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PĂ©riode de Brunhes

La pĂ©riode de Brunhes est la pĂ©riode gĂ©omagnĂ©tique actuelle ; elle a commencĂ© il y a 780 000 ans (780 ka en notation scientifique[1]). Elle est ainsi nommĂ©e en hommage au gĂ©ophysicien français Bernard Brunhes (1867-1910), dĂ©couvreur des inversions du champ magnĂ©tique terrestre. Elle succède Ă  la pĂ©riode de Matuyama, de polaritĂ© donc inverse. Elle a Ă©tĂ© entrecoupĂ©e par une quinzaine d'excursions gĂ©omagnĂ©tiques.

Inversions, périodes et excursions géomagnétiques

Bernard Brunhes découvre en 1905 qu'une coulée de basalte à Pontfarein (sur la commune de Cézens dans le département français du Cantal) et les porcelanites sous-jacentes présentent une aimantation dont l'inclinaison est différente de celle du champ magnétique actuel, et même presque opposée. Il en déduit que le dipôle magnétique de la Terre à l'époque de la mise en place de la coulée était inversé par rapport au champ actuel[2].

On sait aujourd'hui que le champ magnétique terrestre s'est inversé à de nombreuses reprises (une à plusieurs fois par million d'années, mais très irrégulièrement), et l'on comprend à peu près pourquoi (la cause en est au comportement dit chaotique des équations magnétohydrodynamiques). Dans le passé géologique, se sont succédé diverses « périodes » (ou « chrones[3] ») au cours desquelles le champ magnétique a gardé une même polarité, sinon tout le temps, du moins la plupart du temps.

Chaque pĂ©riode d'une certaine polaritĂ© est toutefois « interrompue » par de courts « Ă©vĂ©nements » pendant lesquels l'intensitĂ© de la partie dipolaire du champ gĂ©omagnĂ©tique principal diminue drastiquement, et la position des pĂ´les gĂ©omagnĂ©tiques change notablement. Certains de ces Ă©vĂ©nements sont de vĂ©ritables « sous-pĂ©riodes » de polaritĂ© opposĂ©e (dĂ©butant et finissant par une inversion), mais la plupart sont de simples « excursions », nom qui leur est consacrĂ©, au cours desquelles le champ dipolaire diminue fortement et les pĂ´les magnĂ©tiques se dĂ©placent largement Ă  la surface du globe (par exemple le long d'une grande boucle) avant de revenir Ă  proximitĂ© de leurs positions initiales. La durĂ©e d'une excursion est typiquement de 2[4] Ă  10 ka. Les excursions sont peut-ĂŞtre des inversions avortĂ©es, mais plus vraisemblablement un phĂ©nomène d'origine diffĂ©rente[5]. La brièvetĂ© de ces excursions (comparĂ©e Ă  la relative raretĂ© des phĂ©nomènes gĂ©ologiques permettant de les enregistrer, coulĂ©es de lave et environnements de sĂ©dimentation rapide) fait que beaucoup d'entre elles ne sont attestĂ©es qu'en un seul endroit, voire pas du tout. On nomme les excursions d'après le premier lieu oĂą elles ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes.

La période de Brunhes et ses excursions

Alternance entre la période normale (en noir) et la période inverse (en blanc), selon Edward A. Mankinen et Carl M. Wentworth (2003)[6].

La pĂ©riode gĂ©omagnĂ©tique dans laquelle nous vivons, de Brunhes, dite normale (de polaritĂ© normale), dure depuis 780 ka[7]. La pĂ©riode prĂ©cĂ©dente, dite de Matuyama (du nom du gĂ©ophysicien japonais Motonori Matuyama), est donc Ă  polaritĂ© inverse[8]. La pĂ©riode de Brunhes est entrecoupĂ©e d’excursions gĂ©omagnĂ©tiques, sans que des sous-pĂ©riodes n'aient Ă©tĂ© dĂ©finies.

La première excursion a Ă©tĂ© dĂ©couverte près du village de Laschamp (commune de Saint-Genès-Champanelle dans le dĂ©partement du Puy-de-DĂ´me) en 1967[9]. On l'a retrouvĂ©e ensuite en Islande[4] puis dans divers autres lieux. Quatre autres excursions ont Ă©tĂ© dĂ©crites avant 1990, et une dizaine depuis[10]. Les mieux caractĂ©risĂ©es (avec prĂ©cision et en plusieurs endroits) sont les excursions de Mono Lake (« lac Mono ») en Californie (32-34 ka), Laschamp (39-41 ka), Iceland Basin (« Bassin ocĂ©anique d'Islande ») au sud de l'Ă®le (180-188 ka) et Pringle Falls (« Chutes de Pringle ») dans l'Oregon (180-188 ka)[10].

Notes et références

  1. L'intérêt de cette notation, outre de ne pas véhiculer des chiffres inutiles car non-significatifs, est qu'elle situe la précision de la détermination de ces âges ou dates, ici à ± 0.5 à 5 ka.
  2. Bernard Brunhes, « Sur la direction de l'aimantation permanente dans une argile de Pontfarein », Comptes rendus de l'Académie des sciences, vol. 141,‎ , p. 567-568.
  3. Un « chrone », terme masculin, est la francisation de l'anglais “chron” selon la « banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada », qui précise que le terme « chron » est tout autant acceptable ; elle parle aussi d'une « chronozone ».
  4. Carlo Laj et Catherine Kissel, « Geomagnetic field behaviour during the Iceland Basin and Laschamp geomagnetic excursions: a simple transitional field? », G³, vol. 7, no 3,‎ (DOI 10.1029/2005GC001122).
  5. (en) David Gubbins, « The distinction between geomagnetic excursions and reversals », Geophysical Journal International, vol. 137, no 1,‎ , F1-F3 (DOI 10.1046/j.1365-246x.1999.00810.x).
  6. Edward A. Mankinen et Carl M. Wentworth, Preliminary Paleomagnetic Results from the Coyote Creek Outdoor Classroom Drill Hole, Santa Clara Valley, California, p. 4, 2003 (en)[lire en ligne]
  7. (en) Xianghui Kong, Weijian Zhou, J. Warren Beck, Feng Xian et Zhenkun Wu, « Asynchronous records of Brunhes/Matuyama reversal in marine sediments and Chinese loess: Review and discussion », Quaternary International, vol. 319,‎ , p. 137-142 (DOI 10.1016/j.quaint.2013.08.001).
  8. (en) Allan Cox, Richard R. Doell et G. Brent Dalrymple, « Geomagnetic polarity epochs and Pleistocene geochronometry », Nature, vol. 198,‎ , p. 1049-1051 (DOI 10.1038/1981049a0).
  9. N. Bonhommet et J. Babkine, « Sur la présence d'aimantation inverse dans la Chaîne des Puys », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, b, vol. 264,‎ , p. 92-94.
  10. (en) J. E. T. Channel, « Late Brunhes polarity excursions (Mono Lake, Laschamp, Iceland Basin and Pringle Falls) recorded at ODP Site 919 (Irminger Basin) », Earth and Planetary Science Letters, vol. 244, no 1,‎ , p. 378-393 (DOI 10.1016/j.epsl.2006.01.021).

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