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Prélude et fugue en ré dièse mineur (BWV 877)

Le Clavier bien tempéré II

Prélude et fugue n°8
BWV 877
Le Clavier bien tempéré, livre II (d)
Ré dièse mineur
Ré dièse mineur
Prélude
Métrique 4/4
Fugue
Voix 4
Métrique 4/4
Liens externes
(en) Partitions et informations sur IMSLP
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu)

Le prélude et fugue en ré-dièse mineur, BWV 877 est le huitième prélude et fugue extrait du second livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé de 1739 à 1744.

Le prélude aux amples proportions, est une sonate de forme bipartite. La fugue à quatre voix, qui possède un long sujet, est de caractère tourmenté et pesant, tout à la fois sérieuse et la plus méditative de tout le Clavier bien tempéré. Les deux pièces d'une grande concentration sont parmi les moins joués, mais un des monuments du recueil.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}
\score {
  \new Staff \with {
  }
<<
  \relative c' {
    \key ees \minor
    \time 4/4
     %% INCIPIT CBT II-8, BWV 881, ré dièse mineur
     ees16^\markup{Prélude} ges f aes ges bes aes ces bes ees d c bes aes ges f \once \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f \time 1/8 ges8 \bar ".." \time 4/4
     r8^\markup{Fugue} ees8 ees ees d ees f4~ f8 ees aes4. ges16 f bes8 aes ges
  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver"
     \override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2)
        }
  }
  \midi {}
}

Prélude

NB : pour éviter les doubles-dièses les exemples sont présentés en mi bémol mineur, tonalité enharmonique. Il est d'ailleurs difficile d'expliquer pourquoi, contrairement au premier livre où il avait choisi le mi bémol mineur, il prend pour le second volume cette tonalité de dièse, obligeant à l'usage des doubles-dièses[1] ; exceptée une conception originale en mineur[2].

Le prélude, noté 4/4 totalise 36 mesures.

C'est une invention à deux voix, mais avec reprises (AA — BB : 16 mesures dans la première section et 20 dans la seconde), comme une dizaine d'autres dans le second livre[1] et proche de l'invention en mi majeur, mais plus développé[2]. Le thème utilisé ici est sur deux mesures et constitué de deux éléments : un escalier de doubles-croches montantes puis descendantes en gamme, et une mélodie en croches ornées qui tombent sur la dominante, comme la fin de la première partie, la dièse majeur (ou si bémol majeur).



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}
Fns       = { \tag #'print { ees16 } \tag #'midi { r16 }  }
Prallds   = { \tag #'print { d16\prall } \tag #'midi { \times 2/3 { ees32 d ees } }  }
Mordaesq   = { \tag #'print { aes4~^\mordent^\markup { \teeny \natural } } \tag #'midi { aes32 g aes16~ aes8~ }  }
Mordgesq   = { \tag #'print { ges4^\mordent^\markup { \teeny \natural } } \tag #'midi { ges32 f ges16~ ges8~ }  }
Mordeesq   = { \tag #'print { ees'4^\mordent^\markup { \teeny \natural } } \tag #'midi { ees32 d ees16~ ees8 }  }
Morddesq   = { \tag #'print { des4~_\mordent-\markup { \teeny \natural } } \tag #'midi { des32 c des16~ des8~ }  }
Turndq   = { \tag #'print { d8\turn } \tag #'midi { ees32 d c d }  }
upper = \relative c' {
  \clef treble 
  \key ees \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 72 % tempo de Keller
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
   %% PRÉLUDE CBT II-8, BWV 877, ré dièse mineur
   \Fns ges16 f aes ges bes aes ces bes ees d c bes aes ges f 
   ges8 d ees ees' \Prallds c16 bes8 r8 \Turndq
   ees16 ges f aes ges f ees des ces8 ees \once \override TextScript.script-priority = #-100 \Mordaesq 
   aes16 f ges ees f aes des, ces bes8 des \once \override TextScript.script-priority = #-100 \Mordgesq 
}
lower = \relative c {
  \clef bass 
  \key ees \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
   \once \override TextScript.script-priority = #-100 \Mordeesq ees,4 r2 ees16 ges f aes ges bes aes ces bes ees d c bes aes ges f 
   ges8 d ees ges aes16 ces bes des ces bes aes ges f8 aes \Morddesq des16 bes ces aes bes des ges, f
} 
 thePianoStaff = \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 876"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
\score {
  \keepWithTag #'print \thePianoStaff
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
      %\override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/3) 
    }
  }
}
\score {
  \keepWithTag #'midi \thePianoStaff
  \midi { }
}

À la fin du prélude, « la dernière note expire comme dans un soupir »[3].

