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Programme en 25 points

Le programme en 25 points (ou au complet : « le Programme en 25 points du Parti national-socialiste des travailleurs allemands » ; en allemand : Das 25-Punkte-Programm der Nationalsozialistischen Deutschen Arbeiterpartei) est le nom donnĂ© au programme politique du Parti ouvrier allemand (DAP), tel qu'il a Ă©tĂ© proclamĂ© le Ă  Munich par Adolf Hitler. Le DAP devint, le de la mĂȘme annĂ©e, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), et rĂ©forma ce programme.

Programme en 25 points du NSDAP

Le programme vise la crĂ©ation d'un Grand Reich allemand (Großdeutsches Reich), l'annulation des dispositions du TraitĂ© de Versailles, la perte de la citoyennetĂ© allemande pour les Juifs, et la mise en place d'un État autoritaire soutenu par une presse et une littĂ©rature orientĂ©es.

Il fut approuvĂ© par un auditoire de 2 000 personnes (si l'on en croit la description qu'en donne Hitler dans Mein Kampf[1]) Ă  la HofbrĂ€uhaus, une des plus grandes brasseries munichoises.

Texte du programme

« Le programme du Parti ouvrier allemand est un programme Ă  terme. Lorsque les objectifs fixĂ©s seront atteints, les dirigeants[2] n’en dĂ©termineront pas d’autres dans le seul but de permettre, par un maintien artificiel de l’insatisfaction des masses, la permanence du parti.

