Nombre de Best
En mĂ©canique des fluides, le nombre de Best ou nombre de Davies est un nombre adimensionnel utilisĂ© dans lâĂ©tude de la chute aĂ©rienne des mĂ©tĂ©ores solides ou liquides (c'est-Ă -dire des particules comme les cristaux de glace et les gouttes dâeau).
Le nombre de Best peut ĂȘtre ressenti intuitivement comme une mesure de la taille des particules : les petites particules ont un petit nombre de Best et les grosses en ont un grand[1].
Historique
Selon Lewis, Lewis et Schwartz, « cette quantitĂ© a Ă©tĂ© nommĂ©e ainsi dâaprĂšs Davies (1945) et dâaprĂšs Best (1950) bien quâelle ait Ă©tĂ© utilisĂ©e auparavant par Castleman (1926), Burke et Plummer (1928), Sciller et Naumann (1933), Lapple et Sheperd (1940), Krumbein (1942) et Langmuir (1943-1944, cf. Langmuir, 1961) »[2].
Formulation
La formulation de ce nombre adimensionnel, souvent symbolisé par X[3], est :
avec Cx Quad, le coefficient de traßnée quadratique défini classiquement comme :
oĂč F est la force entrainant le mouvement, Ï la masse volumique du fluide (lâair, par exemple) et S une surface de rĂ©fĂ©rence Ă prĂ©ciser (souvent la surface frontale de la particule, mais pas forcĂ©ment). Re est le nombre de Reynolds classique, basĂ© sur la vitesse V de la particule, sur sa dimension caractĂ©ristique (par exemple son diamĂštre frontal) et sur la viscositĂ© cinĂ©matique Îœ du fluide.
Propriétés du nombre de Best
Lorsque lâon effectue le produit du Cx quadratique par le carrĂ© du nombre de Reynolds, on observe la disparition de la vitesse V. Câest la principale qualitĂ© du nombre de Best : il est indĂ©pendant de la vitesse de la particule.
Ainsi, le nombre de Best dâune sphĂšre de masse volumique efficiente Ïp en rĂ©gime de Stokes est :
oĂč g est lâaccĂ©lĂ©ration de la pesanteur, ” la viscositĂ© dynamique du fluide et Îœ sa viscositĂ© cinĂ©matique. La masse volumique efficiente Ïp d'une particule est sa masse volumique diminuĂ©e de la masse volumique du fluide dans lequel se produit la dĂ©cantation ; sâagissant de la dĂ©cantation dâhydromĂ©tĂ©ores dans lâair, il est souvent possible de nĂ©gliger la masse volumique du fluide (donc de lâair).
Voici ci-contre, Ă titre dâexemple, les courbes du Cx quadratique, du nombre de Best et du Cx linĂ©aire de la sphĂšre lisse en fonction de son Reynolds (ceci pour tous les diamĂštres D et dans tous les fluides) (le Cx quadratique Ă©tant ici basĂ© sur la surface frontale, le Cx linĂ©aire ainsi que le Reynolds sur le diamĂštre D) :
Sur ce graphe, le Cx linĂ©aire (courbe bleue) est dĂ©fini comme le quotient de la force motrice F par le produit ” V D, ” Ă©tant la viscositĂ© dynamique du fluide et V la vitesse de la particule, comme prĂ©cĂ©demment ; par dĂ©finition, le Cx linĂ©aire des corps est constant en rĂ©gime de Stokes (pour la sphĂšre, câest 3Ï en rĂ©fĂ©rence au diamĂštre D) (voir Ăcoulement de Stokes).
Si lâon prend comme expression du Cx quadratique sa dĂ©finition, c'est-Ă -dire Mg / (1/2 Ï V2 S), Mg Ă©tant le poids efficient de la particule (son poids diminuĂ© de la PoussĂ©e dâArchimĂšde) et S Ă©tant la surface prise comme rĂ©fĂ©rence pour le Cx (souvent la surface frontale, mais pas forcĂ©ment), on obtient :
Il est Ă©videmment impĂ©ratif, au moment oĂč lâon pose cette expression, de toujours prĂ©ciser la surface prise comme rĂ©fĂ©rence pour le Cx quadratique ainsi que la longueur prise comme rĂ©fĂ©rence pour le Reynolds (ici le diamĂštre D).
Cette derniĂšre expression du nombre de Best convient Ă tous les corps[1].
