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Pont du détroit d'Akashi

Le pont du dĂ©troit d'Akashi (æ˜ŽçŸłæ”·ćłĄć€§æ©‹, Akashi kaikyƍ ƍhashi) est un pont suspendu, situĂ© au Japon. Il franchit la mer intĂ©rieure de Seto pour relier Kobe, sur l'Ăźle principale de HonshĆ«, Ă  la ville d'Awaji, sur l'Ăźle du mĂȘme nom. Sa portĂ©e centrale est de 1 991 m[1]. La longueur totale du pont est de 3 911 m ce qui en fait le deuxiĂšme plus long pont suspendu du monde . Ce pont est le dernier Ă©lĂ©ment d'un rĂ©seau qui relie les quatre Ăźles principales du Japon : HonshĆ«, Hokkaidƍ, KyĆ«shĆ« et Shikoku.

Pont du détroit d'Akashi
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Vue du pont Akashi kaikyƍ
Vue du pont Akashi kaikyƍ
GĂ©ographie
Pays Japon
PrĂ©fecture PrĂ©fecture de Hyƍgo
Commune Kobe - Île d'Awaji
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 34° 36â€Č 59″ N, 135° 01â€Č 18″ E
Fonction
Fonction Pont routier
Caractéristiques techniques
Type Pont suspendu
Longueur 3 911 m
PortĂ©e principale 1 991 m
Hauteur 298,8 m
Hauteur libre 65,72 m
Matériau(x) Acier
Construction
Construction 1988-1998
Mise en service
Maütre(s) d'Ɠuvre Drapeau du Japon Japon

GenĂšse de l'ouvrage

Vers 1930, Chujiro Haraguchi, qui Ă©tait alors ingĂ©nieur au ministĂšre de l'IntĂ©rieur (ultĂ©rieurement il devint maire de Kobe), proposa de relier les deux Ăźles, Honshu et Shikoku, par un pont suspendu. À l’époque, les finances japonaises et les techniques de construction Ă©taient insuffisantes.

Avant la construction du pont, les passagers devaient emprunter des ferries afin de franchir le dĂ©troit d'Akashi. Ce dernier est une voie maritime dangereuse, souvent soumise Ă  des conditions mĂ©tĂ©orologiques sĂ©vĂšres. En 1955, deux ferries font naufrage dans le dĂ©troit pendant une tempĂȘte, provoquant la mort de 168 enfants. Devant le choc provoquĂ© par cet Ă©vĂ©nement, le ministĂšre de l’Équipement et les Chemins de fer japonais reprirent l’idĂ©e en 1959 : une Commission du pont HonshĆ«-Shikoku fut crĂ©Ă©e en 1970 pour concevoir, construire et entretenir un ensemble de routes et de voies ferrĂ©es. Les ingĂ©nieurs proposĂšrent de crĂ©er trois tronçons : l’axe Kojima-Sakaide, qui fut terminĂ© en 1988, l’axe Kobe-Naruto, avec le pont Akashi-Kaikyo, et l’axe Onomichi-Imabari[2].

Le projet original prévoyait un pont mixte (routier et ferroviaire) ; cette option est abandonnée au profit d'un pont routier à six voies. La construction du pont commença en mai 1988. Il est ouvert à la circulation le .

Caractéristiques

Vue nocturne du pont du détroit d'Akashi.

Le dĂ©troit d'Akashi est une voie maritime internationale, empruntĂ©e par plus de 1 400 navires par jour ; la largeur minimale de cette voie doit ĂȘtre de 1 500 mĂštres. Le pont a ainsi une portĂ©e centrale de 1 991 mĂštres et deux portĂ©es latĂ©rales de 960 mĂštres, pour une longueur totale de 3 911 mĂštres. La travĂ©e centrale devait initialement mesurer 1 990 mĂštres ; elle fut Ă©tirĂ©e d'un mĂštre Ă  la suite du tremblement de terre de Kƍbe, le , dont l'Ă©picentre Ă©tait situĂ© entre les deux piliers du pont. A son ouverture en 1998 , il Ă©tait le plus long pont suspendu du monde jusqu’en 2022 avec l’ouverture du Pont du dĂ©troit des Dardanelles en Turquie

Le pont supporte trois voies de circulation dans chaque sens.

La conception du pont doit lui permettre de résister à des vents de 80 m/s (prÚs de 290 km/h), à des séismes d'une magnitude de 8,5 sur l'échelle de Richter ainsi qu'à des courants marins de 4,5 m/s.

ÉlĂ©vation du pont.

Des Ă©tudes en soufflerie

Comme une travée centrale d'une telle longueur donne une prise au vent considérable, un modÚle réduit du pont, 100 fois plus petit que le pont réel, a été construit afin d'étudier son comportement dans une soufflerie. La structure qui a été élaborée d'aprÚs ces tests devrait supporter des vents qui souffleraient à plus de 290 kilomÚtres à l'heure.