1. Nous exigeons la constitution d'une Grande Allemagne, rĂ©unissant tous les Allemands sur la base du droit des peuples Ă  disposer d'eux-mĂȘmes.
2. Nous exigeons l'égalité des droits du peuple allemand au regard des autres nations, l'abrogation des traités de Versailles et de Saint-Germain[3].
3. Nous exigeons de la terre et des colonies pour nourrir notre peuple et résorber notre surpopulation.
4. Seuls les citoyens bĂ©nĂ©ficient des droits civiques. Pour ĂȘtre citoyen, il faut ĂȘtre de sang allemand, la confession importe peu. Aucun Juif ne peut donc ĂȘtre citoyen.
5. Les non-citoyens ne peuvent vivre en Allemagne que comme hĂŽtes, et doivent se soumettre Ă  la juridiction sur les Ă©trangers.
6. Le droit de fixer la direction et les lois de l'État est rĂ©servĂ© aux seuls citoyens. Nous demandons donc que toute fonction publique, quelle qu'en soit la nature, ne puisse ĂȘtre tenue par des non citoyens. Nous combattons la pratique parlementaire, gĂ©nĂ©ratrice de corruption, d'attribution des postes par relations de parti sans se soucier du caractĂšre et des capacitĂ©s.
7. Nous exigeons que l'État s'engage Ă  procurer Ă  tous les citoyens des moyens d'existence. Si le pays ne peut nourrir toute la population, les non-citoyens devront ĂȘtre expulsĂ©s du Reich.
8. Il faut empĂȘcher toute nouvelle immigration de non-Allemands[4]. Nous demandons que tous les non-Allemands Ă©tablis en Allemagne depuis le soient immĂ©diatement contraints de quitter le Reich.
9. Tous les citoyens ont les mĂȘmes droits et les mĂȘmes devoirs.
10. Le premier devoir de tout citoyen est de travailler, physiquement ou intellectuellement. L'activitĂ© de l'individu ne doit pas nuire aux intĂ©rĂȘts de la collectivitĂ©, mais s'inscrire dans le cadre de celle-ci et pour le bien de tous. C'est pourquoi nous demandons :
11. La suppression du revenu des oisifs et de ceux qui ont la vie facile, la suppression de l'esclavage de l'intĂ©rĂȘt[5].
12. ConsidĂ©rant les Ă©normes sacrifices de sang et d'argent que toute guerre exige du peuple, l'enrichissement personnel par la guerre doit ĂȘtre stigmatisĂ© comme un crime contre le peuple. Nous demandons donc la confiscation de tous les bĂ©nĂ©fices de guerre, sans exception.
13. Nous exigeons la nationalisation de toutes les entreprises appartenant aujourd'hui Ă  des trusts.
14. Nous exigeons une participation aux bénéfices des grandes entreprises.
15. Nous exigeons une augmentation substantielle des pensions des retraités.
16. Nous exigeons la crĂ©ation et la protection d'une classe moyenne saine, la remise immĂ©diate des grands magasins Ă  l'administration communale et leur location, Ă  bas prix, aux petits commerçants. La prioritĂ© doit ĂȘtre accordĂ©e aux petits commerçants et industriels pour toutes les livraisons Ă  l'État, aux LĂ€nder ou aux communes.
17. Nous exigeons une rĂ©forme agraire adaptĂ©e Ă  nos besoins nationaux, la promulgation d'une loi permettant l'expropriation, sans indemnitĂ©, de terrains Ă  des fins d'utilitĂ© publique - la suppression de l'imposition sur les terrains et l'arrĂȘt de toute spĂ©culation fonciĂšre.
18. Nous exigeons une lutte sans merci contre ceux qui, par leurs activitĂ©s, nuisent Ă  l'intĂ©rĂȘt public. Criminels de droit commun, trafiquants, usuriers, etc. doivent ĂȘtre punis de mort, sans considĂ©ration de confession ou de race.
19. Nous exigeons qu'un droit public allemand soit substitué au droit romain, serviteur d'une conception matérialiste du monde.
20. L'extension de notre infrastructure scolaire doit permettre Ă  tous les Allemands bien douĂ©s et travailleurs l'accĂšs Ă  une Ă©ducation supĂ©rieure, et par lĂ  Ă  des postes de direction. Les programmes de tous les Ă©tablissements d'enseignement doivent ĂȘtre adaptĂ©s aux exigences de la vie pratique. L'esprit national doit ĂȘtre inculquĂ© Ă  l'Ă©cole dĂšs l'Ăąge de raison (cours d'instruction civique). Nous demandons que l'État couvre les frais de l'instruction supĂ©rieure des enfants particuliĂšrement douĂ©s de parents pauvres, quelle que soit la classe sociale ou la profession de ceux-ci.
21. L'État doit se prĂ©occuper d'amĂ©liorer la santĂ© publique par la protection de la mĂšre et de l'enfant, l'interdiction du travail de l'enfant, l'introduction de moyens propres Ă  dĂ©velopper les aptitudes physiques par l'obligation lĂ©gale de pratiquer le sport et la gymnastique, et par un puissant soutien Ă  toutes les associations s'occupant de l'Ă©ducation physique de la jeunesse.
22. Nous exigeons la suppression de l'armée de mercenaires et la création d'une armée nationale.
23. Nous exigeons la lutte légale contre le mensonge politique conscient et sa propagation par la presse. Pour permettre la création d'une presse allemande, nous demandons que :
a. Tous les directeurs et collaborateurs de journaux paraissant en langue allemande soient des citoyens allemands.
b. La diffusion des journaux non-allemands soit soumise Ă  une autorisation expresse. Ces journaux ne peuvent ĂȘtre imprimĂ©s en langue allemande.
c. Soit interdite par la loi toute participation financiĂšre ou toute influence de non-Allemands dans des journaux allemands. Nous demandons que toute infraction Ă  ces mesures soit sanctionnĂ©e par la fermeture des entreprises de presse coupables, ainsi que par l'expulsion immĂ©diate hors du Reich des non-Allemands responsables. Les journaux qui vont Ă  l'encontre de l'intĂ©rĂȘt public doivent ĂȘtre interdits. Nous demandons que la loi combatte un enseignement littĂ©raire et artistique gĂ©nĂ©rateur d'une dĂ©sagrĂ©gation de notre vie nationale, fermeture des organisations contrevenant aux mesures ci-dessus.
24. Nous exigeons la libertĂ© au sein de l'État de toutes les confessions religieuses, dans la mesure oĂč elles ne mettent pas en danger son existence ou n'offensent pas le sentiment moral de la race germanique. Le Parti en tant que tel dĂ©fend le point de vue d'un christianisme positif, sans toutefois se lier Ă  une confession prĂ©cise. Il combat l'esprit judĂ©o-matĂ©rialiste Ă  l'intĂ©rieur et Ă  l'extĂ©rieur, et est convaincu qu'un rĂ©tablissement durable de notre peuple ne peut rĂ©ussir que de l'intĂ©rieur, sur la base du principe : l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral passe avant l'intĂ©rĂȘt particulier.
25. Pour mener tout cela à bien, nous demandons la création d'un pouvoir central puissant, l'autorité absolue du parlement politique central sur l'ensemble du Reich et de ses organisations, ainsi que la création de Chambres professionnelles et de bureaux municipaux chargés de la réalisation, dans les différents LÀnder, des lois-cadre promulguées par le Reich.

Les dirigeants du Parti promettent de tout mettre en Ɠuvre pour la rĂ©alisation des points ci-dessus Ă©numĂ©rĂ©s, en sacrifiant leur propre vie si besoin. Â»

RĂ©dacteurs

L'auteur du programme, dans le dĂ©tail de sa formulation, n'est pas connu avec certitude. On considĂšre gĂ©nĂ©ralement qu'Anton Drexler, fondateur du DAP, en est l'auteur principal et que Hitler n'est intervenu que sur la forme[6]. La participation de Gottfried Feder est discutĂ©e : « la suppression de l'esclavage de l'intĂ©rĂȘt » dans le point 11 fait rĂ©fĂ©rence Ă  son ouvrage Manifeste pour la suppression de l'esclavage de l'intĂ©rĂȘt paru en 1919, mais la formulation et le contenu de l'ouvrage Ă©tait connus des membres du parti[7]. Dans une Ă©dition commentĂ©e publiĂ©e par Feder en 1927, celui-ci prĂ©sente son apport idĂ©ologique comme essentiel au programme, cet apport serait « le cƓur du national-socialisme », l'« axe d'acier sur lequel tout tourne »[8]. Dans un courrier adressĂ© Ă  Hitler — dont on a une trace indirecte, Feder Ă©crit « le programme a Ă©tĂ© validĂ© par vous, et rĂ©digĂ© par moi »[9]. Le spĂ©cialiste du nazisme Albrecht Tyrell pense plutĂŽt que Feder n'a pas participĂ© Ă  la formulation du programme, hormis la mention de la suppression de l'usure[10].

