se trouvent également des bâtiments plus modernes construits par la société de peinture[Note 1].

Chronologie des travaux

Le puits vu depuis le terril.
  • Fin 2012, durant deux semaines, six jeunes ont dĂ©blayĂ© les bâtiments du puits Hottinguer[15].
  • D'avril Ă  dĂ©cembre 2013, un chantier d'insertion de l'association Tremplin, composĂ© d'une douzaine de jeunes encadrĂ©s par une entreprise[16], permet de commencer la rĂ©novation des voĂ»tes et arches des ailes latĂ©rales ainsi que la charpente de la tour[17].
  • Au printemps 2014, l'entreprise Dufraigne termine la restauration des quatre ailes attenantes Ă  la tour[18].
  • Vers 2015-2017, rĂ©novation la tour[18].
  • Après 2017, dĂ©but des travaux de construction de la centrale photovoltaĂŻque[19].

Notes et références

Notes

  1. Voir les photos de la catégorie de Wikimédia Commons.

Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Philippe Passaqui et Dominique Chabard, Les routes de l'Ă©nergie : Epinac, Autun, Morvan, MusĂ©um d'histoire naturelle d'Autun,
  • Pierre-Christian Guiollard, Les chevalements des houillères Françaises, Fichous, Pierre-Christian Guiollard, , 268 p. (ISBN 2-9502503-6-X). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Lucien Taupenot (alias Luc Hopneau), Ă€ Épinac : le puits Hottinguer et son système atmosphĂ©rique, coll. « Images de SaĂ´ne-et-Loire » (no 63), , p. 2-3
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