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Plage de la Mine d'Or

La plage de la Mine d'Or est une plage publique située sur la commune de Pénestin, dans le département français du Morbihan.

Plage de la Mine d'Or
Localisation
Coordonnées
47° 28â€Č 30″ N, 2° 29â€Č 23″ O
Baigné par
Pays
Commune
Description
Type
Type de sol
Label
Fonctionnement
Propriété
Publique
Patrimonialité
Public accepté
Tout public
PĂ©riode d'ouverture
AccĂšs permanent
Entrée payante
Non
Services
Parking
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
GĂ©olocalisation sur la carte : Morbihan
(Voir situation sur carte : Morbihan)
Géolocalisation sur la carte : pays de Guérande
(Voir situation sur carte : pays de Guérande)

GĂ©ographie

Le site de la Mine d'Or, Ă  l'ouest du bourg de PĂ©nestin, est une plage situĂ©e au sud de l'estuaire de la Vilaine. Elle est entourĂ©e de deux pointes rocheuses : le Lomer au Nord et la pointe du MaresclĂ© au Sud. Longues de km et hautes de 10 Ă  15 mĂštres[1], les falaises de la plage sont caractĂ©risĂ©es par leur coloration cuivrĂ©e. Elles offrent sur prĂšs de 1 800 m une coupe orientĂ©e en gros N-S d'un systĂšme sĂ©dimentaire, dĂ©nommĂ© « Formation de PĂ©nestin Â» (sables, argiles et graviers de l'Ă©ocĂšne-WĂŒrm). Cette formation repose sur un socle de micaschistes briovĂ©riens trĂšs altĂ©rĂ©s en kaolinite. Cet affleurement qui est limitĂ© au nord par un « onlap » des sĂ©diments sur le socle, et au sud par un dĂ©crochement majeur dextre de direction N 110°, est le tĂ©moin du passage d'un ancien fleuve aujourd'hui fossilisĂ© qui s'Ă©coulait dans un palĂ©ovallĂ©e (possiblement une palĂ©o-Loire puis une palĂ©o-Vilaine)[2].

Histoire

Deux bifaces de 300 000 ans sont retrouvĂ©s en 1983 au sommet de la nappe supĂ©rieure de la falaise[3]. Un approvisionnement constant en eau potable explique en effet les implantations humaines Ă  proximitĂ© des cours d'eau, voire dans les cours d'eau eux-mĂȘmes[4].

En 1850, deux mineurs anglais, Wellington et Bonnefin, travaillant Ă  Piriac, entreprennent de laver les sables de la plage de la « Grande CĂŽte Â», appelĂ©e aussi « Grande CĂŽte Rouge Â» — l'ancien nom de la Mine d'Or — sans y ĂȘtre autorisĂ©s par l'Administration. Ils se vantent de recueillir de la cassitĂ©rite avec abondance et mĂȘme de l'or natif en paillettes. Selon un rapport, ces deux ouvriers avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s en reconnaissance Ă  PĂ©nestin par une entreprise de recherches miniĂšres de Piriac, qu'ils avaient quittĂ© pour travailler Ă  leur compte. Le prĂ©fet du Morbihan fait arrĂȘter leur activitĂ© mais admet leur bonne foi et dĂ©cide de n'exercer sur eux aucune poursuite. Le , Charles Bonnefin Ă©crit au maire de PĂ©nestin pour lui demander l'autorisation de dĂ©poser sur les bords de la falaise, les rĂ©sidus du lavage du sable dans lequel se trouvent des mĂ©taux prĂ©cieux, notamment de l'or. Il demande Ă©galement de pouvoir construire une cabane et une rampe sur le site. Le conseil municipal accepte sa demande et lui accorde une concession[5].

