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Plan Annan

Le plan Annan, du nom du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies de l'Ă©poque, Kofi Annan, avait pour but de rĂ©unifier en une RĂ©publique chypriote unie les deux communautĂ©s chypriotes, grecque et turque, sĂ©parĂ©es Ă  la suite de la division de l'Ă®le en 1974. Le plan est restĂ© Ă  l'Ă©tat de projet parce que la communautĂ© grecque souhaite un État chypriote uni sur une base multiethnique sans partage territorial ou bien, dans le cas d'un partage, sur une non-limitation du nombre de rĂ©fugiĂ©s autorisĂ©s Ă  retrouver leurs rĂ©sidences d'avant 1974, tandis que la communautĂ© turque souhaite un État chypriote fĂ©dĂ©ral avec partage territorial selon les limites instituĂ©es en 1974 oĂą le nombre de rĂ©fugiĂ©s grecs autorisĂ©s Ă  rentrer dans la zone turque serait limitĂ© Ă  la moitiĂ© d'entre eux (92 000 sur 200 000). Le plan, proche des revendications turques, fut soumis par rĂ©fĂ©rendum aux deux populations chypriotes le mais ne fut pas adoptĂ© dans la partie grecque.

Proposition de drapeau de la RĂ©publique Chypriote Unie

Propositions du plan

Le plan Annan a subi cinq révisions afin de parvenir à sa version finale[1]. Cette ultime version proposait la création de la « République chypriote unie », couvrant de jure l'île de Chypre dans sa totalité, mais de facto les zones de souveraineté britanniques en étaient toujours exclues et le pays devait devenir une fédération conservant les deux États séparés issus de l'invasion du : la République de Chypre et la République turque de Chypre du Nord.

Au niveau fédéral, de nouveaux organes gouvernementaux seraient apparus[1] :

  • un Conseil prĂ©sidentiel de six membres votants et trois non-votants reprĂ©sentant les deux communautĂ©s proportionnellement[Note 1] ;
  • un prĂ©sident et un vice-prĂ©sident, choisi par le Conseil prĂ©sidentiel parmi ses membres, un de chaque communautĂ©, alternant leurs fonctions tous les 20 mois pendant un mandat de cinq ans ;
  • un parlement bicamĂ©ral avec :
  • une Cour suprĂŞme composĂ©e d'un nombre Ă©gal de juges chypriotes grecs et chypriotes turcs ; ainsi que trois juges Ă©trangers, tous nommĂ©s par le Conseil prĂ©sidentiel.

Le plan comprenait une constitution fédérale intégrant les constitutions de chaque État, une série de lois fédérales et constitutionnelles, et une proposition de drapeau et d'un hymne national. Il a également prévu une commission de réconciliation pour rapprocher les deux communautés et résoudre les différends en suspens[1].

Référendum

En vue de l'adhésion de Chypre à l'Union européenne, le plan de réunification proposé par l'ONU[2] a été soumis à un référendum des deux populations chypriotes le .

Le taux de participation a avoisiné 90 % dans les deux parties de l'île. Cependant, si 65 % des Chypriotes turcs ont voté en faveur de ce plan, les trois quarts de l'électorat chypriote grec a voté contre. Les résultats du référendum empêchent de fait le rattachement des deux parties séparées par la ligne verte.

CommunautéOui[3]Non[3]Participation
Chypriote grecque24,17 %75,83 %88 %
Chypriote turque64,90 %35,09 %87 %
Total31,42 %68,58 %87,7 %
Nombre total de votantsOuiNon
Chypriotes grecs99 976313 704
Chypriotes turcs50 50014 700
Total150 500328 500

Pour les responsables politiques chypriotes grecs, le refus grec au plan Annan, pourtant nĂ©gociĂ© entre les partis, est dĂ» au dĂ©sĂ©quilibre du plan, qui ne prĂ©voyait ni le retour de tous les rĂ©fugiĂ©s chypriotes grecs chassĂ©s de la partie nord (seuls 92 000 d'entre eux sur 200 000 auraient Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  rentrer[4]), ni le dĂ©part de tous les colons venus d'Anatolie après la partition (un tiers de ceux-ci, soit 45 000 sur 140 000, auraient Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  rester dans l'Ă®le[5]), ni la dĂ©militarisation complète de l'Ă®le (la Grèce et la Turquie Ă©tant autorisĂ©es Ă  garder un contingent symbolique après 2018[6]).

En outre, le nouveau système politique mettait en place un partage des pouvoirs entre Chypriotes grecs et turcs, que la partie grecque estimait trop à l'avantage des Chypriotes turcs qui auraient eu un droit de véto sur les décisions grecques et inversement, en vertu de l'égalité politique des organes exécutifs, législatifs et juridiques, alors que même avec les colons d'Anatolie, la communauté turque est minoritaire. La surreprésentation de la population chypriote turque par rapport à son poids démographique, prévue par le plan, fut également un des motifs de rejet de la part des Chypriotes grecs[7].

Quel que soit le résultat du référendum, l'adhésion à l'Union européenne de la partie grecque était acquise, seule cette partie étant reconnue par la communauté internationale comme représentant la République chypriote : cela ne poussa pas les Chypriotes grecs au compromis, d'autant que la Grèce menaça de bloquer les neuf autres candidatures à l'Union européennes prévues en 2004 (Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Slovaquie et Slovénie) si Chypre n'était pas incluse parmi ces pays[8].

Conséquences

De jure toute l'île fait partie de l'Union européenne, mais comme la partie turque n'est officiellement reconnue que par la seule Turquie, elle est de facto exclue de toute union (économique, monétaire, douanière…) et de l'espace Schengen.

Une autre conséquence de l'échec du Plan Annan est que la partie sud n'a pas pu adhérer, elle non plus, à l'espace Schengen[9] : en effet la partie nord de l'île voit arriver un afflux massif de réfugiés qui n'ont qu'à passer la ligne verte pour se retrouver dans l'Union européenne ; or la République de Chypre refuse de contrôler cette frontière de facto entre le nord et le sud, car elle considère que cela équivaudrait à reconnaître la ligne Attila et la république turque de Chypre du Nord dans l'étendue qui est la sienne depuis 1974[10].

Notes et références

Notes

  1. À savoir, six chypriotes grecs et trois chypriotes turcs.
  2. À savoir, 24 chypriotes grecs et 24 chypriotes turcs.
  3. Avec un seuil minimal de 12 membres, quelles que soient les Ă©volutions des deux populations.

Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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