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Portes du Temple de MĂ©damoud

Ces deux portes monumentales proviennent d'un temple égyptien d'époque ptolémaïque, le temple de Montou, situé à Médamoud, au nord de Louxor, sur la rive droite du Nil. Elles sont le clou de la collection égyptologique du Musée des Beaux-Arts de Lyon. La plus ancienne, la porte de Ptolémée III, partiellement conservée, présente encore des restes de polychromie. Les scènes des bas-reliefs suggèrent qu'elle marquait l'entrée d'une salle des offrandes à l'intérieur du temple. La porte édifiée sous Ptolémée IV, la plus récente, a pu être entièrement reconstituée. Il s'agit probablement de l'une des entrées principales du temple. Certains détails montrent que la porte est restée inachevée.

Portes du Temple de MĂ©damoud
Porte édifiée sous Ptolémée III. Temple de Médamoud (Haute-Égypte), ( Musée des Beaux-Arts de Lyon, Lyon)
Temple de l’Égypte antique
Divinité
Époque
Constructeur
Ville
Coordonnées
25° 44′ 03″ N, 32° 42′ 37″ E
Carte

Le site de MĂ©damoud

Les fouilles ont montré la présence d'un premier temple datant de la Première Période intermédiaire, avant la XIe dynastie. Un autre temple fut édifié au Moyen Empire, puis modifié au Nouvel Empire. Ce temple était peut-être encore en activité quand Ptolémée III fit construire un petit sanctuaire devant le temple existant.

À la période tardive, Médamoud formait avec Tôd et Ermant un réseau de sanctuaires protégeant Thèbes. Le grand temple de ce centre religieux majeur d’Égypte, Karnak, était dédié au dieu Amon ; ceux de Médamoud, Tôd et Ermant, à une ancienne divinité locale, le dieu Montou. Le programme iconographique des portes de Médamoud fait ainsi aussi bien référence à la triade locale (Montou, son épouse Tjenenet-Rattaoui, et le roi-enfant Horparê) et qu'à celle de Thèbes (Amon, son épouse Mout, et le dieu héritier Horus).

La découverte et le don au musée

Les blocs des portes de Ptolémée III et Ptolémée IV sont découverts lors de fouilles menées à Médamoud en 1932 par Alexandre Varille et Fernand Bisson de La Roque, dans les fondations du temple construit par leur successeur Ptolémée V. Ils entrent au musée grâce à l'entremise du Lyonnais Alexandre Varille en 1938. La porte à linteau brisé de Ptolémée IV est remontée dès 1939, la seconde, plus parcellaire donc difficile à reconstituer, devait être initialement présentée sous forme de blocs. Il fallut attendre 1956 pour qu'elle soit remontée selon les plans laissés par Varille.

La porte de Ptolémée III

Les scènes d'offrandes

La porte de Ptolémée III est principalement ornée de scènes rituelles d'offrandes, ce qui suggère qu'elle marquait probablement l'entrée de la salle des offrandes, précédant le Saint des Saints. Cet espace, le plus sacré du temple, abritait la statue du dieu. Les offrandes quotidiennes qu'on lui présentait avaient pour but de maintenir l'équilibre du monde (concept appelé maât et incarné par la déesse du même nom, qui se trouve à la base de la pensée égyptienne). Les scènes figurent l'offrande des richesses de l’Égypte par le roi aux dieux, afin que ceux-ci lui accordent en retour la crue du Nil, préservant ainsi le cycle immuable de la vie.

Les offrandes classiques

L'offrande alimentaire classique du pain blanc qui synthĂ©tise toutes les autres nourritures, est prĂ©sentĂ©e Ă  Montou sur la façade. La scène de l'offrande de la bière figurĂ©e au revers de la porte, symbolise toutes les offrandes liquides. Cette boisson, la plus rĂ©pandue en Égypte ancienne, est reconnaissable par l'image des vases Ă  bière. L'offrande tout aussi typique du vin, boisson plus festive que la bière car rattachĂ©e aux rois et aux dieux, Ă©tait prĂ©sentĂ©e traditionnellement dans les vases « nou Â», de forme ronde.

