Papyrus d'Oxyrhynque
Les papyrus d'Oxyrhynque sont un ensemble de papyrus grecs anciens trouvés sur le site d'Oxyrhynque situé en Égypte, sur le Nil loin en amont du Caire.
Histoire
Les Britanniques menèrent de nombreuses fouilles en Égypte à partir de 1882, date à laquelle ils avaient acquis un pouvoir de fait sur le pays. Toutefois la ville d'Oxyrhynque n'était pas un des lieux les plus prestigieux de l'Égypte antique, et il fallut attendre 1896 pour que deux jeunes universitaires du Queen's College d'Oxford, Bernard P. Grenfell et Arthur S. Hunt, entreprennent des fouilles sur le site.
Leurs premières découvertes ne furent pas extraordinaires : « Les monticules de détritus n'étaient rien d'autre que des monticules de détritus », écrira Grenfell. Mais rapidement, ils découvrirent que ces détritus contenaient des manuscrits en nombre extraordinaire. « Le flot de papyrus se changea bientôt en torrent, et, souvent, il suffisait de retourner le sol de sa botte pour en découvrir une nouvelle couche. » Ils espérèrent dès lors retrouver des textes perdus d'auteurs grecs majeurs (la découverte par d'autres de la Constitution d'Athènes d'Aristote ne datait que de 1890) et leurs recherches eurent un grand retentissement en Angleterre, où ils firent campagne pour récolter des fonds.
Peut-être leurs découvertes ne furent-elles pas à la hauteur des espérances des deux hommes : la plupart des papyrus n'étaient que des documents administratifs divers ou de la correspondance privée. La première année, ils découvrirent des fragments d'une tragédie de Sophocle perdue et d'un évangile inconnu, mais pas d'œuvres dans leur intégralité. Ils continuèrent leurs recherches, dirigeant pendant l'hiver des centaines d'Égyptiens sur les lieux des fouilles et passant l'été en Angleterre à nettoyer, étudier et traduire les manuscrits. Seule la Première Guerre mondiale interrompit, momentanément, leur travail et lorsqu'en 1926, Grenfell mourut, Hunt dut poursuivre seul le travail jusqu'à la fin de sa propre vie en 1934. Après lui, les fouilles continuèrent et continuent toujours. Celles-ci ont toutefois connu par la suite deux césures majeures lors de la Seconde Guerre mondiale et de la crise de Suez en 1956.
Œuvres découvertes
- Des poèmes ou des fragments de poèmes de Sappho[1], Alcée de Mytilène, Alcman, Ibycos, Corinne, Pindare
- Des passages de l’Hypsipyle d'Euripide et des Limiers de Sophocle
- Une Vie d'Euripide par Satyros
- Un extrait des Catégories d'Aristote[2]
- Les Helléniques d'Oxyrhynque, une œuvre historique d'auteur incertain, parfois attribuée à Éphore de Cumes
- Des passages de comédies et des comédies complètes de Ménandre. Ces textes ont fait beaucoup pour l'intérêt qu'on porte aujourd'hui à l'auteur, connu jusque-là par de pauvres fragments.
- Un passage bref d'un abrégé d'Ab Urbe condita libri de Tite-Live.
- Divers anciens textes chrétiens canoniques (Papyrus Oxyrhynque 5101 : fragments des Psaumes)[3] ou non canoniques en particulier des fragments de l'Évangile selon Thomas[4] dont le texte complet a été trouvé à Nag Hammadi
- Divers autres documents dans d'autres domaines (magie, astrologie, musique) [5]
- Le papyrus P52 (le plus ancien texte chrétien découvert jusqu'ici) pourrait provenir du site d'Oxyrhynque.
- Un très rare papyrus illustré daté du IIIe siècle, représentant Héraclès tuant le lion de Némée.
- Le Papyrus Oxyrhynchus 222 découvert en 1897 par Bernard Pyne Grenfell et Arthur Surridge Hunt.
- Le Papyrus Oxyrhynchus 293 découvert en 1897 par Bernard Pyne Grenfell et Arthur Surridge Hunt.
- Le Papyrus Oxyrhynchus 413, avec une adaptation d'Iphigénie en Tauride d'Euripide.
Illustration de trois étapes du déchiffrement d'un papyrus
Le papyrus 6993 d'Oxyrhynque, fin du Ve siècle. Cinq lignes de grec en écriture cursive, demandant le paiement de deux récipients de vin.