Plusieurs Ă©poques de travaux, effectuĂ©s sur l'estran, ont lieu depuis 1857 : exploitation de sable gemmifĂšre rĂ©putĂ© contenir des minĂ©raux (grenats, corindons et zircons) pouvant ĂȘtre utilisĂ©s dans l'industrie des abrasifs, exploitation de l'argile kaolinique. La plage de la Mine d'Or tire donc effectivement son nom de l'exploitation aurifĂšre par une quinzaine d'ouvriers entre la fin du XIXe siĂšcle et le dĂ©but du XXe siĂšcle. L'or ne se trouvait pas dans une mine, mais Ă  l'air libre, dans le sable sous forme de paillettes. Cependant, le lavage de tonnes de sables et leur tamisage par des orpailleurs ne permettait d'extraire qu'une faible quantitĂ© d'or (un mĂštre cube de sable stannifĂšre renfermait 0,50 g d'or natif). L'exploitation du site a par consĂ©quent employĂ© peu de main d'Ɠuvre et n'a pas entraĂźnĂ© un effet de « ruĂ©e vers l'or Â», s'arrĂȘtant dĂšs le dĂ©but de la premiĂšre guerre mondiale[5].

Classement

La falaise ainsi qu'une partie du domaine public maritime correspondant est un site naturel classé par décret du [6].

Cadre géologique

Les trois unités sédimentaires au-dessus du socle.

La falaise est le témoin du passage d'un ancien fleuve, qui s'écoulait au sein d'une vallée aujourd'hui disparue. Une bordure de cette paléovallée est visible au nord de la falaise[5].

Le palĂ©o-estuaire (estuaire de fleuve fossile de la Mine d'Or prĂ©sente un intĂ©rĂȘt scientifique, un intĂ©rĂȘt pĂ©dagogique et une raretĂ© nationale[7], qui justifient le classement en site gĂ©ologique d'intĂ©rĂȘt international en 2020[8].

Observations et interprétations

La formation de Pénestin repose sur un substratum briovérien constitué au nord de micaschistes chloriteux sains, plissés et à foliation métamorphique faiblement pentée vers le sud. Ils passent latéralement vers le sud à leurs produits d'altération avec des isaltérites puis des allotérites riches en kaolinite et en quartz, cette latérisation ayant lieu à l'Yprésien et au Lutétien supérieur, sous climat tropical (climats hydrolysants chauds et humides à saisons contrastées)[9].

Cette formation est subdivisĂ©e en trois unitĂ©s lithostratigraphiques qui correspondent Ă  deux pĂ©riodes d'incision de vallĂ©es fluviatiles lors d'abaissement du niveau marin pendant plusieurs cycles glaciaires quaternaires situĂ©s entre −600 000 et −300 000 ans[9] :

