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Prélude et fugue en ut dièse mineur (BWV 849)

Le Clavier bien tempéré I

Prélude et fugue n°
BWV 849
Le Clavier bien tempéré, livre I (d)
Do dièse mineur
Do dièse mineur
Prélude
Métrique /
Prélude.
Fugue
Voix 5
Métrique 4/4
Fugue.
Liens externes
(en) Partitions et informations sur IMSLP
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu)

Première page de la fugue en ut dièse majeur, du manuscrit P 401 (Bibliothèque d'État de Berlin P 401, folio 9b).

Le prélude et fugue en ut dièse mineur (BWV 849) est le quatrième couple de préludes et fugues du premier livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé vers 1722.

Le couple en ut dièse mineur est un des imposants sommets de l'œuvre pour clavier de Bach, le premier du cahier. Les deux pièces forment un ensemble d'une remarquable homogénéité, chacun évoquant la polyphonie vocale et le caractère sacré : le prélude est traité comme une méditation et la triple fugue à cinq voix, une des plus savamment structurées du recueil, le suprême aboutissement de l'ancien ricercare.



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  tagline = ##f
}
\score {
  \new Staff \with {
%fontSize = #-2
  }
<<
  \relative c'' {
    \key cis \minor
    \time 6/4
     %% INCIPIT CBT I-18, BWV 849, ut-dièse mineur
     << { s4*0^\markup{Prélude} gis8 fis e dis e cis cis'4. b8 a4 } \\ { s2. < gis e >2 fis4 } >> \bar ".."
     \skip 16*1
     \override Staff.Clef.extra-offset = #'( -1 . 0 )
     \time 2/2 
     \clef bass
     << { \relative c' { s1*3 gis1 fisis2 } } \\ { \relative c { cis1^\markup{Fugue} bis2 e dis1 cis4 dis e2~ e4 } } >>
  }
>>
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}
  }
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}

Prélude

Il s'agit d'une des plus imposantes paires du recueil[1], notamment pour son immense fugue à cinq voix et « l'un des sommets de l'œuvre pour clavier de Bach. Les deux volets formant un ensemble remarquablement homogène »[2].

Le prélude, noté
, comporte 39 mesures.

Il est traité comme « une sublime méditation dont le thème pourrait être celui de la Passion »[2] et construit de manière semblable à celui en mi majeur (son relatif majeur), mais celui-ci est plus sophistiqué[3]. Malgré son arioso plein de tensions émouvantes (au rythme de sicilienne noire. croche noire), c'est une pièce de texture polyphonique dans le style d'une invention[4] : « chaque voix à son tour reçoit une part de ce flot mobile, ou au contraire attend, en valeurs longues, que le flux la rejoigne pour un accord frémissant, une sourde dissonance, une résolution apaisée »[5].

L'essentiel des ornements et appogiatures figure uniquement dans le manuscrit P 415.



