Pierre Bataillon
Pierre Marie Bataillon, né à Saint-Cyr-les-Vignes, le et mort à Wallis, le , est un missionnaire français.
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Décès |
(Ă 67 ans) Wallis |
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PrĂŞtre catholique (Ă partir du ) |
Ordre religieux | |
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Consécrateur |
Biographie
Mission Ă Wallis
OrdonnĂ© prĂŞtre en 1834, Pierre Bataillon entre dans la SociĂ©tĂ© de Marie en 1836 et est envoyĂ© cette annĂ©e-lĂ en compagnie des pères Pierre Chanel et Jean-Baptiste Pompallier dans le Pacifique. Parti du Havre en dĂ©cembre, il fait escale Ă ValparaĂso, Ă Tahiti et aux Tonga et arrive Ă Wallis le avec le Frère Joseph-Xavier, Pierre Chanel s'installant lui Ă Futuna avec le Frère Marie-Nizier[1]. Jean-Baptiste Pompallier promet de revenir six mois plus tard, mais ne rĂ©ussit Ă rejoindre Wallis que quatre ans plus tard, en 1841[1].
À Wallis, le Lavelua Soane Patita Vaimua s'oppose à Pierre Bataillon et lui interdit d'exercer la religion chrétienne. Bataillon fait le choix stratégique de rester proche du roi, afin d'éviter une répression violente. Les maristes respectent les autorités coutumières, protégeant même le roi de complots (alors même que le Lavelua a ordonné des représailles contre les Wallisiens convertis)[2].
Les relations entre chefs et missionnaires sont ainsi complexes et ambigües, alternant entre conflits et réconciliations. C'est particulièrement le cas entre Pierre Bataillon et le Lavelua[3]. Pour l'historienne Claire Laux, Bataillon est un « fin politique » qui menace le roi de partir, afin de faire pression sur ce dernier pour qu'il se convertisse. Le missionnaire habite chez le roi et est traité comme l'un de ses parents : il est ainsi obligé de s'acculturer au mode de vie wallisien. Finalement, « les différents protagonistes sont conduits par leurs intérêts bien compris et au terme d’un processus de négociation, souvent ponctué de moult rebondissements, une alliance finit par s’établir. »[4].
Pierre Bataillon parvient à convertir les principaux chefs de l'île et, en 1840, tout Wallis devient catholique. Bataillon instaure une véritable théocratie dans l'île.
Vicaire d'Océanie centrale
En 1843, il est consacré évêque (à 33 ans) par Guillaume Douarre et a alors en charge l'immense vicariat apostolique d'Océanie centrale. Il envoie des missionnaires aux Fidji, aux Tonga et aux Samoa où il nomme le père Gilbert Roudaire (1845). Bataillon va même jusqu'à convertir au catholicisme le petit atoll de Rotuma[5].
Avec une douzaine de pères et de frères, prévoyant la relève, il installe partout des catéchistes locaux et navigue d'île en île. En , il visite Futuna puis, en août-septembre, les Fidji, les Tonga et Rotuma et arrive aux Samoa le . Il décide alors de s'établir à Apia et y entreprend, dès , la construction d'une église en pierre. Il effectue alors des voyages à Sydney pour y chercher du matériel. La première église en dur de l'archipel débute ainsi en novembre[5].
Apprenant qu'un cyclone vient de toucher les Tokelau (), il affrète un navire, le Kate pour porter secours aux habitants et confie au Père Pradel la mission d'y transporter seize mille noix de coco et des provisions d'eau. La population, jusqu’alors hostile aux Blancs, se convertit progressivement, quatre-cent-quatre-vingt-dix habitants décident même d'embarquer pour Wallis. Certains reviendront à Tokelau et y propageront le catholicisme[5].
Fin de vie
En 1857, Pierre Bataillon se rend en Europe pour y faire adopter une nouvelle réglementation de la mission et y obtient l'envoi de nouveaux missionnaires. Il reste à la tête de son épiscopat jusqu'à sa mort en .
Notes et références
- Frédéric Angleviel, « Wallis-et-Futuna : l’alliance de la grande chefferie et de la croix dans la République », dans Jean-Yves Faberon, Florence Faberon, Religion et société en Nouvelle-Calédonie et en Océanie, Centre Michel de l'Hospital (P.U. Clermont), , 140-151 p. (ISBN 978-2-912589-38-5, lire en ligne)
- Laux 2001, p. 129
- Laux 2001, p. 130 « Leurs relations, faites d’une succession de crises violentes (le roi entre parfois dans de terribles colères, en particulier lorsqu’il apprend la conversion de personnages importants), sont donc fondées à la fois sur une certaine affection mutuelle, sur une totale absence de confiance réciproque et sur la volonté, parfois un peu puérile, de chacune des deux parties de bien montrer qu’elle ne se laisse pas intimider. »
- Laux 2001, p. 130
- Numa Broc, Dictionnaire des Explorateurs français du XIXe siècle, T.4, Océanie, 2003, p. 61-63
Voir aussi
Bibliographie
- C. S. M. Rozier, Un bâtisseur de chrétienté, Mgr Pierre Bataillon, Missions des îles no 60, 1er trimestre 1955, p. 22
- Numa Broc, Dictionnaire des Explorateurs français du XIXe siècle, T.4, Océanie, 2003, p. 61-63
- Claire Laux, Le Pacifique aux XVIIIe et XIXe siècle, une confrontation, 2011, p. 271
- Philippe Bonnichon, Pierre Gény, Présences françaises outre-mer, XVIe-XXIe siècles, 2012, p. 735