En dessinant les travĂ©es, les spĂ©cialistes ont trouvĂ© qu'un type particulier de torsions du tablier, lors de certains vents, risquait d'ĂȘtre gĂȘnant : sans un amortissement, le pont se briserait. GrĂące Ă  de nouveaux essais en soufflerie, ils ont alors conçu une travĂ©e renforcĂ©e, qui ne prĂ©sentait pas cette rĂ©sonance, et ils ont installĂ© des plaques de stabilisation verticales sous la bande mĂ©diane du pont afin d'amortir les oscillations.

ÉlĂ©ments de l'ouvrage

Les fondations

L'Ăźle d'Awaji repose sur du granite, une roche dure qui soutient la majoritĂ© des longs ponts du monde, mais ce lit de granite s'enfonce rapidement sous le dĂ©troit d'akashi, oĂč il est recouvert par une couche superficielle de vase durcie et de grĂšs. À proximitĂ© de l'Ăźle de Honshu, le fond est couvert de graviers, recouverts par endroits de sĂ©diments mous et mouvants, si bien que les fondations du pont Akashi kaikyƍ ont dĂ» ĂȘtre posĂ©es non sur des roches dures, mais sur des roches sĂ©dimentaires et des graviers Ă  demi consolidĂ©s.

Avant de construire les fondations des pylĂŽnes, des Ă©chantillons des couches sous-marines ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s et ont permis de vĂ©rifier que le sol Ă©tait suffisamment rĂ©sistant pour supporter un pylĂŽne de 25 000 tonnes sans qu'il s'enfonce ni ne s'incline.

Les fondations sont constituĂ©es de deux caissons cylindriques de 80 mĂštres de diamĂštre et de 70 mĂštres de hauteur: ce sont les plus grands qui aient jamais Ă©tĂ© construits. DotĂ©s d'une double paroi, ils flottaient, malgrĂ© leur masse supĂ©rieure Ă  19 000 tonnes. Douze remorqueurs les ont halĂ©s vers leurs emplacements respectifs et, profitant des quelques heures de marĂ©e basse, oĂč les courants marins sont ralentis, les Ă©quipes techniques ont procĂ©dĂ© Ă  leur immersion, en remplissant d'eau l'espace entre les deux parois.

Le compartiment central de ces caissons n'a pas de fond : il repose directement au fond de l'eau. Ce dernier a été nettoyé, par aspiration. Puis une barge établie en surface a préparé du béton immergé, un béton trÚs fluide qui ne se dissout pas dans l'eau. Pour minimiser les imperfections du béton, ce dernier fut préparé et versé dans le compartiment central du caisson, en continu, pendant trois jours et trois nuits. Puis du béton a été coulé dans le compartiment externe. Le coulage du béton a duré un an[2].

Les pylĂŽnes

Les pylÎnes du pont, plus hauts de 56 mÚtres que ceux du Golden Gate de San Francisco, sont flexibles : leur partie supérieure se courbe facilement avec le mouvement des cùbles. Intérieurement, chaque pylÎne est divisé en 102 niveaux par des cloisons horizontales, et il renferme un ascenseur en son centre. Un pylÎne est ainsi comme une tour de 102 étages, avec une superficie de 100 mÚtres carrés par étage.

Pour éviter les vibrations, une section cruciforme a été retenue et des stabilisateurs ont été mis en place à l'intérieur, oscillant dans une direction opposée à celle du pylÎne, et amortissant ainsi son mouvement.

Pour leur fabrication, les pylĂŽnes ont Ă©tĂ© subdivisĂ©s en 30 blocs d'environ dix mĂštres de hauteur chacun. Chaque bloc Ă©tait ensuite divisĂ© en trois parties qui, avec une masse infĂ©rieure Ă  160 tonnes, pouvaient ĂȘtre soulevĂ©es par les grues.

Une fois les blocs transportĂ©s sur le site, une grue auto-Ă©lĂ©vatrice a Ă©rigĂ© les pylĂŽnes. AprĂšs la pose de chaque bloc, la grue se soulevait elle-mĂȘme jusqu'au niveau suivant, puis hissait un autre bloc, et ainsi de suite. Ce procĂ©dĂ© novateur a limitĂ© l'emploi d'Ă©chafaudages temporaires. Il a en outre rĂ©duit la durĂ©e et le coĂ»t de la construction[2].

La suspension

Section d'un cĂąble.
Les cñbles et les suspentes vus du haut d’un pylîne.