  • l'unitĂ© 1 (2 mĂštres au maximum) est un conglomĂ©rat rouge brun consolidĂ© Ă  ciment ferrugineux hĂ©tĂ©rogĂšne dont la coloration est hĂ©ritĂ©e du fer des profils d'altĂ©ration latĂ©ritiques. Ce conglomĂ©rat Ă©pais est constituĂ© de blocs de quartz, de grĂšs, de granite et de micaschiste de taille variable, parfois plus de 10 cm, d'origine locale ou plus lointaine. Ces galets prĂ©sentent parfois une imbrication fruste, montrant un Ă©coulement vers le nord-ouest, et quelques niveaux sableux de quelques dĂ©cimĂštres d'Ă©paisseur montrent des litages obliques de courants. Cette unitĂ© correspondrait au plus bas niveau marin avec la formation d'Ă©coulements de dĂ©bris donnant naissance Ă  des cĂŽnes alluviaux dans la palĂ©o-Loire[10] ;
  • l'unitĂ© 2 (2 Ă  7 mĂštres) montre des sables ocre trĂšs grossiers qui Ă©voluent verticalement vers des sables trĂšs fins, des silts argileux et argilites avec rides de courants parfois opposĂ©s caractĂ©ristiques des courants de marĂ©e (faciĂšs tidaux). Vers le nord, des litages obliques de sables grossiers Ă  graviers anguleux indiquant des palĂ©ocourants vers le nord-ouest. Vers le sud, la granulomĂ©trie diminue en passant de sables moyens Ă  grossiers mal classĂ©s jusqu'Ă  des sables plus fins assez bien classĂ©s Ă  litages obliques soulignĂ©s par des galets. Cette unitĂ© correspondrait Ă  une lente remontĂ©e du niveau marin avec la formation de mĂ©garides appartenant Ă  des barres sableuses qui se dĂ©veloppent dans le lit des riviĂšres en tresses ou faiblement sinueuses. Entre ces barres se dĂ©posent des sables plus fins voire des argiles dĂ©posĂ©es par des lacs temporaires, lors de l'abandon des chenaux dans la palĂ©o-Loire[10] ;
  • l'unitĂ© 3 (3 Ă  6 mĂštres) est grossiĂšre avec Ă  la base des niveaux conglomĂ©ratiques, moins grossiers que dans l'unitĂ© 1, puis des sables grossiers Ă  moyens et des graviers et galets de quartz, grĂšs et schistes rouges. Les litages plans obliques indiquent des palĂ©ocourants vers le sud-est Ă  l'opposĂ© des deux unitĂ©s infĂ©rieures. Vers le sommet, des argilites rouges apparaissent dans les niveaux sableux et enfin des niveaux argileux gris litĂ©s pourraient correspondre Ă  des dĂ©pĂŽts lacustres dĂ©veloppĂ©s entre les barres sableuses des riviĂšres en tresse. Cette unitĂ© correspondrait Ă  un nouvel Ă©pisode de bas niveau marin avec la formation d'Ă©coulements de dĂ©bris dans la palĂ©o-Vilaine[10].

Galerie

  • Les diffĂ©rents niveaux du dĂ©pĂŽt fluviatile de la falaise de PĂ©nestin.
    Les différents niveaux du dépÎt fluviatile de la falaise de Pénestin.
  • Entonnoirs de suffosion semi-ouverts.
    Entonnoirs de suffosion semi-ouverts.

Notes et références

  1. Cette verticalité est parfois rompue par des éboulis.
  2. Nicolas Brault, Francois Guillocheau, Jean-Noel Proust, Thierry Nalpas, Jean-Pierre Brun, Stephane Bonnet, Sylvie Bourquin, « Le systĂšme fluvio-estuarien PlĂ©istocene moyen-supĂ©rieur de PĂ©nestin (Morbihan) : une palĂ©o-Loire ? », Bulletin de la SociĂ©tĂ© GĂ©ologique de France, vol. 172, no 5,‎ , p. 564 (lire en ligne).
  3. Ils sont désormais exposés au Musée d'histoire et d'archéologie de Vannes
  4. Jacques Briard, Jean L'Helgouach, SystÚmes fluviaux, estuaires et implantations humaines de la préhistoire aux grandes invasions, Comité des travaux historiques et scientifiques, , p. 203.
  5. La Mine d'Or, panneau de présentation réalisé par l'office de tourisme de Pénestin, consulté sur site en .
  6. Fichier national des sites classés, consulté le 27 avril 2016
  7. « Site d'intĂ©rĂȘt gĂ©ologique : Falaise de la Mine d'or », sur www.bretagne-environnement.org (consultĂ© le )
  8. Direction rĂ©gionale de l’environnement, de l’amĂ©nagement et du logement, « ArrĂȘtĂ© du 23/12/20 listant les sites d'intĂ©rĂȘt gĂ©ologique du dĂ©partement du Morbihan », sur bretagne.developpement-durable.gouv.fr, .
  9. Jean Plaine, « Sortie géologique dans le Léon animée par Michel BallÚvre », sur Société géologique et minéralogique de Bretagne, .
  10. R. Anfray, J. Chauvet, « Excursion sur la plage de la Mine-d'or de PĂ©nestin », Bulletin de l'Association VendĂ©enne de GĂ©ologie,‎ , p. 48-57 (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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