Une autre qualitĂ© importante du nombre de Best (qui explique son utilisation aux bas Reynolds) est que, lorsque lâon dessine le comportement de particules en rĂ©gime de Stokes (Re <<1) sous la forme dâun graphique X = f (Re), les courbes formĂ©es sont des droites y = ax, c'est-Ă -dire, dans un graphe cartĂ©sien, des droites de pente a variable et passant par lâorigine et, dans un graphe Log-Log, des droites parallĂšles y = ax, la pente visuelle de ces derniĂšres droites Ă©tant la mĂȘme pour toutes les particules en rĂ©gime de Stokes, leur Ă©tagement en ordonnĂ©es Ă©tant fonction de a (la droite verte, sur le graphe ci-contre, en Ă©tant un exemple). Cette propriĂ©tĂ© des graphes X = f (Re) pour les particules en rĂ©gime de Stokes peut ĂȘtre dĂ©montrĂ©e facilement : puisque, dans ce rĂ©gime, le Cx quadratique dâune particule est de la forme k / Re , k Ă©tant un scalaire constant, son nombre de Best est :
- .
Une autre qualitĂ© importante de ce mĂȘme nombre de Best est que le Reynolds qui le forme peut ĂȘtre basĂ© sur un longueur de rĂ©fĂ©rence virtuelle. Ainsi les mĂ©tĂ©orologues, sans pouvoir lâexpliquer physiquement, ont constatĂ© que le fait de baser le Reynolds sur ce quâils appellent la capacitance, concentre fortement les marques expĂ©rimentales dĂ©crivant la dĂ©cantation de particules dâĂ©lancement L/D variant dans une plage assez importante (de 0,5 Ă 4, par exemple).
La capacitance C dâun court cylindre est dĂ©finie ainsi :
Lâutilisation dâune telle longueur de rĂ©fĂ©rence virtuelle[4] peut paraĂźtre curieuse. Elle reste pourtant tout Ă fait pragmatique et avant tout utilitaire dans la mesure oĂč lâon peut toujours, Ă partir dâun point dâun graphe X = f (ReC) (le Reynolds, et donc le nombre de Best Ă©tant basĂ© sur la capacitance C) revenir au Cx quadratique en divisant lâordonnĂ©e de ce point par son abscisse ReC.
Il est dâailleurs possible, pour des corps comme les courts cylindres (ou des hydromĂ©tĂ©ores solides comme les colonnes hexagonales qui y ressemblent beaucoup), en dĂ©cantation transverse ou axiale, de baser le Reynolds sur une longueur de rĂ©fĂ©rence virtuelle qui concentre encore mieux les marques expĂ©rimentales (relevĂ©es en dĂ©cantation transverse ou axiale).
Rapports du nombre de Best avec d'autres nombres adimensionnels
Le nombre de Best est parfois confondu avec le nombre d'ArchimÚde, autre nombre adimensionnel. De fait, pour la sphÚre, par exemple, son libellé est identique au coefficient 4/3 prÚs. Le nombre de Best est également à rapprocher du nombre de Galilée (qui vaut la racine carrée du nombre d'ArchimÚde).
Références
- (en) Dennis Lamb et Johannes Verlinde, Physics and Chemistry of Clouds, Cambridge University Press, , p. 389, 395
- (en) Ernie R. Lewis, R. Lewis et Stephen E. Schwartz, Sea Salt Aerosol Production : methods, measurements and models (lire en ligne)
- Les incertitudes sur lâidentitĂ© de lâinventeur de ladite quantitĂ© sont peut-ĂȘtre une raison suffisante (et mnĂ©motechnique) pour symboliser celle-ci par un X.
- (en) C. D. Westbrook, « The fall speeds of sub-100 ”m ice crystals », Quarterly Journal of the Royal Meteorological Society, vol. 134, no 634,â , p. 1243â1251 (ISSN 0035-9009 et 1477-870X, DOI 10.1002/qj.290, lire en ligne, consultĂ© le )
Bibliographie
- K.O.L.F. Jayaweera et R. E. Cottis, « Fall velocities of plateâlike and columnar ice crystals », Quarterly Journal of the Royal Meteorological Society, vol. 95, no 406,â , p. 703-709
- John S. Nisbet, General equations for the motions of ice crystals and water drops in gravitational and electric fields, (lire en ligne)
- Rodrigo E. BĂŒrgesser, Eldo E. Avila et Nesvit E. Castellano, « Laboratory measurements of sedimentation velocity of columnar ice crystals », Quarterly Journal of the Royal Meteorological Society, vol. 142, no 697,â , p. 1713--1720 (lire en ligne)