Parentalia
Dans la Rome antique, les Parentalia ( Latin pronunciation: [parÉnËtaËlÉȘ.a] ) ou dies parentales ( [ËdÉȘ.eËs parÉnËtaËleËs], « jours ancestraux ») Ă©tait un festival de neuf jours organisĂ© en l'honneur des ancĂȘtres de la famille, Ă partir du 13 fĂ©vrier[1] - [2].
Calendrier de la fĂȘte des morts: un renouvellement annuel de l'inhumation
L'importance de la famille pour l'Ătat romain s'exprimait par des cĂ©rĂ©monies publiques le jour de l'ouverture des Parentalia par les les Ides de fĂ©vrier, lorsqu'une vestale dirigeait un rite pour le collectif di parentes de Rome sur la tombe de Tarpeia[3]. Les Parentalia se terminaient le 21 fĂ©vrier par les rites de minuit de Feralia, lorsque le paterfamilias chassaient les esprits malveillants et destructeurs de ses mĂąnes.
Les individus pouvaient Ă©galement ĂȘtre commĂ©morĂ©s le jour de leur anniversaire. Certains Ă©taient commĂ©morĂ©s tout au long de l'annĂ©e Ă des jours marquĂ©s du mois, tels que les Kalends, Nones ou Ides, lorsque des lampes pourraient ĂȘtre allumĂ©es sur la tombe[4]. La LĂ©murie des 9, 11 et 13 mai visait Ă apaiser les esprits « sans parents et affamĂ©s » des morts[5].
De Parentalia à Caristia, tous les temples étaient fermés, les mariages étaient interdits et "les magistrats apparaissaient sans leurs insignes", une indication qu'aucune affaire officielle n'était menée. William Warde Fowler décrit la Parentalia comme "pratiquement un renouvellement annuel du rite d'inhumation"[6].
Rite: une liturgie domestique mais ritualisée
Bien que la Parentalia soit une fĂȘte du calendrier religieux romain, ses observances Ă©taient principalement domestiques et familiales[7]. Ovide dĂ©crit des offrandes sacrĂ©es ( sacrificia ) de guirlandes de fleurs, de blĂ©, de sel, de pain imbibĂ© de vin et de violettes aux "ombres des morts" ( Manes ou Di manes ) sur les tombes familiales, situĂ©es Ă l'extĂ©rieur de la frontiĂšre sacrĂ©e de Rome ( pomerium ) . Ces observances visaient Ă renforcer les obligations mutuelles et les liens de protection entre les vivants et les morts, et Ă©taient un devoir lĂ©gitime du paterfamilias (chef de famille)[8].
Spiritualité: un rite d'apaisement et un exorcisme
Les Feralia qui concluent le festival des Parentalia confirme par leur caractĂšre cathartique que ce long festival Ă©tait un rite d'apaisement et un exorcisme . Pour Ovide cependant, le dĂ©foulement des Feralia est une cĂ©lĂ©bration plus rustique, primitive et ancienne que la Parentalia elle-mĂȘme. Les Feralia semble avoir fonctionnĂ© comme un rituel de purification pour Caristia le lendemain, lorsque la famille organisait un banquet informel pour cĂ©lĂ©brer l'amitiĂ© entre eux et leurs morts ancestraux ( Lares )[9]. L'accent mis sur le culte collectif mĂąnes offertes aux dĂ©funts implique que leur vie aprĂšs la mort est vague et dĂ©pourvue d'individuation. Dans le culte ultĂ©rieur, ils Ă©taient investis de qualitĂ©s personnelles, et dans le culte impĂ©rial, ils leur Ă©tait reconnus des numen divins les faisant devenir des divi, des entitĂ©s divines[10].
Ces rites, qui étaient encore célébrés par Macrobe qui fut un passeur de témoin pour Saint Augustin[11], se sont effrités avec l'effondrement de l'Empire Romain. Si leur date est plus proche aujourd'hui dans le calendrier liturgique à Mardi Gras ou Mercredi des Cendres, leur sens perdure sous une certaine forme avec le neuvaine des morts qui trouve son origine en Italie, mais qui est aujourd'hui célébrée universellement par l'Eglise catholique.
Références
- Mary Beard, J.A. North, and S.R.F. Price, Religions of Rome: A History (Cambridge University Press, 1998), p. 50; Stefan Weinstock, Divus Julius (Oxford, 1971), pp. 291-6.
- Pierre Boyancé, La religion de Virgile, Presses Universitaires de France, (lire en ligne), p. 146
- William Warde Fowler, The Roman Festivals of the Period of the Republic (London, 1908), p. 306 (1899 Internet Archive edition available.
- J.M.C. Toynbee, Death and Burial in the Roman World (Johns Hopkins University Press, 1971, 1996), pp.61â64.
- Toynbee, "Death and Burial in the Roman World, p. 64.
- Fowler, Roman Festivals, p. 308.
- Beard et al., Religions of Rome, p. 50.
- Ovid, Fasti, 2.537-539. Ibid 2.534 for manes; W. Warde Fowler, The Roman festivals of the period of the Republic, p. 306, cites Festus' di manes as a placatory euphemism: some Manes were to be feared.
- Ovid, Fasti, 2.677. Fowler, Roman Festivals, p. 309, has ritualistically clothed statues of the Lares at this "sacred meal."
- Duncan Fishwick, The Imperial Cult in the Latin West: Studies in the Ruler Cult of the Western Provinces of the Roman Empire, vol 1, 1991, 1, 51.
- J. Flamant, Macrobe et le néo-platonisme latin, à la fin du IVe siÚcle, BRILL, (ISBN 978-90-04-29530-8, lire en ligne), p. 562