Hans-Ulrich Thamer (de) pense que Drexler est le seul rédacteur du programme[11]. Kurt Bauer (de) suppose que Feder a eu une influence significative sur le programme dont la paternité est discutée[12]. L'historien israélien Avraham Barkai (en) est lui convaincu que Feder a « au moins formulé les exigences économiques du programme de 1920 »[13]. Reinhard Neebe parle lui du Programme de Feder de 1920[14]. La participation de Feder à la rédaction est aussi mentionnée par Hajo Holborn[15], Robert Wistrich (en)[16] et Wolfgang Wippermann (de)[17].

Notes et références

  1. Mein Kampf, p. 367 sqq.
  2. En allemand, « die FĂŒhrer » au pluriel.
  3. Les deux traitĂ©s venaient d'ĂȘtre signĂ©s respectivement le 28 juin et le 10 septembre 1919. Ils consacraient la dĂ©faite de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie lors de la PremiĂšre Guerre mondiale.
  4. « Non-Allemands » : Nichtdeutschen.
  5. La lutte contre l'« esclavage par l'intĂ©rĂȘt » Ă©tait l'un des leitmotivs du discours Ă©conomique de Gottfried Feder, l'un des inspirateurs et peut-ĂȘtre rĂ©dacteur du programme.
  6. (de) Wolfgang Horn, FĂŒhrerideologie und Parteiorganisation in der NSDAP 1919–1933, Droste, DĂŒsseldorf, 1972, p. 89.
  7. (de) Albrecht Tyrell, Vom „Trommler“ zum „FĂŒhrer“. Der Wandel von Hitlers SelbstverstĂ€ndnis zwischen 1919 und 1924 und die Entwicklung der NSDAP, Fink, Munich, 1975, p. 85.
  8. (de) Gottfried Feder, Das Programm der N.S.D.A.P und seine weltanschaulichen Grundgedanken, Zentralverlag der NSDAP, Franz Eher Nachf., Munich, 1928, p. 9 ; citĂ© dans FrĂ©dĂ©ric Krier, Sozialismus fĂŒr KleinbĂŒrger. Pierre Joseph Proudhon – Wegbereiter des Dritten Reiches, Böhlau, Köln/Weimar, p. 39.
  9. (de) CitĂ© dans un courrier d'Otto Engelbrecht (de) datĂ© du 5 janvier 1933. In: Albrecht Tyrell (Ă©d.), FĂŒhrer befiehl
 Selbstzeugnisse aus der „Kampfzeit“ der NSDAP, Grondrom Verlag, Bindlach, 1991, p. 351.
  10. (en) Albrecht Tyrell, Gottfried Feder and the NSDAP, in Peter D. Stachura (de) (Ă©d.), The Shaping oft the Nazi State, Croon Helm, Londres, 1978, p. 57.
  11. (de) Hans-Ulrich Thamer, VerfĂŒhrung und Gewalt. Deutschland 1933–1945, Siedler, Berlin, 1994, p. 60.
  12. (de) Kurt Bauer, Nationalsozialismus. UrsprĂŒnge, AnfĂ€nge, Aufstieg und Fall, UTB Böhlau, Vienne, 2008, p. 105.
  13. (de)Avraham Barkai, Das Wirtschaftssystem des Nationalsozialismus. Ideologie, Theorie, Politik 1933–1945, nouvelle Ă©dition augmentĂ©e, Fischer Taschenbuch Verlag, Francfort sur le Main, 1988, p. 30.
  14. (de) Reinhard Neebe, Großindustrie, Staat und NSDAP 1930–1933. Paul Silverberg und der Reichsverband der Deutschen Industrie in der Krise der Weimarer Republik, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1981, p. 250.
  15. (de) Hajo Holborn, Deutsche Geschichte in der Neuzeit. Bd. III: Das Zeitalter des Imperialismus (1871 bis 1945), Oldenbourg, Munich, 1971, p. 512.
  16. (de) Robert Wistrich, Wer war wer im Dritten Reich. AnhÀnger, MitlÀufer, Gegner aus Politik, Wirtschaft, MilitÀr, Kunst und Wissenschaft, Harnack, Munich, 1983, p. 71.
  17. (de) Wolfgang Wippermann, Der konsequente Wahn. Ideologie und Politik Adolf Hitlers, Bertelsmann Lexikon Verlag, GĂŒtersloh/Munich, 1989, p. 232.

Voir aussi

Bibliographie

  • Collectif, « Hitler, le nazisme et les Allemands », SociĂ©tĂ© d'Ă©ditions scientifiques, Les collections de l'Histoire, no 18, janvier-.

Liens externes

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