Les cĂąbles qui ont Ă©tĂ© posĂ©s sur les pylĂŽnes ont Ă©tĂ© conçus spĂ©cialement car des cĂąbles classiques, qui supportent une tension d'1,57 GPa (160 kilogrammes-force par millimĂštre carrĂ©), auraient Ă©tĂ© trop fragiles. AprĂšs des Ă©tudes de mĂ©tallurgie, le choix d’un alliage d'acier comportant un faible pourcentage de silicium a Ă©tĂ© fait. La rĂ©sistance Ă  la tension Ă©tait ainsi d'1,77 GPa (180 kilogrammes-force par millimĂštre carrĂ©), ce qui donne une rĂ©sistance totale d'1,75 mĂ©ganewtons (178 000 tonnes-force) par cĂąble, de sorte qu’on a pu n'utiliser qu'un seul cĂąble de chaque cĂŽtĂ© du pont pour soutenir le tablier. GrĂące Ă  cette simplification de la structure, le poids de l'ensemble et la durĂ©e de l'Ă©dification ont Ă©tĂ© diminuĂ©s.

Chaque cùble est composé de 290 torons qui se composent chacun de 127 brins d'acier résistant. La longueur totale de ces brins correspond à sept fois et demie le tour de la Terre.

Pour mettre en place les cĂąbles sans gĂȘner la navigation, un hĂ©licoptĂšre a tout d'abord transportĂ© un cĂąble de guidage au-dessus du dĂ©troit ; on a utilisĂ© ce guide pour tirer des cĂąbles plus rĂ©sistants et former une passerelle. Des treuils placĂ©s le long de cette passerelle ont permis de tendre chaque toron. C'est Ă  minuit, lorsque la chaleur du soleil ne risquait pas de faire jouer le mĂ©tal, que les techniciens ont ajustĂ© les profils des torons afin de rĂ©partir Ă©quitablement la charge sur chacun d'eux[2].

Le tablier

Le sĂ©isme de Kƍbe, survenu le , rĂ©sultant de l’apparition d’une nouvelle faille qui s'Ă©tait ouverte prĂšs du pont, Ă  14 kilomĂštres de profondeur, provoqua un dĂ©placement des fondations et une ouverture de 80 centimĂštres de la travĂ©e centrale et de 30 centimĂštres de la travĂ©e situĂ©e du cĂŽtĂ© d'Awaji.

La structure dĂ©jĂ  construite n'a pas Ă©tĂ© endommagĂ©e, parce que le pont avait Ă©tĂ© conçu pour rĂ©sister Ă  un sĂ©isme de magnitude 8,5, qui aurait rĂ©sultĂ© d'un mouvement de la plaque Pacifique. Ils avaient mĂȘme conçu les structures pour qu'elles rĂ©sistent Ă  une tempĂȘte ou Ă  un sĂ©isme tels qu'il ne s'en produit qu'une fois tous les 150 ans. En revanche, il n'avait pas Ă©tĂ© prĂ©vu un dĂ©placement des fondations, dĂ» Ă  une nouvelle faille Ă  l'aplomb du pont.

Les ingĂ©nieurs ont donc dĂ» redessiner les travĂ©es, afin d'allonger le pont d'1,1 mĂštre. Un mois aprĂšs le sĂ©isme, la construction reprenait. C'Ă©tait un moindre mal que le sĂ©isme se soit produit avant que le pont ne soit terminĂ©, car certaines structures comme les joints de dilatation, qui ont Ă©tĂ© insĂ©rĂ©es plus tard, auraient pu ĂȘtre endommagĂ©es[2].

Acteurs

Vue aérienne.
RĂŽleNomPartie de la structure
ConceptionHonshu Shikoku Bridge Authority
ConstructionObayashi Corp.ancrage Kobe
Kawasaki Heavy Industries
Solétanche Bachyfondations des ancrages
Taisei Corporation
Construction en groupementKawada Industries
Construction métalliqueMitsubishi Heavy Industries Ltd.
Yokogawa Bridge Corporation

Notes et références

  1. Giorgio Faraggiana et Angia Sassi Perino (trad. de l'italien), Les ponts, Paris, Grund, , 240 p. (ISBN 2-7000-2640-3), p. 118.
  2. Le plus long pont suspendu - Satoshi Kashima – Makoto Kitagawa – Pour la Science – n°244 –fĂ©vrier 1998.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Honshu-Shikoku Bridge Authority, Honshu-Shikoku Bridges : informations (lire en ligne [PDF]) (28,5 Mo)
  • (en) A Bridge So Far : Popular Science vol.252 n°3, Bonnier Corporation, (ISSN 0161-7370, lire en ligne)
  • (en) M. Yasuda, K. Izuno & S. Nakanishi, Array observation system for aseismic design of Akashi Kaikyo bridge : Proceedings of the Tenth World Conference on Earthquake Engineering, vol.10, Madrid, Spain, Taylor & Francis, (ISBN 90-5410-060-5, lire en ligne)

Liens externes

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