Ouïe (pont)
Une ouïe de pont, parfois aussi nommée dégueuloir, est une ouverture généralement circulaire aménagée dans le tympan d’un pont en maçonnerie pour permettre l’écoulement des eaux et réduire la charge hydraulique s’appliquant sur l’ouvrage.
Histoire
Ce type de percement destiné à améliorer l’écoulement de l’eau en cas de crue fut couramment employé dans les ponts romains[1]. Au Moyen Âge, on le trouve en France dans les ponts d’Avignon, de Pont-Saint-Esprit, ou de Montauban. Ce dispositif fut ensuite abandonné ou remplacé par une simple ouverture rectangulaire, ou surmontée d’un arc plein cintre[1].
En France, seuls deux ouvrages postérieurs à cette période disposent de telles ouïes : le pont Neuf de Toulouse, construit par Jacques Lemercier et achevé en 1632[2], et le petit pont de Coursan dans l’Aude, rebâti entre 1685 et 1690, un pont à trois arches en anse de panier avec des ouïes circulaires[2].
Fonction
Ce vide permet l’écoulement de l’eau lors d’une forte crue pour les ouvrages ayant une ou plusieurs piles en eau. L'eau trouve cet exutoire avant d'atteindre le tablier du pont, ce qui allège la charge hydraulique et évite à celui-ci d'être emporté.
Leur insuffisance peut causer la ruine de l'ouvrage (comme le pont Ambroix dans le sud de la France).
Exemples
- Dégueuloir excentré et pilier creux, Roussé, Bulgarie.
- Pont roman, Cangas de Onís, Espagne.
- Pont roman, Puenta la Reina, Espagne.
- Pont Saint-Bénézet, Avignon, France.
- Pont Milvius, Rome.
Notes et références
- Jean Mesqui (1986), p 203-205
- « Le Pont Neuf de Toulouse sur la Garonne », dans Congrès archéologique de France, Toulousain et Comminges, Touraine, Paris, 2003, p.207-237
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Jean Mesqui, Le pont en France avant le temps des ingénieurs, Paris, Picard, , 303 p. (ISBN 978-2-7084-0322-2, LCCN 87110981)
- Ernest Degrand, Ponts en maçonnerie - tome 2 : Construction, Paris, Baudry et Cie, , 662 p.
- Les Ponts en maçonnerie, Bagneux, Ministère des Transports, Direction des routes, , 333 p.