Notion Ă contenu variable
Une notion à contenu variable (anglais : fuzzy concept) est un concept flou qui présente plus d'une solution interprétative possible dans l'interprétation d'un texte[1]. Il s'agit d'un concept à texture ouverte qui présente un noyau de sens clair [2]sur lequel il y a consensus sur le sens ainsi qu'une zone de pénombre sur laquelle il n'y a pas de consensus, d'après le philosophe du droit H.L.A. Hart[3].
Droit
En droit, les théoriciens de l'interprétation des lois ont recours à l'idée de notion à contenu variable lorsque le législateur utilise des concepts à contours indéfinis dans la rédaction d'un texte législatif[4]. Par exemple, dans l'arrêt Schreiber c. Canada (Procureur général)[5], la Cour suprême du Canada a tenté de définir la notion floue de préjudice corporel. La bonne foi, l'équité et la raisonnabilité sont d'autres exemples de notions à contenu variable, en raison du caractère relativement abstrait de ces notions. Dans d'autres cas, le législateur peut employer une notion à contenu variable en référant à un objet matériel avec du langage ambigu. À titre d'exemple, on peut se demander si un scooter électrique, un drone ou une motomarine sont inclus ou non dans ce que le législateur entend par « véhicule à moteur » dans un texte législatif donné.
Philosophie
En philosophie, les notions à contenu variable intéressent depuis longtemps les philosophes en tant que concepts vagues ni complètement vrais, ni complètement faux, dans le contexte de la logique floue[6].
Traductologie
Cette idée est aussi utilisée en traductologie[7] à propos des termes dont la traduction donne plusieurs équivalences possibles dans les logiciels d'aide à la traduction. Il revient alors au traducteur en tant qu'interprète final de choisir quelle traduction est la meilleure parmi celles que propose le logiciel.
Bibliographie
- Ch. Perelman et R. Vander Elst (dir.), Les notions à contenu variable en droit, Revue internationale de droit comparé, Année 1985 37-4 p. 1105
- Luc B. TREMBLAY, « Le normatif et le descriptif en théorie du droit », (2002-03), Revue de droit l'Université de Sherbrooke 70
- Brian Bix, "H. L. A. Hart and the "Open Texture" of Language, Law and Philosophy", Vol. 10, No. 1 (Feb., 1991), p. 51-72 (22 pages)
- Stéphane BEAULAC et Frédéric BÉRARD, Précis d'interprétation législative, 2e édition, Montréal, LexisNexis Canada, 2014
- [2002] 3 RCS 269
- Delia Graff Fara, "Shifting Sands: An Interest Relative Theory of Vagueness". Philosophical Topics, Vol. 28 No. 1, 2000, p. 45-81
- Cornelia Griebel, "Fuzzy concepts in translators’ minds, Translation and Translanguaging in Multilingual Contexts", Volume 3, Number 1, 11 May 2017, p. 97-113(17)