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ProblĂšme du partage d'un collier

Le problÚme du partage d'un collier est le nom imagé donné à plusieurs problÚmes semblables en combinatoire et en théorie de la mesure. Son nom et ses solutions sont dus aux mathématiciens Noga Alon[1] et Douglas West[2].

Exemple de partage : k = 2 partenaires, t = 2 couleurs de perles, et 8 perles rouges et 6 vertes. Chaque partenaire reçoit 4 perles rouges et 3 vertes. Une coupe est affiché : l'un des partenaire reçoit la section centrale et l'autre les deux parties restantes.

Description

La formulation de base comprend un collier avec des perles de diffĂ©rentes couleurs. Le collier doit ĂȘtre partagĂ© entre plusieurs partenaires (des « voleurs »), de sorte que chaque partenaire reçoive la mĂȘme quantitĂ© de perles de chaque couleur. De plus, le nombre de « coupes » doit ĂȘtre le plus petit possible (afin de gaspiller le moins possible de mĂ©tal entre les perles).

Variantes

Le problÚme admet de nombreuses variantes ; les suivantes ont été décrites et résolues dans l'article original :

  1. Partage discret[1]:Th 1.1 : Le collier contient perles. Les perles sont de couleurs diffĂ©rentes. Il y a perles de chaque couleur , oĂč est un entier positif. On cherche Ă  diviser le collier en parties (pas nĂ©cessairement contiguĂ«s), dont chacune contient exactement perles de couleur i, en effectuant au plus coupes. Le nombre est optimal car si les perles de chaque couleur sont contiguĂ«s sur le collier, il faut au moins coupes Ă  l'intĂ©rieur de chaque couleur.
  2. Partage continu[1]:Th 2.1 : Le collier est l'intervalle des nombres rĂ©els . Chaque rĂ©el de l'intervalle est colorĂ© dans l'une des couleurs diffĂ©rentes. Pour chaque couleur , l'ensemble des points colorĂ©s en est mesurable au sens de Lebesgue et de longueur , oĂč est un nombre rĂ©el non nĂ©gatif. On cherche Ă  partitionner l'intervalle en parties (pas nĂ©cessairement contiguĂ«s), de sorte que dans chaque partie, la longueur totale de couleur est exactement , le tout en effectuant au maximum coupes.
  3. Partage de mesures[1]:Th 1.2 : Le collier est un intervalle de nombres réels. Il y a différentes mesures sur l'intervalle, toutes absolument continues par rapport à la longueur. La mesure de l'ensemble du collier, pour la mesure , est . On doit partitionner l'intervalle en parties (pas nécessairement contiguës), de sorte que la mesure de chaque partie, selon la mesure , est exactement . et en effectuant au maximum coupes. Il s'agit d'une généralisation du théorÚme de Hobby-Rice, et il est utilisé pour obtenir un partage équitable d'un gùteau.

RĂ©duction des variantes

Chacun des problĂšmes peut ĂȘtre rĂ©solu comme suit :

  • Le partage discret peut ramenĂ© Ă  un partage continu, puisqu'un collier discret peut ĂȘtre converti en une coloration de l'intervalle rĂ©el dans laquelle chaque intervalle de longueur 1 est colorĂ© par la couleur de la perle correspondante. Dans le cas oĂč le partage continue essaie de couper Ă  l'intĂ©rieur d'une perle, les coupes peuvent ĂȘtre glissĂ©es continument de sorte qu'elles ne soient rĂ©alisĂ©es qu'entre les perles[1]:p. 249.
  • Le partage continu peut ĂȘtre ramenĂ© Ă  un partage de mesures, puisqu'une coloration d'un intervalle en couleurs peut ĂȘtre convertie en un ensemble de mesures telles que la mesure a pour mesure la longueur totale de la couleur . L'inverse est Ă©galement vrai : le partage des mesures peut ĂȘtre rĂ©solu par un partage continu, mais en utilisant une rĂ©duction plus sophistiquĂ©e[1]:p. 252–253.

