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Piquetero

Les piqueteros sont des participants de mouvements sociaux apparus en Argentine au cours des années 1990. Le terme est une extension du mot piquete désignant le blocage physique d'axes de communication par des manifestations statiques. Généralement, les piqueteros bloquent les routes par leur présence physique mais aussi par l'emploi de pneus en flammes et d'autres objets servant de barricade.

Les piqueteros qui manifestent Ă  Buenos Aires, Argentine

Dans un premier temps, dans les provinces de l'Argentine, notamment dans les villes de Cutral CĂł et Plaza Huincul en 1996, c’est dans un contexte de privatisations et de licenciements[1] dans le secteur industriel argentin que les premiers mouvements piqueteros sont apparus, dont officiellement les «puebladas» (mobilisations populaires). Les piqueteros appartiennent Ă  un mouvement protestant contre les mesures nĂ©olibĂ©rales des gouvernements argentins successifs qui ont engendrĂ© un dĂ©clin du climat Ă©conomique et des conditions de vie difficiles pour la population[2]. Les mouvements de piqueteros, mettant en scène des chĂ´meurs rĂ©clamant l'octroi de subsides de l'État, se sont dĂ©veloppĂ©s dans l'ensemble du pays et particulièrement dans les zones pĂ©riurbaines pauvres de la mĂ©tropole de Buenos Aires. Ils ont jouĂ© un grand rĂ´le dans les Ă©vĂ©nements liĂ©s Ă  la crise Ă©conomique de 2001. Les dĂ©cès de deux piqueteros, Maximiliano Kosteki et Dario Santillan, assassinĂ©s par la police le aux abords du Puente PueyrredĂłn, une des entrĂ©es de la ville de Buenos Aires, ont poussĂ© le gouvernement de Eduardo Duhalde Ă  anticiper les Ă©lections prĂ©sidentielles qui ont vu la victoire de Nestor Kirchner. Avant le dĂ©cès de ces deux piqueteros, une piqueteros de 25 ans, Teresa Rodriguez, avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© tuĂ©e par la police le Ă  Plaza Huincul[3]. Un mouvement piquetero porte son nom aujourd'hui en sa mĂ©moire, el MTR (Movimiento Teresa Rodriguez)[4].

Certains mouvements piqueteros travaillent en autogestion indépendamment du gouvernement pour survivre, par l'entraide, à la crise économique que traverse le pays. Le piquetage (piquetes) ou le blocage de routes (cortes de ruta) par les piqueteros vise à ce que le gouvernement national octroie des planes jefes y jefas de hogar (plans pour les soutiens de famille) qui correspondent à 150 pesos par mois en contrepartie de 20 heures de travail par semaine pour la municipalité ou des entités habilitées par l'État. Une grande partie des mouvements piqueteros ont reçu cette habilitation par la lutte et développent leur propres ateliers de production qui sont parfois autogérés.

La rappeuse d'origine argentine Keny Arkana prend position en faveur des piqueteros dans son morceau Victoria.

Actions contestataires

Blocage de routes

Le nom « piquetero » prend inspiration de l’action principale entreprise pour acquĂ©rir plus de visibilitĂ©, soit le blocage des routes par des chĂ´meurs brandissant des pancartes. Étant ignorĂ©s par les mĂ©dias, « [c]eux qui organisent les barrages n'ont pas d'autre solution, pour gagner en visibilitĂ© et ouvrir des espaces de nĂ©gociation, que d'exposer leur propre corps sur les routes », comme expliquĂ© par Pereyra et Svampa[5]. Ils obtiennent ainsi une attention et une reprĂ©sentativitĂ©, leur voix devenant entendue mondialement[5]. Cette mĂ©thode d’action perturbatrice semble plus efficace et donner plus de rĂ©sultats que les marches populaires habituelles, car les indigents interagissent ainsi directement avec les autres acteurs concernĂ©s[6]. Par ailleurs, les barrages sont sur des routes et endroits de circulation clĂ©s, par exemple la route nationale no 3 reliant la capitale fĂ©dĂ©rale avec la province de Buenos Aires et la Patagonie[6] , ou devant des bureaux gouvernementaux[6]  ou des lieux-clĂ©s de Buenos Aires comme La Plaza de Mayo[7].

