Prélude et fugue en mi mineur (BWV 879)
Le Clavier bien tempéré II
Prélude et fugue n°10 BWV 879 Le Clavier bien tempéré, livre II (d) | ||
Mi mineur | ||
Prélude | ||
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Fugue | ||
Voix | 3 | |
Métrique | ||
Liens externes | ||
(en) Partitions et informations sur IMSLP | ||
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu) | ||
Le prélude et fugue en mi mineur, BWV 879 est le dixième prélude et fugue extrait du second livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé de 1739 à 1744.
Le prélude en style d'invention, présente une courante en dessin tournoyants entre les deux mains. La fugue à trois voix, au sujet exceptionnellement long, en rythmes diversifiés, est très développée. Malgré son apparence simple et sans artifice, c'est l'une des fugues les moins prisées du recueil.
Prélude
Le prélude, noté
de 108 mesures est en deux parties avec reprise (AA –BB) — respectivement 48 et 60 mesures, avec une volta : unique dans le Clavier bien tempéré.
Il s'agit de la plus ressemblante des inventions à deux voix du Clavier[1], où le thème passe d'une main à l'autre avec ces échanges en écho de trilles ou de dessins tournoyants, très proche du prélude en ré dièse mineur dans sa découpe. Le style est celui d'une « courante »[2]. La fin de la première section se termine à la dominante. La seconde section reprend le thème en mouvement contraire[3].
Le thème est travaillé tout au long de la pièce : transposé, développé, renversé, présenté en canon (mesures 24–28). Des triples-croches d'ornement sont fournies par les copies plus tardives, placées aux mesures 3 et 4, 12 et 22[4].
Fugue
Caractéristiques 3 voix — , 86 mes.
⋅ 7 entrées du sujet
⋅ réponse tonale
⋅ contre-sujet |
La fugue, à trois voix, est notée et totalise 86 mesures.
Le sujet est d'une exceptionnelle longueur, viril, sautillant (les pointés sont dans la partition autographe) et énergique : il ne faut pas moins de six mesures pour l'exposer ; le plus long sujet des deux recueils[4]. Sa composition est extravagante : il explore toute sorte de rythmes — triolets, doubles-croches, croche-pointée double, noires, blanches (noires liées) — même si le rythme croche-pointée double doit en fait être assimilé aux triolets comme dans le prélude en ré majeur[5]. Ceci fait de cette fugue « une des moins prisées »[1] ; peut-être en raison de la difficulté de cerner ce sujet complexe et tortueux, dont on ne sait ce qu'il est. Elle est néanmoins d'un style contrapuntique simple, sans artifice de même que sa forme[6].
Conséquence de la longueur du sujet, l'exposition prend à elle seule 19 mesures. À l'origine le manuscrit s'arrête mesure 60, sur la dominante et un point d'orgue. La fugue se termine après une dernière réexposition du sujet, conduisant à la cadence finale, avec une nouvelle cadence, ralentissement et nouveau point d'orgue, avant que quatre mesures conduisent à faire sonner la tierce majeure sur un dernier point d'orgue. À la mesure 81, la chute fait penser immédiatement à la pédale d'une pièce d'orgue très connue (BWV 543), lors de sa conclusion[7].
Le contre-sujet n'est pas moins tortueux que le sujet, mais plus lisible dans ses deux sections contrastées[8] :
Relations
Malgré leur dissemblance, la parenté entre le prélude et la fugue ne fait aucun doute.
Manuscrits
Les manuscrits considérés comme les plus importants sont de la main de Bach lui-même ou d'Anna Magdalena. Ils sont :
- source « A », British Library Londres (Add. MS. 35 021), compilé dans les années 1739–1742[9]. Comprend 21 paires de préludes et fugues : il manque ut mineur, ré majeur et fa mineur (4, 5 et 12), perdues[9] ;
- source « B », Bibliothèque d'État de Berlin (P 430), copie datée de 1744, de Johann Christoph Altnikol[10].
Postérité
Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[11], publiée en 1914.
Bibliographie
- (en) Cecil Gray, Forty-Eight Preludes and Fugues of J.S .Bach, Oxford University Press, , 148 p. (OCLC 603425933, lire en ligne [PDF]), p. 106–108.
- Hermann Keller, Le clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach : l'œuvre, l'interprétation, Paris, Bordas, coll. « Études », (1re éd. 1965(de)), 233 p. (OCLC 373521522, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 173–176.
- (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Study of its Aim, Historical Significance and Compiling Process, Leeds, University of Leeds, (OCLC 246834603, lire en ligne [PDF])
- (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Critical Commentary, vol. 2 : All the extant manuscripts, Leeds, Household World Publisher, , 1033 p. (ISBN 978-0-9521516-7-8, OCLC 313150901, lire en ligne [PDF]), p. 57–62.
- François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083, lire en ligne), p. 37.
- Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 2-221-05017-7), p. 216–217.
- (en) David Schulenberg, The keyboard music of J.S. Bach, New York, Routledge, , viii–535 (ISBN 0-415-97399-6, OCLC 63472907, lire en ligne), p. 256–257.
- Yo Tomita, « préface », dans J.-S. Bach, Clavier bien tempéré, Livre II, Henle, (OCLC 786251450)
Notes et références
- Sacre 1998, p. 216.
- Keller et 1973 173.
- Tranchefort 1987, p. 37.
- Keller 1973, p. 174.
- Schulenberg 2006, p. 257.
- Keller 1973, p. 175.
- Keller 1973, p. 176.
- Gray 1938, p. 108.
- Tomita 2007, p. X.
- « Jean-Sébastien Bach, « Le clavier bien tempéré », vol. II — copie d'Altnikol », sur International Music Score Library Project
- [lire en ligne]
Article connexe
Liens externes
- Jean-Sébastien Bach, « Le clavier bien tempéré », vol. II, partitions libres sur l’International Music Score Library Project.
- Prélude et fugue en ré dièse mineur [PDF]