Pasenadi
Pasenadi (pali) ou Prasenajit (sanskrit), VIe siÚcle av. J.-C., était souverain du royaume indien de Kosala, capitale Shravasti. Il appartenait à la dynastie Aikshvaka fondée par Ikshvaku[1]. Il aurait été suzerain des Shakyas, contemporain et fidÚle du Bouddha, sans pour autant rejeter les autres courants.
Les historiens, actuellement, retiennent, parmi d'autres chronologies, av. J.-C. : 563 pour sa naissance, 526 pour sa conversion en disciple laïque du Bouddha, 487 pour sa derniÚre rencontre avec le Bouddha et son décÚs[2].
Biographie
Elle doit ĂȘtre reconstituĂ©e dâaprĂšs des informations Ă©parses dans le canon pali - et accessoirement tibĂ©tain - parfois contradictoires et pas forcĂ©ment exactes. Fils dâun roi surnommĂ© Mahakosala, il aurait Ă©tudiĂ© Ă Taxila avec dâautres princes des royaumes voisins et aurait Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme hĂ©ritier par son pĂšre en raison du bon rĂ©sultat de ses Ă©tudes[3]. Il a laissĂ© dans la tradition bouddhiste la rĂ©putation dâun souverain sâefforçant dâassainir lâadministration, sachant rĂ©compenser les hommes de valeur[4].
Trois de ses femmes sont particuliĂšrement notables. Lâune Ă©tait une sĆur du roi de Magadha Bimbisara, mariĂ© lui-mĂȘme Ă une princesse de Kosala. La seconde Ă©tait Mallika, fille du chef des fabricants de guirlandes, et la prĂ©fĂ©rĂ©e de Pasenadi selon la tradition bouddhiste[5]. La troisiĂšme Ă©tait Vasavakhattiya, fille du Shakya Mahanama, un cousin du Bouddha, Pasenadi souhaitant ardemment Ă©tablir des liens familiaux avec le sage. Elle fut la seule de ses Ă©pouses de haut rang Ă lui donner un fils, Vidudabha, mais lorsque celui-ci se rendit Ă 16 ans dans le pays de sa mĂšre pour une visite familiale, il apprit fortuitement quâelle ne comptait pas au rang des princesses Shakya car sa mĂšre Ă©tait une esclave du nom de Nagamunda. Apprenant que les Shakyas ne lâavaient pas jugĂ© digne dâune alliance noble, Pasenadi dĂ©grada Vasavakhattiya et son fils Ă la condition plĂ©bĂ©ienne, mais leur restitua leur position aprĂšs une intervention du Bouddha. Vidudabha garda toujours une dent contre le clan maternel, quâil attaqua et dĂ©truisit lorsquâil fut devenu roi[6].
De Vasavakhattiya, Pasenadi avait aussi une fille, Vajira, qui fut mariĂ©e au roi de Magadha Ajatashatru en rĂ©solution du conflit entre Kosala et ce royaume aprĂšs lâassassinat de Bimbisara. Selon le canon tibĂ©tain, Jeta, fils de Varsika, Ă©tait aussi lâun de ses fils. Le Therigatha[7] mentionne un autre fils devenu moine bouddhiste, Brahmadatta.
Pasenadi ayant repris Kashi, donnĂ© Ă Magadha en dot de sa sĆur Kosaladevi, en raison de lâassassinat du roi Bimbisara par son hĂ©ritier Ajatashatru, ce dernier attaqua le Kosala. Pasenadi finit par avoir le dessus grĂące au plan dâattaque exposĂ© par le moine Dhanuggaha Tissa Ă son collĂšgue Mantidatta lors dâune conversation. Entendus par des courtisans, ses propos auraient Ă©tĂ© rapportĂ©s Ă Pasenadi qui en fit bon usage[8]. Ajatashatru fut capturĂ© puis libĂ©rĂ©, dotĂ© de sa cousine Vajira en guise dâĂ©pouse, qui lui rapportait Kashi dans sa dot[9].
Le pouvoir de Pasenadi fut usurpĂ© par son fils Vidudabha, placĂ© sur le trĂŽne par le ministre Digha Charayana alors quâil avait quittĂ© la capitale. Il rĂ©solut alors de se rendre Ă Rajagriha pour requĂ©rir lâaide dâAjatashatru mais mourut dâĂ©puisement aux abords de la ville. Ajatashatru lâenterra en grande pompe. Dans les Puranas, le successeur de Pasenadi est nommĂ© Suratha[1].
Pasenadi et le bouddhisme
Selon le canon pali, Pasenadi soutint activement le bouddhisme et se montrait trĂšs soucieux de la bonne image de la communautĂ©, nâhĂ©sitant pas Ă dĂ©noncer au Bouddha des moines au comportement pas assez digne Ă son goĂ»t[10]. Il demandait souvent conseil Ă Gautama et aurait instaurĂ© des aumĂŽnes rĂ©guliĂšres en faveur des bouddhistes (asadisadana) sur les conseils de Mallika, son Ă©pouse prĂ©fĂ©rĂ©e. Le Dahara Sutta et les 25 anecdotes morales du Kosala Saipyutta (Samyutta Nikaya) lui sont consacrĂ©s.
Notes et références
- Raychaudhuri H. (1972). Political History of Ancient India, Calcutta: University of Calcutta
- Hans Wolfgang Schumann, Le Bouddha historique (1982), trad., Sully, 2011, p. 131, 285.
- DhammapadatthakathÄ, Pali Text Society i.338
- Samyutta Nikaya, Pali Text Society i.74, 100 ; SÄratthappakÄsinÄ« i.109f.; Udana, Pali Text Society ii.6
- Samyutta Nikaya, Pali Text Society i.74. ; Commentaire du TheragÄthÄ, Simon Hewavitarne Bequest Series i.46
- DhammapadatthakathÄ, Pali Text Society i.339ff.; Jatakas, Fausboll i.133f.
- vs. 441-6 Pali Text Society
- Jatakas, Fausboll iv.343
- Jatakas, Fausboll ii.237, 403
- Vinaya Pitaka, Oldenberg iv.112