Voir aussi

  • Maximiliano Kosteki et DarĂ­o Santillán, assassinĂ©s en 2002 sous Eduardo Duhalde lors d'une manifestation de piqueteros.

Lien externe

Bibliographie

  • Andro Juliette, Changer le monde Ă  domicile: l'exemple du Movimiento de Trabajadores Desocupados de la Matanza, MĂ©moire de fin d'Ă©tudes, Sciences-Po Rennes, 2007
  • Alexandra GuitĂ©, L’action collective en argentine rĂ©pertoires, hĂ©ritages et traditions politiques les piqueteros, MĂ©moire de maĂ®trise (science politique), UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, 2006, 163 pages 
  • Graciela, Hopstein, « Piqueteros : Limites et potentialitĂ©s » dans Multitudes, vol. 4, no. 14, 2003, p. 155-163 dans Cairn, http://www.cairn.info/revue-multitudes-2003-4-page-155.htm (page consultĂ©e le )
  • Prevot-Schapira et Marie-France, « De l'usage de la fragmentation urbaine en AmĂ©rique latine (vue de Buenos Aires) (About the use of urban fragmentation in Latin America, a view from Buenos Aires) » dans Bulletin de l'Association de gĂ©ographes français, no. 4, 2005, p. 483-495 dans PersĂ©e, http://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_2005_num_82_4_2481 (page consultĂ©e le
  • Svampa, Mariella et Pereyra, Sebastian. « Les dimensions de l'expĂ©rience piquetera : tensions et cadres communs dans l'organisation et la mobilisation des chĂ´meurs en Argentine Â» dans Tiers-Monde, vol. 45, no. 178, 2004, p. 419-441 dans PersĂ©e, http://www.persee.fr/doc/tiers_1293-8882_2004_num_45_178_5895 (page consultĂ©e le )
  • JosĂ© Maria CoccarĂł, RenĂ©-Paul Desse et Maria Ines Robiani, « Les territoires de la crise argentine : lecture de gĂ©ographes », L'information gĂ©ographique, vol. 67, no 4,‎ , p. 289–306 (DOI 10.3406/ingeo.2003.2908, lire en ligne, consultĂ© le )

Références

  1. Marie-France Prevot-Schapira, « De l'usage de la fragmentation urbaine en Amérique latine (vue de Buenos Aires) (About the use of urban fragmentation in Latin America, a view from Buenos Aires) », Bulletin de l'Association de géographes français, vol. 82, no 4,‎ , p. 483–495 (DOI 10.3406/bagf.2005.2481, lire en ligne, consulté le )
  2. Alexandra GuitĂ©. L’action collective en argentine rĂ©pertoires, hĂ©ritages et traditions politiques les piqueteros, MĂ©moire de maĂ®trise (science politique), UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, 2006, 163 pages. 
  3. (es) « A diez años del asesinato de Teresa Rodríguez no se sabe quién disparó », sur Pagina 12,
  4. (es) « MTR: 20 años de lucha por trabajo, dignidad y cambio social », sur Que Digital,
  5. « Les dimensions de l'expérience piquetera : tensions et cadres communs dans l'organisation et la mobilisation des chômeurs en Argentine », Tiers-Monde, vol. 45, no 178,‎ , p. 419–441 (DOI 10.3406/tiers.2004.5895, lire en ligne, consulté le )
  6. Graciela Hopstein, « Piqueteros : limites et potentialités », Multitudes, vol. no 14, no 4,‎ 0000-00-00, p. 155–163 (ISSN 0292-0107, lire en ligne, consulté le )
  7. José Maria Coccaró, René-Paul Desse et Maria Ines Robiani, « Les territoires de la crise argentine : lecture de géographes », L'information géographique, vol. 67, no 4,‎ , p. 289–306 (DOI 10.3406/ingeo.2003.2908, lire en ligne, consulté le )
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