Fugue

Caractéristiques
4 voix — 4/4, 46 mes.
Fugue ricercar
⋅ 16 entrées du sujet
réponse réelle
contre-sujet, 8 entrées
⋅ 5 divertissements
Procédés
renversement, canon

La fugue à quatre voix, est notée 4/4 et totalise 46 mesures.

C'est l'« une des plus méditatives de Bach »[4]. Le sujet en lui-même est lent et lourd : il frappe trois fois la tonique avant de se hisser jusqu'à la quinte « en prenant son élan à trois reprises »[5] pour retomber jusqu'à la tonique. Aucun silence, gravité du propos : la fugue s'annonce sérieuse. Dans l'écriture, Bach offre une liberté avec la barre de mesure semblable à la fugue en fa-dièse mineur du premier livre[6].



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}
\score {
  \new Staff \with {
  }
<<
  \relative c' {
    \key ees \minor
    \time 4/4
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
     %% SUJET fugue CBT II-8, BWV 876, ré dièse/mi bémol mineur
     r8 ees8 ees ees \[ d ees f4~\] f8 ees aes4. ges16 f bes8 aes ges 
  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
         }
  }
  \midi {} 
}


Quelques éléments de traitement archaïque, laisse supposer une origine ancienne de cette fugue, similaire à plusieurs du premier livre. Mais la date de compilation du cahier correspond aussi à l'intérêt de Bach pour ce style — qui apparaît notamment dans L'Art de la fugue qui comprend un certain nombre d'éléments stylistiques comparables (dans la même tonalité de la composition d'origine, mineur)[2]. La seule difficulté de la tonalité en font un des diptyques les moins joués, ce que renforce la difficulté des quatre parties très dense de cette fugue, d'une structure un peu diffuse. Le modèle stylistique est celle d'une œuvre a cappella[6].

L'articulation de la fugue est dissimulée par le soin calculé que prend Bach à faire se chevaucher les entrées du sujet avec les cadences pour éliminer les articulations évidentes[6].

Dans l'exposition les voix enchaînent le sujet et sa réponse dans l'ordre, alto, ténor, basse, soprano.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}
Dux   = { r8_\markup{Dux} ees8 ees ees d ees f4~ f8 ees aes4. ges16 f bes8 aes ges }
Comes = { r8^\markup{Comes} bes8 bes bes a bes c4~ c8 bes ees4~ ees8 des16 c f8 ees }
upper = \relative c' {
  \clef treble 
  \key ees \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 60
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
   %% FUGUE CBT II-8, BWV 876, ré dièse mineur
   \Dux f8 ees des16 ees f4. ees16 f ges4. f16 g aes4. g16 a bes8 c des4~ des8 g, aes bes ees, aes4 g8 ces4. bes16 aes ges8 aes bes ces f,16 ges f ees d ees f ges aes bes aes ges << { f4~ f8 ges16 aes ges8 f } \\ { s4 des4. c16 d } >>
    << { \relative c'' \Comes des'8~ } \\ {  ees,8 d ees16 f ges8 f4. ges16 f ees8 des r8 des'8 c bes aes16 bes c8~ c8 } >>
}
lower = \relative c' {
  \clef bass 
  \key ees \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
   R1*2 \Comes \clef treble des8 c bes bes' ees,4. des8 ces4 bes aes8 aes' d,4
   \clef bass 
   << { \stemDown \change Staff ="upper" ees8 \stemUp \change Staff ="lower" f,8 ges aes bes4. aes16 bes ces4. bes16 c s2 s8 aes8 ges16 aes bes c des8 c16 bes a4~ | a8 bes16 a bes8 r8 r8 ees8 c f f4 } \\ { \relative c \Dux f,8 ees des16 ees f4. ees16 f ges4. f16 g aes4. g16 a bes8  } >>
} 
\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 876"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
  \midi { }
}


Le contre-sujet apporte un élément très contrasté, par rapport au sujet (bien qu'issus d'un motif du sujet en diminution), et n'apparaît que dans la première partie de la fugue (jusqu'à la mesure 23)[7].



