Oliver Lacon
Oliver Lacon est un personnage de fiction créé par John le Carré qui apparaît dans les trois volumes de sa trilogie d'espionnage : La Taupe, Comme un collégien et Les Gens de Smiley.
Biographie
Oliver Lacon sert de conseiller du Premier ministre britannique dans les affaires d'espionnage et d'Intelligence. Il constitue donc l'intermédiaire entre Whitehall et le Cirque (nom de code pour le MI6), souvent pour discuter ou soutenir la validité d'opérations. Il est présenté dans La Taupe comme « une sorte d'échalas, aux airs de collégien sans grâce : un croisement d'évêque et d'agent secret, disait Haydon, l'humoriste du Cirque »[1]. C'est un ancien élève de Cambridge, arrivé jeune à son poste, et qui a fait ses preuves par son habileté rhétorique et son pouvoir diplomatique, tout en se montrant aussi peu scrupuleux lorsqu'il s'agit d'étouffer une affaire. Il est marié et père de plusieurs filles. Dans La Taupe, Lacon tire George Smiley de sa retraite pour enquêter sur la présence d'une taupe au sein du Cirque. Il est le seul allié officiel de l'agent secret, comme les hauts dignitaires du Service, tous coupables potentiels, sont laissés dans l'ignorance de l'affaire, et lui fournit des documents et des renseignements précieux. Dans Comme un collégien, George Smiley est devenu chef temporaire du Cirque avec l'appui d'Oliver Lacon : à mesure que se déroule l'opération Dauphin visant à neutraliser un agent de Karla, son soutien se fait néanmoins de plus en plus distant et il finit par se rallier au camp de Saul Enderby, bureaucrate montant du Foreign Office. S'étant assuré le mérite de l'opération, Enderby termine chef du Cirque à la place de Smiley. Peter Guillam, le fidèle assistant de Smiley, parle ainsi du : « mol appui que Lacon apportait à Smiley, alors qu'il lui cherchait en secret un successeur. »[2]
Cependant, dans Les Gens de Smiley, c'est à nouveau Oliver Lacon qui tire Smiley de sa retraite, cette fois pour enquêter sur la mort suspecte d'un vieil agent du Cirque, le général estonien Vladimir. Le désir du Cirque et de Whitehall est en fait d'étouffer l'affaire. Mais Smiley découvre qu'elle pourrait mener à la chute de l'ennemi de toujours du Service, l'agent soviétique Karla, et obtient le veto de Saul Enderby pour organiser une opération. Ironiquement, c'est cette fois Lacon qui est laissé hors du coup, Enderby craignant les réactions de Whitehall dont la politique actuelle est plutôt à la détente : « Frère Lacon vous a expliqué les choses de la vie, je suppose ? L'impasse dans laquelle nous sommes et tout ça ? demanda Enderby. Un cabinet jeune, idéaliste, qui prend feu et flamme pour la détente, qui prêche le gouvernement ouvert, toutes ces foutaises ? »[3]. Ebranlé par le départ de sa jeune femme Valentine, Oliver Lacon apparaît aussi dans le roman comme un reflet de la relation conjugale difficile de George Smiley avec Ann, son épouse volage : « Nous sommes de la même trempe, George. Nous donnons, nous ne prenons pas... Il faut payer le prix »[4], conclut le personnage lors de leur dernière rencontre.
Oliver Lacon est interprété par Anthony Bate dans les adaptations télévisées de la BBC : La Taupe et Les Gens de Smiley, et par Simon McBurney dans l'adaptation cinématographique de La Taupe.
Notes et références
- La Taupe, John le Carré, éditions points, page 46
- Comme un collégien, John le Carré, éditions points, page 620
- Les Gens de Smiley, John le Carré, éditions points, page 316
- Les Gens de Smiley, John le Carré, éditions points, page 335
Bibliographie
- John Le Carré, La taupe (Tinker, Tailor, Soldier, Spy, 1974), traduit de l'anglais par Jean Rosenthal, Editions du Seuil, Collection Points, P921, Paris, 2001 (1974 pour la traduction aux éditions Robert Laffont), 412 pages. (ISBN 2020479915)
- John Le Carré, Comme un Collégien (The Honorable Schoolboy, 1977), traduit de l'anglais par Jean Rosenthal, Editions du Seuil, Collection Points, P922, Paris, 2001 (1977 pour la traduction aux éditions Robert Laffont), 677 pages. (ISBN 2020472406)
- John Le Carré, Les gens de Smiley (Smiley's People, 1979), traduit de l'anglais par Jean Rosenthal, Editions du Seuil, Collection Points, P923, Paris, 2001 (1980 pour la traduction aux éditions Robert Laffont), 431 pages. (ISBN 2020472384)