Pétronille d'Aquitaine
Pétronille d'Aquitaine, née en 1125, morte vers 1152, fille de Guillaume X, duc d’Aquitaine, et d'Aénor de Châtellerault[1]. Elle est la sœur d'Aliénor d'Aquitaine, qui fut successivement Reine de France puis Reine d'Angleterre.
Comtesse de Vermandois et de Valois |
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Comtesse |
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Naissance | |
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Nom de naissance |
Pétronille Alix d'Aquitaine |
Autres noms |
Péronnelle ou Aelis ou Aelith |
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Les chroniqueurs la mentionnent parfois sous le nom de Péronnelle ou Aelis voire Aelith[2], son nom variant selon les historiens[3] et les langues[4]. Mais elle fut couramment appelée Péronnelle, ce qui était le diminutif de son prénom : Pétronille. Son second prénom est Alix ( ou Aélis), nom que donnera sa sœur Aliénor à sa seconde fille, Alix de France, issue de son premier mariage avec le roi Louis VII le Jeune.
Biographie
Enfance et arrivée à la Cour de France
En 1137, lors de son mariage avec le roi de France Louis VII, Aliénor avait dû laisser en Aquitaine sa jeune sœur qui n'était alors qu'une fillette d'environ 12 ans. Pétronille n'avait pas eu une grande part de l'héritage de son père, car le duc Guillaume X, fidèle à sa race de rassembleurs de terres, n'entendait pas voir morceler son domaine. Après la mort de son fils Guillaume Aigret, décédé en 1130 à l'âge de quatre ans, il avait laissé son duché à sa fille aînée Aliénor. Pétronille n'eut donc que des biens limités comportant les terres et châteaux que son père, le duc Guillaume, possédait en Bourgogne.
Aliénor devait retourner dans sa chère Aquitaine en 1141 lors de l'expédition faite contre Toulouse, car elle prétendait avoir des droits sur cette région du fait de sa grand-mère Philippe de Toulouse, femme de Guillaume IX le Troubadour. Si cette opération se termina assez piètrement, Aliénor put cependant retrouver sa jeune sœur Pétronille et décida de l'emmener avec elle à la cour de France.
Mariage et excommunication de l’Église
Pétronille suit donc Aliénor à la cour de France. Elle n'a pas 16 ans et la cour se demande avec quel seigneur la sœur de la reine Aliénor se mariera. C'est justement le comte Raoul Ier de Vermandois, cousin de Louis VII le Jeune et sénéchal de France, qui retient l'attention de Pétronille, en 1141[5]. Quinquagénaire[6], il est borgne ayant perdu un œil au combat de Livry. La différence d'âge est considérable mais cela ne préoccupe pas Raoul. En effet, il n'était pas rare à cette époque que les époux aient une différence d'âge importante. Raoul est flatté par l'amour de la jeune fille mais surtout il ne lui déplaît pas de devenir le beau-frère du roi[7]. Quant à Pétronille, elle est attirée par ce rude guerrier, au passé valeureux[8]. Mais Raoul de Vermandois est déjà marié à Éléonore de Blois, avec qui, il n'a aucun enfant. Pétronille souhaite donc que ce mariage soit annulé. Pour lui faire plaisir, Aliénor d'Aquitaine et son époux Louis VII obtiennent la dissolution du mariage.
Le comte Raoul pouvait invoquer les liens de parenté évidents qu'il avait avec Éléonore de Blois, ce qu'il ne manqua pas de faire. Il fallait cependant une décision de l'autorité ecclésiastique. Il s'adressa alors aux trois évêques avec lesquels il avait les rapports les plus étroits : Pierre, évêque de Senlis, l'évêque de Laon : Barthélemy de Jur, et Simon de Vermandois évêque de Noyon et frère de Raoul. Les trois évêques ne purent que constater le degré de parenté de Raoul et d’Éléonore et annulèrent leur union, sans guère prévoir l'interprétation que l'on donnerait à cet acte par rapport au dogme de l'indissolubilité du mariage.
Cependant, Bernard de Clairvaux s'indigne de la dissolution du premier mariage du comte Raoul. Ceci provoque également un conflit avec le comte de Champagne Thibaut IV de Blois, oncle[6] de l'épouse répudiée. La dissolution de mariage était à cette époque extrêmement rare et n'avait lieu qu'en dernier recours[4]. Déjà critiquée pour son mode de vie, la reine Aliénor s'attire les foudres de l’Église pour avoir influencé son époux le roi sur l'annulation de ce mariage. De plus, Thibaut IV de Blois, comte de Champagne, se sent humilié à la suite de la répudiation de sa nièce[6] Éléonore. Il décide de faire appel au pape Innocent II.
Le mariage de Raoul de Vermandois et de Pétronille d'Aquitaine a lieu à Noyon en 1142[6], devant l'évêque de la ville Simon de Vermandois. Son nouvel époux offre à Pétronille la ville de Péronne. Le légat du Pape essaye de convaincre le Comte Raoul en lui montrant la gravité de l'excommunication qu'il va encourir. Un concile est réuni à Lagny-le-Sec, en 1142. Les nouveaux époux sont excommuniés, les trois évêques qui avaient annulé son premier mariage sont suspendus. Cela est d'autant plus grave que l'un d'eux reste Simon de Vermandois, frère du comte.