\version "2.18.2"
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  tagline = ##f
}
%% PRÉLUDE CBT I-4, BWV 849, ut-dièse mineur
Thema = { gis8 fis e dis e cis }
Arp = { \tag #'print { cis'4.\arpeggio } \tag #'midi { << {} \\ {} \\ {} >> < gis e cis > } } 
tempoVoice =
{
    \time 6/4
    \tempo 2. = 30 s8 \tempo 2. = 40 s8*5 \tempo 2. = 25 \grace s4 \tempo 2. = 40 s2. |
    \tempo 2. = 20 \grace s8 \tempo 2. = 40 s2. \tempo 2. = 25 \grace s4 \tempo 2. = 40 s2. |
    \tempo 2. = 30 s8 \tempo 2. = 40 s8*5 \tempo 2. = 25 \grace s4 \tempo 2. = 40 s2. |
    \tempo 2. = 20 \grace s8 \tempo 2. = 40 s2. \tempo 2. = 25 \grace s4 \tempo 2. = 40 s2. |
    \tempo 2. = 30 \grace s8 s8 \tempo 2. = 40 s8*5 \tempo 2. = 20 s8 \tempo 2. = 40 s8*5 |
    \tempo 2. = 30 \grace s8 s8 \tempo 2. = 40 s8*5 \tempo 2. = 30 s8 \tempo 2. = 40 s8*5 |
    \tempo 2. = 30 \grace s8 s8 \tempo 2. = 40 s8*5 \tempo 2. = 25 s8 \tempo 2. = 40 s8*5 |
}
arpegis = { \tag #'print { <e gis>2\arpeggio } \tag #'midi { \grace { e8~ gis~ } <e gis>2 } }
arpgisdis = { \tag #'print { <gis dis'>2\arpeggio } \tag #'midi { \grace { gis8~ dis'~ } <gis, dis'>2 } }
PrallgBp = { \tag #'print { gis2.\prall } \tag #'midi { gis16 a gis a gis2 }  }
PrallgBpfrac = { \tag #'print { gis2.*1/8~\prall } \tag #'midi { a16 gis a gis~ gis4~ }  }
upper = \relative c''
{
    \clef treble 
    \key cis \minor
    \time 6/4
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    \set PianoStaff.connectArpeggios = ##t
    \set tieWaitForNote = ##t
   << {
      \Thema cis'4.\arpeggio b8 a4 | \grace a8 \PrallgBp gis2 fis4 |
      dis'8 cis bis ais bis gis gis'4.\arpeggio fis8 e4 |
      \grace e8 dis2.~ dis2 gis4 | \grace dis8 cis8 bis cis e a4~ a8 gis fis e dis cis |
      \grace cis8 b8 a b dis gis4~ gis8 fis e dis cis b |
      \grace b8 a8 gis a cis fis4~ fis8 e dis cis b a \PrallgBpfrac | \hideNotes gis16
    } \\ {
      s2. \arpegis fis4 | e2.~ e2 fis4~ | fis2. \arpgisdis < cis gis >4 |
      < bis gis >2.~ q2 q4 | a4 r4 r4 a2. | gis4 r4 r4 gis2. | fis4 r4 r4 fis2. | e2.*1/4
    } >>
}
lower = \relative c
{
    \clef bass 
    \key cis \minor
    \time 6/4
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    << {
      s1. | \relative c' { \Thema } \grace { e8^( gis } cis4.) b8 a4 | gis2.~ gis2 cis4 |
      dis8 cis bis ais bis gis \grace { bis8^( dis } fis4.) e8 dis4 | e2. dis2.~ |
      dis cis~ | cis b~ | b8
    } \\ {
      cis,1.~ | cis | bis2.~ bis2 cis4 | gis'1.~ | gis2. fis~ | fis e~ | e dis | e1.*1/8
    } >>
} 
thePianoStaff =  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 849"
    \new Staff = "upper" <<
      \new NullVoice { \tempoVoice }
      \new Voice { \upper }
    >>
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
\score {
  \keepWithTag #'print \thePianoStaff
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    \context {
      \Score
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    }
  }
}
\score {
  \keepWithTag #'midi \thePianoStaff
  \midi { }
}

Fugue

Caractéristiques
5 voix — 2/2, 115 mes.
⋅ fugue ricercar
⋅ 31 entrées du sujet
réponse réelle
⋅ 2 contre-sujets
⋅ 4 divertissements
Procédés
canon, strette, pédale, BACH

Impossible de compiler le fichier d’entrée LilyPond :

La fugue à cinq voix, notée 2/2, est longue de 115 mesures, l'une des plus longues, des plus riches[5] et une des plus élaborées du recueil[6].

