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Port-Jeanne-d'Arc

Port-Jeanne-d'Arc Ă©tait l’unique station baleinière construite sur le territoire français, situĂ©e sur l'Ă®le de Grande-Terre, dans l'archipel des Kerguelen, au nord-ouest des cĂ´tes de presqu'Ă®le Jeanne d'Arc au bord de la passe de Buenos Aires. Ce site de 6 hectares est depuis 2001 en cours de restauration pour prĂ©server le patrimoine historique et industriel du lieu.

Port-Jeanne-d'Arc
Image illustrative de l'article Port-Jeanne-d'Arc
Port-Jeanne-d'Arc en 2008.

CoordonnĂ©es 49° 33′ 16″ sud, 69° 49′ 22″ est
Pays France
Création 1906
Fermeture 1926
Effectif max. environ 300
Activités station baleinière
Géolocalisation sur la carte : îles Kerguelen
(Voir situation sur carte : îles Kerguelen)
Port-Jeanne-d'Arc

Histoire

En 1906, les frères Bossière du Havre, fils du dernier armateur français Ă  avoir pratiquĂ© la pĂŞche Ă  la baleine, obtiennent du gouvernement français, la concession exclusive de l'archipel, pour 50 ans. Ils font construire alors en 1909 Port-Jeanne-d’Arc grâce au savoir-faire et aux capitaux de NorvĂ©giens de la sociĂ©tĂ© Storm Bull Ă©tablie au Cap, pour produire de l’huile de baleine, alors très utilisĂ©e dans l’éclairage. Les NorvĂ©giens, au nombre de 300, rĂ©ussirent Ă  construire le port en seulement 3 mois. On estime aujourd'hui qu'il fallut 460 tonnes de bois de sapin et 2 500 tonnes d'acier pour l'Ă©dification du site. La production dĂ©marre en 1909, employant une centaine d'ouvriers et de cadres norvĂ©giens, travaillant tout au long de l'annĂ©e[1]. L'Ă©clatement de la Première Guerre mondiale en 1914 interrompt la production du port pendant plus de cinq ans. Celle-ci reprend en 1919 et est rachetĂ©e par l'entreprise Irwin & Johnson, du Cap, qui fait ainsi fonctionner l'usine jusqu'en 1926, date Ă  laquelle la production est arrĂŞtĂ©e Ă  la suite de l'apparition des navires-usines, et des consĂ©quences de la sur-chasse des Ă©lĂ©phants de mer et des baleines[1]. La station accueille quelques scientifiques tels Edgar Aubert de la RĂĽe, furtivement en 1929 et plus longuement en 1931. Elle est alors en parfait Ă©tat Ă  l’exception de l'usine[2]. Aubert de la RĂĽe la dĂ©crit ainsi : « Entre les magasins, ateliers, locaux d'habitation et annexes diverses, il y avait bien en tout une dizaine de bâtiments, solidement construits en bois, couverts de tĂ´le et peints en rouge foncĂ©, avec des encadrements blancs aux fenĂŞtres »[2]. Cette mĂŞme annĂ©e, les services agricoles de Madagascar, en complète mĂ©connaissance du climat du lieu, y expĂ©dient de nombreux arbres fruitiers : pĂŞchers, abricotiers, amandiers, cerisiers, vigne, peupliers, chĂŞnes, cyprès... pour dĂ©velopper des cultures et boiser les pentes des montagnes... Évidemment, pas le moindre spĂ©cimen ne survĂ©cut[3].

La station comporte encore en 1932 plusieurs tombes dont les plus récentes datant de dix ans. Aubert de la Rüe y remarque la présence d'un Cafre et d'un Zoulou, rappelant l'emploi aux Kerguelen de manœuvres noirs sud-africains[4]. A l'écart de la station demeure un calvaire établi en 1924 par le conservateur du muséum d'histoire naturelle du Havre, Étienne Peau, qui résida avec son jeune fils quelques mois à Port-Jeanne-d'Arc[4].

Le navire Bougainville s'y arrête en 1939 ainsi que le Wyatt-Earp qui y demeure quatre jours durant son périple pour emmener Lincoln Ellsworth en Antarctique. Le 10 mars 1941, le navire allemand Komet visite Port-Jeanne-d'Arc et le 15 février 1948, le Wyatt-Earp y revient après avoir déposé à l'île Heard la première mission scientifique permanente australienne. Le 13 février 1949, le Labuan y passe après avoir relevé la mission de l'île Heard[5].