Preuves

Le cas peut ĂȘtre prouvĂ© par le thĂ©orĂšme de Borsuk-Ulam[2].

Quand est un nombre premier impair, la preuve utilise une généralisation du théorÚme de Borsuk-Ulam[3].

Quand est un nombre composé, la preuve est la suivante (illustrée ici pour la variante de partage de mesures). On suppose que . Il y a mesures, dont chacune a la valeur sur le collier entier. En utilisant coupes, on divise le collier en parties telles que la mesure de chaque partie vaut exactement . En utilisant coupes, on divise chacune de ces parties en piÚces telles que la mesure de chaque piÚce vaut exactement . Il y a alors piÚces telles que la mesure de chaque piÚce est exactement . Le nombre total de coupes est plus , ce qui au total est exactement .

Extensions

Colliers aléatoires

Dans certains cas, des colliers alĂ©atoires peuvent ĂȘtre partagĂ©s Ă©galement en utilisant moins de coupes. Noga Alon, Dor Elboim, GĂĄbor Tardos et JĂĄnos Pach[4] ont Ă©tudiĂ© le nombre de coupes nĂ©cessaires pour partager un collier au hasard entre deux voleurs. Dans le modĂšle qu'ils ont considĂ©rĂ©, un collier est choisi uniformĂ©ment au hasard parmi l'ensemble des colliers avec t couleurs et m perles de chaque couleur. Lorsque m tend vers l'infini, la probabilitĂ© que le collier puisse ĂȘtre divisĂ© en utilisant au plus coupes tend vers zĂ©ro alors que la probabilitĂ© qu'il soit possible de rĂ©aliser le partage avec coupes est bornĂ©e et plus grande que zĂ©ro. Plus prĂ©cisĂ©ment, soit le nombre minimal de coupes nĂ©cessaires pour diviser le collier. Alors, lorsque tend vers l'infini, on a :

pour tout :

pour ;
pour ;
quand est impair et .

On peut aussi considĂ©rer le cas oĂč le nombre de couleurs tend vers l'infini. Lorsque et que tend vers l'infini, le nombre de coupes nĂ©cessaires est au plus et au moins avec une forte probabilitĂ©. Il est conjecturĂ© qu'il existe une constante avec tel que ' converge vers en distribution.

Une coupe de moins

Dans le cas de deux voleurs (donc ) et de couleurs, un partage équitable nécessite au plus coupes. Avec seulement coupes, Gåbor Simonyi[5] a montré que les deux voleurs peuvent réaliser un partage « presque équitable » au sens suivant :

Si le collier est constitué de sorte qu'aucune t-coupe n'est possible, alors pour deux sous-ensembles quelconques et de disjoints et pas tous deux vides il existe une -coupe telle que :

  • Pour toute couleur , la partition 1 a plus de perles de couleur i que la partition 2 ;
  • Pour toute couleur , la partition 2 a plus de perles de couleur i que la partition 1 ;
  • Pour une couleur i qui n'appartient Ă  aucune des partitions, les deux partitions ont autant de perles de couleur i .

Cela signifie que si les voleurs ont des préférences sous la forme de deux ensembles de « préférences » et , non vides tous les deux, il existe une -coupe de sorte que le voleur 1 obtient plus de perles de couleurs dans son ensemble de préférences ' que le voleur 2 ; le voleur 2 obtient plus de perles de couleurs dans son jeu de préférences que le voleur 1 ; et le partage pour les autres couleurs est égal équitable.

Simonyi attribue Ă  GĂĄbor Tardos le fait d'avoir remarquĂ© que le rĂ©sultat ci-dessus est une gĂ©nĂ©ralisation directe du thĂ©orĂšme original du collier d'Alon dans le cas . En effet, soit le collier a une ()-coupe et il n'y a rien Ă  prouver, soit ce n'est pas le cas, et on peut ajouter des perles d'une couleur fictive au collier et faire en sorte que soit composĂ© de la couleur fictive et vide. Le rĂ©sultat de Simonyi montre qu'il alors existe une t -coupe avec le mĂȘme nombre de perles de chaque couleur rĂ©elle.