La symbolique de la régénération

Cette symbolique de la régénération est très présente parmi les offrandes figurées sur la porte. On trouve ainsi sur la façade l'offrande des laitues au dieu Amon-Mîn-Kamoutef, forme du dieu Amon associée à la fertilité. C'est un présent spécifique à cette divinité car il est symbole de fécondité. Toujours suivant cette idée de régénération, on trouve l'offrande du lait, reconnaissable par des vases spécifiques, destinée à assurer, en retour, force vitale et pureté au roi. Elle est ici offerte à Horparê, le roi-enfant, fils de la triade de Médamoud, ce qui renforce l'idée de régénération. En parallèle, on trouve l'offrande des plantes au dieu Horus, fils de la triade thébaine cette fois, portant encore la mèche de cheveux de l'enfance. Dans la main droite du roi, un lotus, dans sa main gauche, un lys. Ces plantes, associées au dieu-enfant, représentent elles aussi le renouveau et la fertilité, elles sont symboles des bienfaits du Nil.

Les offrandes d'objets symboliques

L'offrande de Maât occupe le panneau principal du passage intĂ©rieur. C'est une offrande symbolique qui rĂ©sume le but initial de toute offrande: le maintien de l'ordre universel, incarnĂ© par la dĂ©esse Maât, reprĂ©sentĂ©e assise sur une corbeille que le roi prĂ©sente Ă  Amon. L'offrande des sistres, un instrument de musique, avait pour but d'apaiser la dĂ©esse Ă  laquelle il Ă©tait offert. La signification de l'offrande du symbole appelĂ© « chebet Â» demeure inconnue.

La représentation du pouvoir royal

Le linteau de la porte de Ptolémée III figure des scènes de rituels liés au pouvoir royal : la course à la rame et la course aux vases, deux rituels pratiqués lors du jubilé royal, fête destinée à renouveler le pouvoir du roi.

La porte de Ptolémée IV

Porte édifiée sous Ptolémée IV. Passage et face tournée vers l'intérieur du temple. Le roi Ptolémée IV et le dieu Amon
Octadrachme en or à l'effigie de Ptolémée IV.

Le programme iconographique

Les motifs s'organisent autour de la thématique du Maître des Deux Terres. On y voit de part et d'autre du passage, le roi représenté de manière symétrique tantôt en tant que seigneur de Basse-Égypte, c'est-à-dire la partie Nord du pays, autour du Delta, tantôt en tant que maître de Haute-Égypte, le Sud du pays. Ces deux représentations sont reconnaissables par les différentes couronne : la couronne rouge de Basse-Égypte, et la couronne blanche de Haute-Égypte, en forme de mitre. Lorsque l'on passe sous la porte pour entrer dans le temple, on peut observer, de l'autre côté, le roi représenté en tant que Maître des Deux Terres, portant la double-couronne, appelée pschent.

Le passage intérieur est orné de signes monumentaux qui s'inscrivent eux aussi dans la symbolique du pouvoir royal. Les croix ânkh, signe de vie, porte les sceptres Ouas, symboles du pouvoir royal, et le signe du jubilé royal est rattaché à des génies des millions d'années, promettant un long règne.

L'histoire du monument

La porte de Ptolémée IV Philopator est inachevée. Il semble que des troubles politiques survenus vers -206 aient interrompu les travaux. On trouve plusieurs traces de cette interruption : dans la partie saillante du passage, certaines lignes de séparation entre les hiéroglyphes sont tracées mais non sculptées, et la paroi en bas du montant droit est lisse, tandis que son parallèle est sculpté. Au revers de la porte, on peut également voir que les personnages sont gravés seulement jusqu'au niveau du mollet. Les blocs ont ensuite servi comme éléments de fondations du nouveau temple érigée par Ptolémée V.

Bibliographie

  • Ch. Sambin, Les portes de MĂ©damoud, Bulletin des MusĂ©es et monuments lyonnais 1988-3
  • Les RĂ©serves de Pharaon. L'Égypte dans les collections du MBA : catalogue d'expo 1988
  • Jean-Pierre Corteggiani, L'Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustrĂ©, Paris, Fayard, , 588 p. (ISBN 978-2-213-62739-7, BNF 41145752)
  • Christiane Ziegler et Jean-Luc Bovot, Art et archĂ©ologie : l'Égypte ancienne, Paris, École du Louvre : RĂ©union des musĂ©es nationaux : la Documentation française, coll. « Manuels de l'École du Louvre », , 512 p. (ISBN 2-11-004264-8, 2-7118-4281-9 et 2-11-004914-6, BNF 37644302)

Lien externe

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