- Le papyrus
- Reproduction du texte écrit
- Transcription
Finalement, le texte est restitué de la façon suivante : † ἡ ἁγία ἐκ<κ>λ(ησία(?))(*) Ἀνουθίῳ διοικ(ητῇ(?))(*) οἰκ(ονόμῳ(?)) τοῦ ἁγίου Γαβριήλ. παρασχ(οῦ) τῷ κονιάτῃ ὑπ(ὲρ) τῆς ἑορτ(ῆς) τοῦ Τῦβι β ἰνδ(ικτίονος) οἴν(ου) δι(πλᾶ) β δύο μ(όνα).
État des recherches
L'université d'Oxford a publié 67 volumes des Oxyrhynchus Papyri et en publie environ un par an ; on attend encore au moins 40 volumes. En 2003, 4 700 documents avaient été traduits. Les papyrus sont conservés à la Sackler Library d'Oxford et environ 2 000 y sont exposés.
Les recherches, au fil du temps, sont moins centrées sur les textes littéraires et s'intéressent davantage à l'énorme masse de documents administratifs et autres qui représentent une source d'information majeure pour l'histoire économique et sociale de l'Égypte hellénistique et romaine et l'histoire des premiers chrétiens.
Bibliographie
- (grc + fr) Sapphô : Odes et fragments (trad. Yves Battistini, préf. Yves Battistini), vol. 400, Éditions Gallimard, coll. « Poésie », , 208 p. (ISBN 978-2-07-030027-3).
Notes
- Yves Battistini 2005, p. 7
- La partie est très mutilée. C'est le plus ancien témoignage du traité, tous les manuscrits et commentaires datent du IXe siècle et n'ont pas de rapport avec le papyrus. Dans le stemma, il est noté Π.
- Daniela Colomo, W.B. Henry, « P. Oxy. 77 5101 », Leuven Database of Ancient Books.
- (fr) « L'évangile selon Thomas Par Jacques E. Ménard, p.3 », sur books.google.fr (consulté le )
- (fr) « Le papyrus d'Antinopolis relatif aux mystères – Delatte, Armand, Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1952, Volume 96, Numéro 2, pp. 251-258 », sur www.persee.fr (consulté le )
Voir aussi
Liens externes
- Édition consultable en ligne, Internet Archive
- The Oxyrhynchus papyri vol. I (papyrus 1 à 158), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1898
- The Oxyrhynchus papyri vol. II (papyrus 208 à 400), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1899
- The Oxyrhynchus papyri vol. III (papyrus 401 à 683), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1903
- The Oxyrhynchus papyri vol. IV (papyrus 654 à 839), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1904
- The Oxyrhynchus papyri vol. V (papyrus 840 à 844), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1908
- The Oxyrhynchus papyri vol. VI (papyrus 845 à 1006), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1908
- The Oxyrhynchus papyri vol. VII (papyrus 1007 à 1072), éd., trad., notes d'A. S. Hunt, 1910
- The Oxyrhynchus papyri vol. VIII (papyrus 1073 à 1165), éd., trad., notes d'A. S. Hunt, 1911
- The Oxyrhynchus papyri vol. IX (papyrus 1166 à 1223), éd., trad., notes d'A. S. Hunt, 1912
- The Oxyrhynchus papyri vol. X (papyrus 1224 à 1350), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1914
- The Oxyrhynchus papyri vol. XI (papyrus 1351 à 1404), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1915
- The Oxyrhynchus papyri vol. XII (papyrus 1405 à 1593), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1916
- The Oxyrhynchus papyri vol. XIII (papyrus 1594 à 1625), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1919
- The Oxyrhynchus papyri vol. XIV (papyrus 1626 à 1777), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1920
- The Oxyrhynchus papyri vol. XV (papyrus 1778 à 1828), éd., trad., notes de B. P. Grenfell et A. S. Hunt, 1922
- Également en ligne (The Cornell University Library Historical Monographs Collection)
- Bernard P. Grenfell (éd., trad., notes) et Arthur S. Hunt (éd., trad., notes), The Oxyrhynchus papyri : (Part 3), Londres, Egypt Exploration Fund, , 330 p. (lire en ligne)
- Bernard P. Grenfell (éd., trad., notes) et Arthur S. Hunt (éd., trad., notes), The Oxyrhynchus papyri : (Part 10), Londres, Egypt Exploration Fund, , 328 p. (lire en ligne)
Il existe également une numérisation payante, disponible sur papier, Cornell University Library, (ISBN 978-1429739719)