Northumberland (1780)
Le Northumberland est un vaisseau de ligne de 74 canons à deux ponts. C'est un vaisseau de force construit selon les normes définies dans les années 1740 par les constructeurs français pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui dispose de beaucoup plus de navires[2] depuis la fin des guerres de Louis XIV. Il est lancé pendant la mobilisation navale qui correspond à la participation de la France dans la guerre d'Indépendance Américaine. Il effectue sa carrière au service de Louis XVI puis de la République, avant d'être capturé par la Royal Navy en 1794 et démantelé l'année suivante.
Northumberland | |
Modèle réduit d'un 74 canons du même type que le Northumberland | |
Autres noms | HMS Northumberland |
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Type | Vaisseau de ligne |
Classe | Annibal-class ship of the line (en) |
Histoire | |
A servi dans | Marine royale française Marine de la République Royal Navy |
Quille posée | 24 février 1779 |
Lancement | 3 mai 1780 |
Commission | juillet 1780 |
Statut | capturé lors du combat de Prairial, par la Royal Navy Démantelé en décembre 1795 |
Équipage | |
Équipage | 740 hommes environ[1] |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 54,7 mètres |
Maître-bau | 14,3 mètres |
Tirant d'eau | 7,2 mètres |
Port en lourd | 1500 tonnes |
Propulsion | voiles |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 74 canons |
Construction et tradition
Vaisseau de 74 canons, le Northumberland est construit à Brest par l'ingénieur naval Jacques-Noël Sané en 1779-1780 sur les mêmes plans que l’Annibal, est baptisé Northumberland, d'après le premier navire de ce nom. L'historien du XIXe siècle Amédée Gréhan écrit :
« Un usage établi pour entretenir l'émulation est de conserver son nom à un vaisseau pris sur l'ennemi. S'il périt ou par vétusté ou par les naufrages ou par le feu entre les mains de la nation qui l'a capturé, on en construit un autre sous le même nom[3]. »
Il est un peu plus puissant que son prédécesseur, avec une bordée de 838 livres de fonte[4].
La carrière du vaisseau
Lorsqu'il entre en service, ce second Northumberland est commandé par le capitaine de Briqueville. En 1781, il fait partie de l'escadre du comte de Grasse qui part de Brest pour les Antilles en y escortant un grand convoi. Le Northumberland est engagé dans la bataille de Fort-Royal, le , qui permet de lever le siège de la Martinique. Cette même année, toujours dans l'escadre de Grasse, il passe en Amérique du nord et combat à la bataille de la baie de Chesapeake. Le Northumberland se trouve au centre de la ligne de bataille française.
En 1782, il passe sous le commandement du capitaine Honoré Cresp. En janvier, on le retrouve à la bataille de Saint-Christophe qui permet la conquête de l'île du même nom. Toujours intégré à l'escadre de Grasse, il est engagé le dans la très dure bataille des Saintes. Le Nothumberland combat sur l'arrière-garde de la ligne française lorsque celle-ci est rompue par les Anglais. Cresp trouve la mort sur la dunette de son vaisseau. En 1782, le Nothumberland capture le HMS Allegiance, un sloop de 14 canons. Il stationne ensuite à Brest.
En 1793, la guerre reprend avec l'Angleterre. Il fait partie de l'escadre qui sort de Brest sous les ordres de Villaret de Joyeuse pour protéger un grand convoi de blé qui arrive d'Amérique. Il est capturé par la Royal Navy le lors de la bataille de Prairial, alors qu'il est commandé par le capitaine François-Pierre Étienne. Après une courte intégration sous le nom de HMS Northumberland, les Britanniques le démolissent en .
Notes et références
- Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. C'est ainsi qu'un 100 canons emporte 1 000 hommes d'équipage, un 80 canons 800 hommes, un 74 canons 740, un 64 canons 640, etc. L'état-major est en sus. Cet effectif réglementaire peut cependant varier considérablement en cas d'épidémie, de perte au combat ou de manque de matelots à l'embarquement. Acerra et Zysberg 1997, p. 220.
- Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
- Gréhan, La France maritime, vol.1, p. 360
- Armement du second Northumberland français : 28 canons de 36 livres, 30 canons de 18 livres et 16 canons de 8 livres.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) J. J. Colledge et Ben Warlow, Ships of the Royal Navy: The Complete Record of all Fighting Ships of the Royal Navy, Londres, Chatham, 2006 1re éd. 1969, Rev. éd., 396 p. (ISBN 978-1-86176-281-8, OCLC 67375475)
- Ministère des affaires étrangères, Les combattants français de la guerre américaine, 1778-1783 : listes établies d'après les documents authentiques déposés aux Archives Nationales et aux Archives du Ministère de la guerre, Ancienne maison Quantin, Paris, 1903, p. 107-112 (lire en ligne)
- Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883)
- Amédée Gréhan, La France maritime, Volume 1 sur Google Livres, Postel, Paris, 1837, pp. 358-360
- Georges Lacour-Gayet, La marine militaire de France sous le règne de Louis XVI, Paris, éditions Honoré Champion, (lire en ligne)
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
- Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 2, Paris, Challamel aîné, , 469 p. (lire en ligne)
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,