Poro (rituel)
Le Poro est une religion pratiqué par la majorité des populations établies dans les forêts guinéennes d'Afrique de l'Ouest, au Liberia, en Guinée et au Nord de la Côte d'Ivoire[1], également en Sierra Leone[2] et dans le sud du Mali[3].
Chez les Sénoufos du nord de la Côte d'Ivoire, il nécessite beaucoup de temps voire toute une vie. Tous les jeunes garçons prennent part à l'initiation dès l'âge sur 7 ans jusqu'à l'âge de 28 ans. Toute l'étape de l'initiation se déroule à l’extérieur du village dans le Bois sacré. Les jeunes y effectuent ainsi périodiquement des retraites d’un mois environ[4]. Les femmes quant à elles peuvent être initiées à la première étape après quoi elles ont l'obligation de se marier et sont capables de continuer l'initiation après la ménopause
Philosophie
Selon la conception sénoufo, l'être humain à sa naissance est dans un état d'animalité. C'est le Poro qui va le faire passer de l'état d'animalité à celui d'homme[5].
Le poro est composé de différents actes rituels ponctuels dont le passage est une preuve de maturité[6].
Tous les cultes sénoufo vénèrent Katyeleo une divinité féminine. Le créateur, Kolotyolo (Dieu), s'est retiré loin des hommes et a confié à Katyeleo la gestion du monde[7].
Initiation
L'initiation au Poro se déroule en trois étapes de 7 ans :
- Le Kouord a lieu pendant la période pré-nubile[6]. L'enfant a alors à charge certaines corvées et apprend certains mots essentiels du Poro. Il apprend également les rudiments de la vie communautaire et est amené à faire des sacrifices personnels. Il se doit aussi d'exercer de l'artisanat en confectionnant des costumes.
- Le Tcholo amène l'adulte à prendre connaissance des secrets qu'il n'aurait pas pu comprendre auparavant.
- Le Kaffono mène à la connaissance suprême et l'accession au cercle fermé des initiés masqués[5] - [6].
Le Poro comprend également une phase d'enseignement plus matérielle. Les initiés sont enseignés sur le calendrier des travaux agricoles, les diverses techniques artisanales etc.[8]
Après la formation, les futurs initiés sont soumis à un test pour déterminer le meilleur d'entre eux. Celui-ci se verra être le chef de la génération. Cet examen est un ensemble de questions sur les connaissances acquises durant le temps passé dans la forêt[9].
A contrario, dans la société sénoufo, les hommes qui n’ont pas été initiés au Poro ne peuvent pas prendre la parole en public[6] et ne peuvent pas être enterrés selon la tradition.
Notes et références
- Bois sacré. Initiation dans les forêts guinéennes, Musée du quai Branly
- (it) Gello Giorgi, La società segreta del Poro (Sierra Leone), EMI, Bologna, 1977, 155 p.
- N'do Cisse, Maladie et poro en pays senoufo du Sud-Mali, Ministère de la Santé Publique et des Affaires Sociales, Mali, 1988
- (fr) « La société du Poro chez les Sénoufo », sur http://detoursdesmondes.typepad.com (consulté le )
- (fr) « Le poro : société secrète chez les Sénoufo », sur http://www.rezoivoire.net
- Guy Aimé Eblotié, -le-poro/ « Culte du poro : définition, origine et rituels », sur La Croix Africa, (consulté le )
- (fr) « l'initiation au poro chez les senoufo(Cote d'Ivoire) », sur http://myafrikart.over-blog.com
- (fr) « Le Pays Sénoufo: Poro et Bois Sacré », sur http://sfk.free.fr/html/senoufo/senoufoethno/payssenoufo.html (consulté le )
- (fr) Abraham Laboriel, « CULTURE : Le « Poro » ou l’initié(e) chez les Sénoufo », sur www.avenue225.com,
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Beryl L. Bellman, The language of secrecy : symbols & metaphors in Poro ritual, Rutgers University Press, New Brunswick, N.J., 1984, 164 p. (ISBN 0813509696)
- (en) Neil Carey, Masks of the Koranko Poro: form, function and comparison to the Toma, Ethnos, Amherst, MA, 2007, 64 p. (ISBN 978-0-9793290-1-2)
- Maurice Delafosse, Le peuple Siéna ou Sénoufo, Paris, P. Geuthner, , 107 p.
- (en) Christian Kordt Hojbjerg, « Beyond the sacred and the profane: the Poro initiation ritual », dans Folk, 1990, vol. 32, p. 161-176
- Burkhard Gottschalk (et al.), Sénoufo : Massa et les statues du poro, U. Gottschalk, Düsseldorf, 2002, 244 p.
- J.M. Keletigui, Le sénoufo face au cosmos, Nouvelles éditions africaines,
- B. Holas, Les Sénoufos (y compris les Miniankas), Presses universitaires de France,