Le conflit qui éclata alors entre le roi des Francs et le comte de Champagne aboutira, en 1142, au massacre de Vitry-en-Perthois, où environ 1 500 villageois périrent dans les flammes de l'église, incendiée par les troupes royales[9] - [10]. Cet événement marqua si profondément le jeune monarque, que le remords le poussa à participer à l'appel de la Seconde Croisade.
Seconde Croisade puis décès
En 1147 commence la Deuxième croisade auquel participe le roi de France Louis VII, sa femme la reine Aliénor, et pour la première fois les croisés peuvent emmener leurs femmes. L’Église s'indigne pensant que la croisade sera retardée par les nombreux chariots chargés de toutes les affaires et suites des dames françaises et que celle-ci se transformera en une véritable orgie[11].
Durant l'absence du roi, de la reine et des principaux seigneurs du pays, le royaume de France est confié à l'abbé Suger et au comte Raoul. La date de naissance de son troisième et dernier enfant, Aliénor, est également incertaine puisqu'elle varie selon les historiens, mais trois années sont retenues : 1148, 1149 ou 1152.
L'année 1152 est la date la plus probable de la mort de Pétronille. En effet, c'est durant cette année que Raoul de Vermandois se marie avec sa troisième épouse : Laurette d'Alsace, fille de Thierry d’Alsace, comte de Flandre. À noter que Philippe d'Alsace, futur époux d'Élisabeth de Vermandois la fille aînée de Raoul, est le fils de Thierry d'Alsace et donc qu'il est également le frère de Laurette.
C'est donc en 1152 que Pétronille d'Aquitaine meurt brutalement, elle sera suivie par son mari Raoul de Vermandois qui décède en octobre de la même année.
Union et descendance
Pétronille épouse donc, en 1142[6], Raoul Ier le Vaillant[12], devenant ainsi Comtesse de Vermandois et de Valois. De leur union naissent trois enfants, deux filles et un garçon :
- Élisabeth (1143-1183), mariée à Philippe d'Alsace, comte de Flandre en 1159. Elle devient Comtesse de Vermandois à la mort de son frère ;
- Raoul II (1145-1167), dit le Jeune ou le Lépreux, comte de Vermandois et de Valois. Il se marie en 1160 à Marguerite d'Alsace mais, atteint de la lèpre, il meurt sans descendance ;
- Aliénor (1148/1149/1152-1213), qui se marie à quatre reprises. Elle survit à tous ses maris et ne meurt qu'en 1213.
Dans la fiction
Pétronille est un personnage secondaire de la série de bande dessinée, Aliénor, la légende noire, d'Arnaud Delalande, Simona Mogavino et Carlos Gomez, éditée dans la collection, Les Reines de sang, et publiée aux éditions Delcourt, en 6 tomes, de 2012 à 2017[13]. Dans cette saga historique, mêlée de fiction, les auteurs la font participer à la Seconde Croisade, puis évoquent une fictive répudiation par Raoul de Vermandois et imaginent sa mort vers 1152, à la suite d'une chute de cheval lors d'une partie de chasse en Aquitaine, où elle aurait suivi sa sœur Aliénor, remariée à Henri Plantagenêt. De la même manière, les auteurs prennent le parti d'une sépulture à l'abbaye royale de Fontevraud, où reposera plus tard le gisant de sa sœur aînée.
Notes et références
- Généalogie de Pétronille d'Aquitaine sur le site Medieval Lands.
- Charte Notre-Dames de Saintes de 1151 dans Charles Cawley, MedLands op.cit. Mais aussi Régine Pernoud, Aliénor d'Aquitaine, Albin Michel, Paris, 1965, 315 p, p.35 Michel Dillange, Les comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine (778-1204) Geste éditions, Mougon, 1995, p. 214.
- Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine, La reine insoumise, Paris, Payot, 546 p. (ISBN 2-228-89829-5), p. 12.
- « Pétronille (Alix) d'Aquitaine, sœur de la Reine Aliénor, arrive à la cour de France ; Raoul Ier de Vermandois en tombe amoureux. - PHystorique- Les Portes du Temps », sur www.lesportesdutemps.com, (consulté le ).
- Régine Pernoud, op.cit., p..35.
- Jean Flori, op.cit., p. 59.
- Michel Dillange, op.cit., p. 214.
- Michel Dillange, op.cit., p. 214.
- « Le massacre de Vitry a abouti à une croisade - Perthois et lac du Der », sur sites.google.com (consulté le ).
- Jean Flori, op.cit., p. 60.
- HistoireDuMonde.net, « Histoire du monde.net », sur histoiredumonde.net (consulté le ).
- Généalogie de Raoul le Vaillant sur le site Medieval Lands.
- Arnaud Delalande, Simona Mogavino et Carlos Gomez, Aliénor, la légende noire, Éditions Delcourt (collection Reines de sang), 6 tomes, 2012-2017.
Bibliographie complémentaire
- André Moreau-Néret, « Le comte de Vermandois, Raoul IV de Crépy et Peronnelle d'Aquitaine, soeur de la reine Aliénor », Mémoires - Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, , p. 82-116 (lire en ligne). (non consulté).