Un résultat négatif

Pour chaque il existe une -coloration mesurable de la droite rĂ©elle telle qu'aucun intervalle ne puisse ĂȘtre partagĂ© Ă©quitablement en utilisant au plus coupes[6].

Partage multidimensionnels

Le rĂ©sultat peut ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă  n mesures de probabilitĂ© dĂ©finies sur un cube de dimension d avec n'importe quelle combinaison de n ( k − 1) hyperplans parallĂšles aux cĂŽtĂ©s pour k voleurs[7].

Algorithme d'approximation

Un algorithme d'approximation pour partager un collier peut ĂȘtre dĂ©rivĂ© d'un algorithme de rĂ©duction de moitiĂ© par consensus[8].

Notes et références

  1. Noga Alon, « Splitting Necklaces », Advances in Mathematics, vol. 63, no 3,‎ , p. 247-253 (DOI 10.1016/0001-8708(87)90055-7).
  2. Alon Noga et Douglas B. West, « The Borsuk-Ulam theorem and bisection of necklaces », Proceedings of the American Mathematical Society, vol. 98, no 4,‎ , p. 623-628 (DOI 10.1090/s0002-9939-1986-0861764-9).
  3. I. Barany, S.B. Shlosman et A. Szucs, « On a topological generalization of a theorem of Tverberg », Journal of the London Mathematical Society, vol. 2, no 23,‎ , p. 158–164 (DOI 10.1112/jlms/s2-23.1.158, CiteSeerx 10.1.1.640.1540).
  4. Noga Alon, Dor Elboim, GĂĄbor Tardos et JĂĄnos Pach, « Random Necklaces require fewer cuts », Arxiv,‎ (arXiv 2112.14488)
  5. GĂĄbor Simonyi, « Necklace bisection with one cut less than needed », Electronic Journal of Combinatorics, vol. 15, no N16,‎ (DOI 10.37236/891).
  6. Noga Alon, « Splitting necklaces and measurable colorings of the real line », Proceedings of the American Mathematical Society, vol. 137, no 5,‎ , p. 1593–1599 (ISSN 1088-6826, DOI 10.1090/s0002-9939-08-09699-8, arXiv 1412.7996).
  7. Mark de Longueville et Rade T. Ćœivaljević, « Splitting multidimensional necklaces », Advances in Mathematics, vol. 218, no 3,‎ , p. 926-939 (DOI 10.1016/j.aim.2008.02.003, arXiv math/0610800).
  8. Forest W. Simmons et Francis Edward Su, « Consensus-halving via theorems of Borsuk-Ulam and Tucker », Mathematical Social Sciences, vol. 45, no 1,‎ , p. 15–25 (DOI 10.1016/s0165-4896(02)00087-2, CiteSeerx 10.1.1.203.1189).

Annexes

Bibliographie

  • Noga Alon et Andrei Graur, « Efficient splitting of necklaces », 48th International Colloquium on Automata, Languages, and Programming (ICALP 2021), Schloss Dagstuhl-Leibniz-Zentrum fĂŒr Informatik, vol. LIPIcs 198,‎ , p. 14:1-14:17.
  • Aris Filos-Ratsikas et Paul W. Goldberg, « The complexity of necklace splitting, consensus-halving, and discrete ham sandwich », Proceedings STOC,‎ , p. 638-649 (DOI 10.1145/3313276.3316334, arXiv 1805.12559).
  • DuĆĄko Jojić, Gaiane Panina et Rade Ćœivaljević, « Splitting Necklaces, with Constraints », SIAM Journal on Discrete Mathematics, vol. 35, no 2,‎ , p. 1268–1286 (DOI 10.1137/20M1331949, arXiv 1907.09740).

Articles liés

Liens externes

  • [vidĂ©o] "Sneaky Topology" sur YouTube, une vidĂ©o d'introduction prĂ©sentant entre autres le problĂšme et sa solution topologique.
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