Bach s'est attaché ici à composer une œuvre monumentale dans la vieille tradition. Le Clavier bien tempéré ne comprend qu'une autre à cinq voix, la fugue en si bémol mineur. D'autres œuvres sont clairement réservées à de grands moments de la musique religieuse : Messe en si mineur (second Kyrie), Magnificat et motet BWV 227, « Jésus, ma joie ». Quant aux triples fugues, elles sont rares du temps de Bach et apparaissent deux fois seulement dans son œuvre d'orgue : fugue en ut majeur, BWV 547 et fugue mi-bémol majeur, BWV 552 — et est l'unique du présent recueil. Bach fera de même pour le second recueil, avec la fugue en fa-dièse mineur[2].

Elle est présentée comme une triple fugue (trois sujets) mais plus vraisemblablement, comme une fugue à deux contre-sujet obligés[7], notamment en raison du second qui est rarement utilisé[4].

Le sujet de cinq notes, parmi les plus courts dans les 48 fugues de l'œuvre, est un motif en chiasme, évoquant symboliquement la crucifixion. Présent depuis Josquin des Prés dans les partitions, ce motif symbolique est utilisé notamment dans le Crucifixus d'une messe de Kerll, par Muffat (Sonate II de l’Armonico tributo), dans les Sonates du Rosaire de Biber, par Corelli (Grave de l'opus 6 no 3) et bien sûr chez Bach : dans les passions de Jean et Matthieu. Si cette œuvre est sans texte et à destination profane, elle est enracinée dans le domaine sacré propre à l’art de Bach[7], chantre de la passion du Christ.



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  tagline = ##f
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  \relative c {
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     %% SUJET fugue CBT I-4, BWV 849, ut-dièse mineur
      cis1 bis2 e dis1 cis4
  }
>>
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     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
     %\override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2) 
}
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  \midi {} 
}

Le sujet offre des ressemblances avec le Recercar I de Frescobaldi, également décrit comme triple fugue[4]. La mesure allabreve, en même temps que le sujet, évoquent l'écriture des ricercars du XVIIe siècle, notamment ceux de Froberger[4]. Chez Bach, on l'a rapproché de la double fugue en fa pour orgue, BWV 540, au même stile antico[5].

La pièce est articulée en trois sections[8]. La première (mesures 1–34), sévère, d'une stricte écriture chorale en rondes, blanches et noires, voit l'exposition présenter le sujet et sa réponse dans une montée de la basse au soprano, avec une irrégularité pour l'alto (mesure 13). Elle conclut en mi majeur. La seconde, plus lumineuse, commence par le second divertissement en rosalie (mesure 35) et réserve dix combinaisons des trois sujets (le troisième entrant mesure 49). La dernière est introduite par l’entrée du sujet à la basse (mesure 73).

Le motif BACH apparaît (transposé) trois fois. La première en mouvement rétrograde (mesure 41, basse), puis à l’endroit, mesures 48 (soprano) et 64 (alto). Un autre, constitué d'une descendantes chromatique de blanches, est utilisé deux fois (mesures 69–72 et 102–105), toujours au soprano[9].

Mesure 94, abandonnant le second sujet, Bach se lance dans une strette en imitations canoniques, où combattent le sujet et le troisième sujet, en martèlement trois fois répétés. Les dernières mesures font usage de la pédale une première fois puis une double pédale de tonique de quatre mesures (soprano, basse), laissant les voix intermédiaires conclure (l'alto chantant une dernière fois le sujet), jusqu'à la clarté d'une tierce picarde. La double pédale (outre globalement l'écriture vocale) évoque une destination à l'orgue, élément renforcé par la présentation du sujet dans un registre très grave de la mesure 73[10].



