Nipponari
Les Nipponari H. 68, sont un ensemble de sept mĂ©lodies pour soprano et ensemble instrumental de Bohuslav MartinĹŻ, composĂ©es en 1912, sur des poèmes japonais. Le titre original est celui-ci : Sedm pĂsnĂ pro ĹľenskĂ˝ hlas s prĹŻvodem malĂ©ho orchestr.
L'œuvre est celle d'un étudiant au conservatoire de Prague qui se cherche encore, mais produit beaucoup dans ces années 1910.
La création des Nipponari est tardive : elle ne fut présentée que le par la radio tchèque et enregistré au disque seulement en 1988 pour la première fois.
La durée d'exécution approche les 25 minutes.
Analyse
Martinů a utilisé un texte tchèque de Emanuel Lešehrad (cs), provenant lui-même d'une traduction de l'allemand des poèmes japonais effectuée par Paul Enderling (de). Le compositeur est mis en appétit par une exposition présentée à Prague peu de temps avant[1].
D'abord conçu dans une version voix/piano[2], le compositeur l'a orchestré pendant l'été 1912. L'œuvre est dédiée à la mezzo-soprano Theo Drill-Orridge (1876–1963), fasciné par sa voix[3]. Elle s'était produite dès juin 1911 au Théâtre national de Prague dans Azzucena et à l'automne comme Amneris dans Aida de Verdi et l'année suivante, dans Orphée de Gluck, puis dans Vénus du Tannhäuser.
Leur instrumentation est très colorée et chaque mélodie à son instrumentation propre, « dans lequel domine un souci de légèreté orientale »[1]. L'atmosphère de l'œuvre est clairement impressionniste et dégage une atmosphère rêveuse, ayant pour inspiration Claude Debussy « la plus grande révélations de sa vie » selon le compositeur lui-même[4], proche des Quatre poèmes hindous (1912) de Maurice Delage et des Chansons madécasses de Maurice Ravel, postérieures (1925).
Poèmes
- Heure bleue (Nakuda) — instrumentation : flûte, cor anglais, violon, quatre altos et quatre contrebasses[5].
- La Vieillesse (Kiutsuna) — instrumentation : alto, harpe, cor anglais et cinq altos en coulisse.
- Réminiscence (Kibino) — instrumentation : flûte, violon et harpe.
- Rêve de vie (Ono no Komachi) — instrumentation : trois flûtes et quatre altos.
- Piste dans la neige (Shizuka Gozen) — instrumentation : piano, célesta, harpe, quatre violons et quatre altos.
- Regard en arrière (Ono no Komachi) — instrumentation : trois flûtes, harpe, quatre violons et quatre altos.
- Au lac sacré (Okosuma Ozi) — instrumentation : trois flûtes, célesta, harpe, triangle et tam-tam.
Enregistrement
- Avec Dagmar Pecková, mezzo-soprano ; Orchestre symphonique de Prague, direction Jiřà Bělohlávek (, Supraphon 11 10902 / SU 3956-2) (OCLC 320698141)
Notes et références
- Erismann 1990, p. 39.
- Parue chez Schott, 2015 (OCLC 926018696).
- (cs) Miloš Ĺ afránek, Bohuslav MartinĹŻ : Ĺľivot a dĂlo, Prague, StátnĂ hudebnĂ vydavatelstvĂ, , 398 p. (OCLC 128083788), p. 59.
- Šafránek 1961, p. 51.
- Dans Le passage de minuit, suite pour orchestre de 1922, créée à part par Václav Talich (18 février 1923), Martinů reprend le titre, en français, pour le mouvement central.
Bibliographie
- Guy Erismann, Martinů, un musicien à l'éveil des sources, Arles, Actes Sud, coll. « Série musique », , 392 p. (ISBN 2-86869-504-3, OCLC 924578051, BNF 35080192)