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}
\score {
  \new Staff \with {
  }
<<
  \relative c'' {
    \key ees \minor
    \time 4/4
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
     %% CONTRE-SUJET fugue CBT II-8, BWV 876, ré dièse/mi bémol mineur
     bes4. \[ aes16 bes ces4. \] bes16 c des4. c16 d ees4
  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
      }
  }
  \midi {} 
}


À partir de la mesure 15, le sujet apparaît plusieurs fois sous une forme altérée.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}
\score {
  \new Staff \with {
  }
<<
  \relative c {
    \clef bass 
    \key ees \minor
    \time 4/4
     %% SUJET transformé fugue CBT II-8, BWV 876, ré dièse/mi bémol mineur
     r8 bes8 bes bes g aes bes4~ bes8 aes des4~ des8 ces16 bes ees8 des ces8. bes16 aes 
  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
         }
  }
  \midi {} 
}


La fin de la fugue, la basse redonne le sujet, accompagnée seulement d'accord par les autres voix (mesures 40–41). La pièce aurait pu s'arrêter là, mais Bach redonne une dernière fois le sujet au soprano, pendant que le ténor chante le renversement du comes (mesures 43–44)[8]. Cette subtilité semble quelque peu hors de propos, dans la mesure où le renversement du sujet n'apparaît pas antérieurement. Peut-être Bach a-t-il découvert tardivement cette possibilité, l'ajoutant après coup. L'avant dernière mesure présente un accord rare de sixte allemande[6].



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}
Dux   = { s8*0-\markup{Dux} ees8[ ees ees] d ees f4~ f8 ees aes4. ges16 f bes8 aes ges }
upper = \relative c'' {
  \clef treble 
  \key ees \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 60
  \set Score.currentBarNumber = #43
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    %\context Score \applyContext #(set-bar-number-visibility 4)
    \bar ""
   %% FUGUE CBT II-8, BWV 876, ré dièse mineur
   \partial 2
    << { ees,8 \relative c'' { \Dux d8 ees4~ ees d ees2 }  } \\ { ees8 ges16 f ges bes aes ges | f aes ges bes ces bes ces8~ ces bes r16 ees16 d c d8 ees16 f ges8 d ees aes, ges16 f ges8~-\markup{*} ges aes16 ges \stemUp \shiftOn f ges aes8 g2 } \\ { s2 s1 s2 s4 s8 ces8 bes2 bes } >>
}
lower = \relative c' {
  \clef bass 
  \key ees \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
   << { ges8 bes8-\markup{Renversement comes}[ bes bes] ces bes aes4~ aes8 bes f4~ f8 ges16 aes ees8 f ges ces bes ees,16 f ges8 f16 ees bes'8 \stemDown \change Staff = "upper" f' ees2 } \\ {  ees,2~ ees8 ees16 d ees ges f ees d8  ges r16 ces, bes aes bes8. aes16 ges8 bes ees f ges a, bes2 ees, } >> \bar "|."
} 
\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #""
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
    indent = #0
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
  \midi { }
}

Genèse

Selon Keller, ce prélude est une transcription d'un état antérieur en mineur[9]. Pour ce qui est du style le rapprochement est fait avec l'invention en mi majeur BWV 777, où interviennent ces mêmes triples croches et surtout la même découpe bipartite.

Manuscrits

Les manuscrits[10] considérés comme les plus importants sont de la main de Bach lui-même ou d'Anna Magdalena. Ils sont :

Postérité

Mozart a donné une transcription de cette fugue à quatre voix, K.405/4 (1782) avec quatre autres, pour quatuor à cordes.

Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[13], publiée en 1914.

Bibliographie

  • (en) Hugo Riemann (trad. de l'allemand), Analysis of J.S. Bach's Wohltemperirtes clavierKatechismus der fugen-komposition = »], vol. 2, Londres, Augener & Co., (1re éd. 1891 (de)), 234 p. (lire en ligne)
  • (en) Cecil Gray, Forty-Eight Preludes and Fugues of J.S .Bach, Oxford University Press, , 148 p. (OCLC 603425933, lire en ligne [PDF]), p. 101–103.
  • Hermann Keller, Le clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach : l'œuvre, l'interprétation, Paris, Bordas, coll. « Études », (1re éd. 1965(de)), 233 p. (OCLC 373521522, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 166–169.
  • (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Study of its Aim, Historical Significance and Compiling Process, Leeds, University of Leeds, (OCLC 246834603, lire en ligne [PDF])
  • (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Critical Commentary, vol. 2 : All the extant manuscripts, Leeds, Household World Publisher, , 1033 p. (ISBN 978-0-9521516-7-8, OCLC 313150901, lire en ligne [PDF]), p. 57–62.
  • François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083, lire en ligne), p. 36–37.
  • Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 2-221-05017-7), p. 215.
  • (en) David Ledbetter, Bach’s Well-tempered Clavier : the 48 Preludes and Fugues, New Haven/London, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 0-300-09707-7, OCLC 5559558992), p. 228–234.
  • (en) David Schulenberg, The keyboard music of J.S. Bach, New York, Routledge, , viii–535 (ISBN 0-415-97399-6, OCLC 63472907, lire en ligne), p. 199–274.
  • Yo Tomita, « préface », dans J.-S. Bach, Clavier bien tempéré, Livre II, Henle, (OCLC 786251450)

Notes et références

Article connexe

Liens externes

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