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  tagline = ##f
}
DuxNotes      = { cis1 bis2 e dis1 } % cis4 dis e2~ e4
DuxNotesB     = { cis2 bis2 e dis1 }
Dux           = { s4*0^\markup{Dux} \DuxNotes }
DuxB          = { s4*0^\markup{Dux} r2 \DuxNotesB }
Comes         = { \transpose cis gis \relative { s4*0^\markup{Comes} \DuxNotes } }
ComesB        = { \transpose cis gis \relative { r2^\markup{Comes} \DuxNotesB } }
upper = \relative c'' 
{
  \clef treble 
  \key cis \minor
  \time 2/2
  \tempo 2 = 63
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
   %% FUGUE CBT I-4, BWV 849, ut-dièse mineur
   << { s1*13 \relative c'' { \DuxB } } \\ { R1*6 \relative c' { \DuxB cis2 fis~ fis4 e dis cis cis2 b cis fis~ fis4 e dis cis | dis2 gis | r4 a4 gis fis eis cis fis2 | e1~ e2 } } \\ { s1*11 r2 gis2 eis a gis fis2~ fis cis'_~ cis b~ b a gis a~ a4 } >>
}
lower = \relative c
 {
  \clef bass 
  \key cis \minor
  \time 2/2
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
      << { R1*3 \Comes gis'2 a~ a4 gis8 fis gis4 cis | fis, gis8 a b2~ b4 a gis fis gis2 fis4 e dis2. d4 cis1~ cis } \\ { \relative c { \Dux cis4 dis e2~ e4 dis8 cis dis4 gis cis, dis8 e fis2~ fis4 e dis cis | dis2 cis~ cis4 b a gis a2 ais bis cis | gis4 a b2~ | b4 a gis fis | cis'2 a~ | a4 gis fis e fis2 gis | a4 gis a b | cis b cis dis e2 } } >>
} 
\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 849"
    \new Staff = "upper" \upper
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  >>
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      %\override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2)
    }
  }
  \midi { }
}

Le début du premier divertissement, où le second sujet en rosalie chante au soprano.



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\header {
  tagline = ##f
}
upper = \relative c'' {
  \clef treble 
  \key cis \minor
  \time 2/2
  \tempo 2 = 63
  \set Score.currentBarNumber = #35
    << { e4 dis^\markup{Second sujet} e fis gis8 fis gis a gis fis e gis fis e fis gis fis e dis fis } \\ { e,2 } \\ { gis2 g2\rest } >>
    << { e'8 dis e fis e dis cis e dis cis dis e dis cis b dis cis b cis dis cis b ais cis } \\ { r2 gis2_\markup{Comes} fisis b ais1~ } >>
    << { b2~ b8 cis dis b cis2~ cis8 dis e cis dis2~ dis8 e fis dis e1*1/2~ \hideNotes e4 } \\ { ais,4 dis, gis2~ gis4 fis8 e fis2~ fis4 e8 fis gis2~ gis2*1/3~ \hideNotes gis1*1/4 } \\ { s1*3 b2\rest cis2 }  >>
}
lower = \relative c' {
  \clef bass
  \key cis \minor
  \time 2/2
    << { b2 cis^\markup{Dux} bis2 e dis1 cis~ cis4 b ais gis~ gis fisis8 eis fisis2 } \\ { e2 a gis cis~ cis bis cis r2 } >>
    << { gis8 ais gis fisis gis ais b gis | a! b a gis  ais b cis ais | b cis b ais  bis cis dis bis } \\ {} >>
    << { cis1 } \\ { r4 cis,8 dis e4 fis } >>
}
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  \new PianoStaff <<
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
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    indent = #0
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      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
      \override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2)
        }
  }
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}

Genèse

Dernières page du prélude BWV 849 dans la version du Clavierbüchlein pour Wilhelm Friedemann Bach (1720).

Le prélude figure dans le Clavierbüchlein[11] (no 22). Il s'agit du quatrième et dernier parmi les tonalités complexes (ut dièse majeur, mi mineur, et fa mineur) et censé développer le jeu de manière expressive, après les premiers exercices[3].

Postérité

Emmanuel Alois Förster (1748–1823) a arrangé la fugue pour quintette à cordes, interprété notamment par le Quatuor Emerson et Lawrence Dutton, alto[12] et le Quatuor danois pour ECM (dans Prism III)[13].

Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[14], publiée en 1914.

Bibliographie

Notes et références

Article connexe

Liens externes

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