En 1950-1951, Edgar Aubert de la Rüe s'y rend de nouveau. Il constate que l'appontement est fort délabré et que la station a beaucoup souffert des intempéries. Un grand magasin s'est effondré et l'usine est pratiquement détruite. Malgré tout, il faudrait peu de temps pour retaper les grands bâtiments d'habitation. Il ajoute : « Il me semblait que si l'on avait l'intention de fonder dans l'archipel une station administrative, doublée d'une base de recherches scientifiques, on pouvait difficilement trouver un endroit plus convenable et l'aménager à moindre frais, qu'en profitant de tout ce qui existait là ». Aubert de la Rüe estime aussi qu'en raison des inconvénients évidents de Port-aux-Français, c'est à Port-Jeanne-d'Arc qu'il faudrait installer les missions[6].

La station tombe ensuite progressivement en ruine, mais est de nos jours en cours de restauration pour être transformée en un écomusée[7].

Restauration

Au cours de l'été austral des années 2000 et 2001, une mission de recherche archéologique et de restauration du port a été créée dans le but de sauvegarder l'histoire du site. L'équipe, composée de six personnes (dont un charpentier, un ingénieur topographe et un menuisier)[8] fut menée par Jean-François le Mouël, archéologue au CNRS. La restauration débuta en , par le nettoyage du terrain, jonché de nombreux bouts de ferrailles usées et autres déchets, qui furent mis dans de grosses caisses puis évacués par un hélicoptère, les transportant jusqu'au Marion Dufresne 2 (ce dernier effectuant également le ravitaillement en vivres de l'équipe et en matériaux nécessaires à la reconstruction du port). Les objets mobiles (type machines, placards, jusqu'aux plus petites vis), se trouvant sur place furent numérotés et déplacés dans des lieux à l'abri. Ensuite, les bâtiments furent démontés, de sorte à ne laisser que leur ossature, qui vit également chacun de ses éléments numérotés et envoyés à la menuiserie de Port-aux-Français pour être restaurés[9]. Le site mis au jour, les fouilles archéologiques purent commencer. Tous les objets trouvés furent tout d'abord nettoyés, numérotés et attribués d'une fiche descriptive, pour être ensuite envoyés en métropole pour restauration puis renvoyés au Port-Jeanne-d'Arc. Ce travail minutieux accompli, la reconstruction put commencer. Les bâtiments furent reconstruits à l'identique à l'aide en très grande partie (95 %) du bois d'origine réutilisé. Cependant, les tôles des toits durent être complètement changées.

DĂ©couvertes

Les fouilles effectuées permirent à la fois d'exhumer de nombreux objets, mais également de mieux comprendre aujourd'hui le fonctionnement du port. On sait désormais que l'usine qui fabriquait l'huile à partir des baleines, était dotée d'un petit train qui transportait à la fois le charbon dans le bâtiment et l'huile produite vers les bateaux, et que même une cordonnerie avait été construite dans le but de permettre aux travailleurs de vivre en autarcie[10].

Accès

Port-Jeanne d'Arc est un site totalement isolé et n'est accessible que depuis la base de Port-aux-Français se trouvant à 4 heures de bateau.

Références

  1. Laurent Pirotte, Carnet de bord : l'usine baleinière de Port Jeanne d'Arc, Réunion La 1re, 27 février 2022. Lire en ligne
  2. Edgar Aubert de la Rüe, Deux ans aux îles de la Désolation. Archipel de Kerguelen, Julliard, 1954, p. 114
  3. Edgar Aubert de la Rüe, Deux ans aux îles de la Désolation. Archipel de Kerguelen, Julliard, 1954, p. 112-113
  4. Edgar Aubert de la Rüe, Deux ans aux îles de la Désolation. Archipel de Kerguelen, Julliard, 1954, p. 115
  5. Edgar Aubert de la Rüe, Deux ans aux îles de la Désolation. Archipel de Kerguelen, Julliard, 1954, p. 145
  6. Edgar Aubert de la Rüe, Deux ans aux îles de la Désolation. Archipel de Kerguelen, Julliard, 1954, p. 144
  7. « LE PATRIMOINE DES TAAF RESTAURATION DE LA STATION PORT-JEANNE D'ARC » (consulté le )
  8. « Patrimoine des TAAF - Station Port Jeanne d'Arc - JF Le Mouël - L'équipe », sur transpolair.free.fr (consulté le )
  9. « Patrimoine des TAAF - Station Port Jeanne d'Arc - Fouilles et restauration », sur transpolair.free.fr (consulté le )
  10. « Patrimoine des TAAF - Station Port Jeanne d'Arc - Découvertes », sur transpolair.free.fr (consulté le )

Lien externe

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